Au rayon des jeux de stratégie, on retrouve l’indémodable studio Creative Assembly. Connus grâce au succès de la licence Total War, les anglais basés à Horsham reviennent avec une nouvelle itération historique de leur saga. Cette fois-ci, le focus est sur la Chine et sa période des trois royaumes. Dès lors, rien de plus normal que de voir ce nouvel opus se nommer Total War : Three Kingdoms, en référence à l’époque et au roman de Luo Guanzhong.
Après plusieurs titres de qualité, le studio est attendu au tournant par bon nombre de fans, qui ont des revendications. Après tout, cette période historique était demandée depuis longtemps et la déception n’est pas permise. Attila, Warhammer, Warhammer II, Thrones of Britannia, voici quatre titres qui doivent parler à pas mal de monde. Il s’agit des quatre derniers opus sortis par le duo Creative Assembly/Sega. Et, si tout était plutôt encourageant dans l’ensemble, tous souffrait toujours d’une IA plutôt en demi-teinte.
Alors, ce Total War : Three Kingdoms règle-t-il ce souci mis en avant depuis tant d’années par les critiques et les joueurs vétérans ? Ou ce soft n’est-il qu’un bis repetita sur fond de culture chinoise ? Allons immédiatement jeter un œil à cela !
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ToggleThree Kingdoms à la Dynasty Warriors ? Bien sûr que non !
L’histoire prend place en 190 après J.-C., une période où la Chine connaît de nombreux tumultes. Moult seigneurs de guerre cherchent à prendre le pouvoir, et une révolte est en cours sous la bannière du Turban Jaune. Les fans de Dynasty Warriors et des Romance of the Three Kingdoms connaissent bien cette période pleine de rebondissements. Afin de rendre compte au mieux de cette période délicate, Creative Assembly nous propose deux modes de campagne : un mode classique et un mode romance, plus épique et semblable à ce que Luo Guanzhong avait pu écrire dans son roman.
Le premier se concentre sur les faits historiques, vous mettant face à pléthores d’événements ayant eu lieu durant ces décennies de conflits. Et, bien entendu, vous n’avez pas l’obligation de suivre ces événements, prenant ainsi un embranchement scénaristique différent. Par ailleurs, des missions vous seront allouées afin de suivre plus ou moins le vrai périple de votre personnage. Le second, bien plus libre, vous proposera aussi de suivre l’évolution des combats entre les différents seigneurs en activités, mais en vous permettant d’agir plus directement sur le développement de tout.
De plus, le choix de l’un ou l’autre personnage en début de partie changera drastiquement les choses. Alors que Sun Jian commencera avec une belle ville, Liu Bei devra combattre bec et ongles s’il veut pouvoir se poser quelque part. Ainsi, chaque faction offre un challenge différent d’entrée de jeu, tout en donnant le même objectif ultime : unifier la Chine sous votre bannière en devenant l’empereur. Par voie diplomatique ou militaire, c’est à vous de décider comment procéder.
Et c’est là que les choses deviennent vite intéressantes. En effet, la carte de la Chine est immense, et il faudra énormément d’efforts pour parvenir à tout unifier sous un seul et même étendard. Et, on peut d’ores et déjà parler d’un élément exceptionnel : les visuels qui sont tout simplement sublimes. La carte est très belle, et les petites touches d’encre utilisées pour le brouillard de guerre (les zones inconnues) est une excellente idée. Cela permet d’accentuer un peu plus l’immersion en utilisant l’art chinois.
La carte offre également une géographie respectée, du nord au sud. Les montagnes sont présentes et tout joue un rôle dans le déroulement du jeu. Combattre en forêt, le long d’un fleuve ou en montagne n’aura ainsi pas le même impact et le tout pourra être prépondérant pour votre victoire finale. Intéressant, non ? Après tout, c’est toujours agréable de pouvoir se dire qu’une bataille perdue d’avance peut être renversée si vous utiliser correctement la topographie.
Des choses à faire à ne plus savoir où donner de la tête
Forcément, le tout sera possible avec une bande-son digne de la série Total War. En effet, Total War : Three Kingdoms propose une OST de toute beauté, immergeant le joueur dans une ambiance propre au titre. Harmonieuse avec l’environnement qui nous est servi, même les batailles sont ponctuées d’effets sonores des plus intéressants. Dommage que les graphismes proposés lors desdites batailles ne soient pas à la hauteur de ce qui nous est proposé sur la carte stratégique.
Sans parler de l’IA, qui peut parfois être aux fraises. Une bataille perdue d’avance peut vite être renversée avec un chouïa de réflexion, tant vos adversaires se montreront prévisibles et diablement mal organisés. Malgré tout, la présence de niveaux pour vos troupes, qui gagneront en expérience avec le temps et les affrontements reste une belle idée, offrant ainsi également de nouvelles possibilités de se sortir de situations désespérées. De retour sur la carte, on se rend vite compte de l’immensité du titre, qui tente de nous expliquer les bases via quelques bulles infos narrées. Entre stratégie, politique, diplomatie et expansion, tout se mélange pour former un tout très compliqué à maîtriser de bout en bout.
