12 ans depuis le dernier volet de l’emblématique franchise Fight Night, grand représentant de la simulation de boxe anglaise au début des années 2000, et miroir manifeste du sport. Depuis, dans le paysage vidéoludique et dans notre monde réel, les projecteurs se sont détournés du noble art qui perdait de sa superbe en même temps que le MMA explosait. Chemin que suivit EA, avec la fainéantise qu’on lui connait maintenant.
Sans retracer l’histoire de la boxe anglaise sur la dernière décennie, rappelons au moins que sa santé est meilleure aujourd’hui, en atteste une année 2024 marquée par des combats, passés et à venir, de grande qualité. Un moment opportun pour revoir une simulation de boxe apparaître. Le jeune studio anglais Steel City Interactive, fondé par les frères Habib, a souhaité saisir cette opportunité. Animé par une véritable passion pour le noble art et une réelle ambition, il nous présente son premier jeu : Undisputed.
Condition de test : nous avons joué sur PS5 avec la version Deluxe, c’est pourquoi pourront apparaître des captures avec des visages de cette version. Nous avons passé 30 heures sur le soft durant lesquelles nous avons atteint le top 10 au classement en mode carrière, avant d’en relancer une seconde. Nous avons également testé le roster et les modes de jeu présents. En revanche, nous n’avons pas expérimenté de parties en ligne. Précisons également qu’un patch de correctif est d’ores et déjà prévu pour être déployé durant la semaine suivant la sortie du jeu.
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ToggleSon de cloche
Venir se frotter à la simulation de boxe anglaise, après un mémorable Fight Night Champions, pour venir combler le vide d’une décennie sans titres notables n’est pas chose aisée. Qui plus est, pour un studio fraîchement créé. Malgré le peu d’expérience des équipes, la passion du noble art les guide, ce qui va transparaître dans Undisputed. Mais avant de monter sur le ring et de parler boxe, allons dans le dur et abordons quelques points importants. Avant tout, il faut comprendre que malgré sa présence en accès anticipé, ayant permis de sans cesse se perfectionner grâce aux retours de la communauté, le soft n’a clairement pas atteint son plein potentiel.
En tout cas aujourd’hui, à l’écriture de ces lignes, par manque de finition notamment. L’envergure du projet, mené par une équipe de 70 personnes, demande des ressources et du temps et c’est pourquoi Steel City Interactive s’est principalement concentré sur le gameplay, au détriment du reste. Cela se voit avec le contenu solo du jeu, particulièrement sur le mode carrière. Outre les combats rapides, la partie en ligne avec matchs classés ou non et des combats spéciaux renouvelés chaque semaine, c’est bien le mode carrière qui focalise l’attention.
Malheureusement, c’est un peu la douche froide. D’abord désagréable, nous sommes pris au corps, puis vient l’habitude et un certain plaisir s’installe pendant que l’on gravit les classements des différentes fédérations représentées, avec l’envie d’unifier les ceintures de sa catégorie et de régner en maître. Au début, nous avons d’ailleurs le choix entre démarrer sa carrière avec un membre du casting, que ce soit Canelo Alvarez, Katie Taylor ou Joe Frazier, libre à vous. Ou bien de créer son propre combattant, ou combattante, à l’aide d’un éditeur de personnage que nous qualifierons de décent, malgré le peu de tenues (shorts, gants, chaussures) disponibles.
Entre les combats, il faudra gérer son personnel (coach, manager et soigneur), chacun avec des statistiques spécifiques et un niveau de compétence, ainsi que sa forme physique en s’entraînant. Mais attention, surveiller son poids est primordial, et il faudra jongler « habilement » entre effort physique et perte de poids. L’un ou l’autre, ce qui fera passer une semaine sur le calendrier, et ce, jusqu’à ce qu’il soit possible de négocier un combat. Les négociations vous offrent le choix entre trois boxeurs, bien qu’il soit possible d’aller négocier soi-même, sans l’aide et les garanties de son manager, auprès d’un autre boxeur si le trio proposé ne nous convient pas.
The Matrix
Une fois un combattant choisi, quelques lignes expliquent le contrat, qui peut d’ailleurs impliquer une clause de revanche obligatoire, et à nous d’accepter, renégocier ou bien simplement refuser. Notons qu’il peut arriver qu’un combat soit annulé à cause d’une blessure de l’un ou l’autre des boxeurs, ou si nous ne respectons pas le poids prévu sur la balance. La composante gestion n’est pas inintéressante, d’autant plus lorsqu’un combat est acté, puisqu’on disposera alors d’un nombre limité de semaines afin de se perfectionner et rester au poids. Un équilibre qui se trouve finalement assez facilement et qui ne posera pas tant de soucis.
Ce qui gêne dans tout cela, c’est que tout passe par des menus à gérer d’un clic. Pas de mini jeux où l’on ferait de la corde à sauter, où on frapperait dans un sac de frappe. Pas de cinématiques mineures pour montrer la pesée, ni pour les conférences de presse. A l’évidence, Steel City interactive ne possède pas la force de frappe d’un EA. Exit également toute forme de narration dans ce mode carrière, les entrées (ring walks) manquent également de diversité pour pleinement rendre justice au mode de jeu. Nous enchaînons inlassablement la gestion des menus, nos statistiques augmentant en fonction des entraînements définis, ce qui permet de moduler les compétences de son boxeur à sa guise.
