Lovecraft est la nouvelle tendance ! Que ce soit en jeu vidéo avec Call of Cthulhu ou en jeu de société avec la troisième édition de Horreur à Arkham, l’oeuvre de Lovecraft est depuis quelques temps adaptée avec soin et respect de son univers. Annoncé originellement en 2016, le jeu, créé par le studio Frogware, à qui l’on doit notamment la série des Sherlock Holmes, est enfin là. Après plusieurs reports et une arrivée sur PC en exclusivité temporaire sur l’Epic Game Store, que doit-on attendre du titre ?
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ToggleMr. Sher…Charles Reed, détective privé
Dans The Sinking City, vous allez incarner le détective privé Charles Reed fraîchement arrivé à Oakmont, une ville du Massachussets. Sans véritable but, en dehors de chercher l’origine de ses visions, l’enquêteur se retrouvera rapidement avec à sa charge une enquête qui le dépassera bien entendu. L’histoire s’épaissira au fur et à mesure que vous rencontrerez les différents personnages et que vous découvrirez également les différents quartiers de la ville d’Oakmont, avec son lot d’histoires de famille, de sectes et de disparitions qui n’en finissent plus, le tout dans une ville en partie ravagée par les monstres et les inondations.
La ville d’Oakmont fonctionne comme nous vous le disions selon plusieurs quartiers. Chaque quartier propose ses spécificités, sa population mais aussi ses commerces, usines mais aussi ses villas et bâtiments publics. Cela peut sembler un détail, mais on peut voir que Frogware a voulu mettre en place un monde totalement cohérent et vivant. Normal donc de retrouver les populations racisées et « étrangères » comme ils aiment le dire dans les quartiers portuaires, tandis que les grandes familles dirigeant la ville depuis les quartiers nobles.
Chaque aspect de la ville vous sera disponible et, même si on aime découvrir l’ensemble des quartiers et des rues d’Oakmont, il y a tout de même un aspect de vide qui s’y imprègne. Tout d’abord car les interactions sont au final très limitées avec les quelques badauds que l’on voit dans les rues. En dehors de les pousser ou de tirer dessus, on ne peut pas vraiment faire autre chose. Même chose concernant les différents lieux visitables. C’est simple, si un H n’est pas inscrit sur la porte, vous ne pourrez pas rentrer. Cela bride au final énormément l’aspect open world du titre ce qui est tout de même dommage. Et on ne parle même pas des temps de chargement omniprésents ! On voit qu’avec The Sinking City, Frogware avait l’ambition de se renouveler et de proposer une immersion complète dans cet univers fantastique, mais le résultat n’est pas totalement à la hauteur des ambitions. Dommage car The Sinking City a de belles cartes en main en terme d’ambiance.
La prohibition, le racisme et les tentacules
Au niveau ambiance, Frogware a décidé de jouer carte sur table en proposant un univers respectant quasiment à la lettre ce qui peut être dépeint dans n’importe quel ouvrage de H.P. Lovecraft. Car oui, L’époque de la prohibition, c’était pas joli joli. Et si vous ajoutez à cela ce que l’on appellerait aujourd’hui du racisme ne l’était pas à l’époque aux Etats-Unis. Logique donc de retrouver cette haine des habitants de Oakmont envers les habitants de Innsmouth. Si on ajoute à cela toute la dimension fantastique et surnaturelle, on se retrouve avec une ambiance aux petits oignons.
Le jeu développe d’ailleurs cette ambiance de plusieurs façons. Que ce soit tout d’abord avec ses cinématiques qui servent à rythmer le récit principal, les nombreux dialogues entièrement doublés en français, mais aussi via la multitude de textes et de détails visuels. La visite d’une grotte sous-marine marquera tout amateur de l’œuvre de l’auteur. Mais ce qui est aussi voire même plus intéressant, c’est que l’approche autour de l’ambiance du titre et notre feeling est très différent de ce qui a été proposé par Call of Cthulhu. A titre de comparaison par rapport à l’œuvre d’un certain Jean Charpentier, Call of Cthulhu s’inspire plus de L’Antre de la Folie, tandis que The Sinking City va être un peu plus proche d’un The Thing, notamment concernant toute l’histoire autour d’une expédition, cette fois-ci sous-marine et non arctique.
