Advance Wars c’était, il y a encore quelques années, LA référence en matière de jeu de stratégie sur console portable. Qu’on se le dise, bien que Fire Emblem et autres Tactics Ogre se révèlent eux aussi excellents, l’aspect tactique y est bien évidemment fortement amoindri, au profit de leur dimension RPG. La série de jeu de guerre au tour par tour de Intelligent Systems s’axait quant à elle exclusivement sur la réflexion, une recette d’ailleurs particulièrement réussie qui permit à la série de continuer à vivre sur Nintendo DS après deux excellents opus sur Game Boy Advance. Une réussite qui ne sera pas passée inaperçue, et aura évidemment engendré divers émules. Dernièrement, ceux-ci ne sont toutefois pas nombreux. Hormis WarGroove, qui devrait débarquer au printemps, un certain Tiny Metal nous parvenait le 21 décembre dernier sur PC, PS4 et Switch, exclusivement en téléchargement. Développé par Area 35, équipe dont c’est le tout premier travail à paraître, le titre se présente au premier regard comme un Advance Wars en 3D. Jetons un œil à la version Steam.
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ToggleParlons de concept
On parle beaucoup de Advance Wars, mais peut-être que certains ne voient pas du tout de quoi il s’agit. Il faut dire que la série s’est éteinte il y a un moment déjà, dix ans pour être plus précis, après un opus sous-titré Dark Conflict sur Nintendo DS, n’ayant pas fait l’unanimité. Depuis, Intelligent Systems s’est concentré sur Fire Emblem, Paper Mario, et a même lancé une nouvelle licence avec le très sympathique Codename S.T.E.A.M. sur 3DS. Mais tout n’est peut-être pas perdu, puisque le studio japonais évoquait l’année dernière son désir de poursuivre la série sur une console actuelle… affaire à suivre donc.
En terme de concept, on est sur du jeu de stratégie au tour par tour, avec un grand nombre d’unités pouvant être déployées via des usines, aéroports ou ports, qu’il faudra capturer grâce à l’infanterie. Mais la subtilité principale de la licence, outre son level design souvent fouillé et contraignant à la réflexion, c’est l’utilisation de généraux. Chaque personnage aura en effet ses spécificités, avec par exemple Andy qui dispose d’une armée équilibrée, et un pouvoir pouvant redonner quelques PV à ses unités éméchées ; ou encore Max, dont l’armée est plus puissante que la moyenne, mais dont les unités à distance sont rendues moins efficaces, et son pouvoir de général qui le rendra encore plus fort. Chez Tiny Metal, vous pouvez oublier cet aspect. Idem, vous ne trouverez pas d’éditeur de map… ça commence mal n’est-ce pas ?
Vous ne trouverez pas d’éditeur de map… ça commence mal n’est-ce pas ?
On prend les mêmes…
Tout émule n’est pas nécessairement une copie, cela va de soi. Tiny Metal n’en est effectivement pas une… quoi qu’il n’en passe pas très loin. En effet, on y retrouve bon nombre de similitudes, à commencer par son aspect mignon et coloré, son univers vraiment sympathique, qui contraste malheureusement avec une technique relativement décevante et des environnements qui tournent au générique. Idem pour le design de ses unités. Premier point négatif, et ce n’est malheureusement pas terminé. Tant que nous y sommes, abordons rapidement la bande son qui tourne en rond, et finirait presque par donner des maux de tête… bien dommage puisqu’à côté de ça les doublages en japonais sont bienvenus et réussis.
Une technique relativement décevante et des environnements qui tournent au générique. Idem pour le design de ses unités.
