The Red Strings Club est jeu narratif développé par Deconstructem (les auteurs de Gods Will Be Watching) et édité par Devolver Digital (l’enfant terrible de la scène indé). Disponible sur Steam depuis le 22 janvier au prix de 14,99€, les joueurs qui en feront l’acquisition avant le 30 janvier bénéficieront d’une réduction de 20%.
Le titre vous plonge dans un univers cyberpunk dystopique (ce dernier adjectif pourrait être discuté). Au XXIIe siècle, près de 60% de la population porte des implants qui « améliorent » les capacités de l’être humain. Ces derniers ont été développés et rendus accessibles au grand public par la multinationale Supercontinent Ltd. Aussi, plus de la moitié des citoyens se font volontairement opérer dans des cliniques spécialisées afin d’améliorer leur force de persuasion, d’augmenter leur sex-appeal ou encore de devenir insensibles aux commentaires haineux sur les réseaux sociaux. Le nouveau projet de la multinationale, le Bien-Être psychique généralisé, a pour but de rendre les gens heureux en supprimant les émotions négatives telles que la dépression, la peur et la colère. D’après les opposants de Supercontinent Ltd, ce programme n’est rien d’autre que de la manipulation mentale ayant pour but de rendre la population totalement docile et décervelée.
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ToggleTrafiquant d’informations
C’est dans ce contexte que prend place la trame du jeu. Vous suivez les aventures de Donovan (patron du Red Strings Club et trafiquant d’informations) et Bandeis (un hacker freelance), deux activistes, qui, lorsqu’ils apprennent les desseins de Supercontinent Ltd, vont tout faire pour saboter le projet de la multinationale.
L’univers, bien construit, s’incarne merveilleusement bien dans des graphismes rétro soignés qui font la part belle au pixel art et qui pourront réveiller une certaine nostalgie chez les joueurs plus âgés. Durant le jeu, le joueur est mis face à des choix moraux et philosophiques épineux autour des thématique du transhumanisme, du bonheur, et de morale : Qu’est-ce que le bonheur ? Jusqu’où peut-on aller pour l’atteindre ? Faut-il l’imposer ? Faut-il empêcher les gens de se suicider ?
Vous l’aurez compris, ce sont les dialogues qui font la richesse de The Red Strings Club. C’est à travers ceux-ci que vous découvrirez l’univers du jeu et que, progressivement, vous en apprendrez plus sur le complot que vous devez déjouer. En tant que trafiquant d’informations, Donovan doit tirer un maximum de renseignements de ses interlocuteurs (ce talent porte le nom de mixologie). Pour ce faire, il leur propose des cocktails (oui, après tout, il est barman !) en décodant les émotions de ses clients de façon à toucher la corde sensible. Au fil des conversations, qui soulèvent des questions troublantes, le jeune homme est confronté à des opinions divergentes de la sienne et est amené à se positionner : et si le projet de Supercontinent était réellement humaniste ? Des gens heureux ne seraient-t-il pas meilleurs ? A-t-on le droit d’imposer ce type « d’amélioration » sans le consentement des individus ? Le joueur doit alors sélectionner des réponses parmi plusieurs possibilités. Réfléchissez bien car certaines décisions influenceront le déroulement de l’histoire.
Vous reprendrez bien un petit verre ?
L’aventure est jalonnée de mini-jeux, qui ne sont pas bien difficiles mais qui permettent tout de même de tenir le joueur en haleine. Il faut avouer que confectionner des implants afin de combler les désirs des patients ou préparer des cocktails qui émoustilleront les clients est plutôt sympathique. De plus, le joueur est amené, là aussi, à se poser des questions concernant ces activités (qui peuvent paraître anodines au premier abord mais qui peuvent déboucher sur des questionnements essentiels) : est-ce bien moral de sciemment manipuler les émotions de son interlocuteur afin d’obtenir de lui des informations ? Aide-t-on réellement un être humain en lui posant un implant qui l’empêchera de ressentir la tristesse, mais aussi la mélancolie et la nostalgie ? Ce faisant, sa personnalité ne se verra-t-elle pas modifiée ?
La bande originale, d’une grande qualité, est tout bonnement merveilleuse. L’artiste espagnole Fingerspit (à qui l’on devait déjà l’OST de Gods Will Be Watching) a produit un album de vingt titres, disponible en précommande dès maintenant et dont la sortie est prévue pour le 26 janvier. Très travaillée, cette OST parvient à instaurer tantôt une ambiance mélancolique – grâce au bruit de la pluie qui tombe, de l’orage qui gronde au loin et des cigarettes qui se consument dans la bouche des clients du Red Strings Club -, tantôt une atmosphère futuriste. Cela ne fait aucun doute qu’elle marquera l’esprit de nombreux joueurs.
Pénétrer dans les bureaux d’une multinationale ? (Trop) facile !
D’aucuns pourraient reprocher au titre de ne pas être assez réaliste. En effet, pénétrer dans les bureaux de Supercontinent Ltd semble être d’une facilité déconcertante, tout comme soutirer des informations ultraconfidentielles à des hauts placés de la multinationale. Néanmoins, étant donné que l’intérêt du titre repose principalement sur les réflexions morales et philosophiques qu’il peut susciter auprès du joueur, le réalisme n’est pas le critère le plus important.
L’autre faiblesse qu’il faut évoquer est ce sentiment que les choix posés tout long de l’aventure n’ont pas réellement de conséquence. En effet, il semblerait que les décisions prises par le joueur n’affectent que de manière superficielle l’histoire, ce qui peut être décevant.
Il vous faudra compter 4 à 5 heures pour arriver au terme de l’aventure. Pour les acharnés, le titre propose tout de même une certaine rejouabilité grâce aux 19 succès à déverrouiller et aux différents choix possibles.
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