Attendu de pied ferme par les adeptes de jeux de gestion, Two Point Campus est le nouvel opus de la franchise créée par Two Point Studios en 2018. Franchise qui a démarré avec le très agréable Two Point Hospital, fils spirituel de l’OVNI vidéoludique, du véritable raz-de-marée à l’époque que fut Theme Hospital, sorti en 1997 (lui-même la suite de Theme Park) et dont les développeurs s’inspirent largement pour lui rendre hommage encore une fois ici.
Edité par SEGA, Two Point Campus est prévu le 9 août prochain sur PC via Steam, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch, pour un prix très correct avoisinant les 40€. A noter que le jeu sera également disponible dès son lancement dans le Xbox Game Pass et le PC Game Pass sans surcoût.
Nous avions déjà pu poser les mains pendant de longues heures sur le titre il y a plusieurs mois de cela lors d’un aperçu complet, il est maintenant temps de délivrer notre avis définitif sur le jeu une fois après avoir écumé tous les niveaux disponibles.
Conditions de test : Nous avons joué à Two Point Campus durant une quinzaine d’heures supplémentaires qui viennent s’ajouter aux dix premières heures jouées lors de notre preview de juin dernier qui nous donnait accès au premier tiers du jeu, le tout sur PC via Steam avec un combo clavier/souris, dans des paramètres graphiques réglés au maximum, pour un total de 25h de jeu.
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Si vous n’avez jamais joué à un jeu du même type que Two Point Campus, il s’agit d’un jeu de simulation pure dans lequel vous devrez, dans cet opus, prendre la place d’un directeur d’université afin de gérer au mieux la répartition des salles, la gestion des plannings et des formations de vos pédagogues, concierges et autres assistants, mais aussi savoir gérer le budget, les demandes des étudiants ainsi que leur scolarité et leur bien-être.
Tout un joli monde de choses à faire et à organiser donc, pour le plus grand plaisir des adeptes de ce genre de jeux. Si par ailleurs, vous êtes plutôt connaisseur ou connaisseuse de ceux-ci, vous ne devriez pas être totalement dépaysé tant Two Point Campus reprend dans les grandes lignes les mécaniques et autres ressorts de ses grands-frères.
Au programme de cette nouvelle simulation de grande envergure, pas moins de 12 niveaux, représentant 12 campus répartis sur tout Two Point County et dont vous devrez triompher pour passer aux niveaux suivants. Une étoile par niveau est nécessaire pour accéder au niveau suivant, même si plusieurs se débloquent en même temps parfois.
Alors que les premiers niveaux servent clairement de tutoriel et ne devraient pas vous effrayer, certains niveaux plus corsés prendront le relais plus tard comme Upper Etching (l’école de musique) ou encore Breaking Point (l’univers de la plage) qui devraient vous faire râler plusieurs heures avant un niveau final sous forme de synthèse des plus coriaces, peut-être même un peu trop pour pas grand-chose parfois.
Au final, vous aurez plaisir à parcourir ces niveaux allant d’une école de chevalerie, à une école de sorcellerie (nommée Poule-de-Lard par ailleurs, on se demande pourquoi), une école d’espionnage ou encore de gastronomie entre autres qui s’étalent pour la plupart sur 3 années minimum.
Toutes plus originales les unes que les autres, elles vous proposeront des formations et matières pour la plupart loufoques comme les forces obscures, le cheeseball (ne demandez pas ce que c’est), la scientographie, le carottage de fric (oui, oui), l’exercice académique, l’archéologie etc.
On pourra regretter l’absence de contenus plus loufoques dans ces matières et autres formations, contrairement à son ainé qui possédait des maladies davantage recherchées. On pourra pourtant saluer l’effort effectué dans les différentes salles et leur constitution, souvent amené à posséder divers appareils étranges et autres animations très bien trouvées.
D’ailleurs, si vous cherchez une quelconque histoire à Two Point Campus, sachez que l’ensemble peut se jouer de manière individuelle mais que chaque niveau possède sa propre trame qui vous sera bien expliquée en début de niveau. Viendront s’ajouter les invasions de taupes (espions) ou d’adversaires sportifs, les événements catastrophiques type tremblements de terre, les événements sportifs ou culturels et bien d’autres pour rythmer vos années.
