Issu d’une campagne Kickstarter lancée en 2018, ce n’est que 3 années plus tard que nous découvrons entre nos mains Unbound : Worlds Apart, le jeu développé par Alien Pixel, un tout petit groupe de développeurs roumains peu connus pour des petits jeux sortis il y a plusieurs années. Mettant en scène un élu, un jeune sorcier à la cape rouge, Soli, le jeu se veut être un mélange de jeu de plateforme et de puzzles associé à une once de Metroidvania en scrolling 2D.
Alors que son monde est en danger absolu, Soli va devoir faire preuve de courage pour traverser les mondes corrumpus qui l’entourent afin de ramener la paix auprès de lui. Le jeu est disponible uniquement en version digitale depuis le 28 juillet sur PC via Steam, Epic Games Store et GOG.com ainsi que sur Nintendo Switch. Pour l’heure, une sortie sur les autres consoles de salon n’est pas datée.
Conditions de test : Nous avons terminé l’aventure principale d’Unbound : Worlds Apart en un peu moins de 8h de jeu en prenant le temps de sauver une bonne partie des villageois perdus.
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ToggleQuand on vous dit de fermer le portail !
L’Histoire de Unbound : Worlds Apart n’est racontée que brièvement au début du jeu avant que vous ne soyez aux commandes de Soli, un petit être marginal, parfois moqué, souvent rejeté pour sa différence, mais qui va devenir malgré lui le héros du sauvetage du monde de Vaiya. Alors que son village se prépare à une grande célébration et purification d’un cristal magique, les ténèbres s’emparent du monde et corrompent tout ce que Soli connaissait jusqu’à présent.
C’est au fil de votre aventure et de vos croisades que vous apprendrez davantage de choses sur l’univers vous entourant ainsi que sur les forces en présence. Vous apprendrez alors que les dirigeants du monde de Soli ont trouvé une manière d’ouvrir divers portails vers d’autres mondes et les ont manipulés pour traverser de l’un vers l’autre et apprendre de chacun dans un métaverse appelé Mer de Réalité. Jusqu’au jour où des êtres malintentionnés et des forces démoniaques ont décidé de faire de même et de venir corrompre les mondes ouverts.
Pour se protéger du chaos annoncé, les mages ont alors fermé tous les portails, enfermant les villageois répartis un peu partout dans les mondes respectifs, séparant familles et travailleurs, malheureusement trop tard puisque la corruption était déjà là. Soli se voit alors remettre le pouvoir du cristal, lui permettant de réouvrir ces portails, à ses risques et périls, pour avancer et combattre le démon ultime, Arawen. Un scénario simple, pas clairement poussé au fil de l’aventure si ce n’est enrichi par les nombreux dialogues des PNJ croisés sur notre route.
Pour vous aider à vous repérer, une mini-map est accessible dans les menus, permettant de vous repérer dans les dédales assez horizontaux qui composent le jeu, sans toutefois comporter d’ATH. Les mondes étant assez vastes, des voyages rapides sont à débloquer à de nombreux endroits des niveaux et accessibles n’importe où depuis le menu du jeu. De nombreux PNJ vous remettront ainsi des quêtes à effectuer, la plupart du temps des quêtes FedEx où il vous faudra aller raviver des stèles ou encore chercher des morceaux de cristaux brisés et à les ramener à ces personnages qui vous ouvriront le passage vers la suite du jeu.
Tout cela en vous léchant les bottes et en vous remerciant d’être le seul et l’unique élu à pouvoir sauver l’univers entier, alors même que Soli était… solitaire jusqu’à présent. On remarque d’ailleurs d’emblée cette incohérence dans le déroulement de l’histoire lorsqu’aucun autre habitant n’aide Soli ou ne se sent capable de sauver le monde, alors même que vous pourrez en retrouver certains dans plusieurs mondes à la fois.
Les différents échanges avec les PNJ ne seront par ailleurs pas obligatoires et servent uniquement le propos du jeu visant à renforcer un lore plutôt intéressant mais restant tout de même trop abstrait pour marquer une identification du joueur aux problèmes rencontrés. On remarque d’ailleurs que certains dialogues devront être réenclenchés pour être terminés, risquant d’ailleurs de faire louper des informations à cause de ce détail. D’ailleurs, un semblant d’animation des PNJ n’aurait pas été de refus tant on a l’impression de parler à des âmes empaillées.
Par ailleurs, sachez que vous pourrez apprendre également davantage sur les mondes traversés en activant des sortes d’autels répartis dans certains endroits mais aussi en sauvant les villageois perdus (environ une centaine), souvent bloqués par des mécaniques plus pointues, faisant office de quête annexe géante.
Et alors même qu’au fil de votre aventure vous gagnez en assurance et en compétences, Soli demeure toujours aussi fragile qu’à ses débuts car mourant systématiquement à chaque coup reçu, que ce soit par un ennemi démoniaque ou car les nombreuses épines parsemant les murs et fosses des différentes salles. Un aspect die & retry salutaire, aussi exigeant que frustrant, mais terriblement efficace quand enfin la salle qui vous retient en haleine depuis 10 minutes est passée sans dégâts.
Un gameplay peut-être un peu trop diversifié
C’est donc en partant du village de Rhu que Soli va pouvoir utiliser les pouvoirs du cristal et ainsi passer d’un monde où la gravité est inversée, à un monde où Soli aura rétréci, ou encore en faisant apparaître des plateformes supplémentaires etc., faisant du jeu un puzzle-platformer de qualité, bénéficiant d’un level design inspiré et gorgé de bonnes idées. En bref, une dizaine de portails différents vers des réalités alternatives existent dans Unbound : Worlds Apart et il vous faudra jongler entre eux dans diverses sections des 3 mondes s’ouvrant à vous. Chacun des portails sera utilisé par vague de 20 minutes en moyenne et alterné en traversant ces 3 mondes.
