Dans l’attente de gros AAA en quête incessante de réalisme, revenons sur Vengeful Guardian : Moonrider. Du néo-rétro comme on aime, avec de l’action et de la plateforme à défilement latéral et puisant dans des classiques de l’ère 16-Bits, Shinobi et Hagane pour ne citer qu’eux. Développé par JoyMasher, studio brésilien derrière Oniken, Odallus et Blazing Chrome, le titre est édité par The Arcade Crew, qui n’est autre que le label de Dotemu dédié à l’indépendant.
Une œuvre à la proposition radicale, puisque les développeurs annoncent clairement une expérience de 2 heures de jeu, pour une run, le but étant de mettre l’emphase sur la rejouabilité. Se perfectionner, apprendre à connaître les niveaux et augmenter son score, comme cela se faisait à l’époque à laquelle le soft renvoie. Ca va trancher à toute allure, vous êtes prévenus.
Condition de test : Nous avons joué sur PS4 pendant environ 6 heures, afin de terminer le jeu, refaire les niveaux pour améliorer notre rang, ainsi que récupérer les collectables à trouver.
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A peine le jeu lancé que des cut-scènes en images fixes viennent exposer un contexte narratif des plus surprenants. Attaché à l’idée de faire passer un message aux joueurs, joueuses, à transmettre un état d’esprit optimiste dans un monde assombri politiquement, que ce soit le Brésil et ses problèmes récents, ou le monde opprimé de Vengeful Guardian : Moonrider, JoyMasher gratifie le soft d’une véritable histoire.
Un parallèle conscient et volontaire avec la réalité de la part des studios qui se sont aussi inspirés de personnes réelles pour leurs personnages. Dans l’univers de Vengeful Guardian, un état totalitaire domine le monde et utilise des super soldats comme armes de défense et de guerre. Le Moonrider est un de ces guerriers modifiés et, lorsqu’il est mis en fonction, rejette son objectif, préférant mettre ses talents au service de sa quête de vengeance contre ses créateurs et collègues.
Un classicisme qui ne manque pas de poser un univers intéressant, bien mieux exploité et mise en avant que dans un Cyber Shadow. On le répète régulièrement pour ce genre de jeu, comme pour du Beat’Em All à la River City Girls, même si l’on ne vient pas pour le scénario en premier lieu, sa présence, aussi simpliste soit-elle, a le mérite d’apporter un lore, de la densité à l’ensemble, ainsi qu’une identité. Ce n’est pas négligeable. Donc oui, l’intrigue est basique, mais elle offre ce qu’il faut de profondeur à l’univers de Vengeful Guardian : Moonrider, en plus d’avoir quelque chose à nous raconter.
V pour Vengeful
La direction artistique aide également à s’impliquer. Le pixel art est très beau, dans le pur style d’un Shinobi 3 ou d’un Hagane dont le Moonrider reprend en partie le chara design. Environnement divers et variés, on traverse une forêt lugubre, des complexes futuristes, ou des zones au cadre plus horrifiques ornementées de designs rappelant les travaux d’HR Giger, ce que l’on retrouvait aussi fréquemment dans les jeux de l’époque. Une esthétique à la fois sombre et brutale, renvoyant à l’architecture communiste froide et imposante, ce qui fait sens au vu du scénario de Vengeful Guardian : Moonrider.
Quant au bestiaire, sa diversité est suffisante, autant que réussie, on va croiser toutes de sortes de ninjas, de monstres, quand ce ne sont pas des machineries organiques issues du courant biopunk. En outre, notre quête de vengeance est soutenue par les excellents morceaux de l’OST. Pas une musique n’est à jeter et toutes, sans exception, transcendent nos parties. C’est une véritable réussite en plus d’apporter la touche de cohérence suffisante avec l’univers dépeint grâce à une omniprésence de techno industrielle, à la fois mélodique et bruyante, sans omettre quelques sonorités asiatiques. Une bande-son digne des jeux rétros les plus inspirés et qu’on ne se lasse pas d’écouter.
La maîtrise du sujet est certaine. JoyMasher nous a concocté un titre néo-rétro efficace et qui parvient à puiser ses idées dans des licences diverses, sans pour autant perdre de sa personnalité. On ne sera pas surpris de voir des emprunts fait à Mega Man et Mega Man Zero, ou encore Shinobi comme nous le disions. Que ce soit sur les mouvements, la maniabilité, Mega Man Zero ressort beaucoup. Pourtant, en terme de structure de jeu on tend plutôt vers son aîné. En effet, Vengeful Guardian : Moonrider reprend le principe de niveaux à parcourir dans l’ordre de son choix, chacun symbolisé par un lieu et un boss. Ce dernier, une fois vaincu, vous donnera un pouvoir qui pourra être utile face à un autre ennemi.
First Weapon Drawn
Un déroulé qu’on apprécie et qui permet de ne pas être bloqué sur une zone. Si ce n’est sur quelques passages plus vicieux que d’autres, le soft reste totalement abordable, la difficulté est finalement très bien gérée. Qui plus est, quand on a la chance d’avoir trois vies pour un niveau et des checkpoints intelligents. Néanmoins, il s’avère que Vengeful Guardian : Moonrider manque un peu d’inspiration dans son level design et sur des patterns de boss. Le level design reste efficace, malgré un manque de folie et de surprise, mais les patterns de boss peuvent montrer quelques redites un peu regrettables.
Notamment au vu de la durée de l’expérience. De même que certains pouvoirs ne semblent pas si utiles, quand d’autres sont beaucoup plus efficaces. En outre, pour un soft porté sur le scoring, il est surprenant de ne pas trouver de classement en ligne pour se mesurer aux autres joueurs. Vengeful Guardian : Moonrider ne nous explique pas non plus quelles pourraient être les conditions exactes pour améliorer son score. Un petit manquement qui aurait pu être évité. Au moins, on pourra toujours s’amuser à refaire les niveaux pour flatter son égo ou pour récupérer les collectables disséminés, le plus souvent des puces. D’autant que manette en main, c’est très fluide et plaisant.
Ces dernières peuvent être équipées aux deux emplacements disponibles sur le Moonrider et conférer des bonus. On peut ainsi récupérer un double-saut, un « gps » pour repérer les zones optionnelles des niveaux, se régénérer, etc. Un moyen de donner de la pertinence à la rejouabilité, mais aussi d’aborder le jeu différemment, des mécaniques obligeant clairement à revoir un peu sa façon de jouer, du moins de considérablement améliorer ses skills. On notera aussi les sessions en moto en mode Shooter. Loin d’être incroyables, elles ont le mérite de renouveler les situations, bien qu’on aurait aimé que cela aille plus loin. Les deux situations croisées sont très ressemblantes.
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