A noter que pour venir à bout de tous les niveaux avec au moins 1 étoile par niveau, il ne vous faudra pas moins de 25h si vous avez de la veine, de quoi promettre une belle durée de vie si vous tentez les 3 étoiles plus tous les succès et autres déblocages de contenus cosmétiques.
La gestion au paroxysme de son art
Vous le savez, dans ce genre de productions, il faut avoir l’œil partout : mails, budget, icones au-dessus des personnages, phénomènes naturels, invasions, files d’attente, notes des étudiants, pause des employés etc.. Et il faut dire que sur ce point, Two Point Campus ne nous ménage pas. Une quantité astronomique d’informations sont affichées à l’écran à tel point que parfois on en vient à ne même plus lire concrètement le message et à cliquer sur valider ou non la demande.
C’est un des reproches que l’on peut faire à ce nouveau Two Point Campus : bien qu’incroyablement complète et bien plus maitrisée que son ainé, l’interface peut s’avérer lourde par moment, provoquant quelques ralentissements en jeu (rares cependant), et n’étant pas des plus ergonomiques pour certaines tâches. Pour organiser un événement étudiant par exemple, il ne vous faudra pas moins de 4 ou 5 clics pour y parvenir.
A noter cependant l’apparition d’un menu « Vue de gestion » qui vous permettra en quelques clics d’accéder aux paramètres majeurs de votre campus, gérer vos salles etc., avec un regard beaucoup plus simple vue d’en haut. Le reste des contrôle s’avèrent inchangés : zoom, déplacement de la caméra, pause, ralenti et accéléré pour la gestion du temps etc..
Vient également s’ajouter un menu de filtre (avec une icône en forme d’œil), très utile, qui vous permettra de visualiser de manière plus précise et organique le bonheur de vos étudiants, ou encore la répartition de la chaleur, l’attrait des bâtiments etc., qui pourra vous renseigner sur bon nombre d’aspects.
Avant de démarrer chaque année scolaire, vous devrez créer, installer et acheter des pièces et matériels et embaucher un certain nombre de personnes pour répondre aux pré-requis du campus pour l’année à venir, en fonction des formations choisies, ajoutées ou améliorées grâce aux points de formation obtenus avec l’augmentation de votre niveau de campus, un autre critère capital à surveiller.
Afin d’obtenir les sacro-saintes étoiles vous permettant d’évoluer vers la fin du jeu, vous devrez réaliser des objectifs, allant du plus simple comme monter le niveau de votre campus (nous y reviendrons), ou encore former un certain nombre d’étudiants, garder un attrait minimum de vos structures, satisfaire le bonheur des étudiants etc., objectifs qui bien sûr évolueront si vous poursuivez votre route vers les 2e et 3e étoiles. Des objectifs clairs, établis dès le début du niveau et comportant souvent un objectif plus compliqué que les autres qui sera votre leitmotiv du moment.
A noter que bien que l’on ait trouvé un manque de folie dans la gestion des formations et autres matières, on peut cependant citer le retour de la voix off (uniquement en anglais sous-titrée français) qui viendra commenter vos actions et viendra ponctuer les interludes musicales de phrases à l’attention des étudiants et même de vous-même, quitte à briser le quatrième mur. Notons également la présence de noms loufoques dont un certain Bullfrog, du nom du studio derrière Theme Hospital par exemple.
Parce que vos objectifs, quêtes annexes et autres demandes express ne suffisaient pas, le jeu renouvelle ses « succès » qui seront à compléter au fil de vos aventures vous permettant d’obtenir de la monnaie du jeu, les Kudosh, afin de débloquer de nouveaux éléments cosmétiques pour vos extérieurs, vos salles et vos couloirs (avec finalement peu de choix). Un retour apprécié et répertorié dans le Salon Carrière, avec des objectifs quantifiables dans bon nombre de domaines.
