Il avait fait une apparition surprise lors des derniers Game Awards en nous annonçant une sortie prochainement, Viewfinder sera disponible ce 18 juillet sur PC via Steam et PlayStation 5. Le jeu développé par les écossais de Sad Owl Studios sous la tutelle de Thunderful Games (Planet of Lana récemment) se joue à la première personne et nous place dans un univers alternatif où photographies, dessins et autres représentations artistiques peuvent être manipulées pour jouer avec les perspective et ainsi permettre la création de passages et autres surprises dans un ensemble de puzzles environnementaux avec une pointe de narration. Chaussez vos lunettes et prenez du paracétamol, ça va chauffer là-haut.
Conditions de test : L’univers futuriste et multidimensionnel de Viewfinder nous a retenu dans ses pellicules durant près de 8 heures sur PlayStation 5. Même si ce test est garanti sans spoiler narratif majeur, nous ne pouvons pas ne pas évoquer certains pans du scénario de base pour vous conter le contexte.
Sommaire
ToggleReady Player One en mieux
Le trame narrative de Viewfinder nous emmène tout droit dans un futur (que l’on espère pas trop proche) dans lequel la planète se retrouve à feu et à sang suite à un dérèglement complet de la météo. En effet, les effets du Soleil sont dramatiques et les conditions météorologiques sont si dégradées qu’un binôme de chercheurs tente de mettre la main sur un perturbateur météorologique inventé par de brillants scientifiques des dizaines d’années auparavant, dans le but de ramener un climat sain sur Terre.
Le hic, c’est que cette technologie serait restée dans une sorte de réalité alternative, accessible uniquement via une machine que l’on pourrait assimiler à l’Animus dans la saga Assassin’s Creed. Vous découvrirez ceci après plusieurs niveaux ainsi que la réalité de votre monde, avant de rapidement être de retour dans ce monde alternatif dans lequel tout est possible. En effet, vous allez pouvoir manipuler toutes sortes d’illustrations afin de créer chemins, éléments de décors, etc. quasiment à l’infini ou du moins de la manière dont vous le souhaitez.
Au travers de 5 espaces de travail distincts, pour la plupart en rapport avec les 4 scientifiques émérites constituant le groupe de base depuis disparu, vous allez devoir traverser pas moins de 70 niveaux dont certains pouvant grandement vous mettre des bâtons dans les roues. Comme tout est une question de perspective, il ne faudra pas trop tarder à vous affranchir des démarches habituelles pour résoudre un puzzle. Cette photo montrant un immeuble vous semble inutile ? Essayez de coucher cet immeuble et faites-en un pont pour traverser. Ceux qui ont déjà joué à Portal ou Superliminal sorti en 2019, se sentiront rapidement en terrain connu. Car même si cela vous semble impossible, vous risqueriez d’être surpris des possibilités offertes par le jeu.
Même si l’ensemble pourrait faire croire à un « simple » enchainement de niveaux sans lien entre eux, ce n’est toutefois pas le cas. Car il y a un vrai enjeu et un vrai fil conducteur dans Viewfinder : un contexte qui vous est constamment rappelé par de nombreux enregistrements audios de l’équipe d’antan, des notes manuscrites mais aussi les interventions de CAIT, un chat basé sur l’intelligence artificielle, faisant partie intégrante du programme, et qui n’est pas sans rappeler ce bon vieux Chester dans Alice au Pays des Merveilles. Et oui, il est trop mignon. Il vous accompagnera tout au long de vos recherches pour vous éclairer sur les scientifiques passés mais aussi sur ce que vous cherchez réellement ici.
Nous avons par ailleurs été agréablement surpris par la fin de l’aventure, qui intervient au bout de 5h de jeu environ en fonction de vos galères à trouver les solutions aux énigmes proposées, et qui survient après un ultime niveau très relevé et très « timé ». Car oui, il y a des niveaux chronométrés dans Viewfinder, et ils ne vous donneront pas la satisfaction escomptée si facilement.
