Habitué par nature aux périodes de grand froid et au vent glacial de par mes origines vosgiennes, la critique de Vambrace : Cold Soul me fut en toute logique attribuée. S’inspirant largement de Darkest Dungeon, Vambrace se présente lui aussi comme un dungeon-crawler en 2D vue de côté où quatre aventuriers navigueront à tâtons de salle en salle en espérant éviter pièges mortels et autres embuscades, préférant trouver moult trésors étincelants. Le twist ? Ça se passe sous la neige et il y a une histoire divisée en chapitres. Ah, et c’est vachement moins bien aussi. Désolé.
Sommaire
ToggleClasse de neige
Franchement, on aurait aimé y croire. Mais malgré lui, Vambrace : Cold Soul partait déjà avec un sérieux handicap en diffusant son premier trailer le même jour qu’un certain Darkest Dungeon 2 qui, comme de par hasard, se la joue lui aussi soldat de l’hiver. Reprenant à son compte la plupart des mécaniques qui ont fait le succès du jeu de Red Hook, les Coréens de Devespresso Games ont préféré se distinguer par leur direction artistique. Si tous les clichés du genre sont au rendez-vous (les nains manient la hache, les hommes-renards sont de bons commerçants, les elfes font de bons soigneurs, etc.), il faut reconnaître que l’ensemble est agréable à l’oeil et rend parfaitement honneur au style manhwa (les “mangas” coréens ndlr).
Sans oublier quelques fulgurances lors des artworks dédiés aux événements aléatoires et aux séquences importantes de l’histoire et qui possèdent un style beaucoup plus affirmé que l’on aurait aimé peut-être voir plus souvent. Même constat pour les musiques qui, si elles ne sont pas si nombreuses, dépeignent parfaitement l’atmosphère des différents lieux que l’on visite. En revanche, côté représentation, les demoiselles ont toutes une poitrine affriolante et les hommes ont une peau étonnamment lisse pour des gens censés survivre avec 3 bouts de ficelle. Comparaison oblige, on est bien loin des visages endoloris et marqués par les batailles de nos compagnons d’infortunes présents dans Darkest Dungeon.
L’autre grande différence avec son mentor se trouve du côté du scénario. Si le bon vieux DD préfère jouer sur son ambiance et son narrative design, Vambrace y va frontal en nous contant les aventures de Evelia Lyric, fille du professeur Lyric, fraîchement décédé, et qui lui a laissé une étrange lettre lui demandant de se rendre à Icenaire. Heureusement pour elle, le brassard magique se trouvant dans le même colis est fourni avec les piles, ce qui permet à notre héroïne de traverser la barrière de glace qu’on dit que personne n’en est jamais revenu vivant.
Pas de bol, elle s’évanouit dans la foulée et se fait capturer par les gardes d’Icenaire qui la prenne pour une espionne travaillant pour le compte de la Flamme Verte, les méchants du coin. Mais par la puissance des attributs féminins et de la facilité scénaristique, Evelia parvient à se faire libérer sur parole, empochant au passage de précieux deniers, gentiment offerts par le geôlier lui-même. Ainsi débute notre aventure. Celle-ci se divise en deux phases : celle de préparation et d’exploration de la ville et celle où l’on part à la surface afin d’accomplir diverses missions liées à l’histoire.
Les Montagnes hallucinées
On navigue dans les rues souterraines d’Icenaire en vue du dessus façon vieux RPG pour rejoindre différents quartiers remplissant chacun une fonction bien précise : auberge, marché, panneau de recrutements et autres hôpitaux. Si dans un premier temps, on suivra bêtement les gros points d’exclamations synonymes de quêtes plus ou moins annexes, il faudra néanmoins mémoriser rapidement la cartographie locale puisqu’aucune icône salvatrice ne viendra vous aider, à moins de vous coller au bâtiment. En gros, on perd notre temps avec de trop nombreux allers et venus là où une interface cliquable aurait été plus ergonomique et probablement plus jolie. Qui plus est, une fois à l’intérieur des bâtiments, la navigation repasse en 2D de face, histoire d’un peu plus perturber notre sens de l’orientation.
Et tout ça pour quoi ? Pour récupérer des pages de codex que personne ne lira jamais et subir des dialogues insipides qui name drop des noms aléatoires d’heroic fantasy plus qu’un otaku en convention. Car si Devespresso se vante d’inspirations telles que Darkest Dungeon (évidemment) ou Castlevania (???), le studio cite également Skyrim, non pas pour son climat (quoi que…) mais pour son lore. Mais là où Elder Scrolls propose de découvrir sa mythologie par l’architecture, les habitants ou encore, par ses nombreux livres, Vambrace tente de nous décrire un monde dont on ne verra finalement pas grand-chose, hormis des ruines qui se succèdent autant qu’elles se ressemblent.
Le plus rageant reste la façon qu’a Vambrace de ne jamais respecter les attentes du joueur.
