Dans le domaine des jeux de puzzle, ces dernières années ont vu poindre quelques perles qui sont parvenues à marquer le public. On pense notamment aux Portal, à The Talos Principle ou même plus récemment à The Witness. En août 2016 sortait The Turing Test, développé par le studio Bulkhead Interactive et édité par Square Enix, d’abord sur PC et Xbox One. Puis c’est seulement en janvier 2017 qu’il débarque sur PS4. Si l’on peut déduire que l’arrivée d’une nouvelle plateforme pour ce titre six mois après sa sortie signifie qu’il a rencontré suffisamment de succès auprès du public, cela ne garantit pas pour autant sa qualité. Nous nous sommes donc penchés sur la dernière version en date pour proposer ce test et savoir si, oui ou non, The Turing Test parvient à se hisser à la hauteur des références du genre.
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ToggleA la recherche des disparus d’Europe
The Turing Test nous propose donc d’incarner Ava Turing, ingénieur de l’ISA (pour International Space Agency) par l’intermédiaire d’une vue à la première personne. L’action prend place sur la station Europe et notre héroïne est chargée de retrouver les membres d’une équipe de recherche ayant disparu. Pour ce faire, Ava devra traverser la station, venir à bout des puzzles mis au point par les membres de cette équipe disparus et qui constituent le test de Turing, à savoir un test que seul un être humain est capable de résoudre. Tout au long de son aventure, Ava est accompagnée de Tom, l’intelligence artificielle d’Europe qui est donc incapable de résoudre ce test seule.
Ava et Tom sont les deux principaux protagonistes de cette aventure, et quasiment les seuls personnages présents dans l’histoire. C’est d’ailleurs via leurs conversations, audibles durant la résolution des différents puzzles, que l’histoire va principalement avancer. S’y développe alors une réflexion philosophique sur l’homme, la machine, leurs rapports entre eux, leur rôle, la survie, etc. Bien que déjà vu, le sujet abordé est très intéressant mais ne parvient pas vraiment à aller aussi loin qu’il aurait pu. Ce constat se retrouve d’ailleurs par l’aspect général de l’histoire, qui recèle un certain potentiel, servi par une ambiance bien mise en place et une impression de solitude presque omniprésente. Seulement voilà, malgré un final intéressant, il ressort du scénario de The Turing Test comme un sentiment d’inachevé un peu frustrant.
Think outside the box
Du côté de la jouabilité, celle-ci est somme toute assez simple. Ava dispose d’une arme un peu spéciale appelée EMT pour Energy Manipulation Tool et qui permet notamment d’absorber des boules d’énergie à placer dans des interrupteurs (souvent placés sur les murs, le sol, etc) afin d’activer des mécanismes spécifiques pour progresser. C’est autour de ce système plutôt classique que va tourner l’essentiel des mécaniques de jeu, qui vont se complexifier au fur et à mesure. En effet, si au départ on ne trouve que des boules d’énergie bleues, d’autres font ensuite leur apparition, avec des couleurs et des fonctionnalités différentes. Si les orbes bleus permettent ainsi de faire circuler de l’énergie en continu, d’autres proposent de faire circuler l’énergie sur une durée limitée, en alternance, etc.
Il est également possible d’utiliser des cubes d’énergie à placer sur des interrupteurs, d’activer des leviers, etc. Rien de très original de ce côté, mais notons tout de même qu’Ava a la possibilité, via Tom, de prendre le contrôle de machines comme des mini-robots ayant la même capacité que l’EMT avec les boules d’énergie, ou encore de contrôler les caméras de surveillance qui peuvent aussi activer certains mécanismes. Il faut donc tirer avantage de toutes ces possibilités afin de venir à bout des énigmes que l’on rencontre salle après salle, où l’observation et la déduction sont indispensables. Celles-ci sont par ailleurs plutôt intéressantes dans leur ensemble, bien qu’il soit regrettable que la difficulté soit un peu en dents de scie et non progressive. Il peut malheureusement arriver de se retrouver bloqué sur une énigme au milieu du jeu et réussir à passer quasiment au premier coup d’œil celles à la fin de l’aventure… une petite erreur de dosage en somme.
Si l’on peut dire que l’aventure est linéaire, il est tout de même bon d’ajouter que certaines énigmes facultatives viennent se greffer et sont elles aussi d’une difficulté relativement changeante. L’intérêt de ces passages facultatifs est surtout de pouvoir accéder à des documents à lire ou à des fichiers audio permettant d’en apprendre toujours plus sur le contexte de l’histoire, les conditions de vie sur Europe, l’objet des recherches de l’équipe disparue, leur identité, leurs découvertes. Tout ceci est plutôt intéressant et l’on a de ce fait un peu de mal à comprendre pourquoi ces passages sont facultatifs.
L’absence de traduction qui fait mal
En revanche, ce que l’on n’a pas encore dit c’est que, pour un jeu très orienté sur la narration, celui-ci n’a pas été traduit. Les voix sont de base en anglais et les sous-titres le sont également… bien dommage pour les allergiques de la langue de Shakespeare ! Pire encore, les fichiers audio ne sont même pas sous-titrés du tout. Bref, pour une sortie sur une nouvelle plateforme plusieurs mois après la sortie initiale, il aurait été de bon ton d’y apporter des sous-titres français, et aucune mise à jour allant dans ce sens ne semble prévue pour le moment… dommage. D’ailleurs, les développeurs ont semble-t-il souhaité se donner un peu de mal en traduisant partiellement les noms des trophées sur PS4, mais ils auraient pu éviter. On se retrouve en effet avec des trophées comme « Chapitre complet d’un », « Complété chapitre trois », etc.
Du point de vue de la réalisation, The Turing Test reste dans quelque chose de relativement bon sans être pour autant exceptionnel. Visuellement, c’est correct et plutôt propre, mais pas mémorable non plus. Il est en soi difficile d’en dire plus de ce côté tant la direction artistique reste dans ce qu’il y a de plus classique dans ce domaine : une station spatiale tout ce qu’il y a de plus banal. Les plus dans la réalisation sont à aller chercher du côté de la musique qui, bien qu’elle soit discrète, est plutôt appropriée et parvient à renforcer l’impression de solitude dans cette immense station spatiale. Les doublages sont eux aussi de qualité même si là encore, rien de particulièrement marquant n’est à signaler, sauf peut-être quelques passages clés, particulièrement vers la fin.
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