The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel III est l’un des nombreux opus de la série The Legend of Heroes qui perdure depuis maintenant plus de quinze ans. Il s’agit de l’une des séries phares de Falcom avec la licence Ys. Elle se démarque par son univers étendu qui s’est étoffé au fil des jeux et une narration particulièrement travaillée. A la différence des Final Fantasy, qui préfèrent changer totalement d’univers et de personnages à chaque épisode (sauf pour les rares suites bien entendu comme FFX ou FF XIII), The Legend of Heroes préfère enrichir au fur et à mesure.
C’est non seulement un gain de temps et de ressources pour la compagnie japonaise qui n’a pas autant de moyens qu’un Square Enix, mais aussi une manière très intéressante d’aborder le J-RPG. Cette année, grâce à l’éditeur NIS America, nous avons droit pour la première fois à un opus entièrement traduit en français en ce qui concerne les textes. Est-ce le bon moment pour se lancer dans la série ? Que vaut ce jeu de rôle pas comme les autres ? On vous répond dans ce test.
Sommaire
ToggleIl n’est pas trop tard pour commencer
Trails of Cold Steel III subit d’abord un calendrier de sortie et un changement d’éditeur, toutefois grâce à cela, nous avons désormais droit à des traductions françaises comme pour l’excellent Ys VIII. Si ce dernier est bien plus abordable pour les nouveaux-venus, démarrer la saga Trails of Cold Steel en cours de route sera moins évident. On rappelle que les deux premiers opus sont déjà sortis sur PS4 chez nous dans des versions remasterisées, mais malheureusement uniquement en anglais.
Pour résumer rapidement, les différentes sagas nous plongent dans des lieux et des époques bien précises (souvent proches voire parallèles à d’autres jeux) sur le continent de Zemuria. Ainsi, même si chaque arc possède ses propres héros, on retrouve régulièrement les mêmes personnages au fil des jeux.
Dans le cas ici présent, nous suivons notamment le parcours de Rean Schwarzer et la classe VII. D’abord élève de cette classe spéciale au sein d’une académie militaire en compagnie de ses nombreux camarades, il devient finalement professeur presque un an et demi après les événements de Trails of Cold Steel II.
Suite à ses prouesses pendant la guerre civile en Erebonie, il devient un héros renommé mais les conflits avec les nations voisines sont plus présents que jamais. Il serait laborieux de vous résumer toute l’histoire en allant plus loin dans les détails. Tout ce que l’on peut vous dire c’est que, malgré la tonne d’informations que l’on reçoit (surtout en tant que novice) The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel III fait une belle démonstration de sa richesse scénaristique et marque un tournant.
De plus, tout est fait pour que l’on s’y retrouve avec une encyclopédie expliquant les événements précédents, des descriptions des personnages avec leurs passés respectifs ou encore en parcourant des livres présents dans le jeu. Les références aux autres titres sont également bien résumées par les personnages dans les dialogues, ce qui permet de comprendre le contexte et le lien entre les nombreux événements.
Même pour les habitués, cela offre des rappels nécessaires. Par exemple, la première partie fait énormément de références à l’arc Crossbell (des jeux Ao no Kiseki et Zero no Kiseki qui n’ont jamais quitté le Japon) et à l’arc Liberln (la trilogie des Trails in The Sky).
Narratif mais pas contemplatif
Entre les références, les retrouvailles avec l’ancienne classe VII et l’apprentissage de la nouvelle, le soft a de la ressource. Découpé en cinq gros chapitres, comptez entre 30 et 40 heures pour profiter de la majorité du contenu.
Les débuts rappellent un peu le premier Trails of Cold Steel, le tout couplé à un sentiment de nostalgie mais les choses s’accélèrent assez rapidement pour nous donner une bonne dose d’action et de révélations tout du long. Seulement, cela a un prix, celui de la linéarité. Contrairement à l’opus précédent qui nous laissait une grande liberté d’action, on repart vers quelque chose de beaucoup plus dirigiste.
Loin d’être une tare dans le cas présent, il faut néanmoins le souligner car ce n’est pas forcément la tasse de thé de certains joueurs. Nous sommes pratiquement dans le même cas de figure qu’un Persona 5 (la liberté en moins). Il y a énormément de dialogues mais, même si l’intrigue est passionnante à suivre, cela casse le rythme en matière de gameplay.
