Lost Soul Aside, Bayonetta 3 ou encore Project Eve pour ne citer qu’eux, voilà plusieurs titres prometteurs qu’il nous tarde de découvrir. Leur point commun ? Ils s’annoncent comme de fières représentants du Beat’Em All 3D, dans la veine des jeux PlatinumGames. Pour l’heure, nous avons eu l’opportunité de tester Ultra Age, un jeu co-développé par les studios coréens Visual DART et Next Stage, édité par DANGEN Entertainment et Intragames, et qui peut être affilié à cette vague Beat’Em All, malgré une communication bien discrète.
Visual DART est un jeune studio fondé en 2001, la petite équipe s’est par ailleurs déjà illustrée en travaillant sur plusieurs AAA, Uncharted 4, The Last of Us Part II ou encore Starcraft Remaster. Quant à Next Stage, le studio est né à Busan et a pour vocation de créer des jeux d’action dynamiques. Après avoir replongé dans Ninja Gaiden : Master Collection, qui fut une expérience satisfaisante, il est temps de découvrir Ultra Age qui nous promet des combats de qualité et une immersion dans un univers spatiale où l’humanité pourrait ne pas survivre.
Condition de test : Jeu testé sur PS4, nous avons terminé l’aventure en à peine 8h de jeu.
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L’histoire d’Ultra Age se place dans un futur lointain, dans lequel les ressources terrestres sont entrain de se tarir et deviennent insuffisantes pour subvenir aux besoins humains et de l’écosystème fragilisé depuis le passage d’une météorite. Une partie de l’humanité a fuit la planète pour coloniser l’espace, précisément avec l’Arc Orbital, une immense colonie spatiale. Quant aux autres, ils sont restés sur Terre dans une installation nommée le Refuge. Cependant, une expérience tourne mal au Refuge et fait disparaître toute trace de vie organique sur la planète. Le héros, Age, accompagné de son droïde Helvis, doit se rendre sur Terre afin de retrouver un artefact censé permettre de sauver l’avenir de l’espèce humaine.
Un pitch intéressant qui soulève des questions d’actualités, ou qui le seront plus concrètement à l’avenir, et n’est pas sans rappeler Blade Runner ou même NieR Automata, dont on retrouvera plusieurs clins d’œil explicites au cours du jeu. Cependant, comme le genre Beat’Em All nous y a habitués, quand bien même de rares exceptions, le scénario d’Ultra Age ne fera pas honneur à son sujet qui semblait pourtant avoir des choses à raconter. Disons le clairement, d’un point de vue scénario, le titre est plutôt mal écrit.
Le récit peine à convaincre et à nous impliquer. Le contexte ne parvient pas vraiment à se placer et le background historique, et même des personnages, sont totalement occultés. Pas surprenant qu’après plusieurs heures de jeu on ne prête plus guère attention au récit. Il faudra attendre les derniers niveaux pour que se laisse entrevoir une tentative, un poil ratée, de cliffhanger. Mal structuré et manquant cruellement d’enjeux, qui ne sont pas exposés, il en sera de même pour les personnages, héros comme droïde et ennemis, qui paraissent cruellement vides et sans saveur.
Aucun travail de caractérisation de personnages ne semble avoir été fait. Malgré une relation qui pourrait être intéressante à découvrir entre le droïde et Age, il n’en est rien. On ne comprend pas les tenants et aboutissants, de même que le pourquoi du comment qui n’est pas vraiment défini. Puis, c’est sans parler du doublage, qui n’est pas convaincant du tout concernant le héros. Si le reste du casting s’en sort convenablement, la prestation du doubleur d’Age dénote totalement avec le ton censé dominer. Peu d’émotions transparaissent des interventions de ce dernier qui paraît même complètement à côté de la plaque par moments. En plus de manquer cruellement de charisme, mais nous y reviendrons un peu plus loin.
On notera également une certaine binarité dans les réflexions, ainsi qu’un certain manichéisme omniprésent qui, une fois encore, enlève tout intérêt au récit. Alors même que des thématiques autour de l’écologie, la conquête spatiale ou encore l’usage des technologies avaient de quoi poser les bases d’un univers percutant. Une maîtrise du sujet absente et manquant de l’intelligence dont pouvait faire preuve le jeu de Square Enix et PlatinumGames. S’il n’y a bien entendu aucun réel intérêt à comparer Ultra Age à des grosses licences du genre, le parallèle est tout de même à faire tant le jeu de Visual DART se plaît à reprendre de nombreuses références de ces licences, parfois un peu trop.
Des graphismes d’un autre temps
Si le scénario met à mal toute tentative de planter un univers, l’aspect graphique du jeu ne va faire qu’empirer les choses. Les décors sont terriblement répétitifs, surtout sur la dernière partie du jeu, constat qui se retrouve dans le level design peu inspiré et tout autant homogène. Ajoutez un sentiment cruel de vide et vous obtenez un jeu sans âme ni identité propre. Un comble pour un Beat’Em All.
Techniquement dépassé, le titre de Visual DART et Next Stage souffre aussi d’animations pas toujours réussies, que ce soit au niveau des ennemis ou du héros lui-même. Rien de bien choquant, mais avec la multitude d’erreurs graphiques déjà présentes, en plus du vide général des lieux traversés, on finit par voir ces petites imperfections dans l’animation. Nul doute que si le jeu parvenait à se montrer plus attractif et immersif ces imprécisions techniques seraient rapidement oubliées.
