Annoncé pour la première fois lors du TGS 2021, Wanted: Dead se sera fait désirer jusqu’au bout. Devant sortir initialement en 2022 avant d’être repoussé à cette année pour débouler en ce jour de Saint Valentin, le titre est enfin disponible sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series. Il est au passage développé par Soleil, studio japonais qui nous a notamment gratifié des sympathiques Ninjala et Samurai Jack: Battle Through Time.
Autant dire que les bougres ont l’habitude de créer des beat’em all, surtout quand on sait que le studio est composé de quelques vétérans ayant travaillé sur les sublimes Ninja Gaiden (sauf le troisième opus qui était une catastrophe). Est-ce réellement un bon signe ? Pas vraiment, car si Wanted: Dead nous avait séduits à la dernière Gamescom, le soft est un véritable gâchis, et vous allez vite comprendre pourquoi dans notre test.
Conditions de test : Nous avons terminé Wanted: Dead en huit heures de jeu dans son mode normal, déjà pas si facile que ça. Nous avons ensuite refait quelques niveaux en testant notamment son new game +, et en se baladant dans le commissariat où nous attendent divers collectibles et quelques mini-jeux à effectuer. Le titre a été testé sur PC avec 32Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleUn Hong Kong dystopique embourbé dans une conspiration
À défaut de proposer un lieu typiquement japonais, le studio Soleil a choisi un Hong Kong dystopique pour planter son décor. Vous y prenez le contrôle du lieutenant Hannah Stone, dirigeant l’unité Zombie après avoir été auparavant emprisonnée par le gouvernement. La narration nous permet de suivre une bonne semaine cette unité d’élite de la police hong-kongaise. Nous faisons ainsi face à une histoire sur fond de conspiration, où une corporation fabriquant des synthétiques avec laquelle la police travaille, se fait attaquer par des individus mystérieux, puis se déclare soudainement en faillite. Notre équipe de choc va alors tenter de lever le voile sur ces événements énigmatiques.
Alléchante sur le papier, la trame de Wanted: Dead n’est pas réellement son point fort. L’histoire est fortement décousue, on note quelques incohérences, et cela nous donne en définitive beaucoup plus de questions que de réponses. Cela empire même avec sa fin, qui nous laisse de marbre avec un bon cliffhanger des familles. Qu’on se le dise, le studio japonais n’a pas véritablement maitrisé l’histoire de sa production, qui s’offre d’ailleurs une écriture décomplexée dans l’esprit, certes, mais restant beaucoup trop clichée.
On regrette d’ailleurs que les personnages de l’unité Zombie ne soient exploités qu’en surface, et que les interactions entre eux manquent de finesse. En même temps, vu leur aspect plus que cliché (le lourdaud et ses blagues vaseuses ou encore le doc alcoolique), il ne fallait pas en attendre plus… Cependant, le soft bénéficie d’une mise en scène pleine de qualités. Bien que l’on ne soit pas non plus sur un résultat excellent, nous avons aimé les quelques transitions réussies entre les cinématiques ingame, et celles à la manière d’un anime. Le résultat est bluffant, et dommage qu’il n’y en ait pas assez pour nous immerger un peu plus dans ce background cyberpunk, qui a pourtant un potentiel évident.
Le chara design est lui aussi tout à fait convenable. On sent une certaine influence Metal Gear Solid notamment sur le grand méchant de l’histoire, ce qui n’est pas une mauvaise chose. Toutefois, cela ne permet pas de donner vie à des protagonistes qui restent plats, pas réellement exploités. Voilà une chose que le studio Soleil va devoir travailler sur ses prochains jeux, dont pourquoi pas un potentiel Wanted: Dead 2.
Le mélange beat’em all et shooter, une formule discutable
Wanted: Dead, dans son gameplay, se présente comme un hybride entre beat’em all et shooter. La partie beat’em all est dans un premier temps réussie, avec des coups portés assez funs et jouissifs. Les coups avec le katana se combinent avec le pistolet d’Hannah, le Taker. Cela permet de faire des combos plutôt stylés, permettant de trancher, sur certains coups, les membres des adversaires. Le système de parade est également bien amené et se joue au timing. On peut contrer, ou effectuer des parades parfaites en appuyant au bon moment, ce qui étourdit l’ennemi que vous pouvez ensuite enchainer sans vergogne. Qui plus est, il est possible d’utiliser le Taker en guise de contre, afin d’enrayer les attaques imparables d’ennemis lorsqu’une aura rouge apparait.