D’ailleurs, vous passerez le plus clair de votre temps à gérer vos villes, vos personnages et la diplomatie plutôt qu’à guerroyer. Loin de nous déplaire, la gestion des personnages peut vite devenir casse-tête lorsque ceux-ci commencent à avoir leurs propres ambitions et à ne plus s’entendre entre eux. A plusieurs reprises, des armées ont dû être scindées en deux car des généraux présents dans cette dernière ne s’entendaient plus. Car oui, les relations évoluent avec les personnages et deux amis peuvent devenir rivaux, et inversement. Attention donc à bien vous organiser, car leur entente influencera leur satisfaction (loyauté) et donc leur efficacité !
Après tout, le titre se focalise d’abord sur ces fameux personnages, en offrant un casting fourni, issu du roman du même nom. Ainsi, alors que votre personnage gagnera en prestige, vous devrez gérer avec toujours plus d’attention vos alliés. En laisser l’un ou l’autre de côté pourrait avoir des effets néfastes à long terme. Pour améliorer leur satisfaction, plusieurs possibilités s’offrent à vous, comme leur améliorer leur équipement, leur offrir une promotion ou tout simplement renforcer votre lien avec eux en passant du temps avec eux entre les combats, ou même pendant les combats.
En parlant de bataille, lorsque vous en remporterez une, vous aurez toujours la possibilité de jouir de vos adversaires capturés comme bon vous semble. Faire preuve de clémence peut vous apporter une meilleure reconstitution de vos troupes, mais vous pourriez préférer récupérer des provisions à la place, en prévision d’une longue marche à travers les territoires de vos opposants. A vous donc de faire votre choix.
La même chose s’applique aux villes, que vous pourrez occuper, piller ou mettre à sac. A vous de voir, en fonction de ce que vous souhaitez que vos rivaux pensent de vous. Par ailleurs, un général ennemi capturé peut se monnayer ou être recruté. Plutôt intéressant, sachant que vous pourriez décider de faire rentrer un ennemi dans vos rangs. A vos risques et périls.
Mais, bien entendu, vous pourriez décider d’éviter le conflit et préférer la diplomatie. Dès lors, avoir des vassaux semble la meilleure option. Ou alors, vous pouvez compter sur les compétences de vos personnages pour faire le travail. Car oui, dans Total War : Three Kingdoms, chacun a ses propres spécificités. En utilisant des points de légitimités (pour Cao Cao), vous pourrez pousser quelqu’un à apprécier ou déprécier un autre personnage ou (dans le cas de Liu Bei) simplement capturer une ville sans même avoir à combattre. A vous de bien gérer les compétences de chacun.
Total War, tout simplement
Comme ses aïeux, Total War : Three Kingdoms vous mènera à la gestion de nombreux territoires. Dès lors, vous devrez apprendre à gérer vos ressources, comme la nourriture et l’argent, mais aussi les autres, que vous pouvez importer ou exporter par le biais de routes commerciales. Ce point peut être renforcé par l’utilisation de l’arbre de technologies, qui (est incroyablement beau) vous permettra de vous spécialiser (ou non) dans une voie. Ainsi, vous pourrez décider de vous orienter vers la politique, le militaire ou encore l’économie.
Si la gestion de nombreuses terres peut être fastidieuse, comptez sur la diplomatie pour vous mettre encore plus de bâtons dans les roues. Avoir des alliés n’est pas choses aisée, et des routes commerciales encore moins. De ce fait, vous développer et vous stabiliser devient complexe. En outre, s’étendre devient plus tendu du fait de la présence de provisions. Vous ne pouvez pas traverser la map d’une traite et vous devez alors vous préparer bien à l’avance. Chaque expédition pourrait vite finir en non-retour si vous n’avez pas tout planifié avec précision. Aussi, il vous faudra négocier des accès militaires si vous voulez passer. Car hors de question de vous balader comme ça chez vos voisins !
Voisins que vous pouvez espionner en envoyant un général chez eux. Ce dernier pourra alors être embauché et épier les mouvements de vos rivaux. Levant le brouillard de guerre sur certaines zones, vous aurez alors une idée de ce qui se trame chez vos comparses seigneurs de guerre. Attention cependant à ce que votre espion ne devienne pas un agent double… et gardez à l’esprit que l’IA peut faire tout ce que vous faites. Alors attention à qui vous recrutez.
Au final, Total War : Three Kingdoms offre une expérience inédite et rafraîchissante où vous pourrez façonner votre propre histoire (en historique comme en romancée) comme bon vous semble. La stratégie et la diplomatie seront vos meilleurs atouts, tandis que la gestion de vos personnages devra occuper votre esprit à tout instant. Si l’IA peut présenter des faiblesses en bataille, elle est très qualitative une fois de retour sur la carte stratégique. Total War : Three Kingdoms sans conteste un titre très complet, complexe et dont on ne se lasse pas.
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