Drôle de surprise que fût l’annonce de ce Valkyrie Elysium. Fort d’une solide réputation, la franchise Valkyrie Profile imaginée par Masaki Norimoto n’avait pas fait parler d’elle depuis bien longtemps. Initialement née sur PS1 en 1999, la série développée par Tri-Ace (Final Fantasy XIII-2, Star Ocean) s’est dotée d’autres opus tout aussi réussis. Que ce soit le portage PSP du premier opus, sous le nom Valkyrie Profile : Lenneth, la suite Silmeria ou encore l’épisode DS, Covenant of the Plume sorti en 2009.
Dix bonnes années de silence pour une licence pourtant emblématique. C’est dans ces conditions qu’apparaît ce nouvel opus. Un renouveau, en quête d’un nouveau public, comme l’atteste la nouvelle héroïne, l’histoire indépendante ici narrée, mais surtout le changement de genre. Jusqu’alors reconnu pour son appartenance au RPG au tour par tour, Valkyrie Elysium mise sur de l’action aux relents très Beat’em All. C’est pourquoi Tri-Ace délaisse le développement en faveur de Soleil, un studio disposant de vétérans ayant œuvrés aux côtés de Tomonobu Itagaki, papa de Dead or Alive et Ninja Gaiden. Enfin, sachez qu’une grosse mise à jour est d’ores et déjà actée pour novembre. Elle amènera du contenu supplémentaire.
Condition de test : Nous avons joué sur PS4 pendant une vingtaine d’heures. Nous avons pu expérimenter les différentes fins et terminer la quasi totalité des quêtes secondaires. Le tout en mode normal.
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Avant tout, précisons que nous ne sommes pas fins connaisseurs de la saga. Le changement radical de gameplay implique des divergences majeures avec les opus précédents qui ne peuvent que porter atteinte à l’ADN de la série. Ceci étant, deux points nous paraissent importants à retrouver pour préserver un minimum de parenté avec Valkyrie Profile. Le scénario d’une part, et les personnages de l’autre. Des éléments qui savaient profiter d’un travail certain, dans le but d’impliquer émotionnellement les joueurs, joueuses. Malheureusement, ce n’était apparemment pas à l’ordre du jour pour Square Enix. Si l’intrigue met déjà un peu de temps avant de pleinement nous embarquer, elle ne parviendra jamais à susciter un réel intérêt.
Le scénario n’a que peu à offrir. Il nous impose le contrôle d’une puissante Valkyrie, servante fidèle et loyale du grand Odin. Ce dernier lui a donné pour mission de purifier la région et de sauver le monde du Ragnarök à venir. Il ne faut guère de temps avant de voir la direction que va prendre l’intrigue et notre héroïne. Qui plus est, en plus d’être prévisibles, les rebondissements ne parviennent aucunement à transmettre l’effet recherché. La faute à une mise en scène totalement inutile qui ne rend grâce à aucune séquence, cinématique ou non. Cela met à mal une bonne partie de l’univers de Valkyrie Elysium.
D’autant plus que le récit se dévoile de façon fragmentée et va s’enrichir, précisément concernant le lore et le passé de nos compagnons, quasi seulement via des conversations avec des âmes ou des fleurs spirituelles à récolter dans les niveaux. De fait, il devient difficile de s’accrocher aux personnages. Ces derniers étant d’ailleurs des Einherjar, de valeureux guerriers morts au combat, ce qui est récurrent dans la franchise. Si l’on ressent clairement le poids de leur présence sur l’évolution de notre personnage, tout est trop cryptique ou alors déballé via des conversations intéressantes, mais sans vie visuellement, ce qui les alourdit. Il n’y a vraiment aucun effort donné sur le récit.
Le 13e guerrier
Manque d’implication émotionnel évident, mais aussi manque d’immersion. Quand bien même les superbes partitions musicales bercent l’aventure d’une très belle manière, on n’arrive pas à rester longtemps impliqué dans l’univers de Valkyrie Elysium. Si l’absence de vie est potentiellement acceptable compte tenu du contexte scénaristique, où ce sont les créatures qui prédominent sur le monde humain, celui des environnements l’est moins. Trop peu de détails et un recyclage des décors, notamment d’intérieur, qui choque assez vite. Qui plus est quand la diversité se veut aussi pauvre.
C’est simple, du début à la fin, on passe son temps dans des lieux qui se ressemblent et sont agencés de la même manière. La structure du titre n’aidant pas en proposant des quêtes secondaires qui obligent systématiquement à rejouer un niveau déjà parcouru, dans une portion de zone réduite. Les récompenses valent la plupart du temps le coup, mais le fonctionnement et le déroulement sont toujours similaires. C’est apparemment la mission qui incombe à notre guerrière, contrainte de venir ensuite faire son rapport à Odin. Les choses se répétant encore et toujours jusqu’à la dernière partie du jeu qui tente, légèrement, de se renouveler. Il en ressort une impression d’être devant un Beat’em All typique des générations précédentes de consoles.
