Développé par le Friend & Foe Games – un studio indépendant fondé par des développeurs chevronnés ayant travaillé sur des jeux AAA comme The Last Guardian et Killzone – Vane est un jeu d’exploration contemplatif. Annoncé lors de la PlayStation Expérience de 2016, le titre avait attiré l’attention du public grâce à sa direction artistique singulière. Il est en vente sur le PlayStation Store depuis le 15 janvier 2019, au prix de 21,99 €.
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ToggleAvant tout, une expérience qui se vit
Il n’est pas facile de résumer l’histoire de Vane en quelques mots. Son interprétation variera d’un joueur à l’autre tant elle est abstraite et énigmatique. Le prologue s’ouvre sur une terrible scène de tempête. Au milieu d’un monde en ruine, littéralement déchiré par des vents violents, un petit enfant tente d’échapper à la tempête et cherche à protéger un objet qu’il porte contre lui. Après un fondu noir, le joueur prend le contrôle de l’oiseau dans une vaste étendue désertique et silencieuse. Ce brusque changement de perspective est à l’image de l’aventure proposée : déstabilisante. Vane est avant tout une expérience. On incarne un enfant aux pouvoirs mystérieux. Doté de la capacité de se transformer en un superbe corbeau au plumage flamboyant au contact d’une étrange matière dorée, il doit se frayer un chemin dans un paysage aride. Ses actes déclencheront une série d’événements qui remodèleront le monde qui l’entoure.
Dans un immense désert parsemé de ruines d’un autre temps, une étrange poussière dorée transforme un corbeau au plumage radieux en un jeune enfant.
Dans Vane, ne vous attendez pas à être pris par la main. Dépourvu de tutoriel ou de texte, le jeu a été développé avec la conviction que les joueurs doivent trouver leur propre chemin à travers le monde. Le résultat est un environnement minimaliste et austère qui encourage l’exploration jusqu’au bord du gouffre, le tout sur une bande sonore électronique aux accents industriels et entièrement originale. Pour résoudre les différentes énigmes qui parsèment l’expérience, le joueur doit changer régulièrement de forme car c’est le décalage entre les perspectives d’un oiseau et celle d’un enfant qui sera la clé pour percer les mystères de la terre et créer sa voie jusqu’à la scène finale. Cette dernière, sombre et troublante, est d’ailleurs assez réussie mais n’apporte pas de réel éclaircissement quant à la trame narrative.
Nous avons créé Vane avec la conviction que les joueurs doivent trouver leur propre chemin dans le monde, et explorer jusqu’au point de se perdre – et le résultat est une expérience audiovisuelle surréaliste qui ne vous mène pas par la main (Friend & Foe Games).
Trouver son propre chemin
Vane propose une expérience épurée, sans texte, sans carte, sans objectif car cela assisterait trop le joueur. Par ses secrets, sa direction artistique bluffante et sa bande originale sombre et délicieusement rythmée, le jeu fascine. L’absence d’indication frustrera certains joueurs mais elle forcera d’autres à prêter davantage attention aux sons et aux images du monde dans lequel ils baignent. Une lueur, un reflet, un cri d’oiseau sont autant d’indices laissés par les développeurs. Néanmoins, ces indications sont rarement évidentes et à force de se perdre dans des étendues qui semblent immenses, on s’ennuie et on finit par abandonner. Dans Vane, on ne comprend pas bien ce que l’on fait : on avance surtout par tâtonnements. L’exploration devient errance et on peut finir par se demander si tout cela à vraiment un sens.
En laissant si peu d’indices aux joueurs, les développeurs de Vane ont aussi créé une expérience qui peut être obtuse et mystifiante. En fait, le plaisir que vous procurera ce titre dépend entièrement de la patience dont vous ferez preuve pour découvrir ses nombreux mystères tout seul.
En outre, Vane offre très peu de possibilités de sauvegardes. Ces dernières se font de manière automatique entre deux parties. Sachant que le titre est composé de quatre chapitres, précédés d’un prologue, le nombre de points de sauvegarde est extrêmement limité. Le joueur est alors contraint de recommencer le chapitre s’il ne l’a pas bouclé lors de sa dernière session de jeu, ce qui est dérangeant lorsqu’on a passé près d’une heure à explorer une zone gigantesque.
Un monde immense qui donne le vertige
En ce qui concerne la durée de vie, bien que l’aventure puisse théoriquement être bouclée en moins de 30 minutes, celle-ci peut s’étendre sur plusieurs heures : lorsque le joueur prend simplement le temps de contempler l’univers qui l’entoure, lorsqu’il se perd ou lorsqu’il est confronté à des soucis techniques qui entravent sa progression. En effet, le titre de Friend & Foe Games est criblé de problèmes techniques qui viennent entacher l’expérience du joueur, pourtant si importante aux yeux des développeurs. Les déplacements de l’enfant sont lourds et imprécis. Il en va de même pour les contrôles de l’oiseau, qui passe d’ailleurs souvent à travers des perchoirs au lieu de s’y poser. Les sensations de vol sont agréables lorsqu’elles ne sont pas gâchées par les mouvements chaotiques de la caméra qui se met là où elle ne devrait pas. Le titre contient également de méchants bugs qui, si vous les croisez, vous obligeront à recommencer la partie depuis le début.
Même si l’on laissait de côté les défauts techniques que nous venons de relever, Vane n’est clairement pas un jeu grand public. Muet et contemplatif, il fera tomber la manette des mains de nombreux joueurs mais, à l’instar de bien d’autres jeux de la scène indépendante, il nous amène à questionner et à repenser nos habitudes de jeu.
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