Transport Fever 2 est un jeu de gestion/simulation de transport particulièrement attendu après un premier épisode bien reçu par les fans, lançant les grandes lignes d’un projet particulièrement haletant : gérer de bout en bout les transports d’une zone géographique. Il succède au premier volet de la saga, paru en novembre 2016.
Conditions de test : Nous avons joué plus de 25 heures à Transport Fever 2 avec un PC doté d’une configuration récente (AMD Ryzen 5 3600X, Processeur 3.79 GHz, 16Go de RAM) aussi bien en jeu libre que dans le mode campagne.
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ToggleUne vraie plus-value dans l’univers de la simulation
De prime abord, la tâche pourrait sembler aisée, et nous rappeler intuitivement les autres simulateurs urbains nous invitant à développer moult infrastructures urbaines et interurbaines pour répondre à la demande grimpante de nos concitoyens. Seulement ici, Transport Fever en fait son thème principal et sa voie d’accès à toutes les autres dimensions économiques d’un territoire : les besoins en biens de consommation mais aussi les consommations intermédiaires nécessaires à la production au cœur de la ville même.
Car chaque ville, quelque soit sa taille, se compose des trois branches habituelles : zone résidentielle, zone commerciale et zone industrielle. Il faudra donc amener les biens là où les gens en ont besoin et répondre ainsi à leurs attentes pour que la ville puisse croître et prospérer.
Il ne s’agit pas toutefois de construire à tout-va sans réfléchir. La politique de transport voulue à tous les niveaux du jeu doit être mûrement réfléchie. Car au gré du temps qui passe, le jeu ne fonctionne pas sous le rapport « toute chose égale par ailleurs ». Les villes évoluent, grandissent, et les besoins aussi. Dès lors, avant de positionner un port, une gare, mieux vaut avoir bien songé à la meilleure manière de le faire eu égard aux informations du terrain disponibles.
Afin d’entrer dans le vif du sujet, signalons que deux grands modes se distinguent dans Transport Fever 2. Le mode campagne (modulé en 3 grands chapitres recouvrant différentes missions sur plus d’une vingtaine d’heures de jeu) et le mode jeu libre dans lequel le joueur est invité à paramétrer son terrain de jeu en fonction de ses préférences (quantité d’eau sur la carte, vallonnement du terrain, mais aussi zone géographique où se déroulera l’action).
Moins facile qu’il n’y paraît
De manière générale, le titre, assez simple dans son approche purement économique, délivre malgré tout au niveau logistique un vrai défi qui nécessite un certain temps de prise en main pour bien saisir ses rouages et ses mécaniques de jeu.
Les différents pans du maillage modal articulé autour des quatre grands modes de transport : le ferroviaire, la route, le fluvial et l’aérien sont non seulement pensés dans leurs interactions et dans leurs imbrications quotidiennes mais également sous un rapport coût/avantage puisque chaque mode dispose de son coût d’entretien en plus de son coût de mise en place. Même avec un budget conséquent (disponible par exemple en mode facile), il faudra vérifier de près les finances et bien réfléchir avant de moderniser une route, créer un tunnel ou relier deux villes car les coûts s’additionnent rapidement.
Et tout cela n’aurait aucun intérêt si le jeu ne nous imposait pas également de prendre en compte les approvisionnements en matière première des différentes industries et bien évidemment l’interconnexion qu’elles impliquent. Autant la tâche est relativement aisée pour une petite bourgade désirant manger du pain et récupérer du bois, autant celle-ci se complique à mesure que la ville s’étend et que le temps passe.
Car la donnée centrale du jeu est l’avancée permanente des technologies permettant tantôt de raccourcir les délais tantôt d’accroître la quantité que l’on fait transiter et bien entendu les types de transports utilisés.
De même, affréter des marchandises jusqu’au centre de votre ville est certes une belle prouesse mais il faudra également permettre aux travailleurs de rejoindre leur lieu de labeur pour que tout ceci soit possible.Ceci est d’autant plus vrai qu’une ligne de train par exemple devra répondre à un vrai besoin de transport mais aussi se soumettre aux exigences des usagers quant à la fréquence des trains par exemple.
En outre, en commençant l’aventure en 1850, en bon élève bien discipliné, les moyens de transport, tant pour les passagers que pour les marchandises sont passablement modestes et limités, et ceci ajoute du piquant à vos choix ainsi qu’à votre immersion. Cela limite également les possibilités d’action et oblige à bien paramétrer les lignes, les véhicules utilisés (même s’il y en a peu au départ) et surtout ce que tout cela va nous rapporter, financièrement parlant.
Enfin, l’un des attraits du titre est aussi de suivre les différentes révolutions industrielles en passant de l’usage de l’électricité à la découverte du pétrole et de mesurer l’impact de ces trouvailles sur les transports. Sur ce point, un choix malin et adapté à une certaine époque nécessitera sans doute de votre part une nouvelle réflexion une fois de nouvelles technologies débloquées. Le titre pousse sans cesse le joueur à améliorer ses infrastructures et à peaufiner son approche.
Le plaisir du collectionneur et l’approche historique dans Transport Fever 2
La sensation d’être un vrai aiguilleur qui décide du destin de centaines voire de milliers de personnes a quelque chose de grisant et ajoute clairement du cachet au titre. Mais la possibilité via le mode campagne de découvrir certains pans de l’histoire sous le prisme du transport est également assez jouissif. Ainsi, vous pourrez à la fois vous plonger dans la ruée vers l’or des États-Unis ou encore dans l’Écosse des Lumières avec des environnements spécialement concoctés pour l’occasion.
Ce mode campagne est également d’ailleurs l’occasion de se faire aux différentes mécaniques du titre, le tout en s’amusant. Notons toutefois que certains détails de ce mode font tiquer. Par exemple, les textes accompagnant les ordres de mission sont parfois assez déroutants. Dans la mission des colonies néerlandaises, sous couvert d’une mise en situation et d’un rendu historique le plus fidèle possible, les auteurs du titre proposent des phrases du type « Impossible de laisser cette tâche aux travailleurs indigènes. Ils sont trop lents, trop inefficaces, et on ne peut pas leur faire confiance ».
Bien sûr, le titre précise que ces éléments textuels ne reflètent pas les opinions des développeurs et que « l’histoire des transports a fréquemment été et est d’ailleurs encore associée à celle des guerres, de l’oppression et d’autres épisodes douloureux » mais, il n’en reste pas moins que ce contenu pique les yeux. D’autres simulations à vocation historique ont su déjouer avec plus de finesse ce genre de cas épineux.
Outre ce bémol, il est impossible d’évoquer Transport Fever 2 sans parler de l’incroyable collection de machines que tout collectionneur serait ravi de découvrir. Que ce soit au niveau des trains, ou bien plus simplement du transport routier, le titre propose un rendu d’une fidélité impressionnante. À vous dès lors de profiter des camions à bâche Benz dès le début des années 1910 ou encore de profiter du Vandal, le premier navire au monde à propulsion Diesel-électrique construit entre 1900 et 1960.
Ainsi, la grosse qualité de Transport Fever 2, c’est de s’adapter à tous les profils de joueurs. Si c’est votre instinct de gestionnaire qui vous pousse vers le titre, vous serez ravi car il y a perpétuellement du pain sur la planche. Si vous êtes plutôt un passionné des transports, ce voyage s’annonce également inoubliable. Enfin, si c’est le monde de la simulation dans son ensemble qui vous attire, le titre saura combler vos désirs avec du challenge et un maximum de défis.
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