Tandis qu’il y a une quinzaine d’années le jeu de rallye tenait une place forte au sein du genre course automobile, depuis les choses ont évolué dans le sens inverse. Ainsi, ce sont désormais les Need for Speed, The Crew et autres Project CARS qui dominent largement ce marché, au détriment de séries comme WRC qui faisaient pourtant rêver les amateurs de tôle froissée et de pneus qui crissent il y a deux générations de consoles. Reste le grand manitou du genre, un certain DiRT, hérité de la licence Colin McRae, qui nous revenait l’an dernier avec un génial quatrième volet canonique. Seulement voilà, il y a quelques mois un autre ténor du jeu de rallye remplissait les yeux d’étoiles, après une annonce inespérée. Une licence qui envoyait du très lourd au début des années 2000, jusqu’à un troisième volet qui fut le dernier avant ce retour étonnant seize printemps plus tard. Je parle bien évidemment de V-Rally 4, un opus développé par Kylotonn Games, les petits gars derrière les derniers épisodes de WRC (moyens au demeurant), et le mauvais Flatout : Total Insanity… Soyons francs, l’optimisme n’est pas à son comble !
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ToggleGoodbye Arcade ?
La série ne fut peut-être pas très longue, pourtant force est de reconnaître que les amateurs de course automobile en âge d’y toucher à l’époque en gardent forcément un grand souvenir. Il faut dire que l’explosion des Need for Speed et autres Burnout n’a pas encore eu lieu, et qu’il n’y a pas grand chose de mieux que du jeu de rallye à se mettre sous la dent. Ainsi, des licences comme WRC et Colin McRae font pleinement leur beurre. Il en va évidemment de même pour V-Rally, qui propose une conduite plutôt orientée arcade, et ne lésine pas sur sa qualité graphique. Seize longues années plus tard, et après un changement de développeur, d’éditeur et de public, la série revient changée.
En effet, on ne l’attendait pas vraiment sur ce front, pourtant V-Rally 4 est bien un jeu de simulation automobile. Exit, donc, les sensations exclusivement arcades qui ravissaient les joueurs en 2002, et bonjour à une recette empruntée aux derniers titres du genre. On est d’ailleurs très loin de la simple coïncidence, puisque le développeur, Kylotonn Games, est aussi à l’origine des récents opus de chez WRC. Ainsi, le résultat était presque connu d’avance : V-Rally 4 est un jeu de simulation mâtiné çà et là de quelques gâteries arcades. Un mélange étonnant qui donnait toute sa force à un WRC 7 toutefois assez moyen. Et sans aller jusqu’à vous révéler le verdict dès maintenant : ce quatrième volet ne révolutionne absolument rien.
Ce qui est sûr, c’est que sa conduite est relativement réussie, et offre des sensations grisantes, notamment parce que l’impression de vitesse à l’écran est très bien rendue. Toutefois, n’allons pas jusqu’à comparer V-Rally 4 à la référence actuelle : DiRT. Parce que le titre de Kylotonn Games est certes assez facile à prendre en main, pour un jeu de simulation, il n’en demeure pas moins qu’il commet quelques impairs de taille. C’est avant tout la tenue de route qui déçoit, ce qui n’est nullement aidé par l’utilisation de premières voitures vétustes, ne possédant ni bons pneus, ni bons freins. On est constamment en train de braquer et contre-braquer, et autant être clair : ça n’a rien d’amusant. Et malheureusement, cela ne s’améliore que très peu avec les véhicules les plus avancés, qui ont en leur défaveur des moteurs surpuissants qui envoient vite dans le décors.
La tenue de route est quelque peu discutable : on passe un peu trop de temps à braquer et contre-braquer.
On pourrait presque croire que le titre nous pousse à jouer aux caïds du dérapage (ce qui est effectivement le cas dans le mode de jeu Extreme-Khana, mais nous y reviendrons plus tard), mais non… pour la simple et excellente raison que cela ne fonctionne pas vraiment. On a vite fait de se retrouver dans le fossé, en bas d’une falaise ou sur le dos, et évidemment mieux vaudra contrôler son véhicule au mieux pou éviter que cela arrive, ce que ne permettent pas les dérapages.
De bons arguments
Mais revenons en aux sensations in game voulez vous ? Car comme indiqué plus haut, l’impression de vitesse est plutôt réussie, et ce n’est pas grâce à une réalisation en demie teinte. En effet, on constatera au fil de la carrière quelques lacunes, notamment de rares éléments du décors qui apparaissent brusquement, ou des bruits de moteur et de freinage décevants. Par ailleurs, il arrive d’avoir à faire avec des bugs de collision parfois rocambolesques. Pourtant, impossible de qualifier ce V-Rally 4 de désastre à ce niveau, puisqu’il jouit de décors très travaillés, bien plus que chez la concurrence, variés et souvent grandioses. De même, certains effets rendent très bien, comme la déformation de la carrosserie, ou la poussière sur cette dernière ; et la vue du cockpit est lisible et jouable, mais ne permet pas de profiter au mieux des paysages. Dommage que les circuits soient si peu nombreux, au même titre que les véhicules.
V-Rally 4 n’est peut-être pas un modèle en terme de graphismes, mais il possède malgré tout de très jolis décors.
