Présenté pour la première fois à l’occasion de l’E3 2019, Twelve Minutes jouit d’un concept particulièrement original : vous revivez sans cesse une boucle temporelle de dix minutes, et il vous faudra résoudre la situation pour vous en sortir. À ce pitch plutôt accrocheur s’ajoute un maigre casting de doubleurs de renom, avec James McAvoy, Daisy Ridley et Willem Dafoe. Rien que cela ! Mais suffit-il de dépêcher du beau monde et d’imaginer un concept singulier pour faire un bon jeu ? C’est ce que nous allons voir ici !
Conditions du test : Nous avons joué près de six heures au titre dans sa version Xbox One, via le Game Pass. Ce fut suffisant pour boucler toutes les fins qu’il propose.
Un pitch à vous glacer le sang
Imaginez ! Vous rentrez chez vous en sifflotant après une grosse journée de travail, heureux de retrouver votre petit appartement cosy et votre femme. Celle-ci vous saute au cou, et vous apprend avoir préparé votre dessert favori. Elle a même un cadeau à vous offrir : des vêtements d’enfants. Soudain, vous êtes envahis d’une joie immense, vous vous prenez dans les bras et dansez amoureusement comme le soir de votre rencontre. Mais ce beau moment est gâché par quelques coups donnés un peu trop fort sur la porte d’entrée. Un homme se revendiquant policier est de l’autre coté, et il vient pour arrêter votre femme. Avant que vous n’ayez eu le temps de lui dire que vous êtes tous les deux innocents, il vous attache les mains dans le dos et commence à vous étrangler, tête contre le sol…
Ce scénario pourrait presque faire partie intégrante d’un épisode de Hitman. D’autant que le fameux policier n’est pas sans rappeler le tueur professionnel avec sa dégaine, tout de noir vêtu. Ce qui change, c’est qu’ici vous incarnez l’une des deux victimes, mais surtout que vous avez la possibilité de sauvez la vie de votre femme, et la vôtre par la même occasion. Comment ? Eh bien tout simplement en reprenant de zéro votre entrée dans l’appartement chaque fois que vous tombez dans les pommes, mourrez, passez la porte d’entrée ou atteignez les dix minutes. Une sorte de Die and Retry, comme chez un Super Meat Boy par exemple, mais à la sauce Point and Click cette fois. Et on ne va pas se le cacher, c’est plutôt original.
Cela étant, cela n’empêche pas ce concept accrocheur de s’essouffler sur la longueur, ce qui semble assez logique quand on y pense. Chaque fois que l’on reprend de zéro, on se retrouve à nouveau face à notre femme dont on ne peut éviter l’accolade, et on est obligé de recommencer certaines actions, de reposer des questions que l’on a déjà posées, afin de faire avancer l’intrigue. Parce que ce qui compte c’est de découvrir si notre femme est vraiment coupable, mais aussi pourquoi cet homme est là, avant même de parler de fin. Et comme dans toute boucle temporelle, par essence, cela passe par la redite. Ce qui devient assez lourd au bout d’une à deux heures de jeu. Bien sûr, cela dépend du joueur, mais aussi de sa faculté à découvrir les différents indices.
Notez malgré tout que la durée de vie de Twelve Minutes peut se révéler mince si vous êtes un habitué du Point and Click ou des jeux d’énigmes. En tant que néophytes dans le genre, il nous a fallu environ six heures pour voir toutes les fins, ce qui fait finalement assez court pour l’investissement de départ. Soit une vingtaine d’euros sur Steam, contre environ vingt-cinq sur consoles Xbox. À vous de voir si cette expérience hors du commun mérite, à vos yeux, de dépenser cette petite somme non négligeable. On se rassurera toutefois en se disant que le titre est disponible sur le Game Pass à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Revivre votre mort, encore et encore
S’il est effectivement très original dans son concept initial, Twelve Minutes n’a cependant pas le luxe de l’être autant dans son exécution. Certes, on a l’impression de vivre quelque chose de spécial comparativement à ce que propose l’industrie en général. Cela étant, en y regardant de plus près, les mécaniques de Point and Click ne changent guère de ce que l’on connaît, et la résolution des énigmes, pas particulièrement compliquées d’ailleurs, se fait de manière assez logique. Il sera un brin plus complexe d’atteindre les différentes fins du jeu, au nombre de six, dont plusieurs ne sont pas évidentes dans leur déroulement. Comme de petits easter eggs placés là pour nous faire réfléchir à contresens.
Nous dirigeons notre personnage, un homme sans nom, avec un curseur que l’on fera bouger grâce aux joysticks sur Xbox, et à la souris sur PC. Cela va sans dire, la version consoles est bien moins ergonomique que son homologue sur ordinateur. Cela étant, il ne s’agit que d’un petit coup à prendre, auquel on s’habitue assez vite. Seules quelques actions nécessitant d’être très précis (pour cibler un objet particulier), ou d’être assez rapide (bien que ce ne soit que très rarement le cas) nécessiteront de s’appliquer. Pour le reste, on déplie notre inventaire en faisant passer notre curseur sur le haut de l’écran ou d’une simple pression de touche, et il suffit de faire glisser un objet vers une cible pour l’utiliser.
Quant aux dialogues, il s’agit évidemment de choix multiples, que l’on fera évoluer en discutant et en posant les bonnes questions, ou en apprenant des informations cruciales au cours des boucles temporelles passées. C’est très logique, une fois encore, et ça fonctionne plutôt bien, même si certaines questions juxtaposées peuvent entraîner des réactions contradictoires de la part de notre femme. Rien de bien méchant cela dit. Ce qui l’est un peu plus, ce sont ces collisions pas toujours très bien gérées, ces animations un peu trop rigides, mais aussi le fait qu’il soit impossible d’interagir avec les voisins des appartements mitoyens. Ceux-ci ne semblent même pas bouger de leur canapé en entendant un coup de feu…
Cela étant, Twelve Minutes a pour lui une réalisation graphique réussie, ce qui se traduit par une direction artistique léchée et une patte se voulant réaliste. Il est assez difficile de se faire à cette vue du dessus dans un premier temps, mais force est de constater que cela joue un rôle indéniable dans l’ambiance et ce sentiment de ne rien contrôler (dans un premier temps du moins). Reste cette fenêtre dans le salon, joliment aspergée par la pluie et par les phares des véhicules passant dans la rue. Mais ce qui frappe le plus c’est évidemment l’excellent doublage, sans la moindre fausse note cela va sans dire. Il faudrait vraiment être un anglophobe endurci pour dire le contraire.
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