Undisputed embarque aussi une mécanique de Traits, qui sont des compétences que peuvent posséder les combattants, ajoutant une composante stratégique indéniable. Donc oui, le mode carrière n’est pas à la hauteur du rendez-vous, déficit d’envergure logique, qui plus est en comparaison de la proposition du dernier Fight Night. Cependant, le plaisir demeure, on apprécie la progression de notre personnage et d’affronter divers boxeurs. D’autant que le jeu laisse la possibilité d’opter pour divers styles de gardes et de gestuelles pour trouver ce qui nous convient et offrir le sentiment que, sur le ring, notre personnalité peut s’exprimer.
Et c’est peu dire, parce que pour le coup, Fight Night Champion finit KO avant la limite, fort heureusement après douze années. Si ce dernier est peut-être mieux calibré, plus solide sur son gamedesign, Undisputed c’est une simulation comme on n’en a encore jamais vu. Outre des visuels tout de même appréciables, surtout sur la modélisation des boxeurs et boxeuses, le sound design n’a pas été délaissé. Les sons font leurs effets, notamment lors de coups puissants et/ou de contres ce qui, épaulé par des effets de caméra réussis, confère de l’intensité aux joutes.
A la vie à la boxe
Sans régner en maître sur le ring, la faute à des imprécisions encore trop nombreuses (hitbox imprécises, latence d’input, quelques ralentissements pouvant survenir et des animations partant un peu en sucette) mais que des patchs peuvent corriger, en termes de sensations et de rythme par contre, le mot simulation fait clairement sens. Electronic Arts visait un certain réalisme avec sa franchise, néanmoins une touche arcade demeurait afin de ne pas léser les joueurs, joueuses les moins investis. Undisputed, c’est un peu le style opposé.
Les coups manquent encore de peps, la jauge d’endurance fonctionne d’une manière un peu étrange par moment et le roster ne brille pas par son équilibrage, en revanche Steel City Interactive innove avec son système de jeu de jambes. Et cela pèse dans la balance. C’est simple, peut-être sont-ils cachés mais, à notre connaissance, aucun jeu de boxe anglaise axé simulation n’avait encore touché d’aussi près l’essence d’un combat de noble art. Car cela passe indéniablement par le jeu de jambes, entre autres.
Le sens du ring passe par le placement, les déplacements et la gestion de son endurance tout au long des rounds, pouvant aller jusqu’à douze. Nous vous recommandons d’ailleurs de jouer en vitesse x 1,5 pour le confort. Bombarder d’entrée de jeu pourra vous mettre en sale posture sur les dernières minutes, à moins d’être un puncheur à la Deontay Wilder. Santé corps et tête, pour les blocages également, endurance donc, sans oublier les coupures et gonflements de l’œil pouvant mener au TKO, Undisputed se veut complet et plutôt riche dans ce que le gameplay veut proposer.
D’autant que la palette de coups est assez impressionnante et bien supérieure à la moyenne, de quoi offrir une bonne courbe d’apprentissage. Ce ne sera pas de trop dans un soft aussi exigeant. Ses bonnes intentions envers le noble art risquent de faire peur aux néophytes venus seulement pour la bagarre. Le tuto est bien trop pauvre pour vous expliquer les rouages du gameplay qu’il faudra découvrir en partie à la dure. De surcroît, comme souligné, le réalisme du gameplay et le travail de déplacement demandent un minimum de connaissances du sport pour ne pas se sentir désavantagé lors de ses premiers pas sur Undisputed.
Le jab et la souris
On parle de désavantage, seulement si vous souhaitez boxer dans les règles de l’art. Car, à l’évidence, il est tout de même possible de s’amuser sans s’y connaître, un mode facile existe aussi, mais ce serait passer à côté de la magie du gameplay d’Undisputed. En clair, les affrontements sont un régal pour tout fan de boxe, même si le manque de finition du jeu terni un peu l’expérience et ne sera pas accepté par tous. Et puis nous avons la chance de pouvoir boxer dans de nombreuses arènes. S’y côtoient des salles prestigieuses parmi d’autres plus obscures et miteuses, l’ambiance évoluant en fonction du lieu.
Le public participe un minimum à la vie sonore, bien que peut-être trop discret, ce qui n’est pas le cas de l’OST qui tourne en boucle et souffre d’un faible nombre de musiques, de variété également. Au même titre que l’absence de ring walk notable pour varier un minimum les plaisirs, autant que de rendre hommage à des showman tels Naseem Hamed, pour ne citer que lui. Des traces d’un projet monté un peu trop précipitamment sur le ring, avec des répercussions visibles comme lors des scènes de knockdown, similaires à chaque coup.
Constat similaire sur le ring pendant le discours du speaker, lors de la victoire ou pendant les pauses entre les rounds. Lors de ces dernières, nous ne sommes que spectateurs, le coach offrant tout de même quelques conseils cohérents dans l’ensemble. En revanche, nos oreilles souffrent à cause des commentaires. Rien à redire sur l’homme parlant au micro, par contre les lignes de dialogues pauvres et redondantes déclamées, au point de commenter à côté de la plaque, sonnent comme un coup au foie pour l’immersion.
Et pourtant, malgré de tels écueils, notamment sur l’immersion comme susmentionné, Undisputed n’est jamais au tapis, il reste debout. Parce que les combo sound design, gameplay et modélisation de boxeurs nous maintiennent actif, en garde, toujours prêt à combattre. Le jeu est assez addictif. On progresse vite, dans la douleur certes, mais on progresse rapidement et le gameplay se découvre petit à petit. Les enchaînements de coups se développent et s’automatisent, l’esquive ainsi que les contres passent mieux on pose son rythme, notre style s’affine, etc…
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