Exigeante, la carrière n’en demeure pas moins intéressante, quoique quelque peu superficielle. On en revient à la comparaison avec DiRT 4, évidemment, mais vis à vis de ce dernier l’aventure solo est assez restreinte. Il sera certes possible de recruter une équipe (mécaniciens, chercheurs, agents), à qui il faudra évidemment verser un salaire qui augmente en fonction de leurs compétences (visualisé par un niveau), et par ailleurs il faudra s’occuper de signer des contrats avec des sponsors (qui tombent un peu par hasard et demandent un peu n’importe quoi), afin d’engranger un maximum de revenus ; toutefois, l’aspect management s’arrête ici, et c’est bien dommage. On aurait par exemple apprécié de pouvoir changer de copilote. Pas que celui disponible par défaut soit insupportable, heureusement.
Le gros point fort de son solo réside dans ses cinq modes de jeux distincts. On a bien sûr droit au classique Rallye, où il est question de foncer sur des routes étroites, guidés par la voix de notre copilote, dans le but de battre un chrono souvent assez serré. Ici, en dehors de décors fort réussis et d’une tendance à la verticalité, rien ne change par rapport à d’habitude, si ce n’est que les temps à atteindre sont vite complexes si l’on ne touche pas à la difficulté (ou si on l’augmente bien sûr). Par ailleurs, on retrouve un autre mode assez classique : le Rally Cross (ici nommé V-Rally Cross). Il s’agit d’y affronter en temps réel plusieurs adversaires sur un circuit composé à la fois de terre ou de gravier et d’asphalte. Enfin, dernier mode relativement commun, quoique un peu moins, les sessions en Buggy sont là encore des courses à plusieurs, mais sur des terrains accidentés. Le résultat est explosif.
Quant aux deux modes restants, ils se révèlent un poil plus originaux. Le premier, Extreme-Khana, propose de battre des chronos sur des circuits particuliers, prenant place dans des lieux peu communs (comme un aéroport militaire). Dans celui-ci, on est vivement incité à jouer des dérapages pour parvenir à l’arrivée dans les temps. Et c’est peut-être le seul moment où cela donne quelque chose d’ailleurs, puisque les pistes s’y prêtent, et on y trouve notamment pas mal de ronds points. Pour finir, le mode Hillclimb propose de grimper ou dévaler de vastes hauteurs, le tout sur des routes escarpées et au volant de bolides qui ne manquent pas de pêche. Un vrai bonheur, d’autant que les décors y sont souvent très appréciable.
Exigeant et pas généreux
Coté challenge, V-Rally 4 ne fait pas les choses à moitié, à commencer par ses chronos souvent difficiles à atteindre, ne laissant aucune place à l’hésitation ou aux faux pas. Bien sûr, sa difficulté est progressive, mais on arrive bien vite au point où il est nécessaire de passer à un véhicule plus performant, ou d’améliorer à fond ceux en notre possession. Petit point sur l’amélioration, tant que nous y sommes : celle-ci est là encore assez superficielle. Chaque véhicule a droit à une maigre liste de caractéristiques pouvant être rendues plus performantes, et débloque la possibilité de les acheter séparément à mesure que l’on bat le pavé derrière son volant. Le concept est certes sympathique, malheureusement il manque quelque peu d’efficacité.
Afin de rendre les choses un peu plus aisées, il est possible de paramétrer son véhicule au départ d’une course ; quoique, bien souvent, l’ordinateur aura déjà choisi les réglages optimums. Idem, on peut déterminer le niveau de l’intelligence artificielle, qui réalisera des temps différents en fonction. Et c’est là quelque chose d’assez intéressant, puisqu’en plaçant la barre plus haut, les chronos seront plus serrés que par le passé, mais l’on gagnera plus d’argent en parvenant sur le podium. À l’inverse, en rendant l’IA un peu plus molle, on ramasse moins de gains.
Le titre est exigeant, mais il est possible de paramétrer de nombreux détails, notamment l’agressivité de l’IA.
Et de l’argent, il en faut un paquet pour parvenir à débloquer l’intégralité des voitures, et pour voir l’ensemble des circuits. Ce qui implique de ne pas trop jouer aux auto-tamponneuses lors des courses, afin de n’avoir pas trop de dépenses en réparations ; mais surtout il est nécessaire de finir en tête, ou pas loin, pour obtenir un maximum de cash. Sans quoi, débloquer des véhicules plus performants ne sera pas envisageable, ou mettra un temps fou. Par ailleurs, il faudra verser un tribu pour participer à certaines épreuves, souvent les plus complexes. La petite déception à ce niveau c’est que la liste des véhicule n’est pas folichonne, aussi bien dans sa taille que dans son contenu, malgré quelques petites pépites fort enthousiasmantes.
Pour finir, abordons très vite le multijoueur, qui n’est pas sans réserver une bonne surprise : un mode deux joueurs en écran splitté comme à l’époque. Le petit bonus qu’on ne trouve quasiment plus nulle part, et qui fait son petit effet. À coté de cela, Kylotonn Games proposera régulièrement de nouvelles épreuves en ligne, permettant de se mesurer à la communauté et de remporter, peut-être, de grosses sommes pouvant être directement utilisées dans la carrière. On retrouve aussi, évidemment, un Loby tout ce qu’il y a de plus classique pour le multi online.
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