Vampire: The Masquerade – Swansong est l’un de ces jeux qui tente de redonner un second souffle à la célèbre franchise de jeu de rôle papier. C’est pourquoi vous voyez sans doute plusieurs projets autour d’elle. L’éditeur Nacon et Big Bad Wolf Studio en ont profité pour nous offrir un jeu narratif à la sauce RPG. Un domaine que le développeur avait déjà exploité brillamment avec The Council. Voyons s’ils arrivent à faire encore mieux avec les vampires.
Conditions de test : Nous avons terminé le titre deux fois sur PC (16 Go de RAM DDR4 3000MHz, Radeon 6800 XT, et un AMD Ryzen 5 2600) sachant qu’il s’agit d’un jeu narratif où plusieurs fins peuvent être débloquées.
Sommaire
ToggleBoston se fait du mauvais sang
Commençons par une bonne nouvelle concernant le titre qui se révèle très accessible aux néophytes qui ne connaitraient pas la série de jeu de rôle papier. Cette aventure narrative, dépeinte à travers le parcours de trois protagonistes, nous permet d’avoir une bonne vision d’ensemble du « Monde des ténèbres ». Avoir un univers aussi riche dès le départ donne effectivement un sacré avantage à Swansong, qui peut étaler sa narration sans devoir faire des introductions trop lourdes.
On apprécie le fait qu’on nous laisse la possibilité d’ouvrir le codex en appuyant sur une simple touche durant un dialogue pour rapidement avoir les informations nécessaires à la compréhension d’un contexte, ou bien par simple curiosité. C’est vraiment très pratique pour ne pas casser le rythme en cherchant dans les menus.
Malgré tout, on comprend assez vite les contours de cette société secrète de vampires divisée en plusieurs clans qui vivent aux côtés des humains durant la nuit. Malgré des divergences, tous respectent une loi fondamentale, la Mascarade, qui oblige tous les vampires à garder le secret de leur espèce. Le péril de la Mascarade est d’ailleurs l’un des enjeux de Vampire: The Masquerade – Swansong, qui entame son histoire après une attaque lors d’une soirée où deux factions devaient négocier.
Ne sachant pas ce qu’il se passe exactement, le Prince de la Camarilla, à savoir la plus haute autorité dans la ville de Boston, va envoyer trois vampires centenaires enquêter de leur côté pour en savoir plus. Galeb, Leysha et Emem se connaissent, comme l’indique le tout début du jeu, toutefois les liens entre eux ne sont pas clairement pas au cœur de l’intrigue. Chacun possède réellement sa propre quête et un background assez riche que l’on épluche au fil des missions. Big Bad Wolf Studio a réussi ce tour de force de ne pas tout mélanger, tout en gardant une certaine cohérence puisque toutes leurs découvertes et les situations qu’ils vivent sont plus où moins liées dans un grand ensemble.
Pas de souci à se faire du côté de l’histoire, dans laquelle on s’immerge facilement. Enquêtes, trahisons, complots, violence et choix divers sont les ingrédients de ce cocktail très savoureux. D’autant que le dénouement n’est pas gravé dans le marbre puisque le titre propose 15 fins différentes pour l’intrigue principale, 10 pour les PNJ et 6 pour les factions.
Entretien avec trois vampires
Après l’introduction dans la demeure du Prince, il vous faudra enchainer les missions en optant pour le personnage que vous voulez et dans l’ordre que vous souhaitez. Chacun d’entre eux est assez singulier et correspond non seulement à un pan du jeu en matière de gameplay et d’approche, mais aussi en ce qui concerne le lore puisqu’ils proviennent de clans différents. Cependant, leur personnalité n’est pas définie entièrement par ce trait.
On peut y voir un regard différent dans le temps lorsqu’on apprend à les connaitre. Galeb est le plus vieux vampire de la ville, il est froid et très dévoué envers la figure du Prince. Leysha est une femme qui se réveille après des années de sommeil à cause d’un traitement censé guérir son instabilité mentale causé par un don rare qui lui permet d’avoir des prémonitions. Emem est quelqu’un voulant vivre librement son immortalité dans les cafés théâtres qu’elle dirige et qui sont très prisés. Elle ne s’intéresse pas vraiment aux affaires de la cour.
Nous avons donc un Galeb très lié par un passé qui pourra éventuellement le rattraper, et qui reste intéressant pour le joueur puisqu’il s’agit d’un vampire très vieux et donc très érudit, une Emem encrée dans le présent qui va jongler entre ses désirs personnels et ses obligations envers la Camarilla, et Leysha qui cherche à avoir un avenir avec sa fille malgré sa condition.
