Alors que le studio NIS America nous habitue, années après années, à voir apparaître moult softs plus nichés les uns que les autres, la fin de l’an 2017 a vu surgir, des entrailles du monde vidéoludique, une nouvelle création nippone. Répondant au délicat nom de Tokyo Tattoo Girls, dont le titre parle pour lui-même, cette production du studio Sushi Typhoon Games vous plonge dans un Tokyo un peu différent où, après un événement tragique, la ville a été divisée en vingt-trois districts, tous dirigés par autant de jeunes demoiselles différentes. Mais quel pourrait bien être votre but dans cet environnement aux allures post-apocalyptiques ? Leur latter la tronche… tout simplement. Un jeu original, qui promet de jolies jeunes filles ainsi qu’une touche de stratégie dans une ambiance tout à fait singulière. Mais est-ce que l’ensemble répond réellement aux attentes ? Une petite question à laquelle je vais tenter de répondre aux travers de quelques paragraphes qui vont suivre. Si vous voulez bien prendre la peine de vous installer, mettre votre musique favorite ou tout simplement vous plonger dans le silence le plus total, nous allons nous lancer !
Vaut mieux rêver à une belle fille à aim… Tatouer
Alors que depuis les premières images concernant le soft, le studio à l’origine de ce dernier est resté très évasif sur le contenu et les mécaniques du jeu, nous savions qu’il était question de tourner notre regard vers une catastrophe s’étant abattue sur la ville de Tokyo, au Japon. Cette dernière, ravagée par ce qui lui est tombé dessus, voit sortir de l’ombre quelques jeunes filles atteintes de mutations. Ces mutations sont en fait des tatouages leur conférant quelques atouts surhumains, comme une plus grande force. Parcellée en vingt-trois districts partagés entre autant de jeunes demoiselles atteintes de mutations, c’est la ville dans laquelle vous allez devoir évoluer tout au long de votre partie. Au milieu de tout cela, vous allez incarner un tatoueur d’une grande renommée, dont le destin est de rencontrer une délicieuse jeune femme qui, comme par hasard, a été élue pour unir l’ensemble des districts sous une seule et même bannière. Mais ne vous emballez pas trop, car l’ensemble de la trame n’est qu’une grosse mascarade et n’apporte que peu de contenu ou de saveur à votre expérience vidéoludique. En effet, ce dernier n’a presque pas, pour ne pas dire aucun, impact sur le déroulement de votre aventure. Néanmoins, nous reviendrons sur ce point plus tard, intéressons-nous plutôt aux quelques mécaniques offertes par cette création aux allures de manga.
Il va falloir d’emblée l’avouer, Tokyo Tattoo Girls ne vous plongera pas dans une épopée où l’action est au beau fixe et où le sang coule à flot dans des combos endiablés et bien délicats à effectuer. En réalité, vous n’aurez presque rien à faire, ce qui peut paraître surprenant dit comme ça, mais c’est la triste réalité. Vous aurez à gérer une conquête de territoires, pour rappel au nombre de vingt-trois, mais où tout, ou presque, est automatisé. Après quelques premières minutes de mise en situation déstabilisantes, vous pourrez penser à faire deux choses à la fois… jouer et peu importe l’autre activité à laquelle vous vous adonnerez. Pour conquérir lesdits districts, vous devrez améliorer votre personnage en la tatouant de plus en plus, grâce à l’argent récupéré en jeu. Ce même argent qui vous servira à recruter de nouveaux adhérents, stopper le recrutement pour vos adversaires, ou tout simplement pour calmer les rebellions naissantes au sein des districts dont vous prenez le contrôle. Rien d’incroyablement folichon et qui vous rappellera très rapidement le fonctionnement du jeu Risk. Comme dans bon nombre de jeux, vous partirez ensuite dans un combat contre le boss du territoire, où tout se fera de façon automatisée, où votre implication ne sera que dans le choix des réponses aux divers dialogues. Chaque affrontement se soldera inévitablement par votre victoire et la prise définitive des lieux.