La plupart du temps, une des capacités à la fois sera exigée, voire aucune dans les zones protégées. Mais dans le dernier tiers du jeu, il sera ENFIN temps d’avoir plusieurs portails différents s’enchaînant de manière très rapide et nous forçant ainsi à nous adapter constamment. On regrettera ainsi de ne traverser un passage comme celui-ci que pendant la dernière heure de jeu.
Au départ, Soli ne dispose que d’un saut simple. Au fil de votre épopée, votre petit chaperon rouge sera équipé d’un double saut, mais aussi d’un dash très utile avant de finir avec une capacité d’escalade. C’est cette capacité qui nous a cependant le moins séduits car pas très bien modélisée et pas très réaliste contrairement au dash et au double-saut qui apportent une réelle plus value quand il faut les combiner à l’utilisation des portails. Une évolution des compétences classant le jeu dans les Metroidvania-like, toutes proportions gardées, car ouvrant la voie à de nouveaux chemins jusqu’alors indisponibles.
L’un des points positifs sur gameplay de Unbound : Worlds Apart tient en l’utilisation de seulement 3 touches en plus du stick analogique (sur Nintendo Switch). En effet, seule une cachette servira à activer les portails tandis qu’une autre permettra le dash et une autre servira au saut et c’est tout. De quoi faciliter une prise en main et une maitrise dans la longueur très intéressante, n’ayant aucune caméra à gérer puisque le jeu se déroule en scrolling horizontal et vertical en 2D. Entre boules de feu à éviter, plateformes mouvantes et autres monstres à fuir, croyez-nous, maitriser à la perfection l’utilisation de ces touches sera tout juste corsé et cela suffit largement.
On pourra cependant reprocher au jeu un certain manque d’équilibrage dans sa difficulté quand parfois les zones à traverser deviennent horriblement complexes avant de passer 20 minutes à rouler sur tout ce qui se passe à l’écran. Les boss, assez nombreux au fil de votre aventure, sont très intéressants à combattre et tous différents. Il vous faudra rivaliser d’ingéniosité pour combiner vos compétences et vos portails pour vous en sortir car le sentiment de découragement pourrait s’avérer très présent pour les joueurs les moins patients.
Certaines zones nous ont demandé plus d’une vingtaine d’essais afin d’y parvenir avant de mourir 10 secondes plus loin par l’attaque d’une créature démoniaque. Frustrant mais jamais très punitif, Unbound : Worlds Apart vous fera réapparaître juste avant la zone problématique et contient de nombreux points de sauvegarde. De quoi permettre au jeu d’être encore un peu plus court car tenant en une petite demi-douzaine d’heures si vous parvenez à comprendre son concept pour avancer rapidement.
Par contre, en plus de jouer constamment avec nos nerfs, le jeu nous contente quand la réussite vient enfin en nous récompensant d’un nouveau portail à exceller ou d’une nouvelle compétence à appréhender. Mais on a l’impression que les développeurs ont voulu incorporer toutes les mécaniques que l’on retrouve dans tous les autres jeux du genre, pour montrer qu’ils savaient le faire, cela au détriment peut-être d’un gameplay un peu trop diversifié et éparpillé, sans forcément devenir parfait dans tout ce qu’il propose.
En effet, les contrôles répondent par ailleurs plutôt bien et les portails s’ouvrent à la volée mais il faut tout de même avouer que parfois certains de nos double-sauts n’ont pas été possibles alors même que nous n’avions pas sauté auparavant, nous faisant tomber dans les épines démoniaques. Combinez cela à une imprécision dans la direction donnée par le joystick lorsque l’action prend en vitesse et vous tenez-là un des points les plus frustrants du jeu.
Un monde mélancolique au parfum de parcours initiatique
En se baladant dans les mondes tortueux de Unbound : Worlds Apart, on remarque tout de suite l’aspect dessiné à la main des univers qui se déroulent sous nos yeux. Sur Nintendo Switch cependant, nous pourrons remarquer quelques baisses de framerates par moments notamment lorsque l’utilisation et la désactivation des portails doit être rapide et continue, sans toutefois gâcher à outrance l’expérience vécue. Souvent d’une beauté et d’une inspiration certaines, le titre nous surprend par ses paysages somptueux mais aussi par sa composition musicale très singulière.
En effet, on ne peut que saluer les efforts faits par les développeurs pour nous immerger dans ce monde pourtant si éloigné du notre par l’utilisation de ces mélodies mélancoliques et en nous montrant en permanence la désolation des mondes que nous parcourons. A noter d’ailleurs que le jeu est disponible en français, étant uniquement une aventure narrative sans parole prononcée mais utilisant des bruitages mélodieux et harmonieux. Un jeu d’ombres, de sons et de lumière prenant presque l’aspect d’un rêve d’enfant qui comprend un peu trop vite les réalités de son monde.
Une sorte de reflet de notre société rongée par l’arrogance des Hommes et leur impunité sur la destruction de notre monde. Ne croyez pas que le jeu vous fera décrocher un sourire, Unbound : Worlds Apart est un titre poétique, triste et emphatique où les émotions seront mises à rude épreuve. En quelque sorte un parcours initiatique, celui d’une âme fragile qui peu à peu prend conscience que le monde dans lequel elle a grandi n’est pas aussi beau qu’elle le croyait et qui doit apprendre malgré tout à vivre avec.
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