La personnalisation est également poussée à l’extrême dans Two Point Campus avec la possibilité de construire des salles de la forme que l’on souhaite, rajouter des fenêtres et tous les accessoires habituels, mais aussi changer la couleur des sols ou des murs, une tonne de décoration (merci les Kudosh), tout cela dans le mur d’améliorer l’attrait des lieux, un paramètre capital dans bon nombre de campus à jouer.
Chaque fin d’année dans Two Point Campus sera l’occasion d’une remise de prix, sorte de bilan annuel avant la reprise d’une nouvelle année scolaire étalée sur 12 mois d’août à juillet et de faire le point sur les échecs de vos étudiants, les bacheliers et autres exclusions. C’est simple, finir son année scolaire avec un F placardé dans son dossier sera souvent synonyme d’échec et donc d’exclusion, pesant fortement sur votre réussite. A vous de gérer cet aspect en créant des formations privées et en envoyant les élèves en questions se faire aider par des pédagogues dédiés.
Encore des choses à améliorer ?
Vous l’avez compris, Two Point Campus est très complet, accessible dans ses grandes lignes, mais n’échappe pas au sentiment de redondance de ce genre de productions. Heureusement que quelques niveaux viendront briser ce cercle vertueux en modifiant totalement vos conditions de revenus. Finies les subventions et autres aides gouvernementales, vous ne serez par exemple uniquement financé par vos étudiants eux-mêmes, qui ne demandent qu’à s’amuser, ou encore par une grande compagnie de musique qui vous paiera au nombre de talents révélés.
Ces niveaux seront bien entendus parmi les plus difficiles et vous serez très souvent confrontés aux découverts et autres emprunts à rembourser, dans la limite du raisonnable ou jusqu’à ce que le jeu vous place en banqueroute synonyme de Game Over dans le niveau en question. A vous donc de doser entre petites salles peu décorées mais peu attrayantes, ou grandes salles vertigineuses mais du coup coûteuses. Nous avons de notre côté apprécié cette variation qui apportait un réel challenge au joueur qui le demande.
Grâce à ses mécaniques et sa formule toujours aussi complexe et complète, Two Point Campus paraît finalement s’approcher tranquillement du summum de ce qui se fait en termes de gestion financière mais aussi matérielle, tout comme des ressources humaines. Malgré tout, quelques points peuvent être relevés et qui semblent confirmer que les efforts doivent être poursuivis.
Globalement, comme nous l’évoquions plus haut, le côté loufoque, décalé du titre et auquel nous avait habitué la licence, est légèrement moins ressenti ici. La faute à des formations trop classiques, des personnels trop sages (pas de crises de salaire ou de menaces de démission, à tel point que le menu de gestion des employés ne vous servira que pour les sortir de pause ou les changer de poste) et un manque de renouvellement des mécaniques de gameplay (pourtant toujours aussi complètes).
La gestion des salles pourrait par ailleurs être améliorée, leur construction pouvant s’avérer parfois hasardeuse, lorsqu’un seul élément bloque la validation de la salle et que le seul moyen de s’en sortir est d’annuler toutes les modifications en question, ou encore pas mal de bugs de collision gênants à la longue.
De même pour les nouveaux objets à rajouter très souvent dans des salles déjà bondées, nécessitant constamment de tout refaire, ce qui peut être usant à force. Impossible non plus de voir en temps réel la température de la salle en construction, il nous faut valider puis recliquer dessus pour voir, un peu dommage comme mécanique.
Parmi les éléments qui auraient eu toute leur place dans Two Point Campus, on regrettera que la présence d’un planning des salles et des étudiants ne nous permette pas plus de choisir ou de gérer les choses que cela. Raison de plus pour le personnel, qui fait sa vie et ne nous demandera jamais de congés ou ne proposera jamais de faire de grèves ou de manifestations, que l’on connait si bien par chez nous.
Il nous faut également signaler la présence de très longs temps de chargement entre les niveaux, même avec un SSD dans notre bécane, bien que les modélisations, animations et autres effets visuels sont particulièrement réussis et marquent un vrai gap avec le précédent opus. Notez la présence d’un mode photo, très simple mais qui a le mérite d’exister pour retirer l’interface. Mention particulière également aux musiques choisies, qui sont toutes agréables, bien qu’elles reviennent souvent en boucle nous taquiner les osselets.
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