Dès son annonce en août dernier, on sentait que The Walking Dead Destinies n’allait pas être un titre de première fraicheur. Cependant, nous avions quand même un infime espoir avec le concept du jeu. Effectivement, on nous promet de choisir comme nous l’entendons le destin des personnages de la série TV, et pourquoi pas faire les choix différents de cette dernière et voir ce qu’il se passe. Dans le fond c’est intéressant, jusqu’à ce que l’on se rende compte que la production de Flux Games est complètement dépassée à tous les étages… En même temps, avec en guise d’éditeur GameMill Entertainment qui s’est aussi occupé de de l’horrible Skull Island: Rise of Kong, il n’y a finalement pas de quoi être surpris.
Conditions de test : Nous avons terminé le solo de The Walking Dead Destinies en 6h de jeu, en faisant des choix diamétralement différents de la série TV. Le titre a été testé sur PlayStation 5.
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ToggleUne fidélité au détriment de choix ridiculement illusoires
Sans surprise, The Walking Dead Destinies reprend le pitch vraiment sympa de la série originale. Le soft débute avec Rick qui se réveille d’un long coma dans un hôpital, après avoir été mortellement touché dans l’exercice de ses fonctions en tant que shérif adjoint. Il découvre ainsi que le monde est ravagé par une apocalypse zombie, et va devoir tout faire pour retrouver sa femme et son fils Carl, qui sont bel et bien vivants. Sauf que son meilleur ami, Shane, le pensant mort, a pris entre temps sa place de père de famille… Nous n’allons pas non plus résumer longuement l’histoire, mais sachez d’ores et déjà que le studio brésilien Flux Games a eu au moins la décence de suivre à la lettre la série télévisuelle d’origine.
Le jeu suivant les quatre premières saisons, force est de constater que le fil rouge est toujours aussi captivant et intéressant. Ce qui est peu surprenant vu que la série a toujours voulu se focaliser sur les survivants et leurs psychologies, plutôt que tout le temps sur les rôdeurs. Ainsi, nous retrouverons des personnages phares avec Shane, Glenn, Hershel, Maggie ou encore Merle, le fameux Daryl et bien évidemment le gouverneur. Autant dire que le fan service fera quand même plaisir aux joueurs, d’autant que l’on y retrouve les musiques officielles de la série, et les visages de tous les acteurs. Vu comme ça, le titre part quand même sur de bons rails, même si les choix proposés apportent de grosses nuances.
En effet, les développeurs donnent techniquement une grande liberté dans les choix à effectuer, mais sans réellement aller en profondeur. Pour faire simple, c’est sur les scènes clés que vous pourrez faire des choix déterminants, censés avoir de vraies répercussions sur la suite de l’histoire. Vous pourrez ainsi prendre le pari de ne pas menotter Merle sur le toit, ou de tuer Rick à la place de Shane, qui prendra donc logiquement sa place en tant que leader du groupe. Si l’idée de fond est excitante, elle est hélas très mal exécutée. Nous sommes loin des conséquences des jeux de Telltale, et l’on se retrouve finalement à faire les mêmes niveaux quoiqu’il arrive, avec juste des personnages différents. Tous ces choix ne sont finalement qu’illusoires, et sans réelles conséquences sur les relations entre les protagonistes, inexistantes. Il faut aussi noter que nous ne comprenons pas l’intérêt de faire un jeu The Walking Dead ne couvrant que les quatre premières saisons alors que la série principale est terminée… Les fans de Negan auront de quoi être déçus.
L’une des autres idées est complètement rendue caduque : la résolution des conflits. A chaque fin de mission, vous vous retrouverez systématiquement dans un des nombreux QG de la série, que ce soit la ferme d’Hershel, la prison, ou encore la forêt ou bien l’autoroute. Dans celui-ci, hormis interagir de manière très bridée avec les personnages, vous devez parfois résoudre un conflit. De manière générale, il s’agit de deux personnages spécifiques qui s’embrouillent sur certains événements qui se sont produits. Il faut alors faire le choix entre épauler l’un ou l’autre. Si l’idée de base est encore une fois bonne, elle reste très sommaire. Car peu importe le choix que vous ferez, cela vous servira juste à gagner des points d’expérience, et c’est tout. Il n’y aura ainsi pas d’affinités à développer avec les protagonistes, montrant que The Walking Dead Destinies nous balance de la poudre aux yeux jusqu’au bout, jusqu’à décevoir amèrement.
Don’t open, dead gameplay inside
Pour la jouabilité pure, on pouvait s’y attendre, elle n’est à aucun moment convaincante. Prenant la forme d’un basique TPS, la première chose que l’on ressent manette en main est l’extrême rigidité cadavérique de nos personnages. Pire encore, l’endurance de nos survivants quand il s’agit de faire des attaques légères, puissantes voire de simples roulades se vide à une vitesse folle pour un seul ennemi. Vous serez donc obligés d’attendre qu’elle se recharge, alors que vous vous faites poursuivre par des hordes de rôdeurs ou d’adversaires humains. Vous l’aurez compris, rien qu’avec ce postulat de départ, il est évident que The Walking Dead Destinies a été très mal peaufiné.
Il en va de même pour la réactivité du gameplay, plus frustrante qu’autre chose. Le dynamisme des affrontements n’est pas au rendez-vous, et il est parfois difficile de faire réagir nos héros rapidement lorsque que l’on arrive à se défaire d’un rôdeur après une QTE. Qui plus est, les collisions ne sont pas toujours soignées, et l’agacement monte de plus en plus quand il est impossible de réaliser une exécution discrète sur les rôdeurs car la petite icone ne s’affiche pas pour réaliser l’action. Qu’on soit clair, The Walking Dead Destinies est une purge sans nom sur son gameplay, qui n’arrive même pas à proposer une jouabilité différente par personnage dans chaque mission. De ce fait, attendez-vous à avoir les mêmes capacités pour chacun d’entre eux, idem pour leur attaque spéciale, qui va juste varier en fonction de l’arme blanche que vous avez sur vous, et encore.
