Cela fait quelques temps que le jeu vidéo s’est intéressé aux fonds marins. Que ce soit via les niveaux sous l’eau de Mario, Ecco le Dauphin, ou plus récemment des titres comme Subnautica. Aujourd’hui, le studio Parallel Studio nous propose sa vision propre avec Under The Waves.
Suite à la preview que nous avons réalisée autour du jeu, ainsi que notre interview des developpeurs, notre attente était plutôt présente. En même temps, proposer un jeu influencé par les fonds marins, des films comme Abyss ou les documentaires de Cousteau, ainsi que l’implication de Surfrider Fondation Europe, nous promet une œuvre impactante. D’autant plus que, même si Parallel studio est une petite entreprise, elle a eu le soutien au développement et à l’édition de Quantic Dream via leur division Spotlight, lui permettant de réaliser de façon complète sa vision et son projet.
Conditions de test : Nous avons joué à Under The Waves sur PC. S’il faut compter 7 à 8 heures de jeu pour voir l’ensemble de l’histoire en ligne droite, on peut ajouter environ 5 à 6 heures supplémentaires pour compléter l’ensemble des quêtes annexes ainsi que l’exploration du titre. Nous avons pour les besoins du test réalisé une run complète de l’histoire, avec des errances afin d’explorer les fonds marins, et réalisé environ la moitié du contenu annexe proposé.
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Le premier contact marin avec le jeu est peut être une des plus grosses bouffées d’émerveillement que l’on a pu avoir récemment. Arriver dans les profondeurs de l’océan, entouré de toute la faune marine se comportant de façon cohérente, voir un banc de poisson à un endroit, lever la tête et admirer une baleine bleue géante. Il y a quelque chose d’indescriptible, qui touche au sublime. La direction artistique, nous plongeant dans une version uchronique des années 70, aide également, avec un jeu de couleur, de grain inspiré des films, qui donne vraiment à l’ensemble une touche particulière.
Nous rencontrons notre personnage principal, Stan, un plongeur professionnel travaillant pour Unitrench, un conglomérat notamment pétrolier. Notre protagoniste se retrouve plongé dans une mission dans les profondeurs pendant plusieurs jours, afin de s’occuper de la maintenance des équipements, entre autre. Et c’est là que la dure réalité nous frappe. Ce fond marin qui nous passionne par sa faune et sa flore se transforme très rapidement en vision d’horreur, avec de véritables tranchées de béton, de canalisations, et un ensemble d’épaves de tous âges. Notre mer que nous adorons est devenue une déchetterie pour les hommes.
Et c’est ce contraste qui est le premier élément marquant du jeu. L’équipe de Parallel Studio a parfaitement réussi à retranscrire ce qui est malheureusement la triste réalité de notre monde, la destruction des fonds marins par l’exploitation humaine et industrielle. L’autre gros point à noter, et pour lequel le studio mérite des félicitations, c’est le travail immense d’animation réalisé. Que ce soit notre personnage, mais surtout tout les comportements et déplacements des espèces sous-marines, il y a un niveau de réalisme vraiment impressionnant.
Mais le récit de Stan, n’est pas celui d’un plongeur comme les autres. C’est l’histoire d’un homme, faisant face à ses propres doutes et un deuil qu’il n’arrive pas à accepter. La tragédie visuelle de la pollution marine devient également celle de cet homme n’arrivant pas à relever la tête, fait lui-même le choix de s’enfermer sous l’eau, pour s’isoler et se cacher du monde, de sa femme, et s’échapper de la réalité.
La vie aquatique
Under The Waves est un jeu narratif, mais également d’exploration. Divisé en chapitres correspondant aux jours passés sous l’eau, vous incarnez donc Stan dans son quotidien. Un petit café, un check des missions, et vous vous retrouvez dans l’eau. À chaque journée ses missions principales et annexes, mais une liberté totale d’avancement. Le jeu vous propose d’explorer les fonds marins de deux manières différentes : à la nage mais aussi avec votre petit vaisseau sous marin, appelé Moon.
