A l’origine un jeu d’enquête ouvertement inspiré par Return of The Obra Dinn et Her Story, The Roottrees are Dead est initialement sorti gratuitement sur itch.io à l’issue de la Global Game Jam 2023. Dans ce jeu il vous sera demandé de reformer l’intégralité de l’arbre généalogique des Roottrees qui remonte jusqu’au début du XXème siècle. Pour cela vous n’aurez à votre disposition qu’un simple ordinateur connecté à internet et votre curiosité.
Lorsque Robin Ward tombe sur la version originale, il ne peut s’empêcher d’aller contacter son développeur, Jeremy Johnston, pour proposer d’en sortir une version commerciale plus ambitieuse. Jeremy Johnston ayant accepté, c’est grâce à cette association de deux amoureux du jeu de réflexion que The Roottrees are Dead reçoit une version définitive sur Steam en ce début d’année 2025.
Cette version comporte des doublages, des illustrations faites main (à l’opposé de l’utilisation d’IA pour l’original), des améliorations niveau écriture/UI et surtout une extension qui rajoute une bonne dose de contenu à la suite de la première enquête. Malheureusement, à l’heure de l’écriture de ce test, seule la langue anglaise est disponible, le développeur a néanmoins admis qu’il envisage la question d’une traduction pour le futur.
Condition de test : Nous avons terminé le jeu sur Steam + son extension en 16h sans utiliser le moindre indice pour accélérer la réflexion.
Je s’appelle Root
Le jeu commence par un journal télévisé daté de 1998 qui nous apprend que le président de la Roottree Company, grande entreprise de bonbons, est mort dans le crash d’un avion accompagné de sa femme et de ses trois filles. Peu de temps après, vous (un expert en généalogie) êtes contacté par une mystérieuse femme. Elle vous demande de retrouver tout les membre de la famille Roottree liés par le sang. Tout ceci pour une très bonne raison, l’arrière grand père un peu excentrique fondateur de l’entreprise a fait rédiger un contrat obligeant le moindre héritage dans la famille à être partagé entre tous les autres membres, même les plus éloignés.
Vous aurez besoin de trois informations pour chacune des personnes de cet arbre. Le nom, le métier et une photo. Une fois tout ça réuni, les renseignements seront validés par paquets de 3 (puis 4, puis 5). Un excellent système qui a déjà fait ses preuves, il permet de ne pas pouvoir mettre tout au hasard mais de tester nos hypothèses si on est déjà sûr de 2 personnes.
Il reste une question majeure. Mais comment obtenir toutes ces infos ? Dans The Roottree are Dead vous disposez d’une pièce et vous ne quitterez jamais celle-ci, pas d’exploration, pas de contact humain uniquement l’accès à trois «outils». Tout d’abord un tableau permettant de noter les résultats de nos recherches avec des menus déroulants pour les noms et les métiers, ensuite un bureau où sont posés tous les documents, soit fournis à certains paliers d’avancement par l’employeur, soit le plus souvent des découvertes imprimées. Le troisième outil est également le plus important, un ordinateur équipé du fabuleux internet de la fin des années 90.
La recherche internet fonctionne par mot clé, on sent immédiatement si un mot va donner quelque chose ou non. Il faut également être un habitué de l’effet Rabbit Hole, une page va mener à une autre qui va mener à une autre, ainsi de suite. Cet aspect du jeu rend souvent difficile le fait de retrouver une information précise que l’on a vu quelques heures plus tôt alors qu’il demande régulièrement de les recouper. L’ordinateur comporte aussi une base de données de livres et de magazines pour les recherches plus précises et un logiciel de montage pour les rares puzzles du jeu.
Chacun sa Root
The Roottrees are Dead est vraiment très dense, environ 15h de jeu, c’est une durée plus conséquente que la majorité des titres du genre. L’arbre compte plus d’un siècle d’histoire familiale, 82 personnes sont à retrouver au total sans compter la quarantaine d’époux et épouses dont les noms à placer servent juste à apporter plus de de clarté à l’ensemble. De plus, les développeurs ont eu un malin plaisir à placer un bon nombre de fausses pistes qui rallongent encore plus votre temps de jeu si vous vous faites avoir. Malgré ça, n’ayez pas peur, la difficulté est plutôt bien dosée, que ça soit sur le jeu de base ou l’extension qui s’attaque aux potentielles infidélités des Roottrees, qui possède donc des indices un peu plus retors.
On sent que le contenu essaye au maximum d’être varié tout en restant cohérent. On retrouve des pasteurs, des acteurs de renommée mondiale et tout ce beau monde partage le même arbre. Beaucoup d’efforts sont mis dans l’immersion, on peut consulter des interviews, écouter des albums, analyser des photos. Ces dernières ont chacune un filtre qui reflète la période à laquelle elles sont prises. Sans entrer dans les détails pour ne pas vous spoiler, les sujets abordés sont d’actualité et traités de manière intéressante. L’internet du jeu n’est par ailleurs pas dépourvu d’humour et d’easter eggs, des recherches surprenantes comme « Pokemon » vous attendent par exemple.
Enfin on attaque le point du jeu qui rebutera le plus. Celui-ci a certes reçu beaucoup d’améliorations visuelles, mais il reste peu inspiré. Et même si l’on accorde peu d’importance aux graphismes, on est un peu plus pointilleux pour l’interface. Il y a des bonnes idées, un bloc-notes directement intégré au jeu, pas besoin de sortir un papier et un crayon, un lexique pour le vocabulaire de la famille dans lequel on se perd rapidement ou encore un système d’indice pour éviter de bloquer trop longtemps. Malheureusement le jeu étant composé en majorité d’énormes pavés de texte (en anglais qui plus est) il ne sera pas adapté à tous les publics.
Il y a également un détail que l’on ressent particulièrement, une quasi-impossibilité de copier/coller les noms rapidement. On se retrouve à les écrire en entier a chaque fois et comme ils se ressemblent tous volontairement, c’est très vite la migraine.
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