Créé en 2003, le studio Osidian Entertainment s’est immédiatement spécialisé dans le genre RPG. Après avoir réalisé les excellents Star Wars Knights of the Old Republic et Neverwinter Night 2, la structure californienne a développé le mythique Fallout : New Vegas avant de proposer la première grosse adaptation de South Park avec le Bâton de vérité et le kickstarté Pillars of Eternity. Le studio revient aujourd’hui avec Tyranny.
Si on peut voir qu’une majorité des projets du studio sont des suites de très grosses séries, Obsidian est toujours resté un studio indépendant. C’est d’ailleurs un cas plutôt original, et une démonstration que l’on est capable de faire des projets de très grande envergure, tout en gardant une réelle liberté d’action et de développement. Après leur retour avec Pillars of Eternity, un titre qui signait le retour du RPG occidental doté d’une vue isométrique, Obisdian a voulu aller jusqu’au bout du concept en proposant Tyranny.
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ToggleGéopolitique médiévale nous voilà !
Le monde de Terratus est divisé. Keyros, « chef suprème » de Terratus, annexe petit à petit chaque ville et campagne possible. Après de nombreuses batailles, Terratus est alors occupé par Keyros… Toutes ? Non ! Le Tiers, un petit territoire peuplé d’irréductibles tente de survivre aux courroux du chef suprême. La puissante armée de Keyros se divise en deux factions qui tentent par tous les moyens de remporter le territoire, au point de se faire la guerre. Que ce soit les disgraciés, des soldats puissants et disciplinés, ou le Chœur écarlate, une armée de barbares envieux de sang. Le problème est que ces deux armées veulent pour le coup récupérer tout le pouvoir de Tiers.
Le Leader Suprême décide alors d’intervenir en faisant arriver un de ses subalternes, sous le nom du Scelleur du Destin. C’est vous qui serez ce pion doté du pouvoir de décision et d’autorité. Ce sera à vous d’effectuer les choix qui vous feront jouer un rôle dans le monde de Tyranny, allez-vous rejoindre l’une des deux factions, ou resterez-vous cavalier solitaire ? C’est dans ce cadre géopolitique complexe que vous démarrerez votre aventure de scelleur(se). Après que le Décret mortel soit mis en place, une sorte de compte à rebours final avant la destruction d’un territoire, vous arrivez alors dans le Tiers pour décider qui survivra.
Après avoir choisi les attraits principaux de votre personnage, vous serez amenés à choisir deux spécialités, s’alliant avec le type d’arme que vous comptez utiliser. Vous pourrez tout de même utiliser d’autres armes bien entendu mais votre personnage aura sa spécialisation. Dans le cadre du test, nous avons voulu créer un personnage qui puisse à la fois effectuer ses attaques à distance, comme au corps à corps avec donc une double spécialisation mains nues et sortilèges de glace.
Après avoir fini la création du personnage, on vous propose, à l’intermédiaire de différents choix, de mettre en place le territoire de jeu du joueur. En plus d’être totalement logique dans le contexte du jeu, cette phase est une petite révolution d’après nous dans ce type de jeu où on suit une histoire le plus souvent similaire. Ici chaque partie sera ainsi unique car nous choisissons les rapports de force de chaque faction. On imagine très bien ce que pourrait donner un tel début de partie dans un Fire Emblem.
Du choix à l’affrontement
Fraîchement arrivé sur les terres du Tiers, il vous faudra alors rentrer dans la routine habituelle d’un RPG occidental des années 90 : effectuer des choix de dialogues, combattre ses adversaires, dépouiller les poches des morts, gagner de l’expérience, valider des quêtes et avancer dans l’histoire. Néanmoins et pour notre bonheur de joueur, les phases de jeu sont alors agrémentées de nouveautés et originalités évitant au joueur de lui rappeler un jeu auquel il aurait déjà joué.
Parlons tout d’abord des dialogues. Cet aspect du jeu, une véritable patte personnelle d’Obsidian, est un véritable point fort du jeu. En effet, les dialogues sont plus importants et ont plus de puissance que les combats en eux-mêmes. Il est théoriquement possible d’effectuer une partie sans avoir à effectuer quasiment aucun affrontement. Les joutes verbales entre les différents protagonistes ont un rôle essentiel, que ce soit dans la conception de notre équipe, que dans l’équilibre complet du monde que nous avons créé auparavant. Il faudra veiller à chaque choix de dialogue que vous ferez, car ils pourront avoir des conséquences qui pourraient à tout jamais changer le cours de votre histoire. Nous avons vécu les conséquences d’un choix sélectionné un peu aléatoirement qui a tout simplement créé une guerre entre les deux factions, de par les choix de trois lignes de dialogues.
Dans l’optique où les pourparlers n’aboutissent pas, il vous faudra alors dégainer et engager le combat. Les phases de combat ressemblent alors énormément à ce qu’a pu proposer Obsidian avec Pillars of Eternity. Si les combats s’effectuent en temps réel, il est possible à tout moment de mettre en pause le jeu pour anticiper les mouvements et attaques des membres de l’équipe. Assez rapidement, vous aurez l’occasion d’être rejoint par de nombreux personnages, vous permettant de constituer une véritable équipe variée. Ce sera donc à vous de gérer le placement de vos personnages, les différentes attaques à effectuer, tout en faisant attention à vos autres coéquipiers. En effet les sortilèges étant très souvent de zone ou de cônes, vos coéquipiers pourront rapidement se retrouver dans la zone et subir des dégâts.
D’ailleurs, Tyranny innove sur tout cet aspect de sortilèges en proposant un véritable éditeur de sorts. Sur la base d’une combinaison de deux éléments, vous pourrez ainsi créer des sorts uniques, utilisables par les différents personnages. Il est intéressant de voir que Obsidian a vraiment utilisé tout le savoir faire acquis par ses anciennes productions pour proposer une expérience vraiment ouverte, permettant une grande liberté d’action au joueur. Cette liberté est alors également présente dans la possibilité d’évolution de votre personnage. En effet, à chaque gain de niveau, il vous est possible de gagner une nouvelle compétence, à choisir dans plusieurs arbres de compétences. Si les personnages secondaires recrutés dans votre équipe ont un arbre limité, notre protagoniste possède quant à lui un nombre conséquent d’arbres de compétences, permettant ainsi une plus grande mobilité quant aux capacités lors des combats.
Il est bon d’être un méchant
Au final, après la trentaine d’heure de jeu nécessaire pour voir le bout de ce titre, quelle leçon peut-on tirer de cette aventure ? Incarner un méchant dans le jeu vidéo reste toujours une expérience assez originale et encore peu présente dans le média. Si les plus vieux se souviennent avec nostalgie d’un jeu comme Dungeon Keeper, Tyranny prend le contre-pied de cette touche humoristique pour proposer une véritable production mature lorgnant du coté de la Dark Fantasy. Il est d’ailleurs très plaisant de pouvoir faire le mal. On pourra néanmoins regretter un aspect assez découpé du jeu de par la progression par lieux clés et non pas par grandes zones ouvertes. De plus, il est dommage que, malgré la grande liberté du jeu, il nous est impossible d’attaquer qui l’ont veut quand on le désire. C’est d’ailleurs un des aspects qui le différencie de son concurrent actuel, Divinity Original Sin 2.
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