Cinq ans après un soft initial renversant les codes du jeu vidéo sans vergogne, There is no Game revenait début août avec une nouvelle itération sous-titrée Wrong Dimension. Un point’n’click une nouvelle fois complètement loufoque, dont le concept reste encore difficile à déterminer au premier regard tant sa proposition est originale.
Différent de son aîné, qui faisait plus office d’amuse-bouche qu’autre chose, ce second volet n’en demeure pas moins une véritable suite, qui reprend à la fois le même concept, le même narrateur, et une orientation graphique très similaire.
Le changement réside véritablement dans l’ambition de Wrong Dimension, qui se traduit en premier lieu par un prix fixé à 12,99 euros, tandis que son prédécesseur reste encore aujourd’hui entièrement gratuit. Tâchons ensemble de voir si cette nouvelle aventure étrange vaut ces quelques deniers !
Conditions du test : Nous avons joué près de six heures au titre avant d’en voir le bout.
Une expérience différente
Le There is no Game de 2015 faisait plus office d’expérience que de véritable jeu vidéo. Il était en effet très court, se terminant en une poignée de minutes, et avait pour seul objectif de bouleverser ce que l’on connaît du média… sans s’appesantir sur le sujet. D’ailleurs, c’est bien dommage, car il a probablement laissé bon nombre de joueurs sur leur faim, malgré le fait qu’il soit gratuit. Ainsi, l’annonce de Wrong Dimension avait quelque chose d’enthousiasmant, en cela que ce serait l’occasion d’approfondir les mécaniques et l’ambiance introduites par l’original.
La première chose que l’on remarque en lançant ce nouvel épisode, c’est qu’il se révèle plus travaillé sur le plan visuel, bien qu’il s’agisse toujours d’un titre au budget limité et à l’aspect relativement austère. D’ailleurs, si l’on ne retrouve pas exactement de la même introduction, celle de Wrong Dimension fait quand même beaucoup penser à celle du jeu de 2015. Les mécaniques sont néanmoins plus fouillées dans l’itération de 2020, qui donne rapidement le ton de son aventure en nous poussant à chercher toutes les failles présentes dans son environnement restreint, tout en nous injuriant et en nous invitant à quitter le jeu.
Mais pour parler de façon pertinente de cette expérience vidéoludique, il vaut mieux reprendre depuis le début. There is no Game : Wrong Dimension est un point’n’click qui débute sur un postulat simple et pourtant étonnant : il n’y a pas de jeu. On choisit sa langue, on lance une nouvelle partie, et le soft nous le dit d’entrée. Autant textuellement que via un narrateur, qui n’est au départ présent que pour nous mettre des bâtons dans les roues, nous décourager et nous pousser à fermer l’application. Ce n’est qu’en persistant, en contrant les différents pièges qui nous sont tendus, que l’on progressera.
En somme, dans sa construction le titre ne diffère pas tant que cela du point’n’click à la Day of the Tentacle ou Grimm Fandango si ce n’est que le seul personnage que vous contrôlez vraiment c’est votre curseur. Son introduction nous aide à appréhender son concept, nous place devant un narrateur désagréable qui veut à tout prix nous voir disparaître, et nous aide à intégrer ses mécaniques pas toujours évidentes pour le profane. Dès le chapitre 2, le scénario prend le pas sur cette mise en bouche, devenant un véritable fil rouge, au travers des différents puzzles qu’il va nous falloir désamorcer, toujours sans l’aide du narrateur.
Enfin si dans le fond, le titre de Draw me a Pixel demeure plutôt classique, c’est bien dans la forme qu’il se révèle atypique. On a rarement vu un jeu parvenant à nous surprendre de bout en bout, du moins de cette façon, tout en nous traitant comme un imbécile via un narrateur fort bien doublé. Et bien que d’une certaine façon il s’agisse tout de même de point’n’click, cette aventure visuellement rudimentaire (quoique pas moche et souvent inspirée) intègre un fonctionnement pas toujours évident à comprendre, mais surtout parvient à sans cesse se renouveler. Alors qu’il n’est question que de jouer à la souris, je vous le rappelle !
Du fun avec un grand F
Il ne faut guère plus de cinq à huit heures pour voir le bout de There is no Game : Wrong Dimension… Ce qui est toujours cinq à huit heures de plus que pour le premier opus. Nonobstant, à près de 13 euros le jeu, difficile de regretter l’investissement. Parce qu’à l’instar de son prédécesseur, cette suite peut être vue comme une expérience autant qu’un jeu. Et quelle expérience ! Ça explose dans tous les sens, il y a des retournements de situation à foison, le narrateur n’a de cesse de raconter n’importe quoi et c’est hilarant !
Bref, on n’a pas vraiment envie de lâcher notre souris quand vient l’heure d’aller dormir. Il faut dire que l’écriture joue pour beaucoup dans ce sentiment. Le narrateur, qui finit par se dévoiler au fil du jeu, a des répliques foncièrement drôles à répétition, et tend à plusieurs reprises à briser le quatrième mur, sans jamais aller trop loin. Les autres personnages, dont nous ne parlerons pas pour ne pas spoiler cette courte aventure, sont eux aussi fichtrement bien écrits, et toujours hilarants. C’est à croire qu’aucun gag ne tombe jamais à l’eau, ce qui est peut-être dû à notre implication grandissante dans cette aventure hors du commun.
Et c’est probablement là que se situe la plus grande force de There is no Game : Wrong Dimension. Au-delà de son rythme soutenu, de l’écriture de ses personnages et de ses multiples références au monde du jeu vidéo qui font mouche : le titre de Draw me a Pixel sait nous impliquer dans son histoire qui se révèle loufoque, et parfois même étonnamment touchante. Et ce malgré quelques mécaniques un peu redondantes et un ou deux passages un poil rébarbatifs, mais auxquels on ne saurait reprocher grand-chose de plus.
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