Trek To Yomi sera un énième titre explorant le Japon féodal voire le cinéma japonais tout court, à l’instar de l’excellent Ghost of Tsushima. Ici, il est important de savoir que le soft est développé d’une part par Leonard Mechiari, un développeur indépendant ayant travaillé sur The Eternal Castle. D’autre part, il est épaulé par Flying Wild Hog, studio polonais à l’origine du récent Shadow Warrior 3. Autant dire que l’expérience est présente mais du coup, Trek to Yomi, qui a deux ans de développement dans les jambes, est-il vraiment aussi bon que Ghost of Tsushima, la production de Sucker Punch ?
Conditions de test : Nous avons terminé Trek to Yomi en quatre heures et en difficulté Bushido, représentant le niveau normal. Cette durée de vie inclue une grosse poignée de collectibles récupérés, et tout en prenant notre temps pour arriver au bout du jeu. Nous avons ensuite effectué une seconde partie pour découvrir la deuxième fin sur les trois, et ainsi voir si un impact significatif était présent sur le déroulement de la narration. Le titre a été testé sur PC avec 16 Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
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ToggleWay of the Samurai
La première chose qui fait plaisir en lançant Trek To Yomi, c’est sa capacité à nous mettre directement dans l’ambiance avec ce côté cinématographique très japonais des années 50/60 qui attire. Il en va de même pour l’histoire, qui nous plonge dans la peau du jeune Hiroki, dont le village va se faire attaquer par des bandits ; et accessoirement maître Sanjuro va se faire tuer des mains de Kagerou. Viens ensuite une ellipse de plusieurs années où Hiroki, qui s’est juré de protéger la fille de son maître nommée Aiko ainsi que le village, va devoir faire face à une nouvelle invasion sanglante d’un maître de guerre.
Qu’on se le dise, on se retrouve en face d’une narration à la manière des films de Samouraï des années 50 et 60. Il faut bien l’avouer, l’histoire reste assez prenante et même surprenante avec un côté purement surnaturel qui donne un aspect très rafraichissant et excitant à la trame en général. Cela nous donne aussi l’occasion d’y voir le côté assez cruel des bandits du Japon féodal et les pillages, qui se soldent par un bain de sang horrifique. Soit dit en passant, force est d’admettre que la mise en scène est quant à elle une belle réussite, et arrive à bien rythmer l’action, même si le début parait relativement poussif.
C’est assez difficile d’en dire plus sans trop spoiler, mais sachez qu’en dépit de quelques rebondissements trop prévisibles, cette péripétie à la sauce samouraï et fantasmagorique est diablement plaisante du début à la fin. D’ailleurs, en parlant de la fin, sachez qu’elle reste convenable, sans non plus nous extasier. Idem pour le personnage principal, auquel nous aurons au final du mal à nous attacher, même si les divers thèmes abordés, dont la voie du samouraï dans l’au-delà, restent globalement intéressants dans l’absolu.
Au-delà de ça, sachez que le soft proposera également des choix de dialogues à certains moments de l’aventure. Si l’on pouvait s’attendre à des changements sur le déroulement de l’histoire, sachez qu’il n’en est rien. Hormis des dialogues qui vont fatalement changer la cinématique en cours, le déroulement du soft restera à l’identique, comme le boss de fin à combattre. Dans cette tentative d’apporter une rejouabilité supplémentaire, Trek To Yomi s’est donc contenté du strict minimum, sans aller plus loin avec cette mécanique de jeu, qui aurait pu être sympathique.
Dark of Tsushima
Dans son gameplay pur, on peut déjà noter le côté viscéral et satisfaisant de Trek To Yomi. En effet, les combats aux sabres sont somptueux, répondent bien et restent en parfaite osmose avec les armes à utiliser que l’on gagne au cours de notre progression comme les bô-shuriken, l’arc et l’ozutzu – un canon à main typiquement japonais. Qui plus est, l’environnement peut être aussi utilisé pour tuer quelques ennemis, et l’idée d’affronter quelques autres bandits à la façon d’un duel entre samouraïs est bougrement excitante. L’aspect punitif est également de la partie avec l’endurance à gérer, tout comme les points de vie d’Hiroki. Car à la moindre négligence, vous pouvez vite vous retrouver à mal, voire mourir.
Vous l’aurez compris, le titre se révèle prenant dans un premier temps, mais nous montre rapidement ses faiblesses dans la jouabilité. Tout d’abord, si l’aspect 2.5D de Trek To Yomi est parfaitement maitrisé, le système de rotation pour tourner notre personnage d’un côté comme de l’autre est purement archaïque, et met déjà à mal un gameplay qui manque aussi de précision sur certaines fenêtres de contres. Idem pour la maniabilité d’Hiroki, qui laisse parfois à désirer.