Grâce à sa fin que l’on pourrait qualifier d’ouverte, le studio a désormais toutes les cartes en main pour proposer une suite aux aventures de votre personnage, tant l’ensemble demeure convaincant, scénaristiquement parlant nous l’avons vu, mais aussi au niveau de la prise en main et des possibilités de gameplay.
Entre croquis et dessins, y’a pas photo !
En tant que « viseur », comme au cinéma, vous allez devoir trouver le bon plan, la bonne perspective pour mettre en relief les divers décors et objets vous entourant. A tour de rôle, vous allez devoir utiliser des photographies, des croquis, des dessins, des affiches, des aquarelles, des cartoons, des cartes etc., tout ce qui se rapproche de l’art au sens large, grâce à une combinaison de touches très simples à appréhender : vous ramassez les photographies en utilisant Carré, vous les prenez en main avec L2, vous les faites tourner si besoin avec votre joystick et vous validez la position avec R2.
Rassurez-vous, vous possédez également la possibilité de sauter, une capacité qui peut même être améliorée en réalisant certains défis, mais vous pouvez aussi rembobiner les scènes dans lesquelles vous évoluez. En effet, cette mécanique apparait très tôt dans l’aventure et vous permettra, en appuyant sur Rond, de rembobiner le jeu et ainsi vous retrouver à votre place précédente, annuler une action, empêcher une chute etc., à l’infini. Jusqu’au début du niveau, même, si vous le souhaitez, avec un raccourci agréable de deux pressions rapides sur le bouton pour retourner à la dernière action majeure (manipulation d’objet etc.).
Cette fonctionnalité est la bienvenue et encourage la prise de risques et les essais infructueux. Car parfois, vous pourrez n’avoir qu’un nombre de photos précis ou encore des objets à ramasser que vous pourriez tout simplement faire disparaitre en plaçant malencontreusement un dessin ou une photo dans le décor, rasant tout sur sa trajectoire. Rassurez-vous, même si vous ne disposez pas d’objectifs constamment à l’écran et qu’aucune indication ne vous est donnée, le but est toujours le même : activer un téléporteur grâce à des batteries, ou rejoindre ledit téléporteur, pour poursuivre le niveau ou le terminer.
De multiples situations de gameplay vous parviendront dès lors : manipulations de musique pour allumer des circuits électriques, reconstitutions de tableaux en vous alignant comme il faut devant plusieurs parties de cadres et ainsi afficher réellement le décor reconstitué, téléportation de votre personnage en utilisant une photo de lui-même via des appareils mis à disposition, duplication de batteries en les prenant en photo ou en les photocopiant etc., dans Viewfinder, tout est permis tant que vous parvenez à l’objectif, et il ressort quelque chose de satisfaisant d’avoir une belle liberté dans un jeu pourtant assez couloir.
Et c’est globalement le ressenti qui ressort de l’expérience Viewfinder : les développeurs parviennent à nous faire entrer dans leur univers, en proposant autre chose que les jeux de puzzles habituels, donnant une sorte de leçon de gameplay amusante, dépaysante et enrichissante dont bon nombre de productions devraient s’inspirer. Ils ont également souhaité implémenter une mécanique de ressourcement, de calme et d’observation avec de multiples chaises, bancs et fauteuils sur lesquels vous pouvez vous installer et observer votre environnement même si l’envie de poursuivre devrait être plus forte.
Vous devrez parfois même traverser divers portails aux effets différents pour progresser, là où, dans certains niveaux, les éléments se modifieront en temps réel pour vous perdre encore plus dans ces labyrinthes de voxels. A noter enfin que vous obtiendrez au bout d’un moment un Polaroid personnel, vous permettant de prendre n’importe quelle photo pour pouvoir l’utiliser ensuite pour progresser dans le décor. Mais attention à ne pas détruire le téléporteur sous peine de devoir rembobiner et trouver un autre chemin.