Une construction purement dans la veine d’un Ninja Gaiden II/Sigma 2. Une linéarité ponctuée d’affrontements de haute intensité et conclue par un boss et/ou une cinématique épique. Valkryie Elysium prend cette direction, à la différence qu’il s’agit d’un titre actuel n’ayant pas jugé bon de soigner sa mise en scène et sa narration, comme dit plus haut. Par conséquent, dans une certaine mesure, le soft de Soleil échoue à convaincre, aujourd’hui du moins, mais indéniablement en tant que représentant de Valkyrie Profile. Visuellement, la patte graphique teintée de cel shading offre un rendu qui à le mérite, au moins, d’avoir son charme et d’éviter quelques écueils supplémentaires sur l’esthétique.
Northwomen
Un constat en apparence alarmant, et pourtant. Le studio Soleil sauve les meubles. Il va sans dire qu’au vu du calendrier de sorties Square Enix, le temps de travail et le budget alloué pour le projet Valkyrie Elysium ont du être délicats, on le voit en jeu. Cependant, on pouvait s’y attendre, la présence des gens de Soleil permettent au titre de jouir d’un gameplay vraiment très bon. L’atout indéniable du titre. Une fois passées les premières heures de jeu, on découvre l’éventail de possibilités offertes. Les combats n’ont rien de compliqué. Une garde, une esquive et un contre pour les techniques défensives. Un coup moyen et un fort pour les offensives, en plus des invocations et des sorts à lancer.
Une approche déjà vue, jusque dans le mapping des touches qui reprend les habituels raccourcis gâchette pour la magie prisés des action-RPG. Mais là ou le titre se démarque c’est dans l’utilisation des Einherjar. Ces derniers peuvent vous aider à prolonger un combo mais surtout imprégner votre arme de l’élément auquel appartient votre compagnon. Détail primordial puisque chaque ennemi aura sa faiblesse élémentaire, en plus d’une faiblesse en fonction de l’arme utilisée. Un nombre suffisant sera découvert durant l’aventure, récompense de coffres ou de quêtes, et il est permis d’en équiper deux sur soi.
Bien qu’il soit impossible de switcher de manière aussi fluide que dans un DMC, l’usage du pseudo grappin vous octroiera le laps de temps nécessaire pour switcher d’arme avant l’impact avec l’ennemi. En outre, le jeu propose un système tout droit sorti de la franchise d’Itagaki, avec les rangs de maîtrise pour chacune des armes ainsi que des paliers de niveaux à débloquer moyennant des ressources glanées en mission. Après augmentation, les dégâts sont boostés et vous déverrouillez de nouveaux coups et combos. Cela donne de quoi s’amuser et expérimenter.
The Last King
Diverses combinaisons existent, et une fois les plus hauts rangs atteint le gameplay monte d’un cran, pour notre plaisir. On a vu mieux en terme de richesse et panoplie d’attaques, mais Valkyrie Elysium peut se vanter d’avoir suffisamment de profondeur pour se laisser apprécier et évoluer à bon rythme. Le seul bémol notable est le manque de diversités des armes. Il y a bien de la différence, mais des mouvements peuvent revenir de l’une à l’autre. De surcroît, on doit essentiellement composer avec des lances et épées, rien de bien extravaguant, hormis deux ou trois armes qui tentent quelque chose.
Enfin, on pestera contre un challenge qui, en mode normal, n’est pas au rendez-vous. Une fois les rouages du gameplay assimilés et maîtrisés, sans parler de vos Einherjar bien utiles, on peut facilement rouler sur le bestiaire, voir la majorité des boss. Le mode difficile pousse un peu plus loin mais ne nous pousse pas dans nos retranchements, de ce que l’on a vu. Il en ressort des éléments de gameplay sous exploités, comme la mécanique de PC empruntée aux Pods de NieR Automata ou bien les faiblesses liées aux armes, qui n’ont pas autant de poids que cela sur les créatures, excepté les boss.
C’est indéniablement la caméra qui nous met en mauvaise posture, encore une tare habituelle du genre. Et Valkyrie Elysium peine à amoindrir son impact néfaste. En cause, le système de lock notamment, qui peut vite être problématique avec trop d’ennemis à l’écran. Inutile de dire que la lisibilité est fortement mis à mal dans les affrontements les plus denses et pyrotechniques. D’autant plus que le framerate à tendance à lâcher lors de ces moments, et ce sur PS4 comme sur PS5. Des soucis techniques dommageables et qui desservent grandement l’expérience, en plus de prouver que Square Enix n’a pas fait du titre sa priorité. Des choix discutables au vu de l’importance de la franchise.
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