En soi, le côté beat’em all est bien amené, les parades à effectuer sont presque bien fignolées, mais on aurait aimé que le feeling global des mouvements soit beaucoup plus dynamique. Il est fréquent de voir que les coups portés sont un peu lourds et lents, ce qui désamorce complètement le plaisir d’enchainer nos adversaires. Bien heureusement, sachez qu’il y a néanmoins les exécutions sur les opposants que l’on rencontre. Une fois bien étourdis ou ayant le membre tranché, il est possible de les terminer en effectuant un finish move vraiment classe. Ils sont d’ailleurs diversifiés, et apportent une petite touche jubilatoire non négligeable.
Pour le reste, force est de constater que la caméra n’est pas optimale. En l’absence d’un véritable système de verrouillage, il n’est pas rare que l’on se prenne des coups perdus d’ennemis par derrière alors que l’on est en mode parade, ou qu’il ne soit tout simplement pas possible de voir derrière soi pendant notre attaque car nous devons tout le temps bouger la caméra. Cette dernière se place parfois de manière hasardeuse en fonction de l’action à l’instant T, renforçant le sentiment d’agacement lorsque l’on se fait bêtement enchaîner par les ennemis.
Concernant la partie shooter, elle ne se marie pas si bien avec l’aspect beat’em all. Si le level-design nous montre qu’il est effectivement possible d’emprunter le chemin du TPS avec les pétoires à disposition ou celles que l’on ramasse, vous allez vite déchanter. En effet, le système de couverture automatique est incontestablement trop imprécis et mal foutu jusqu’à nous ennuyer sur des situations anodines, la visée de chaque arme manque de précision, et le changement de grenade n’est pas instinctif. En fait, la partie shooter, bien qu’ayant des armes claquant bien, serait presque une solution de secours pour éliminer quelques ennemis de ci de là. Car les trois quarts du temps, vous irez plutôt courir à la rencontre de vos adversaires, et leur assener des coups de katana et de Taker bien placés…
Vos coéquipiers faisant partie de l’unité Zombie vous accompagneront tout le long de votre aventure. Ils ne seront pas tous les trois avec vous tout le temps, et vous apporteront leur aide minime lors des affrontements. Cette idée est intéressante sur le papier mais dans la pratique, ils ne servent pas à grand-chose, car il est impossible de les contrôler ou de simplement leur donner des ordres. En somme, un beau gâchis, parce qu’il y avait matière à faire une mécanique de jeu très sympa.
Avant de passer à autre chose, si vous vous demandez ce qu’il en est de la difficulté de Wanted: Dead, sachez qu’il n’est pas aussi facile que ça en mode normal. L’IA n’est pas du tout mauvaise, et le jeu reste malgré tout exigeant. On ressent ainsi une certaine vibe sixième génération de consoles (l’ère de la PS2, Xbox et Gamecube NDLR), où il faudra apprendre par cœur le passage sur lequel vous bloquez pour le passer. Il sera aussi primordial de connaitre avec exactitude le pattern de chaque ennemi ou boss à affronter, mais aussi maitriser à la perfection les parades parfaites. Toutefois, il y aura de quoi pester sur certains checkpoints, qui sont parfois très mal placés et qui pourraient frustrer plus d’un joueur. Chose regrettable, étant donné que ces précieux checkpoints servent à refaire votre stock de soins, de grenades, et vous offre la possibilité de vous faire ranimer une par le doc.
Une progression redondante pour un level-design classique
Sur le côté progression, Wanted: Dead ne fait aucun miracle. Sur les cinq niveaux du jeu, vous allez affronter des vagues d’ennemis, avancer, tuer à nouveau des vagues d’ennemis et ainsi de suite. Vous l’aurez compris, le titre de Soleil n’essaie même pas de de se renouveler, idem pour les diverses armes que l’on ramasse sur les ennemis, peu variées. L’aspect répétitif pointe finalement vite le bout de son nez, et il est bien dommage qu’Hannah n’ait pas plus d’armes différentes à utiliser comme sur un Ninja Gaiden par exemple…
Pour la construction des niveaux, le titre n’est pas ultra inspiré. Nous retrouvons finalement quelque chose d’assez plats, assez peu d’interactions avec le décor, si ce n’est des barils à exploser pour éliminer quelques méchants ninjas, synthétiques ou miliaires. Le soft tente quelques trucs, en proposant un minimum de verticalité sur la fin, sans que cela soit réellement concluant. Idem pour les endroits exigus sur les derniers niveaux, qui sont plus contraignants qu’autre chose lors des combats. Il n’y a pas à dire, ce point-là est une déception, même s’il faut admettre qu’avoir quelques décors exotiques provenant de Kowloon reste plaisant.
