Aperçu lors du dernier AG French Direct, To Hell With The Ugly est un petit jeu d’aventure point’n’click avec quelques séquences d’affrontements bien mises en avant lors des trailers. Le soft produit par Arte reprend le titre anglais du roman policier et d’humour de Boris Vian, Et on tuera tous les affreux. Sans surprise, il s’agit bien de l’adaptation vidéoludique du livre parut en 1948. Le développement a été confié à La Poule Noire, une coopérative ayant la particularité d’avoir développé le jeu en travaillant à distance. Une manière pour eux de proposer une alternative à la culture d’entreprise souvent nocive dans l’industrie.
To Hell With The Ugly nous plonge dans un Los Angeles des années 50 porté par une ambiance jazzy et des personnages au caractère affirmé. Une intrigue où le suspense se mêle à l’absurde et dont la thématique principale n’est pas sans faire écho à certaines tendances actuelles.
Condition de test : Nous avons joué sur la version PS4. Il faut compter 4 ou 5 heures pas plus pour atteindre la fin de l’aventure et obtenir la quasi-totalité des succès.
Sommaire
ToggleQuand la ville dort
Si vous ne connaissez pas le livre de Boris Vian, To Hell With The Ugly est le bon moment pour vous plonger dans une histoire rocambolesque réservant quelques rebondissements appréciables. L’histoire nous emmène dans un Los Angeles à l’ambiance 50’s et jazzy ne laissant pas indifférent. Nous faisons la connaissance de notre protagoniste, en la personne de Rock Bailey.
Rock est aussi beau que naïf, déplorant que son physique attire de nombreuses femmes éprises de ses charmes. Mais le bonhomme a des principes, et l’un d’eux l’oblige à préserver sa virginité jusqu’à ses 20 ans. Néanmoins, son petit monde va vite basculer. Alors qu’il passe une soirée en compagnie de ses amies au club de jazz le Zooty Slammer, notre bel individu est drogué, puis kidnappé.
Après un réveil dans une étrange pièce, il prend la fuite, bien décider à comprendre ce qu’il s’est passé. Il va alors s’agir de rassembler des indices pour mener l’enquête et se venger de l’homme à la cigarette. Mais derrière ces évènements et les autres qui tomberont sur Rock Bailey, se cache une machination insoupçonnée. Pour qui ne connaît pas le bouquin, c’est un plaisir de suivre l’intrigue.
On a notre lot de questions et de situations improbables pour garantir le rythme. Le ton léger et délibérément absurde, qui se retrouve aussi bien dans les diverses personnalités croisées que dans les dialogues et situations, se marie parfaitement avec le chara design des personnages. Les partitions musicales de To Hell With The Ugly terminent de nous plonger dans un univers qui fonctionne bien.
Règlement de comptes
On apprécie l’ambiance jazzy dans laquelle baigne le soft de La Poule Noire. Quant à l’esthétique, cela apporte une identité au jeu en plus d’une cohérence de ton. En outre, la mise en scène sait offrir des cadrages inspirés et percutants, sachant soutenir le ressentit d’un moment. La mise en scène apporte un plus non négligeable sur quelques passages. La narration va aussi passer par des séquences plus ou moins animées.
Cela confère un charme évident à l’ensemble, se rapprochant d’une esthétique BD. Ces séquences sont généralement mise en avant par des doublages, anglais essentiellement, de qualité. Les acteurs sont convaincants et consolident l’attachement que l’on peut éprouver envers les personnages croisés. En terme d’écriture, il y a peu de reproches à faire au jeu, ni dans sa narration. Peut-être quelques manquement.
Ainsi on regrette surtout qu’en dehors de ces moments, les phases de discussions provenant de nos déambulations personnelles ne récompensent pas nos yeux d’animations. Quand quelqu’un parle dans To Hell With The Ugly, il n’y a que sa vignette pour nous en informer. Aucun mouvement ni geste ne vient donner d’informations sur qui parle. Un manquement que l’on aperçoit également sur des environnements et/ou intérieurs.
L’esthétique minimaliste de l’œuvre ne doit pas empêcher d’avoir de la singularité dans les lieux visités. Des répétitions mineures mais visibles apparaissent et auraient pu être arrangées. Le diable ce cache dans les détails, et c’est peut-être ce qui manque à l’aventure. Un peu plus de minutie dans le but de rendre l’univers plus attractif qu’il ne l’est, plus engageant. De même qu’au niveau du challenge c’est un peu décevant
En quatrième vitesse
Peu importe la strate de gameplay abordée, que ce soit les phases de combat, les séquences d’infiltration ou la dimension point’n’click, nous sommes sur une simplicité à outrance. Si nous pouvons voir l’intérêt de ne pas avoir voulu mettre un peu de résistance, probablement dans l’idée de ne pas nous rendre la tâche trop ardue et nous dévier de l’histoire. Il y avait moyen de trouver un juste milieu, incitant les joueurs et joueuses à s’impliquer davantage.
Au lieu de ça, les ressources cognitives demandées pour résoudre l’enquête et les énigmes environnementales sont presque inexistantes. Et sans conséquence de surcroît. Bien que le récit soit figé, il y avait matière à apporter une plus-value. C’est dommage compte tenue de l’aspect point’n’click et ses possibilités.
D’autant plus que les quêtes s’affichent avant que notre personnage ne sache lui-même quoi faire. C’est assez déroutant. Bien entendu cette simplicité est, d’une certaine façon, moins gênante pendant les affrontements. Ces derniers fonctionnant en combat au tour par tour, dans sa forme la plus classique. Il faut tout de même presser une touche au bon moment lors d’une attaque ou d’une parade, afin d’augmenter ou réduire les dégâts. Simple comme bonjour.
Les séquences de castagne ont le mérite de renouveler les situations sans envahir de leur présence. C’est mieux comme ça vu l’absence d’évolution de gameplay. Enfin, vous aurez le droit à deux ou trois moments « infiltration » d’une futilité évidente. On retiendra l’envie de proposer des choses, bien que dans les faits ça demandait un peu plus d’implication. On a le sentiment de n’avoir aucune présence dans ce monde, n’attendant que de lire des dialogues pour faire avancer l’intrigue.
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