Les missions sont plutôt variées, allant de la maintenance d’équipement, au nettoyage des fonds. Comme nous le disions auparavant, le partenariat avec Surfrider Fondation a permis de pousser le réalisme autour de la dimension écologique du titre, et de nombreux aspects de ce dernier tournent autour de cette thématique. Vous devrez par exemple explorer les épaves de voitures, avions ou hélicoptères afin de recycler métaux et plastiques.
Durant votre exploration il sera également possible de récupérer des objets de collection, mais aussi des plans de constructions. Car oui, ne pensez pas que vous pourrez explorer les fonds marins sans qu’il n’y ait aucun soucis ! Parallel Studio a énormément travaillé cet aspect là, en proposant tout une gestion de jauge à la fois d’oxygène pour vous, mais aussi d’essence pour votre vaisseau. Il faudra donc veiller à ne pas trop consommer, et par moment utiliser d’autres ressources comme des mines pour ouvrir certaines portes, des fusées pour s’illuminer ou se protéger. Et forcément, même les restes de vos ressources se recyclent !
Bien entendu, un appareil photo vous sera donné dès le début de l’aventure, et des missions vous demanderont de photographier différentes espèces pour votre plus grand plaisir.
Si la volonté de l’équipe était de sensibiliser les joueurs à l’écologie par l’acte, on peut voir que c’est vraiment le cas manette en mains. Si vous ne récupérez aucune ressource issue d’éléments polluants, il vous sera tout simplement impossible d’avancer dans le jeu. On pourra reprocher qu’à plusieurs moments clés, celui-ci nous propose directement certains de ces objets, montrant ainsi quelques faiblesses dans le level design de l’ensemble. Mais ceci n’est présent qu’à de très rares occasions durant le jeu.
Certains objets vont par ailleurs vous permettre de jouer, une fois de retour dans votre base, à des mini jeux, notamment de rythme via une guitare (avec plusieurs morceaux déblocable en trouvant des cassettes) ou encore un punching ball. Ce n’est pas grand chose, mais ce sont des petits ajouts plaisants à voir.
Sauvetage de secours
Under The Waves, arrive très clairement à nous accrocher à tout instant. Que ce soit dans son gameplay qui parvient à toujours être inclus dans sa narration, et dans son travail d’ambiance, où l’émerveillement se mêle avec l’angoisse des fonds marins mais aussi de son personnage. De nombreuses séquences de rêves sont d’ailleurs présentes afin de nous permettre de rentrer plus en profondeur dans la psyché du personnage, dans sa solitude.
Mais au final, lorsque l’on finit l’ensemble du jeu, nous nous demandons par moment où était la priorité du studio dans ce qu’il voulait raconter. Est-ce que l’histoire de Stan est plus importante que de raconter la destruction des mers et océans par l’humain ? Si notre impact est constamment présent dans le gameplay, le constat reste très pessimiste et peu d’espoir subsiste concernant cet aspect là, ce qui donnera une bouffée de dépression à toute personne dotée d’une sensibilité pour la sauvegarde de la nature.
Et après tout cela nous n’avons pas parlé de la technique. Si le jeu tourne comme un charme, on trouvera quelques moments avec des artefacts graphiques (bugs visuels si vous préférez) qui, on l’imagine, seront rapidement corrigés. Si le jeu propose un doublage intégral en français et d’excellente facture, on pourra reprocher une absence de synchro labiale, mais ce serait chipoter pour le coup.
Et nous n’avons pas encore parlé non plus de la musique. Composée par Nicolas Bredin, la partition présente sur l’ensemble du jeu nous transporte avec de très belles nappes de couleurs sonores, et de contre-pieds stylistiques qui appuient le récit. Certains morceaux sont composés et enregistrés par le groupe de post-rock français Hanging Fields qui est également une très belle découverte.
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