Après avoir ouvert le bal des adaptations de manga avec Dragon Ball FighterZ il y a quelques semaines, Bandai Namco continue de dérouler son catalogue, rempli de belles promesses pour l’année 2018. C’est maintenant au tour de The Seven Deadly Sins (ou Nanatsu no Taizai pour les puristes) de prendre le devant de la scène, avec ce Knights of Britannia sur PlayStation 4 qui arrive au moment le plus propice pour la série. Lancé presque simultanément avec la saison deux de l’animé, le titre de Natsume Atari nous fait l’honneur de sortir seulement quelques jours après sa commercialisation au Japon, et ce avec une traduction française en prime pour contenter tous les fans. Avec le succès et la qualité de la série, il va sans dire que les attentes autour du jeu sont nombreuses, et qu’une adaptation au rabais ne sera certainement pas tolérée. Voyons ensemble si ce The Seven Deadly Sins : Knights of Britannia parvient à faire honneur à l’aventure de Meliodas, ou à défaut, à être un jeu d’aventure/combat honorable.
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ToggleCe conte antique prend place…
Beaucoup d’entre vous connaissent certainement l’histoire du manga, mais un rapide rappel s’impose pour tous les non-initiés qui liront ce test. The Seven Deadly Sins raconte l’aventure d’une jeune princesse en cavale, Elizabeth, qui fuit son royaume suite à un coup d’état et qui part à la recherche des Seven Deadly Sins. Composé de sept anciens criminels surpuissants, ce groupe avait été recruté par le roi pour composer une garde d’élite, mais il fut banni du royaume après avoir été accusé de traîtrise. Ne croyant pas en leur malveillance, Elizabeth rencontre Meliodas, l’ancien chef des Seven Deadly Sins, qui décide de l’aider à sauver le royaume de Liones et de partir à la recherche des autres membres du groupe.
Autant être clair d’emblée, Knights of Britannia s’adresse avant tout pour les fans, voire même exclusivement pour eux. Si le titre fait l’effort de relater tous les événements importants de la première saison de l’animé, avec quelques bonus en plus, il est très compliqué de vraiment saisir l’histoire du manga en la découvrant uniquement avec ce jeu. Ce détail est parfaitement compréhensible dans la mesure où même s’il est souvent présenté comme un jeu d’aventure, Knights of Britannia reste principalement orienté versus fighting et n’a pas l’ambition de raconter efficacement les aventures de Meliodas et compagnie. Au moins, on pourra s’estimer heureux de rejouer à la quasi-totalité des combats présents dans le manga, même les plus anodins.
Il vaut mieux connaitre toute l’histoire du manga avant de se lancer dans l’aventure, car le jeu ne fera jamais l’effort de vous la raconter correctement.
Cela étant dit, il est tout de même assez regrettable que le mode Aventure ne fasse clairement aucun effort pour essayer de construire le récit de manière cohérente, et que la mise en scène soit proche du néant. Ne comptez pas vous régaler avec de belles cinématiques illustrant les meilleurs moments du manga, puisque tous les dialogues ne feront qu’afficher des modèles 3D peu détaillés, inexpressifs et d’une sécheresse absolue. Dommage, puisque nous avons la chance d’avoir les véritables doubleurs japonais, et qu’il aurait été intéressant de revoir certaines scènes recréées avec le moteur de jeu plutôt que cette mise en scène minimaliste. On notera également que plusieurs quêtes contiennent des histoires inédites, mais il ne faut pas s’attendre à un récit épique. Elles concernent en effet Hawk et Elizabeth, et elles ne racontent pas grand-chose au-delà d’être particulièrement pénibles à jouer.
Seven Dynasty Sins
Mais bon, partons du principe que tous les joueurs connaissent l’histoire qui nous est raconté pour passer aux spécificités de ce mode Aventure. S’articulant autour de quêtes – principales ou secondaires – à remplir, il vous permettra de vous balader à travers le royaume de Liones à bord du célèbre Boar Hat, porté par Hawk Mama. La carte du monde est alors divisée en plusieurs parties, et chaque contrée vous offrira votre lot de quêtes à remplir, en plus de certains défis. Ces derniers se présentes sous trois formes différentes : « Combat », « Épreuves » et « Excursions ». Si le premier n’a rien de vraiment original, puisqu’il ne consiste qu’à prendre part à des duels prédéterminés, les deux autres sortent le jeu de sa routine de jeu de combat classique.