Même les séquences de cinématiques, qui essayent d’amener de la coolitude à la Devil May Cry, ne fonctionnent pas. La faute au graphisme d’une part, mais également à la fadeur ambiante et d’une intensité qui laisse à désirer. Ultra Age aurait gagné à être peaufiné, le jeu manque de détail dans ses modélisations de décors, puis la direction artistique est aux pâquerettes, terminant de ternir la proposition esthétique. Ce qui fait que, parfois, nous avons l’impression de jouer à un prototype de Beat’Em All. Et que dire du protagoniste, Age, dont le charisme est à peine plus présent que celui d’une chaise en bois, anéantissant à lui seul toute la pertinence de l’univers recherché.
Quelques mots sur l’inventaire, relativement simpliste et désuet, il semble lui aussi venir d’un autre temps, confirmant que les développeurs se sont quasi essentiellement attardé sur le gameplay, délaissant le reste.
Gameplay prometteur
Fort heureusement, Ultra Age s’en sort très bien avec son gameplay, particulièrement grâce à ses mécaniques de combat. Pour un Beat’Em All, il était nécessaire de tout miser sur le gameplay et c’est chose faite. Même si l’on est loin de la profondeur d’un Devil May Cry ou de la multitude de coups et combos d’un Ninja Gaiden, le titre dispose de quelques bonnes idées.
Le principe général va tourner autour d’un système d’épée. Au fil de l’aventure vous débloquerez diverses épées, chacune apportant ses propres spécificités, et vous pourrez vous en équipez de 4. Le but du jeu va être de constamment switcher entre vos armes lors des affrontements. Intuitif et jouissif, le système est intelligent et permet d’effectuer des combos plutôt stylés en abusant des switchs. En outre, Age manie une sorte de grappin permettant d’attirer les ennemis ou de se téléporter vers eux. En plus d’un double-saut utile, vous avez accès à une esquive essentielle. En effet, le cœur du gameplay va se trouver dans votre habilité à user efficacement des esquives.
Tout est affaire de timing dans Ultra Age. Inutile d’espérer survivre aux assauts adverses sans manier les esquives qui demandent de bons réflexes et un peu de pratique. Car une esquive réussie vous permettra d’être momentanément invincible. L’autre point important des combats, le système de faiblesse. Chaque ennemi va être faible à un type d’arme particulier, à vous d’en tirer parti afin de vous faciliter la vie. Cette approche amène un aspect stratégique qui vous oblige à réfléchir à vos actions, le bourrage de bouton étant à proscrire.
Le bestiaire n’est pas des plus fournis mais reste raisonnable. Cela peut s’expliquer par tout l’aspect stratégie qui renvoie à la démarche des derniers Doom. Un choix des développeurs, censé vous obliger à apprendre les faiblesses de chaque ennemis, car vous vous doutez bien qu’au fil des rencontres vous serez confrontez à de multiples assaillants, souvent mélangés, et nécessitant d’utiliser les bonnes armes en conséquences. Néanmoins, cette absence de diversité finit par peser puisqu’elle s’ajoute à la pauvreté graphique du titre, sachant que les boss sont aussi peu diversifiés et peu mémorables.
Malgré tout, on prend plaisir lors des combats, notamment du fait d’une autre mécanique de gameplay intelligente. Si vous pouvez utilisez différentes armes et switcher entre elles comme bon vous semble, sachez que ces dernières peuvent se briser avec un système de « munition ». En clair, plus vous utilisez une arme, plus elle va rapidement se détruire. Ceci étant, avant de se détruire vous pouvez profiter d’une attaque puissante. Mais pas d’inquiétude, vous pourrez recharger vos épées grâce à des cristaux à récupérer et qui ne manquent pas.
Ultra Lège
Précisons que les développeurs ont opté pour la mise en place d’un arbre de compétences pour chaque arme, avec une partie destinée au héros et à des capacités, comme le soin ou le mode rage, ou encore pour améliorer certains mouvements. Une fois n’est pas coutume, c’est bâclé, l’arbre de compétences étant finalement trop convenu, cela ne chamboulera pas plus que ça votre façon de jouer. Autre fait notable, sans être trop difficile, le challenge est au rendez-vous dans Ultra Age avec quelques pics de difficulté mal gérés par endroits, mais rien de bien méchant. Les complications dépendent le plus souvent de votre vie, le système de soin étant très limité, ce qui nécessite une certaine rigueur.
A propos du contenu, ce dernier est inexistant. Pas de véritable collectibles à récupérer, le jeu est extrêmement linéaire et la replay value n’est clairement pas présente. Un faux pas difficile à concevoir pour un Beat’Em All, qui plus est quand l’aventure n’excède pas les 7 ou 8h de jeu. Le jeu ne tenant que par son gameplay, on est contraint de traverser les niveaux à toute allure ce qui offre un rythme un peu particulier bien que peu ennuyant, du fait de la multitude d’affrontements.
On notera une petite accélération du rythme sur la fin du jeu, les vagues d’ennemis et de boss s’enchainant assez rapidement, nous permettant de profiter de toutes nos armes bien améliorées. Néanmoins, ce rythme effréné peut vite lasser à cause de son allure de remplissage plutôt voyant, ainsi qu’avec des checkpoints pas toujours bien placés. Nous obligeant à refaire des zones entières en cas de mort. Puis, paradoxalement, c’est lors de ces incessants combats que l’on entrevoit les limites du gameplay qui, en réalité, n’est pas si diversifié que ça. La faute à des coups un peu limité et pouvant se ressembler d’une épée à l’autre.
Côté bande-son, les musiques sont agréables bien qu’en retenu et manquant de punch. Elles ont au moins le mérite d’amener un peu de vie dans ce monde finalement sans âme. Sur la question des bruitages, rien de choquant mais rien de transcendant non plus. Un effort évident aurait pu être fait, mais dans l’ensemble ca tient la route.
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