Après l’incontournable Enterre-moi mon amour et Inua : A Story in Ice and Time, The Pixel Hunt revient avec The Wreck, une nouvelle expérience narrative traitant de la maladie et du deuil. Que l’on vous prévienne dès maintenant, le jeu possède plusieurs triggers warning : maladie, deuil, relations toxiques et suicide. On vous partage notre aventure, qui sera assurément très subjective.
Conditions de test : nous avons eu l’occasion de jouer à The Wreck dans son intégralité. Comptez environ 5 heures d’expérience narrative. Nous avons joué à l’ensemble sur PC, autant à la souris qu’à la manette.
Sommaire
ToggleDémons du passé
Au démarrage du jeu, nous nous retrouvons face à l’écran d’un ordinateur. Après avoir lancé notre logiciel de rédaction de scénario, l’aventure se lance : int. couloir d’hôpital. Nous incarnons Junon, une scénariste, se retrouvant à nouveau face à une situation difficile à vivre : sa mère a eu un accident vasculaire et est entre la vie et la mort.
Pour Junon, c’est un autre trauma parmi l’ensemble de ceux qu’elle a déjà vécus. Sans la consulter, sa mère l’a inscrite comme responsable des décisions médicales. Une décision dure voire impossible à accepter pour Junon. Voici comment débute The Wreck. Durant les cinq heures que constitue cette expérience narrative, vous retournerez dans les souvenirs de Junon, afin de comprendre la psyché de la personne, et ainsi avancer et grandir intérieurement.
Si la première heure peut en décontenancer plus d’un, on se retrouve finalement très rapidement plongé dans ce jeu qui, comme le personnage, se répète et effectue une introspection sur lui-même, pour affronter ses démons. Petit à petit, est-ce que Junon va réussir à avancer et accepter son passé et apprendre de celui-ci ? Va-t-elle renouer contact et se rapprocher de nouveau de son entourage ?
Tourne et tourne en rond
Tout comme les autres productions du studio, il est difficile de parler de véritable expérience vidéoludique, mais davantage d’expérience narrative possédant une dimension ludique. Au niveau du gameplay, The Wreck nous propose quelque chose de simple, d’accessible, mais qui a forcément beaucoup de sens par rapport à ce qui nous est montré et raconté. On tourne, et retourne dans notre passé, pou réfléchir d’autant plus et faire notre propre réflexion psychologique pour avancer.
Le jeu peut alors se jouer uniquement à la souris, mais aussi à la manette. Une bonne partie du gameplay va être autour du choix des dialogues, mais surtout sur le fait de cliquer sur des mots clé, qui vont faire progresser la réflexion de Junon sur telle ou telle thématique. A de nombreux moments, nous allons nous retrouver par la force des choses plongés dans le passé tortueux de notre scénariste.
Dès lors, la seconde idée de gameplay arrive, proposant avec une simple utilisation d’un clic ou des gâchettes de naviguer dans la séquence, afin de retrouver des mots qui vont ainsi définir l’ordre de cette histoire mélangée dans son esprit. Une très bonne idée, qui porte énormément de sens par rapport à l’ensemble du texte.
On notera d’ailleurs particulièrement une séquence qui est réalisée en utilisant la méthode de jump cut pour montrer également comment la mémoire de Junon a écrit cette période de sa vie dans ses souvenirs. Il en reste que malheureusement, une grande partie de ces séquences restent toutes similaires, et peu dénotent réellement en termes de réalisation.
Un travail d’ambiance soigné
Tout cela s’accompagne d’un style graphique proche du roman graphique, avec au final assez peu d’animations, mais tout de même détaillées notamment sur ces séquences de « souvenirs » avec une dimension onirique qui peut soudainement proposer un twist inattendu, montrant la dureté de la situation montrée. L’idée de cette mise en abyme du travail de Junon – qui est scénariste – est d’ailleurs une idée très sympathique, qui aurait pu aller beaucoup plus loin. Chaque fois que vous quittez le jeu et revenez donc au menu du jeu, relancer la partie fonctionne comme si une nouvelle ligne du scénario était écrite. Pour les amoureux des lettres, une version purement textuelle de l’aventure aurait peut être été une idée originale et tout aussi impactante.
Pour ajouter à cette dimension, toute la partie sonore du titre est tout autant important. Et de ce côté là, nous souhaitions rendre véritablement hommage au travail de composition musicale de Adrien Larouzee & COLORSWAP – toute en nappes électroniques, qui rythme et accentue avec brio chacune des situations du jeu.
Le jeu est de plus entièrement doublé en anglais par des voix française. Cela peut et va perturber au premier abord car l’accent français est pour le coup assumé et presque poussé par moments. Cela est intéressant car on peut y voir la volonté d’accessibilité du jeu à un public international. Néanmoins, on se demande si, étant donné que le jeu prend comme cadre la France, avec des personnages qui sont toutes et tous français, si justement, il n’aurait pas été possible d’aller encore plus loin dans le principe et de proposer le jeu dans la langue de Molière au niveau vocal. On ne pourra par contre que saluer le travail de doublage qui a été effectué, car très clairement, réussir à proposer sur l’ensemble de l’expérience de The Wreck un jeu d’actrices et d’acteurs aussi subtil et juste sur les différentes émotions, le tout sur une langue non maternelle pour le cast, c’est à souligner.
Ressortir et réfléchir sur sa propre vie
Forcément, The Wreck nous questionne, nous marque et nous touche. Il nous fait réfléchir sur notre propre histoire et vécu, sur notre passé et l’acceptation de ce dernier. Et c’est sûrement ce qui fait que cette expérience narrative, forcément proche du serious game, arrive à aller plus loin que sa proposition initiale. Un discours finalement qui vient marquer là où cela fait mal forcément, mais où on en ressort grandi.
The Wreck, c’est – si on a bien entendu la force mentale pour vivre son expérience pendant ces 5 heures de jeu – une invitation à réfléchir à nos propres comportements, comme une thérapies comportementales et cognitives (TCC) condensée, auquel on ne s’attend au final peut-être pas tant que cela ! Mais comme nous vous avions prévenus auparavant, il y a des sujets traités dans The Wreck qui sont difficiles.
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