Avec les « épreuves », il vous faudra venir à bout de géants ou de dizaines d’ennemis à la manière d’un Musou-like, avec tout ce que cela implique. Comme chez ses modèles, l’IA des ennemis est ici aux fraises et reste souvent immobile, n’étant là que pour être servie en pâture aux personnages du manga. L’ennemi principal est ici le temps, puisqu’il vous est demandé d’abattre un certain nombre d’opposants avant la fin du compte à rebours. Très vite répétitif, ce défi permet tout de même de s’amuser un peu en déchaînant les pouvoirs de nos héros sur de la chair à canon et de mettre un joyeux bordel sur le terrain.
Les défis veulent diversifier un peu le contenu, mais finissent par entrer eux-mêmes dans une sorte de routine.
Les « excursions » sont en revanche nettement moins joviales, puisque le but sera ici de partir à la récolte d’aliments en compagnie d’Elizabeth et de Hawk. Dans la peau de la princesse, vous devrez ramasser divers items disséminés sur le terrain tout en prêtant attention aux gardes qui vous entourent. Sachant que la jeune fille ne sait pas se battre, elle peut compter sur Hawk pour la protéger pendant qu’elle part à la cueillette. Encore plus répétitives et surtout beaucoup moins amusantes que les deux premiers défis, ces quêtes spéciales ne relèvent d’aucun intérêt en plus d’être extrêmement simples, n’étant finalement présentes que pour apporter un peu de diversité. Il aurait sûrement mieux fallu se restreindre et se contenter de combats classiques, tant ces « excursions » se montrent ennuyantes et rébarbatives.
Indigestion de quêtes
Heureusement, le mode Aventure a d’autres idées à proposer comme la collecte des différents items qui vous serviront à créer des joyaux. Ces objets sont les principaux moteurs des défis, puisqu’ils vous permettront à terme de renforcer vos différents personnages avec des compétences passives. A l’aide d’un tableau aux allures du Séphrier de Final fantasy X, chaque item débloque une compétence qui peut être associée à n’importe quel personnage (dans le mode Duel uniquement), comme posséder une défense accrue, tandis que d’autres objets influent directement sur les caractéristiques des différents membres des Seven Deadly Sins.
Avec plus d’une centaine de joyaux à débloquer, c’est autant de quêtes qui vous attendent, gonflant sacrément la durée de vie du titre. S’il ne vous faudra pas plus de quatre ou cinq heures grand maximum pour voir le bout de l’histoire, vous pouvez en rajouter une petite poignée pour compléter toutes les quêtes. D’autant plus que pour espérer en voir le bout, il vous faudra réaliser de très bons scores dans chacune des missions pour tenter de glaner les dernières rumeurs auprès des villageois, qui vous indiqueront vos prochaines missions.
Il faudra passer par de nombreuses quêtes avant de pouvoir débloquer tous les personnages, ce qui est un peu long et fastidieux.
Arriver aux 100% n’intéressera malheureusement que les fans les plus courageux, puisqu’à l’image des quêtes qu’elle propose, l’aventure souffre clairement d’une grande répétitivité. Effectuer une mission, gagner en réputation, se diriger vers la mission débloquée, et ainsi de suite… La diversité des différents défis n’arrivent pas à combler le cercle vicieux qui s’installe progressivement, ce qui devient surtout pénible lorsque l’on part à la recherche de quêtes à l’aveuglette, à bord d’un Boar Hat excessivement lent si l’on ne débloque pas certaines aptitudes. Les spécificités du mode Aventure sont donc loin d’être transcendantes, mais elles tentent au moins de bouleverser un peu le train-train du mode Duel.
Destruction omniprésente
A n’en pas douter, c’est bien cet aspect de Knights of Britannia qui intéressera ici le plus de monde. Sans s’engouffrer dans un système de combat complexe, le titre se montre particulièrement amusant et facile d’accès, avec des combos simples à effectuer à l’aide d’une seule touche. En plus des contrôles de base, chaque combattant embarque avec lui trois attaques spéciales qui puiseront dans sa barre de mana ainsi qu’une attaque finale. On retrouve bien évidemment les mouvements uniques de chacun d’entre eux, comme le Full Counter de Meliodas qui annule n’importe quelle attaque magique. Similaire à un Dragon Ball Xenoverse ou un Dissidia Final Fantasy NT, Knights of Britannia nous plonge dans des arènes où les déplacements auront une grande part à jouer dans l’issue des combats. On note la présence de pièges disséminés un peu partout sur le terrain, qui pourront avoir plusieurs effets comme stopper le temps, exploser sous vos pieds ou rendre un peu de vie. On pourrait penser qu’ils ajoutent un petit aspect stratégique, mais ils se déclenchent presque tout le temps par hasard, dans le chaos généré par la bataille.