Pour pallier un tant soit peu à cela, Falcom reprend habilement le système de listes de requêtes lors des chapitres. Libre à vous de foncer tout droit vers la quête principale en ignorant le reste, toutefois ce serait retirer une bonne partie du plaisir.
Globalement, il propose des joyeusetés classiques du J-RPG : de la pêche, des défis de combat, de la récolte de ressources, et même un jeu de cartes façon The Witcher 3. Bien que certaines choses fassent vraiment « mécaniques de remplissages » (collecte de photos, de scoop pour une radio…), Falcom a réussi à nous donner envie de tout faire en misant encore une fois sur une narration approfondie. Les quêtes annexes nous donnent ainsi de nombreux détails sur les personnages, même triviaux.
Ce troisième volet est un régal pour ceux qui attendaient la suite avec impatience, on continue de suivre ceux que l’on connaît tout en en découvrant de nouvelles têtes, le tout dans un contexte haletant. Puisque l’on parlait de Persona précédemment, la licence garde bien évidemment son système de liens que l’on peut renforcer via des interactions dans des moments de légèreté. Et comme pour la franchise d’Atlus, il va falloir faire des choix.
Falcom muscle encore son jeu
L’un des gros points forts de la série a toujours été son système de combat qui se voit encore étoffé dans ce Trails of Cold Steel III. Nous sommes devant du tour par tour avec une grosse part de stratégie où l’on doit jongler entre les différentes compétences : les sorts que l’on peut customiser grâce au système orbital très poussé (avec des orbes à récolter ou à crafter pour ensuite les placer sur un dispositif) et les compétences propres à chaque combattant.
Ensuite viennent s’ajouter les afflictions, la résistance à certains types d’arme et les faiblesses aux éléments. A moins de partir dans un tutoriel complet, on dira simplement que le gameplay de la série s’est « musclé » (comme dirait Aimé Jacquet) au fil des épisodes. On a ainsi droit à des affrontements toujours aussi plaisants et solides avec un tas de mécaniques qui nous sont introduites progressivement dont des nouvelles.
Les ajouts d’un système de rupture (que l’on déclenche sur un ennemi après avoir vidé une jauge de bouclier) et celui d’ordres que l’on peut déclencher pour nous donner des bonus temporaires augmentent encore les possibilités stratégiques. Les combats de mechas ont également profité d’ajustements bienvenus, on a ainsi moins l’impression de faire des combats d’exhibition gagnés d’avance.
L’interface a aussi été revue et devient bien plus claire qu’auparavant, notamment l’ajout de raccourcies sur les touches directionnelles. En revanche, on sent que la langue française a donné du fil à retordre, on remarque beaucoup d’abréviations (du langage sms parfois) pour pallier à un manque de place dans les cases.
Etant donné le grand nombre d’informations à l’écran concernant les effets des techniques, il y a un gros souci de lisibilité. Profitons-en justement pour parler de la traduction française qui s’en sort avec les honneurs. On remarque quelques coquilles mais l’essentiel est là et les termes ne font pas tâches bien que nous soyons habitués à l’anglais.
La technique, ce n’est pas encore ça
The Legend of Heroes: Trails of Cold Steel III est le premier titre de la franchise à être développé exclusivement pour la PS4. Même en considérant qu’il est sorti au Japon en 2017, il accuse tout de même un retard technique considérable. Heureusement, à l’image d’un Tales of, il s’apprécie tout de même largement, les fans de J-RPG ont plutôt l’habitude de ce genre de situation il faut dire. Les décors sont ternes et vides, le bestiaire (hors boss) fait vraiment « cheap », mais heureusement la modélisation des personnages est plutôt soignée.
Concernant les musiques, on restera quelque peu sur notre faim. La Flacom Sound Team fait de l’excellent boulot quand il est question de thèmes spécifiques contre les boss, on regrette juste que le reste n’ait pas bénéficié du même traitement. Certains en deviennent agaçants. En plus des textes en français, NIS America nous régale avec le Dual Audio, on préférera les voix japonaises dont on reconnaît forcément quelques-unes. Le doublage anglais n’est pas mauvais, mais trop inégal selon les profils.
Cet article peut contenir des liens affiliés