La production de Flux Game propose aussi aux joueurs et joueuses de la jouer infiltration ou bourrin. La première proposition sera totalement cassée et anecdotique. Les ennemis putréfiés ou humains vous repèrent trop facilement, et vous aurez aussi vite fait de les dézinguer un à un, voire de zigzaguer entre ces derniers pour atteindre l’objectif indiqué, quand c’est possible, vu la réactivité inexistante de l’IA. Le soft arrive pourtant à offrir de bonnes idées avec un état second que peuvent avoir vos personnages une fois la jauge de vie quasiment à zéro, les faisant rentrer dans un mode rage ou panique – l’un vous donnera la possible de faire plus de dégâts, l’autre juste de l’esquive uniquement. Seulement voilà, ces modes auraient pu servir au système de compétences, ce qui n’est hélas pas le cas. Flux Games semble vraiment avoir un mal fou avec le game design.
Au rayon des autres problèmes, il y a l’absence remarquée d’un verrouillage pour mieux toucher les ennemis. Ceci est problématique, comme le côté shooter qui est tellement rigide que la visée devient un calvaire à chaque instant. La visée assistée en vient même à être cassée sur consoles, ce qui est un comble. Finalement, c’est à partir de là que vous vous direz que tuer les zombies à l’arme blanche, ce n’est pas si mal en fin de compte. Nous pourrons également pester sur la difficulté très mal dosée du jeu, où de passages anodins peuvent parfois se révéler être un suprême calvaire, où seule la mort vous fait comprendre ce qu’il faut faire pour réussir la séquence avec succès. Nous nous devons aussi de souligner des combats de boss peu ingénieux, étant donné qu’il s’agit les trois quart du temps de tirer dans le tas, sans réfléchir, et avec un feeling horrible dans les animations, comme dans tous les gunfights en fait.
Progression, expédition et graphismes, le triplé perdant
The Walking Dead Destinies sera aussi très drôle dans sa construction globale, similaire à un mauvais jeu mobile. En plus de nous mettre en face de niveaux linéaires forçant à fond sur les murs invisibles, la boucle de gameplay consiste systématiquement à aller d’un point A à un point B, tuer un certain nombre de rôdeurs, survivre, ou bien récupérer divers objets plusieurs fois. Ensuite, vous pourrez assister à une cinématique, puis arriver à votre QG qui différera en fonction de votre progression. C’est dans ce schéma répétitif effrayant et monotone que vous évoluerez dans cette production cataclysmique.
Par ailleurs, le level-design aura le don d’horripiler. Entre des bouts de décors placés à des endroits au pif pour encourager à l’infiltration déjà inutile en passant par des piètres séquences de puzzle qui ne ressemblent à rien en plus de se répéter – déplacer à chaque fois des caisses ou des brancards d’hôpital bugués pour avancer, sérieusement ? -, on se demande si les développeurs ne prennent pas trop les joueurs et joueuses pour des imbéciles.
Soit dit en passant, des missions d’expéditions viennent se glisser dans le jeu, et sont elles aussi trop anecdotiques. Avant de lancer votre mission principale, vous devez choisir une expédition avec chaque personnage assigné d’office. Ces derniers peuvent rapporter des points d’expérience, même si la mission vient à échouer. D’ailleurs, au cours de votre mission principale, vous devrez choisir quoi répondre en fonction de la situation dans laquelle se trouve le protagoniste sur cette expédition. Si vous avez bien répondu, elle peut réussir, et vous permettre d’engranger des points d’expérience. En fait, le bébé de Flux Games passe toujours à côté de ses idées pourtant bonnes.
Bien entendu on vous le donne en mille, le système de compétences est tout bonnement ridicule. En récoltant des carnets et radios dans les niveaux, en résolvant des conflits voire en réussissant des expéditions, vous glanerez des points de compétences. Ceux-ci seront à attribuer sur les divers personnages de votre groupe à l’instant T, ce qui améliora leur endurance – et encore … -, ou permettra des attaques surpuissantes avec l’arme dédiée. Shane pourra par exemple faire plus de dégâts armé d’une hache de pompier. Par contre si un personnage meurt ou si vous le bannissez de votre groupe en fonction des choix déterminants, il ne sera plus possible de l’upgrader. Le choix est au moins cohérent, bien que cet arbre à compétences soit trop famélique et manque de profondeur.
Enfin, et ça on le savait déjà, les graphismes de The Walking Dead Destinies sont clairement semblables à une très mauvaise blague. Il est d’une laideur absolue. Sans rire, le soft de Flux games opte pour des textures dignes d’une PS3. Les modèles 3D sont tout simplement hideux, les incrustations des personnages dans les cinématiques sont risibles, et les animations auront de quoi vous faire ricaner jusqu’à perdre votre souffle. Vous l’aurez compris, le titre de Flux Games est clairement horrible, et arrive même à ramer à certains passages précis, prouvant qu’il n’a jamais été vraiment fini. Notez aussi sa caméra, qui part littéralement en vrille lorsque vos personnages utilisent leur attaque spéciale. Et pour enfoncer le dernier clou dans son cercueil, le soft rage quit lui-même en se fendant parfois de quelques crashs sur PS5. Bien entendu, on n’abordera pas la tripotée de bugs présents sur le jeu, puisque la liste risque d’être aussi longue que notre bras.
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