La grande force du titre reste que tous les éléments présents sont destructibles, aussi bien les maisons des villageois que le sol qui vous entoure. Simple gimmick, cette fonctionnalité permet de retranscrire parfaitement la puissance des personnages et donne de l’impact à n’importe quel coup. Le chaos visuel qui en résulte est cependant assez dérangeant, puisque la caméra nous joue rapidement des tours. Cette dernière devient tout à fait instable lors des lancements d’attaques spéciales, surtout lors des combats en duo, presque illisibles. Certaines arènes sont également assez étriquées, comme la Prison de Baste, ce qui n’aide pas vraiment à comprendre ce qui se passe. En résulte alors un capharnaüm incompréhensible, mais qui offre tout de même une bonne dose d’amusement, à condition de ne pas être trop gêné par les quelques bugs de collision causés par les débris d’arènes.
Pouvoir détruire tous les décors est sympathique, mais cela rend l’action totalement illisible.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à un casting famélique, le titre de Bandai Namco nous propose ici 25 personnages différents (si l’on excepte les trois versions de Meliodas et d’Hendrickson) et n’oublie aucune figure importante du manga. On retrouve évidemment nos héros, mais le plus étonnant est ici la présence d’Escanor, dernier membre des Seven Deadly Sins, qui fait son apparition alors que l’histoire du mode Aventure s’arrête globalement à la fin de la première saison de l’animé. Les fans pourront aussi retrouver avec joie Zeldris, le plus fort des « Ten Commandments », qui peut être débloqué à la suite de nombreuses missions. C’est donc un roster fourni et éclectique qui vous attend, allant de Ban à Jericho, en passant par des combattants moins connus comme Twigo. Comme on pouvait s’en douter, l’équilibrage est vraiment à la peine comme dans beaucoup d’autres jeux du même genre. Ainsi, Ban, Escanor ou Zeldris trusteront sans aucun doute tous les matchs en ligne, à l’inverse d’Hawk ou Griamore qui ne feront définitivement pas le poids.
Un déséquilibrage presque assumé
Tous ces personnages sont séparés en trois types de combattants différents, modifiant radicalement le gameplay de chacun d’entre eux. Les protagonistes spécialisés dans la « Vitesse » comme Meliodas ou Ban seront logiquement plus rapides que les autres, avec une affinité particulière pour les déplacements rapides et pour les combos. A l’inverse, les combattants typés « Puissance » sont extrêmement lents, tels d’énormes poids-lourds, et ce même dans leurs déplacements de base. Ils bénéficient en revanche d’une allonge plus importante et de dégâts plus directs. Reste alors les personnages orientés vers la magie, qui opteront davantage pour le combat à distance, mais qui devront puiser dans leur barre de mana pour chaque petite attaque. Tel un système à la Fire Emblem, il existe des rapports de force entre ces trois types (Vitesse supérieure à la Puissance, mais faible face à la Magie, et ainsi de suite). Si cela ne change pas fondamentalement les joutes, on peut remarquer que ce système est finalement très vite déséquilibré tant le nombre de personnages orientés « Vitesse » est supérieur aux deux autres.
Les personnages typés « Vitesse » sont nettement plus agréables à manier, en plus d’être souvent bien plus puissants que les autres combattants.
Cela a tout de même une utilité prétendument tactique lors des combats en duo. Durant ces affrontements, vous aurez la possibilité de choisir un autre personnage pour se battre à vos côtés, et vous partagerez ainsi la même barre de vie contre deux adversaires. Naturellement, il faudra alors concentrer vos coups sur l’ennemi possédant un type favorable au vôtre pour infliger plus de dégâts. Si ces combats se montrent plutôt plaisants, on regrette qu’il n’y ait pas la possibilité de switcher entre nos propres personnages. Néanmoins, vous pourrez faire appel à votre coéquipier en cas de besoin pour concentrer vos coups sur un adversaire spécifique. S’il accepte de vous venir en aide, vous pourrez déclencher à terme une attaque combinée, et ainsi profiter des petites joutes verbales et autres compliments que se lancent vos deux personnages. Même si ces petites lignes de dialogues ne sont pas nombreuses, il est appréciable de voir les personnages interagir entre eux et donner un peu de fan-service amusant.
Finalement, les duels pourraient relever l’intérêt du jeu même s’ils ne se résument qu’à un grand défouloir, mais c’était sans compter sur la difficulté totalement inexistante du titre. Les combats du mode Aventure peuvent être remportés les yeux fermés, et le mode Duel ne propose que trois niveaux de difficulté qui ne poseront de problème à personne. La faute à un système de combat certes accessible mais sans aucune profondeur et au déséquilibrage prononcé, qui ne justifie pas l’investissement dans les matchs en ligne. En résumé, Knights of Britannia ne semble être qu’un jeu destiné aux fans hardcore du manga qui trouveront ici une adaptation à peine potable, mais un mauvais jeu de combat.
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