Tiny Metal c’est aussi une histoire de conflit, puisqu’il s’agit une fois encore d’un jeu de guerre, porté par divers drapeaux dont il faudra apprendre le nom et les couleurs. Toutefois, là où le modèle parvenait à peindre autour de son postulat un scénario sympathique (bien que pas transcendant), le jeu de Area 35 ne peut pas en dire autant, tombant trop souvent dans le cliché, le tout enrobé par des dialogues longuets et sans intérêt. Advance Wars réussissait à rendre sa trame intéressante grâce à plusieurs personnages forts, amusants et colorés, remplacés ici par diverses coquilles vides auxquelles il est difficile de s’identifier. Ce, malgré un character design pourtant étonnamment réussi. Le plus gros défaut à ce niveau reste que chacun des généraux disponibles n’offrira aucune spécificité en jeu, idem du côté des armées différentes. Seuls leurs noms et leurs couleurs changent…
Le plus gros défaut à ce niveau reste que chacun des généraux disponibles n’offrira aucune spécificité en jeu, idem du côté des armées différentes
Mais la plus grosse déception est encore à venir. L’aspect stratégique a été simplifié au maximum, avec des unités qui ne consomment aucune ressource en se déplaçant ou en combattant, et dont il n’est pas difficile de comprendre la fonction. L’ennui, c’est que si cela aurait pu être vu comme un point positif dans un jeu retors, Tiny Metal est quant à lui beaucoup trop aisé, allant jusqu’à n’opposer absolument aucune résistance durant sa campagne solo, plutôt longue soit dit en passant. Il suffira de prendre possession des ressources de l’adversaire, principalement ses usines, et de construire une poignée d’unités puissantes, et le tour sera joué, quelle que soit la mission engagée… ça manque cruellement de variété, mais surtout de challenge, face à une IA complètement à la ramasse qui se contentera de foncer tête baissée en toutes circonstances.
L’aspect stratégique a été simplifié au maximum
Sauver les meubles
Heureusement tout n’est pas à jeter chez Tiny Metal. À commencer par son gameplay qui, bien que manquant pas mal de profondeur, se révèle simple d’accès et efficace. Le tutoriel est d’ailleurs plutôt bien conçu, même si l’on aura tendance à lui reprocher d’être beaucoup trop long, et de mettre un temps fou à nous lancer une bonne fois pour toutes dans l’action. Toutefois, il fallait bien que quelque chose cloche, il faut reconnaître que le tout manque cruellement de dynamisme. Ce qui ne joue pas en la faveur du jeu qui propose déjà des dialogues particulièrement longs et soporifiques, ainsi qu’un scénario inintéressant. Et ne parlons pas de l’animation représentant les affrontements, on ne peut plus moche et mollassonne.
Le titre de Area 35 n’est heureusement pas dénué de spécificités, quoique celles-ci ne soient vraiment pas nombreuses. En jeu, il sera possible de pousser l’adversaire, dans certaines circonstances, via la commande « assaut ». Cela peut permettre, par exemple, d’empêcher une unité de capturer une ville, ou de bloquer un chemin. En déplaçant nos soldats ou nos véhicules, il faudra aussi déterminer dans quel sens ils devront regarder. L’intérêt, c’est que les attaques de flanc ou de derrière sont plus destructrices que celles de face. Il faudra donc, parfois, faire attention à ne pas laisser d’ouverture trop béante, sous peine de perdre une unité. Enfin, les maps seront toujours recouvertes d’un brouillard de guerre difficile à faire disparaître. Des détails sympathiques, qui ne parviennent toutefois pas à contrecarrer pleinement l’absence totale de dimension tactique… Reste la présence de héros à déployer, qui ne feront office que de « super-soldats », et dont l’intérêt est une fois encore plutôt discutable. Au moins, ils donnent une vague impression de variété, à côté du très faible nombre d’unités disponibles.
J’aurais aimé terminer ce test sur une note positive, en vous parlant du contenu ; mais là aussi Tiny Metal se révèle plutôt décevant. Pour environ 25 euros, le titre offre une campagne solo d’une dizaine d’heures, ainsi qu’un mode escarmouche proposant 56 cartes jouables en solo, sans scénario. Pas mal, certes, bien que l’ennui aura certainement raison de nombre de joueurs largement avant d’en voir le bout. Quant à l’aspect indispensable d’un titre du genre, j’ai nommé le mode multijoueur… celui-ci n’est toujours pas disponible à l’heure où j’écris ces lignes, et le développeur n’a pas encore communiqué sur le sujet… En résumé, à ce prix, Area 35 vous vend 25 longues heures d’ennui, avec une option « patience » pour le seul mode qui semble véritablement intéressant du jeu… ça fait quand même un peu cher, vous ne trouvez pas ?
En résumé, à ce prix, Area 35 vous vend 25 longues heures d’ennui, avec une option « patience » pour le seul mode qui semble véritablement intéressant du jeu
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