Il y a de cela 18 ans, et bien avant de travailler sur des titres comme No More Heroes ou Killer7, Goichi Suda, alias Suda51 (le nombre 51 pouvant se prononcer Go-Ichi en japonais, et oui Jamy !) sortait The Silver Case sur les PlayStation 1 nippones. Ce jeu fut développé par son propre studio nouvellement créé, Grasshopper Manufacture et édité par ASCII Entertainment. Malheureusement, et comme bien d’autres titres, nous autres occidentaux fûmes privés de ce visual novel atypique à l’ambiance originale et torturée si propre à son développeur. Rien d’étonnant compte tenu de son année de sortie, sachant que la situation du média vidéoludique n’était pas la même qu’aujourd’hui. Enfin, c’est à NIS America que nous devons cette nouvelle mouture traduite exclusivement en anglais et disponible depuis Octobre 2016 sur PC puis Avril 2017 sur PlayStation 4. Mais trêve de bavardages, plongeons désormais dans le monde dystopique de The Silver Case.
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Bienvenue à 24 Ward, ville à forte tendance criminelle, qui fut secouée il y a quelques temps par une affaire des plus sordides, « The silver case » (ou l’affaire argentée). Il y était question de plusieurs meurtres perpétrés par Kamui, le tueur devenu légendaire. Il fut arrêté et diagnostiqué mentalement irresponsable de ses actes et donc placé dans un hôpital psychiatrique. Cependant, son déchaînement meurtrier se propagea psychologiquement comme un virus parmi la population, faisant basculer de plus en plus d’habitants à la criminalité.
Le jeu se déroule en deux parties distinctes mais jouables alternativement comme bon vous semble. Car en effet, la narration étant découpée en plusieurs chapitres, vous pourrez basculer d’une « trame » à une autre entre ces derniers. Dans la première partie, vous incarnerez un membre des forces spéciales de 24 Ward, la Public Safety. Un peu après votre première intervention sur une affaire d’homicide, vous apprendrez l’évasion de l’hôpital du tueur (tout en ayant abattu un membre du personnel) ayant fait trembler la population auparavant, Kamui. Vous et votre équipe seront immédiatement assignés à sa traque, afin qu’il n’ait pas l’occasion de faire plus de ravage. La mission semble « facile » étant donné que vous serez en possession de sa position exacte via les données satellites, mais comme vous pouvez vous en doutez, cette traque réservera bien des surprises…
Dans la dite deuxième partie du jeu, vous incarnerez un journaliste (que vous croiserez quelques fois dans la première) s’étant lancé en freelance après avoir quitté son job dans une rédaction connue de la ville. Il sera mandaté par son ancien patron, en secret, pour enquêter sur l’ancienne et nouvelle affaire Kamui et donc plus globalement, « The Silver Case ». Énormément d’éléments d’enquête étant tenus secrets et sachant que les faits connus font l’objet de plusieurs incohérences pour peu que l’on s’y intéresse, nombre de révélations en découleront, et pas des moindres… Pour rappel, ces deux trames scénaristiques se déroulent en même temps, vous offrant donc deux visions différentes.
Shut your « bip » mouth
Si la narration représente une très grande partie du jeu, elle est également son point fort. L’accent est vraiment mis sur les échanges entre les personnages, leurs profondeurs psychologiques et les petits détails de dialogue. Certains d’entre eux sont d’ailleurs plus travaillés que d’autres et apportent à eux seul une plus-value au titre. Nous pensons notamment aux inspecteurs Sumio et Kusabi qui ne manqueront pas de vous faire sourire à multiples occasions et dont les personnalités et backgrounds sont vraiment travaillés. Vous remarquerez (plus ou moins rapidement) que tout l’univers du soft est lié et que rien n’est laissé au hasard. Nous sommes définitivement ici en présence, scénaristiquement parlant, à un thriller psychologique à (nombreux) twist digne des plus grands. Dommage que son absence de traduction française bloquera un grand nombre de joueur, qui passeront malheureusement à côté de ce soft.
Les dialogues entre les personnages sont extrêmement bien travaillés et ajoutent une réelle plus-value au titre
La mise en scène des dialogues est vraiment originale et l’on reconnait bien là le travail de Suda51. Ici, exit les défilements d’images fixes accompagnées de lignes de textes etc… The Silver Case nous propose certains plans dotés d’une mise en scène en 3D (du plus bel effet pour l’époque), ainsi que diverses fenêtres apparaissant successivement tel des pop-up sur votre écran, agrémentés en arrière-plan de plusieurs messages subliminaux, le tout dans une ambiance très sombre. De quoi vous mettre rapidement dans le jus, à vous en scotcher à votre manette. Et ceci même si le jeu souffre de quelques lenteurs qui auraient pu être évitées, notamment vers le milieu de l’histoire.
Une interaction mise à défaut
Parlons bien, parlons gameplay. Comme vous le savez, le gameplay a rarement été l’élément le plus reluisant des visual novel, bien que quelques titres sortent du lot en proposant de vraies bonnes idées. Malheureusement, ce n’est pas le cas de The Silver Case, faute à une technique peu développée à son année de sortie et une interaction qui se veut surtout être un « prétexte » à la progression qu’une réelle mécanique de gameplay. Lors de ces phases (qui seront moins présentes dans la partie du journaliste), vous aurez la possibilité de vous déplacer dans l’environnement à l’aide des touches directionnelles. La progression se fait « case par case » à la manière d’un dungeon crawler à l’ancienne. Les cases proposant une quelconque interaction seront signalées par une icône en forme de soleil, ce qui exclut déjà toute recherche et réflexion. Et bien qu’il y ait quelques énigmes assez simples à résoudre, cette version remasterisée offre une touche dédiée à l’auto résolution de ces dernières. Si ces phases de jeu aident sur quelques scènes à l’immersion, elles serviront le plus souvent à ralentir la progression. De plus, vous n’aurez aucun choix à effectuer lors des dialogues, n’améliorant pas ce constat.
Quant à la bande son, elle est en demi-teinte. Chaque lieu et situation ayant leur propre musique, il n’est pas improbable que certaines que vous entendrez très souvent viennent à vous ennuyer. Car si pendant les phases de révélation et de suspense, elle s’avère être pertinente et de qualité, ce n’est pas forcément le cas des autres, que vous serez amenés à entendre à de nombreuuuses reprises. De plus, le jeu ne possédant pas de doublages, les textes défilant à l’écran sont accompagnés d’un « doux » bruit de machine à écrire… et ce, tout le temps. Bien que cela colle plus ou moins à l’ambiance au début, plus les heures passeront et plus ce son mécanique deviendra quelque peu gênant.
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