Il est aussi important de faire un petit point sur sa durée de vie. Wanted: Dead se termine en 8h de jeu en normal, sur une première run. C’est correct, même si le titre aurait pu faire largement mieux, tant son new game+ est d’une pauvreté affligeante, car la plus-value sur ce mode est inexistante si vous avez déjà débloqué tout votre arbre à compétences (et croyez-moi, ce sera déjà le cas à la fin de votre première partie).
Entre upgrades et mini-jeux à la Yakuza
En dehors de ces nombreux écueils, Wanted: Dead dispose d’un arbre à compétences et d’un système d’upgrades d’armes. Pour le premier, il demeure classique. En progressant dans les niveaux et en tuant quelques ennemis en pagaille, vous gagnerez des points de compétence. Ceux-ci serviront ainsi de monnaie d’échange pour vous améliorer dans l’un des trois arbres soit l’attaque, la défense et les utilitaires (soutien de vos coéquipiers, grenade normale ou incendiaire, rechargement rapide…). Cet ensemble permet d’étoffer un minimum vos possibilités d’attaques, même si cela reste famélique. La faute encore une fois à un choix d’armes blanches et à feu trop limité…
Outre cet aspect, vous pouvez améliorer vos deux seules armes. Via un drone qui sert aussi de checkpoint, vous avez la faculté d’aller améliorer vos pétoires via des pièces d’armes qui s’ajoutent au fil du jeu. Vous pouvez ainsi upgrader le canon, sa crosse et bien d’autres joyeusetés afin de donner un coup de boost à la gestion du recul, des dégâts et j’en passe. Bien que cette idée soit très bonne, il est juste scandaleux que l’on ne puisse améliorer que le fusil et le taker d’Hannah, et non les armes des ennemis que l’on ramasse en chemin. Voilà une idée de game design foireuse qui aurait mérité une révision.
Wanted: Dead se la joue également Yakuza. En avançant dans le jeu, vous allez débloquer cinq mini-jeux différents. Ils ne seront, pour la plupart, pas très recherchés, comme le karaoké ou le concours de ramen à la façon d’un jeu de rythme, ainsi qu’une machine de gacha afin de récupérer des collectables. On peut dire qu’ils sont relaxants, mais trop peu nombreux et pas super inspirés.
En supplément de ces mini-jeux, vous pouvez vous balader dans le commissariat après vos missions durement achevées. Ici, hormis faire un tour d’étages en étages et parler à vos différents collègues de boulot, il n’y a pas grand chose de plus à faire. Ce QG vous donne aussi la possibilité d’accéder au fameux mini-jeux, récupérer quelques collectables, et ce sera tout. Cette partie est franchement décevante, car elle n’est qu’une passerelle entre les missions, rien de plus.
Une technique pas sans reproche, contrairement à la bande-son
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Wanted: Dead reste convenable dans son aspect graphique. Pas foncièrement moche, le soft parvient parfois à se rendre pimpant, dont le niveau de la discothèque qui s’offre quelques petits effets de reflets qui en jettent. Quelques panoramas un peu exotiques parviennent quelquefois à sublimer le tout, mais restons réalistes : nous sommes très loin d’avoir un jeu beau ou clinquant, tant les textures proposées ont l’air pauvres de manière générale.
À ce constat, il faut ajouter une longue liste de bugs, que ce soit des scripts qui peinent à se déclencher, ou encore des ennemis qui tournent sur eux-mêmes. Des problèmes de collisions sont aussi à noter… Par contre, l’optimisation reste décente, malgré quelques freezes sur notre PC très solide.
Au moins, la bande-son aura de quoi nous entrainer. Avec des musiques plutôt rythmées et nous donnant la pêche sur les affrontements, Wanted: Dead s’offre une tracklist plutôt mémorable. En revanche, les doublages V.O. ne nous ont pas plus marqués que ça, avec un acting qui est loin d’être une référence…
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