Mis en avant par Nintendo lors de son Indie World de septembre 2022 et aperçu dans plusieurs autres conférences comme le Wholesome Direct de juin dernier, Venba est un jeu indépendant développé et auto-édité par Visai Games, un studio canadien basé à Toronto, et qui tient là son tout premier jeu, sur une famille d’immigrés que l’on suivra durant une trentaine d’années.
Conditions de test : Nous avons effectué deux parties complètes de Venba sur PlayStation 5, le tout pour environ 3h de jeu.
A table !
Si vous vous posez la question, Venba est en fait le prénom de notre héroïne, une jeune femme d’origine sud-indienne, débarquée au Canada avec son mari dans l’optique de réussir leur vie et d’offrir à leurs futurs enfants une stabilité, une éducation et les moyens de réussir.
L’aventure débute dans les années 80 tandis que le couple d’immigrés est en difficulté financière, notamment parce que le mari de Venba, Paavalan, ne trouve pas d’emploi correspondant à ses qualifications. La jeune femme découvrant alors attendre leur premier enfant, Kavin, nous allons donc suivre au fil des chapitres la vie de cette famille battante et qui ne pourra, entre autres, compter que sur elle-même en tentant de rester souder malgré le souhait d’émancipation de Kavin.
Ne comptez par contre pas passer de multiples heures pour atteindre le dénouement de cette histoire, puisque celui-ci n’interviendra qu’au bout d’une heure et demie en moyenne, en rajoutant à cela quelques variations de situations ou dialogues augmentant légèrement la durée de vie en rejouant les chapitres concernés mais sans bouleverser l’expérience, une seule run pouvant largement suffire.
Une durée de vie très courte, qui pourrait en décevoir certains et certaines, surtout quand le prix annoncé avoisine les 15€. Mais tout le monde le sait, le temps de jeu et le prix n’ont pas toujours une corrélation adéquate, et clairement ici, le message et le rythme nous ont convaincus même pour le prix demandé. De plus, si vous êtes abonnés au Xbox Game Pass, le jeu est présent dans le service depuis son lancement, et l’est toujours à date, une manière de l’essayer sans mettre davantage la main au porte-monnaie.
Malgré tout, nous tenons là une fable touchante, criante de vérité, qui sent forcément le vécu, dépeignant des situations de la vie réelle, des situations de famille tout à fait plausibles, avec ses joies et ses malheurs, venant agrémenter les phases de gameplay qui resteront à la marge, tout en proposant de belles idées ludiques.
La transmission Tamil
Le gameplay de Venba se compose de quelques éléments clés : des choix de dialogues, à certains moments précis de l’aventure (pouvant jouer sur les réactions de Venba, mais aussi sur son couple et sa vie de famille), mais aussi et surtout des phases de cuisine, constituant l’ADN ludique du jeu.
En effet, à travers une petite dizaine de saynètes, vous allez devoir tenter de reproduire des recettes typiques, héritées de vos aînés, et inscrits dans un livre de recettes qui aura malheureusement, été fortement abîmé lors de votre voyage vers le Canada.
L’occasion toute trouvée pour mettre vos méninges à rude épreuve et vous forcer à imaginer les étapes, les ingrédients, mais aussi les ustensiles utiles à la parfaite réalisation de la recette. Rassurez-vous, si vous êtes bloqués, des aides en jeu pourront être choisies, subtiles et progressives pour vous permettre de réfléchir au maximum par vous-même. A vous de percer les secrets familiaux des recettes comme par exemple l’ordre dans lequel les ingrédients doivent être incorporés, comment éviter que cela ne déborde, n’accroche et autres dans de petites séquences d’une dizaine de minutes maximum.
C’est peut-être finalement l’un des regrets de cette aventure au concept pourtant étonnant et intéressant, mais clairement déstabilisée dans sa répartition narration/dialogues et ateliers de cuisine. On aurait clairement aimé apprendre plus de recettes et mettre plus la main à la patte.
Bien que les animations et les scènes vous sembleraient minimalistes, et objectivement elles le sont quelques peu, on ne peut que louer la qualité des dessins et les couleurs utilisées pour faire vivre l’ensemble. Comme dessinés à la main, ces personnages prennent vie, évoluent au fil du temps, gagnent de l’âge et de la maturité, même si l’on pourra regretter l’absence de dialogues audio entre les personnages, se contentant de quelques bruits légers accompagnant les dialogues, le jeu disposant tout de même de sa propre bande originale que l’on peut entendre à travers la radio allumée avant chaque recette.
Associé à cette absence de dialogues, sûrement due à un faible budget de développement, on regrettera également surtout l’absence de localisation française, le tout étant uniquement présent en anglais (y compris les phrases prononcées en langue maternelle), ce qui reste fort dommage du fait que le jeu demeure une expérience narrative, ce qui constituera un frein pour les bilinguo-sceptiques. A noter enfin que le jeu tournait comme un charme sur PlayStation 5 (bien que la manette DualSense ne soit pas prise en charge) et qu’aucun bug n’a été à déclarer, un sans-faute pour le jeu signé Visai Games.
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