Qui plus est, on restera de marbre quant à la répétitivité des combats, qui se présentent à chaque fois de la même manière, même si de nouveaux types d’ennemis plus costauds viennent changer un chouïa la donne. Des boss sont aussi de la partie, mais restent bougrement classiques, en plus de sortir tout droit d’un Dark Souls pour le côté purement glauque, imposant et parfois tarabiscoté. Il y aura aussi de quoi pester sur la caméra, qui s’éloigne parfois un peu trop de l’action sur certains tableaux, ce qui peut vraiment dérouter le joueur.
Tout n’est donc pas parfait, même si le soft essaie tant bien que mal de varier les plaisirs avec quelques énigmes. En effet, il proposera certaines phases de puzzles. Si ces derniers sont au début bien trouvés et forcent à réfléchir un minimum, ils finissent par devenir trop faciles, en plus de se répéter. Bien heureusement il n’y en a pas beaucoup, et sachez que le level-design de Trek To Yomi est en revanche une bonne surprise.
Effectivement, le titre de Leonard Mechiari et Flying Wild Hog ne se contente pas de proposer une expérience linéaire. Pour faire simple, la construction des niveaux est littéralement au service de l’exploration, lesdits environnements regorgeant de petits embranchement et pièces secrètes à découvrir. Du bon boulot a donc été achevé de ce côté-là.
La progression n’est également pas en reste, car elle demeure évolutive. Il y a effectivement des objets à trouver pour améliorer votre endurance et santé, mais aussi pour déverrouiller de nouvelles compétences. Du coup, cela donne lieu à une difficulté et à une montée en puissance d’Hiroki purement progressive.
Pas mal de palettes de coups peuvent être ainsi débloqués, mais on regrette que la plupart ne servent pas à grand-chose. Autrement dit, vous vous servirez souvent des mêmes combos, ceux-ci se révélant trop efficaces et accentuant le côté déjà un peu lassant du titre sur la longueur. Cependant rassurez-vous, la difficulté en mode Bushido qui est le mode normal du soft, peut très vite devenir punitive au fil de la progression si vous ne faites pas attention aux ennemis et que vous baissez un peu trop votre garde, le système de parades, de contres et de roulades étant primordial. Mais pas d’inquiétude cependant, les nombreux checkpoints que sont les sanctuaires, sont là pour palier à cela, offrant ainsi un challenge pour le moins équilibré.
Sur la durée de vie a contrario, le soft n’est pas tellement long. Trek To Yomi se finit en effet en 4 voire 5 heures en mode bushido – le mode normal du jeu -, en prenant le temps de récupérer les divers collectibles et tenter de débloquer toutes les améliorations d’endurance, de santé et de compétences. Cela reste quand même court, même si le prix est cependant assez décent, et tourne autour des 19,99€. Qui plus est, pour une expérience qui reste malgré tout unique, ce point-là peut être pardonné, pour cette fois. En revanche, il y aura de quoi souffler sur l’impossibilité de choisir un chapitre précis, histoire de refaire un passage en particulier…
Un beau film de Samouraï vidéoludique en noir et blanc
Pour la direction artistique, Trek To Yomi fait clairement sensation du début à la fin. En s’inspirant très fortement du cinéma japonais des années 50 et 60 comme nous l’avons évoqué plus haut dans ce test, l’esthétique en noir et blanc du soft est littéralement hypnotisante du début à la fin. Et qui plus est, cela sublime instantanément les décors, qui sont de vrais panoramas théâtraux à observer de longues minutes sans la moindre retenue.
Clairement, l’esthétique est totalement folle, et il y a fort à parier que cela sert à faire oublier des graphismes pas tout le temps saisissants. Si la plupart des décors restent bien texturés sans trop de grossièretés, les modèles 3D n’ont rien de transcendant, et certaines animations restent un peu trop rigides à notre goût. Néanmoins, la plupart des arrière-plans forcent le respect, et il faut bien avouer que malgré tout, Trek To Yomi propose des graphismes qui dépotent grâce notamment à un superbe jeu de lumières.
Le dernier point à voir n’est autre que le sound design, lui aussi exceptionnel. Avec pas mal de thèmes joués au taiko, shakuhachi et shamisen, les musiques arrivent à nous transporter dans un Japon féodal des plus crédibles. Qui plus est, le doublage l’est aussi tout autant en proposant uniquement des voix japonaises sonnant toujours justes, pour une immersion encore plus totale. Il n’y a pas à dire, ce point-là a été particulièrement soigné, et marche du début à la fin. On regrette juste quelques bugs de son qui viennent parfois entacher l’expérience, et on espère qu’un patch arrivera bientôt pour corriger cela.
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