Leurs profils se reflètent plus ou moins dans le gameplay, car en plus de l’aspect RPG du titre qui nous laisse créer une fiche de personnage afin de distribuer les premières caractéristiques (avec des choix prédéfinis ou bien librement), ils possèdent des capacités uniques. Leysha peut par exemple se rendre invisible et changer d’apparence en copiant un uniforme pour s’infiltrer aisément. Galeb joue plus un rôle d’enquêteur classique avec ses habilités de Ventrue, tandis que Emem est conforme à son ouverture d’esprit et sa figure de négociatrice. Elle est donc amenée à interagir avec énormément de PNJ.
En revanche, son pouvoir unique de célérité, qui lui permet d’atteindre des endroits éloignés et de ralentir le temps, rend ses missions moins intéressantes en matière de gameplay. Le principe devient très vite redondant et ne correspond pas forcément à l’image que l’on se fait d’elle. Le studio a sans doute voulu éviter de rendre ses phases trop similaires aux deux autres, mais malheureusement ça ne prend pas.
Du RPG dans une formule à la Telltale
Heureusement, le tronc principal est suffisamment solide pour nous tenir en haleine. Comme on le disait, les caractéristiques choisies lors de la création de la fiche des personnages vont vous ouvrir des portes vous permettant de résoudre le mystère principal et récolter de précieux indices concernant des affaires annexes. Cela veut dire que d’autres vous seront fermées. Parfois, il vous sera possible d’obtenir des informations via plusieurs moyens quand ceux-ci ne seront pas du tout disponible à cause de vos statistiques actuelles. Concrètement, cela se traduit par exemple dans les dialogues où l’on pourra choisir la rhétorique ou la psychologie pour faire parler un PNJ. Ou encore pour ouvrir une porte ou débloquer un ordinateur via le piratage si vos points en technologie sont assez élevés.
Les PNJ possèdent d’ailleurs leur propre fiche et ils pourront parfois se défendre contre vos « attaques ». En cas d’égalité, un dé se lance pour savoir si vous gagnez ou non la joute verbale. C’est de temps en temps une question de chance, même si un pourcentage vous donne tout de même une idée de l’issue la plus probable. Le paroxysme de ce concept intervient lors des « confrontations » faisant office de combats dialectiques où le droit à l’erreur est limité.
Comme tout bon RPG, vos actions vous permettent d’améliorer vos personnages entre chaque enquête en dépensant de l’EXP et de gagner des traits positifs ou négatifs. Notre première partie était une pure découverte et l’on passe bien sûr par énormément d’erreurs. Malgré la frustration par moment, on accepte facilement la chose puisque la notion de choix offre réellement des situations différentes et parfois surprenantes. On a aussi envie de découvrir ce que l’on a manqué précédemment. Ainsi, la rejouabilité reste assez satisfaisante comme l’a démontré notre seconde partie.
On apprend aussi à mieux gérer ses compétences ainsi que l’énergie dépensée pour celles-ci, de même que la gestion de la faim. Car Galeb, Leysha et Emem possèdent également des pouvoirs vampiriques leur donnant la faculté de dominer leurs opposants durant les dialogues, ou encore de révéler des choses cachées dans le décor. Chaque utilisation accroit votre faim que vous pouvez combler en emmenant des PNJ dans des endroits sûrs découverts durant votre exploration.
Vampire: The Masquerade – Swansong fait intervenir la protection de la Mascarade à travers une jauge de suspicion partagée par les trois protagonistes. Lorsqu’elle se remplit, elle vous octroie des malus non négligeables qui plomberont toute votre partie. Si vous tuez un PNJ en vous nourrissant ou encore si vous ne trouvez pas certains documents sensibles, vous la ferez augmenter. C’est peut-être de la mauvaise foi de notre part, mais cette jauge se remplit entièrement un peu trop facilement.
Une bande son A+
Globalement, le titre nous offre une bonne dose d’exploration et d’enquête. Mis à part quelques-uns, chaque segment est très fouillé et nous force à chercher dans les moindres recoins, à recouper les informations et parfois à résoudre des énigmes assez retorses. C’est l’un de ces jeux où il faut de temps en temps prendre quelques notes afin de s’en sortir, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Comptez une quinzaine d’heures pour finir une première fois l’aventure, et bien plus car on le recommencera facilement au moins deux fois de plus pour expérimenter le plus gros.
Il dispose aussi d’un très bon doublage anglais et de musiques marquantes comme sait si bien le faire Olivier Derivière (A Plague Tale : Innocence, Dying Light 2). On ne retiendra pas forcément les ambiances durant nos investigations, en revanche le compositeur sait frapper fort quand il faut. On retient notamment le thème menaçant de Galeb ou encore celui de Leysha, très mélancolique.
Vampire: The Masquerade – Swansong laisse tout de même transparaitre son statut de jeu AA avec des expressions faciales et animations assez datées. Par contre, les décors de la majorité des environnements (en particulier les intérieurs) forcent le respect tant ils sont détaillés et remplis d’éléments qui permettent de ne pas trop nous faciliter la tâche, afin de nous immerger au mieux dans nos recherches.
Cet article peut contenir des liens affiliés