Une fois notre équipe constituée et les enjeux posés (la méchante sorcière s’est barrée de prison, faut la retrouver avant qu’elle donne au Night Ki – au Roi des Ombres – la position de la cité secrète), direction la surface. La population locale étant essentiellement constituée de morts-vivants, tantôt marchands, tantôt belliqueux, il faudra faire preuve de tactique mais surtout de chance pour parvenir jusqu’au boss. Le chemin jusqu’à celui-ci étant interminable puisqu’il est nécessaire de traverser pas moins de 5 quartiers constitués de 5 à 6 salles en ligne droite (pour une dizaine au total si on s’amuse à explorer). Chaque pièce peut contenir au choix un pack d’ennemi, un campement, des coffres, un marchand ou un événement aléatoire, en plus de pièges allant des sempiternels mimic aux crevasses et autres totems maudits.
A noter qu’il est possible d’accéder à de meilleurs objets au magasin ou encore d’éviter les pièges grâce à un jet de dé invisible qui dépend de vos statistiques (dextérité, marchandage, perception, etc.). Dans tous les cas, il ne faudra pas traîner au risque de voir la jauge de terreur atteindre un certain seuil, ce qui attirera des monstres dans toutes les salles au détriment du reste. Le souci c’est que cette jauge augmente pour tout et n’importe quoi : à chaque ouverture de porte (même vers une pièce déjà explorée), lorsque vous vous reposez à un campement, ou lors du déclenchement d’un piège, ce qui, vous en conviendrez, incite peu à l’exploration. D’autant plus que l’inventaire est limité en place, n’imaginez donc pas ouvrir de nouveaux coffres passé la moitié du donjon.
Elle et l’UI
Néanmoins, c’est lors des combats que Vambrace dévoile tout son potentiel pour nous décevoir. Jusqu’ici, l’interface était déjà parmi les pires du genre : impossibilité de voir les PV lors de l’utilisation d’un objet de soin, système de positionnement qui demande de sélectionner un par un qui échange sa place avec qui, curseur qui se remet en position neutre dans l’inventaire après utilisation d’un objet, c’est pourtant lors des affrontements qu’elle se montre la plus pénible.
Par exemple, survoler un sort n’affiche pas son effet ; il faut passer par l’écran de statistiques du personnage pour obtenir l’info. Même chose pour les dégâts infligés qui ne s’affichent non pas au-dessus du modèle à l’impact, mais en tout petit sur le portrait en haut de l’écran. C’est d’ailleurs sur ces mêmes portraits qu’il faudra cliquer pour attaquer un adversaire, et pas ailleurs. Et si la forme n’est déjà pas fameuse, le fond… touche le fond.
Vambrace propose une dizaine de classes (berserker, soigneur, paladin, fusiller, etc.), qui n’offrent que très peu de subtilités. En effet, elles ne sont dotées que de deux capacités : une de base, le plus souvent une attaque qui fera autant de dégâts que votre stat de combativité (ou un soin basique pour les classes de soutien) et une seconde spéciale qui se chargera au fur et à mesure du combat. Et. C’est. Tout.
Pire, à part l’héroïne (qui est un membre permanent du groupe et dont le décès est synonyme de game over), aucun personnage ne peut gagner de niveaux. Et ils n’ont à leur disposition qu’un seul et unique emplacement d’équipement, ce qui laisse très TRÈS peu de marge de manœuvre pour tenter des stratégies. On se contentera donc de sagement respecter la sacro-sainte trinité tank-dps-heal en espérant ne pas faire une Fire Emblem et mourir à cause d’un coup critique adverse sorti de nulle part.
Tits or GTFO
Et pourtant. Et pourtant. Si tous ces éléments s’entassent pour nuire au fun, le plus rageant reste la façon qu’à Vambrace de ne jamais respecter les attentes du joueur. Déjà en dévoilant tout son (faible) potentiel dès le tutoriel, qui par son interface nous fait comprendre qu’il ne faudra pas attendre beaucoup plus des combats, mais surtout par son traitement de ses personnages et de son univers.
Nous avons déjà mentionné l’étonnante facilité avec laquelle Evelia parvient à sortir de prison mais tout dans le jeu lui semble dû, alors que tout du long, nous sommes soupçonné d’espionnage sinon de haute trahison. Besoin d’une chambre ? Pas de souci, l’aubergiste a une arrière salle avec un lit. Il faut aller voir quelqu’un de louche dans les bas quartiers ? Voilà un laisser-passer pour l’intégralité de la ville. Vous voulez voler une relique sacrée à la chef d’une tribu, êtes pris en flagrant délit, décidez de jouer la carte de l’honnêteté en disant qu’on vous a payé pour obtenir ladite relique ? La nana vous donne l’objet parce que vous avez été sincère. Et de quoi s’agit-il ? De lingerie en dentelle. Un des 26 (!) costumes déblocables pour habiller notre poupée en 2D. Faut pas déconner mec.
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