Jouant un rôle prépondérant dans votre évolution, l’argent viendra vite à vous manquer. Il est vrai qu’entre l’amélioration de votre personnage et les diverses actions spéciales, vous arriverez souvent devant vos caisses vides. En effet, tout consomme ce fameux argent et ne pas en avoir pour vous sauver la mise dans les coups durs est vraiment préjudiciable. Néanmoins, le jeu propose également une mini-activité sur le côté qui vous permet de tenter d’augmenter votre solde, à savoir le jeu de dés. Autant le soft repose sur le hasard dès le lancement de la partie, autant cette impression de tout laisser reposer sur la chance s’intensifie à mesure que la partie progresse. Chaque évènement, qu’il soit négatif ou positif, apparaît de façon un peu hasardeuse et peut surgir à n’importe quel moment, de n’importe quelle façon. Pensons par exemple aux révoltes, ces dernières peuvent ne jamais montrer le bout de leur nez pendant de longues minutes de jeu, puis s’enchainer inlassablement jusqu’à vous mettre en game over. Comment cela est-il possible me direz-vous ? En fait, il existe une jauge de vie, représentée par de l’honneur, qui, une fois tombée à zéro, stipule la fin de la partie. Ladite jauge se réduit lorsque vous perdez des combats lors des émeutes. Il est donc primordial d’avoir subjugué à votre cause l’ensemble des territoires ennemis avant que votre honneur ne devienne néant.
L’humour… C’est bien, mais où est mon aventure épique ?
Rappelez-vous, je vous disais juste avant que le scénario n’était qu’une mascarade. Je n’ai toujours pas changé d’avis, sachez-le. En effet, ce dernier n’est qu’une mise en scène, un cadre pour donner une raison d’exister au soft, mais qui aurait pu être n’importe lequel, rien n’aurait changé. Si en lieu et place de jeunes filles tatouées en plein Tokyo, les développeurs avaient décidé de mettre des clans de la Mafia, des Yakuzas, des Talibans et des membres de la CIA, le résultat aurait été exactement le même, si ce n’est que le tout aurait été beaucoup moins sexy visuellement. Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas ici dans une épopée divine, où pléthores d’adversaires se dresseront sur votre chemin pour vous mener une lutte acharnée, violente et sanguinolente, où le développement narratif est une composante essentiel du soft. Non, vous allez plutôt être confronté à un jeu de stratégie ne demandant que peu d’implication de votre part et où l’action est aux abonnées absentes. Votre seule réelle mission est de recruter l’armée d’en face jusqu’à destituer le leader et dirigeant du district et réitérer ce schéma, encore et encore, jusqu’à avoir unifié la ville.
Pour ne renforcer en rien votre immersion et votre sentiment de participation, chaque leader, anciennement ennemi, que vous aurez recruté, partira de sa propre initiative à l’assaut des différents quartiers adjacents au sien. A la manière du jeu de plateau précédemment cité, vous engrangerez des points à chaque tour, ici présentés en jours, et vous mènerez vos actions petit à petit. Comme n’importe quel jeu de conquête, plus vous avancerez, plus les batailles seront aisées, puisque vous prendrez en puissance, alors que vos adversaires perdront la leur. Autant le dire, évitez tant que faire se peut le mode de difficulté facile, qui ne vous apportera que peu de challenge et donc presque aucune envie ni fierté.
S’il faut souligner un point positif du jeu, c’est sans conteste l’originalité et l’OST, mai ces deux points forts sont grandement ternis par les points négatifs, comme le manque d’implication du joueur et la quasi inexistence de difficulté, même au plus haut niveau. Malgré tout, vous devriez pouvoir trouver de quoi vous tenir occupé quelques heures et prendre un peu de plaisir le temps de vous changer les idées entre deux gares de train par exemple. Mais si vous voulez un conseil et que vous désirez l’essayer, attendez que le soft soit en solde car, même si je l’ai apprécié de mon côté, je ne pense pas que son prix soit adapté quand on voit le peu de joueurs qui se montreront réellement réceptifs au genre.
Après en avoir terminé avec ce test, ma foi assez cours, vous avez comme une envie de lire quelques autres rédactions au sujet de créations nippones, marquées du logo NIS America ? Je ne peux que vous conseiller de vous diriger vers les écrits au sujet du très bon Danganronpa V3: Killing Harmony, dont le test, rédigé par mes soins, est disponible ici. Je vous encourage, également, à vous lancer dans la lecture du très bon test de Grand Kingdom, rédigé par Haseo, ainsi que celui de Yomawari: Midnight Shadows, de Marc Pjc, trouvable par ce chemin.
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