Mais encore une fois, il y a un petit mais dans tout ce beau truc. Et il vient du côté du bestiaire cette fois ci, ainsi que d’une réalisation un peu datée par moments. Les monstres manquent tout d’abord d’inspiration, très clairement. Toute personne ayant joué à un jeu horrifique ou à disons au hasard Half-Life aura un bon goût de déjà-vu de ce côté-là. Et concernant le second aspect, ce n’est pas mieux car en jeu, la mise en scène en prend un coup. Déformation grotesque pour nous dire qu’il faut passer dans un mode de recherche précis, surimpression d’images « marquantes » lorsque notre personnage subit des sévices mentaux, on a clairement fait beaucoup plus fin et actuel. Au final, entre cet aspect-là, et l’aspect un peu vide de l’open world, on a l’impression d’avoir devant nous un jeu daté d’une bonne génération.
De l’enquête aux découvertes
Et si nous parlions maintenant gameplay ? Tout comme du côté de la série Sherlock Holmes, The Sinking City est un jeu principalement basé sur l’enquête et concernant cela, Frogware a de nombreuses années dernières eux. Le principe est simple, vous allez incarner Charles Reed, le déplacer, tout ça avec une vue à la troisième personne. Le principe de base est donc l’enquête et pour cela, vous allez simplement visiter les lieux, y chercher des indices, discuter avec les témoins… Rien de bien neuf et innovant mais l’ensemble est plutôt efficace. On aura également les séances de reconstitutions que l’on retrouve partout, même chez ce bon David Cage et son Detroit. Une fois que l’on a récupéré l’ensemble des indices, nous devrons faire des déductions concernant l’ensemble, grâce à notre palais de la mémoire.
Tel le fameux détective anglais, vous n’utiliserez pas que vos muscles mais votre tête afin de résoudre les différentes enquêtes et mystères entourant la ville de Oakmont. Si l’ensemble fonctionne parfaitement, la petite nouveauté de cet épisode est d’avoir ajouté tout un aspect inédit : pour avancer, il vous faudra faire des recherches en amont ! Eh oui, vous devrez aller fouiller dans les différentes archives, chercher sur la carte où se situe tel ou tel appartement. The Sinking City s’ouvre pour mieux proposer une expérience encore plus proche de la réalisation d’une enquête de A à Z. On se retrouve donc à vadrouiller par moments de rue en rue, afin de tenter de trouver le petit indice qui fera avancer l’enquête. Il y a ici la volonté de s’affranchir de certaines facilités de jeu et de level design comme l’utilisation à outrance de la boussole, que l’on trouvait présente dans un nombre incalculable de jeux. Et pour le coup, Frogware réussit totalement son pari et renouvelle ce propos-ci.
Si The Sinking City reste classique mais fonctionne dans sa partie enquête, c’est beaucoup moins le cas dans sa partie action. Car oui, vous devrez de temps en temps user de vos revolver ou fusils à pompes pour vaincre les forces du mal (pas celles de Harry Potter : Wizard Unite bien sur). Le souci c’est que l’on tombe dans de très mauvais travers, avec une action très molle du genou, aucune intensité, et on se retrouve à vouloir simplement expédier l’ensemble. Encore une fois, comme nous pouvons le voir depuis le début de ce test, The Sinking City propose de belles idées, mais peine à concrétiser totalement l’ensemble.
Quêtes et expériences, le RPG-enquête ?
Mais ce n’est pas tout car, qui dit open world dit très souvent une certaine gestion des quêtes. Du côté de The Sinking City, vous aurez à votre disposition à la fois des quêtes principales mais aussi des quêtes annexes. Les quêtes sont pour la plupart construites de la même façon. On a des informations de base données par notre commanditaire, on va chercher dans les archives ou sur le lieu du crime, et on va ensuite continuer petit à petit jusqu’à aller jusqu’au bout. Certaines quêtes vont changer un peu cette routine, mais vous devrez à ce moment simplement enchaîner des visites d’appartements délabrés et abandonnés. et lorsque ce n’est pas cela, il faudra débarrasser une piaule de quelques monstres. S’il y a clairement du contenu pour les personnes souhaitant découvrir tous les secrets de la ville d’Oakmont.
Mais ce n’est pas tout car vous trouverez également une dimension RPG au jeu, avec la possibilité de vous améliorer selon trois arbres de compétences. Vous pourrez ainsi améliorer votre santé mentale et votre vitalité, votre capacité de transporter plus de munitions et d’outil de craft (servant à créer de nouvelles munitions et piquouze de soin), et bien entendu pour faire davantage de dégâts avec vos armes. Difficile cependant de voir de véritables avantages en début de partie concernant toute cette partie-là du titre. Il faudra donc prendre son mal en patience et progresser dans l’aventure avant de pouvoir utiliser pleinement cet aspect-ci.
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