Trüberbrook est un jeu d’aventure point’n click original faisant la part belle aux mystères et aux esprits fantômes. Dans la lignée d’un Deponia pour la mise en scène d’un héros dandy en quête d’aventures, le titre promet un voyage sans retour vers ce village rural bordé de montagnes paradisiaques.
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ToggleUn voyage sans retour
Trüberbrook, c’est le Twin Peaks du jeu vidéo. Un jeune gars, un peu naïf et rêveur, arrive dans un coin reculé de l’Allemagne des années 1960. Ici, le temps s’est arrêté. Les habitants de ce petit village d’où le jeu tire son nom ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Tous mentionnent la gloire d’antan de la région, les souvenirs d’une époque faste et heureuse dont il ne reste que des traces en lambeaux. Et ce n’est pas le jeune Hans Tannhauser, physicien de son état, avec sa dégaine babacool, sa veste en cuir façon aviateur et son front hirsute qui va pouvoir changer tout ça…quoique ! Il faut dire que son style détonne et que lorsqu’il se présente à la logeuse du seul hôtel miteux de la région, il fait forte impression. Il bougonne, l’air penaud, quelques explications peu convaincantes à propos d’une vague loterie qu’il aurait remporté sans qu’il ait le souvenir d’y avoir participé. D’où sa venue !
Mais comme lui rétorque la forte femme, Trude, qui tient ce boui-boui, qui voudrait gagner un séjour à Trüberbrook ? Là où rien ne se passe ! Et ce ne sont pas les scandales et autres rumeurs de disparition qui vont arranger les choses. L’endroit est étrange, mystérieux, peu accueillant. Mais le Hans, il s’en fiche. Son esprit est déjà callé sur le rythme local : pas de panique, je fais doucement le matin et pas trop vite l’après-midi, rien ne me surprend ! C’est ce que sa nonchalance d’apparat pourrait signifier si son instinct de chercheur ne venait pas changer la donne. Hans voudrait profiter de son séjour pour finaliser son article de recherche en physique quantique qui traîne en longueur. Et puis il y a Gretchen, l’anthropologiste aventurière qui, par un heureux hasard, est de passage au même moment. Autant rester quelques jours et se faire à l’atmosphère d’ennui qui transpire de partout.
Mais que se passe-t-il vraiment à Trüberbrook ?
Le jeu démarre d’ailleurs sur les chapeaux de roue, si l’on peut dire. Dès la première nuit, en effet, Hans tombe nez à nez avec un voleur bien décidé à lui subtiliser le fameux article en cours. Mais qui se mettrait en tête de voler une telle chose, s’offusque Gretchen, à raison. À en croire les traces ectoplasmiques sur le sol, cela ne pourrait être qu’un esprit ou même un fantôme. Plongé immédiatement dans un trip enquêtes & filatures, Hans va très vite déchanter. Au-delà du visible et de l’existant, quelque chose se cache aux abords de l’ancienne mine abandonnée. L’endroit qu’on croyait dépeuplé abrite d’étranges expériences menées par des sortes de scientifiques bien perchés. Mais Hans ne perd pas son flegme et son attitude relax en toutes circonstances. Toujours aidé par son dictaphone à qui il relate tous les événements de son séjour, le physicien se creuse les méninges.
En effet, le sanatorium conçu initialement pour permettre aux ouvriers de la mine de se requinquer après une dure vie de labeur, n’est autre qu’un hôpital pour fous à lier, aux allures de prison. Eh oui Hans, fallait pas faire le curieux ! En même temps, à en croire les légendes de la région, le nombre de personnes disparues et tout le mythe construit autour de cette mine, il faut bien quelqu’un pour s’atteler à la résolution de ces énigmes. Et comme l’occasion fait le larron, Hans va s’y coller et cela changera sa vie à tout jamais. Le destin du monde entier pourrait d’ailleurs se jouer ici.
Du bon et du moins bon
On l’aura compris, la trame de fond de Trüberbrook est drôle, captivante et originale. Peu de titres peuvent se targuer de proposer un scénario comme celui-ci. On s’attache très vite à Hans, on suit très aisément l’évolution de ses pensées et de ses impressions. On parvient même bien souvent à les partager avec lui. Par ailleurs, le titre est sans prétention. Pas d’éléments tape-à-l’œil mais une vraie qualité d’écriture et un soin particulier accordé aux décors et à la bande son.
Effectivement, les décors conçus « comme de véritables maquettes miniatures, capturés avec un scanner 3D, polis numériquement, puis combinés aux personnages animés » selon les dires des développeurs font clairement leur effet. L’ambiance est remarquablement installée. Les différentes scènes nous mettent tout de suite dans le bain. On sent bien l’intention de nous mettre face à des vacances tranquilles qui tournent à l’enfer. Ainsi donc tout est bien huilé. Graphiquement, c’est très beau. Côté bande-son, là aussi les différentes pistes s’intègrent parfaitement à la narration inquiétante et la soutiennent grandement. Belles compositions, très entêtantes et lancinantes.
Malgré tout, l’expérience d’ensemble est somme toute un peu mitigée. D’abord parce qu’au final, le gameplay lui-même est rattrapé par la tentative, certes louable, de nous faire sentir la langueur de cet endroit glauque. Le tout est donc assez mou, lent et l’ennui ne tarde pas à nous enlacer sournoisement. Bien sûr l’histoire vaut le détour, mais le mode point’n click allié à la relative monotonie des commandes et des interactions pèsent dans l’impression finale. La narration farfelue ne suffit pas à maintenir l’attention et l’intérêt. Il faut donc s’accrocher ! Dès lors l’aspect ludique et amusant s’efface quelque peu. D’ailleurs, les différentes énigmes à résoudre n’apportent pas beaucoup de challenge ou de défi. Tout est prévisible et attendu. On sent bien que toute la créativité a été placée dans le scénario et pas dans les mécanismes de jeu. C’est pourtant un jeu vidéo, pas un film ni une série. C’est bien dommage !
Ainsi, pour les plus patients d’entre nous et les habitués des fictions lentes et lymphatiques, tout ira bien. Pour les autres, la prudence est de mise.
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