Une fonctionnalité qui doit demander beaucoup de ressources au jeu, qui sabre tout le reste du côté artistique, se concentrant uniquement sur les plateformes simples des niveaux traversés. On entend ici que la direction artistique de Viewfinder nous a convaincus sans pour autant garnir tant que cela les environnements traversés. Cet appareil photo contiendra la plupart du temps un nombre limité de photographies, vous forçant une fois de plus à réfléchir ardemment pour trouver la solution. Et attention, parce que la gravité entre en ligne de compte, et vous devrez même parfois vous en servir pour progresser.
Nous le disions, CAIT le chat vous accompagnera durant l’intégralité des niveaux traversés et vous proposera des éléments complémentaires sur l’histoire passée de la simulation virtuelle, mais aussi des réflexions philosophiques. Mais vous ne serez pas seulement suivi par CAIT, puisque bien que votre personnage ne sera pas vraiment visible, même en photographie, il ne parlera pas non plus, seule votre comparse, Jessie, vous téléphonera depuis le monde réel via des cabines cachées dans certains niveaux, afin de faire progresser l’histoire générale, renforçant l’aspect narratif du titre qui parvient à être équilibré sur tous ses pans.
On a encore des nœuds au cerveau
Bien qu’il eut été possible de proposer Viewfinder sur la précédente console de Sony, on comprend tout de même aisément les choix réalisés par l’équipe de développement : de par la multitude d’objets, perspectives et possibilités à calculer en temps réel, cela semble plus simple de le faire tourner sur PC et PlayStation 5. Nous n’avons par ailleurs pas constaté de ralentissements, bugs particuliers, hormis ceux que nous provoquions nous mêmes dans un coin du décor modifié, tandis que la mise en scène sonore et visuelle est très simple mais fonctionne parfaitement.
Les voix originales (sous-titrées en français) sont par ailleurs très convaincantes, permettant à chacun des intervenants de dégager sa propre personnalité même si l’on regrette l’absence de thème musical marquant. Avec tous ces aspects, on ressent facilement le travail de 4 années de dur labeur pour les équipes écossaises de Sad Owl Studios pour nous livrer une copie presque parfaite, fluide et avec un rendu un peu cartoon très sympathique à l’œil. On aurait cependant pu reprocher à Viewfinder de ne pas être plus ambitieux dans sa mise en scène afin de casser le rythme un peu monotone d’une partie de l’aventure et pour surprendre un peu plus les joueurs et joueuses.
Et si vous avez peur de ne pas avoir suffisamment de temps ou de matière grise à consacrer aux énigmes qui peuvent être assez retorses, Viewfinder vous proposera son aide. Au bout de longues minutes d’essai tout de même, ces indices n’étant toutefois pas adaptables en fonction de votre avancée dans la résolution de l’énigme et ne proposant parfois que de vagues informations ne vous aidant pas forcément. Nul doute que la communauté des joueurs et joueuses proposera davantage son aide le cas échéant. Nous n’avons par ailleurs pas du tout été emballés par la gestion du pavé tactile de la Dualsense, qui vous permet de bouger la caméra de manière très complète, mais qui réalise de trop gros mouvements au moindre effleurement, rendant l’ensemble très désagréable et nous permettant d’apprécier beaucoup plus les joysticks.
A noter enfin qu’une bonne quantité de collectibles est à ramasser, environ un par niveau traversé, sous forme d’objets comme des pièces de Mahjong, des canards etc. Des filtres pour vos photos sont à déverrouiller pour qu’elles apparaissent en négatif, en noir et blanc, façon plan etc. et des trophées cachés sont également de la partie, débloqués en fonction de vos explorations et essais infructueux ou si vous vous faites tomber une batterie sur la tête par exemple, mais chut, on ne vous a rien dit !
Cet article peut contenir des liens affiliés