Parmi les nombreuses productions Warhammer qui ont déboulé en fin d’année dernière, il y a eu Warhammer 40,000: Rogue Trader, chapeauté par les p’tits gars de Owlcat Games à qui l’on doit Pathfinder: Kingmaker qui fût une expérience sympathique mais mitigée. Le studio s’attaque, via ce projet, à un gros morceau avec la licence détenue par Games Workshop.
C’est un gros challenge pour les développeurs, qui se doivent de proposer une expérience aussi innovante et enrichissante que la palanquée de jeux vidéo Warhammer qui sont sortis ces dernières années. Vu leur expérience il y avait de quoi être serein, d’autant que Warhammer 40.000: Rogue Trader est littéralement le jeu Warhammer ultime pour les amoureux des jeux de plateau.
Conditions de test : Nous avons joué à Warhammer 40.000: Rogue Trader durant environ une soixantaine d’heures. Cela équivaut à rusher complètement les cinq chapitres du titre, en passant forcément à côté des quêtes annexes et de compagnons. Notez que nous n’avons joué au titre qu’en solo, mais sachez que le mode coopération en ligne est bien de la partie, et permet de jouer jusqu’à six joueurs. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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Avant d’aller se perdre dans le lore gigantesque de Warhammer, il sera nécessaire de créer son propre héros. Dans l’absolu, l’éditeur de personnage est vraiment touffu, et la personnalisation est suffisante pour créer un protagoniste à son image. S’il y a bien entendu des propositions prédéfinies, vous pouvez si vous le désirez choisir le background de votre individu, sa classe, son triomphe et heure la plus sombre, ainsi qu’attribuer ses compétences. En somme, s’il manque quelques petites options de personnalisation, l’éditeur de personnage est complet, et fera plaisir aux férus de jeu de rôle papier.
La narration de Warhammer 40,000: Rogue Trader quant à elle, est d’une richesse folle. Après une assez longue introduction, votre protagoniste devient le nouveau libre-marchand, et accessoirement seigneur-capitaine. Vous devrez dans un premier temps élucider le décès de Théodora qui fût la précédente seigneure-capitaine, mais aussi partir à la recherche d’un certain Kunrad Voigtvir, qui a trahi littéralement toute la flotte de votre faction. C’est l’histoire réduite à sa plus simple expression, mais le fil rouge est plus complexe que cela, et n’en finit plus en matière de rebondissements. Qui plus est, les personnages sont bien écrits avec leurs propres quêtes, psychologies et backgrounds, tout en respectant religieusement tout l’univers de Warhammer 40.000.
Il en va de même pour la trame en général, disposant elle aussi d’une écriture remarquable et bien ficelée à tous les étages. D’ailleurs, il sera plus que plaisant pour les fans de Warhammer de retrouver des factions bien connues comme les Space Marine du chaos, les cultistes, ou bien encore les Adeptus Mechanicus ou Sororitas. Il n’y a pas à dire, Owlcat Games a fait du bon boulot en faisant tout son possible pour respecter la licence de Games Workshop.
Autrement dit, le soft vous tiendra en haleine jusqu’au bout de son histoire, qui peut être modifiée avec les nombreux choix de dialogue. En effet, Warhammer 40,000: Rogue Trader dispose d’énormément de séquences avec une tripotée de textes à lire, mais aussi des choix à faire. A certains moments du jeu, vous serez obligés de choisir votre ligne de dialogue entre Dogmatique, Iconoclaste ou Hérétique. Cela remplira par la suite un arbre de compétences à ce sujet, qui risque de fortement d’influer sur la fin du jeu. Vos choix lors des quêtes ou situations en pâtiront également. Il peut être possible, en fonction des choix, de recruter de nouveaux protagonistes, comme d’en perdre.
Rien que cette feature facilite aisément l’aspect tentaculaire de sa rejouabilité, d’autant que le jeu peut avoisiner la centaine d’heures de jeu pour une première run, si l’on prend son temps. De plus, les différentes statistiques auront de réelles influences en fonction de situations précises. Notamment lors de phases de dialogue, mais aussi en dehors. Vous pourrez utiliser vos statistiques (persuasion, intimidation, démolition, connaissance sur les xénos etc…), qui vous feront passer un test de compétences.
Bien entendu, ce test de compétences pourra échouer comme réussir. Cela vous permettra de vous en sortir, d’envenimer la situation, ou de réduire à néant vos chances d’ouvrir un coffre ou une porte. Indéniablement, cette mécanique fonctionne du feu de dieu, et reste complètement organique tout le long du jeu.
Bien plus qu’un X-Com like ?
En termes de gameplay, Warhammer 40,000: Rogue Trader ne fait pas dans le surprenant à première vue. Vous vous déplacez, vous et votre fine équipe, à la manière d’un Diablo, et vous pouvez interagir avec divers PNJ, voire éléments du décors pour en apprendre plus sur ce qu’il se trame. Il est aussi possible de dénicher parfois quelque butin donnant quelques éléments d’équipement pour vos protagonistes, ou tout simplement des ressources intéressantes pour votre vaisseau. Nous sommes donc en terrain connu sur cette première partie du gameplay. Le combat au tour par tour ne se déclenchera que quand vous arriverez dans une salle ou un endroit où grouillent des ennemis.
D’ailleurs, les combats au tour par tour sont en demi-teinte. Le titre repose sur une jouabilité classique à la manière d’un X-COM, avec toutefois quelques subtilités. Si le but est toujours de se déplacer puis d’attaquer, le soft adopte sa propre personnalité sur le reste. Vous avez des points d’action et de déplacement, ce qui fait que vous pouvez vous mouvoir, attaquer, mais également utiliser des compétences, en fonction de certaines classes de personnages, s’il vous reste des points en rab.
De plus, une jauge se remplit pour chaque personnage à chaque coup porté sur vos adversaires. Elle vous permettra, à terme, d’user de compétences spécifiques vous autorisant à attaquer une fois supplémentaire, ou carrément ordonner aux personnages autour de vous d’attaquer chacun leur tour. En clair, le gameplay est non seulement jouissif, mais également complet car les possibilités stratégiques à adopter face à vos adversaires sont folles. Néanmoins, il y a des couacs sur l’aspect visuel des combats, très mollassons et peu engageants.
En revanche et on peut s’en douter, le soft même dans sa difficulté normale est hélas parfois mal dosée. Vous pourrez terminer des passages les doigts dans le nez comme vous heurter à de gros pics de difficulté, notamment face à des boss. Bien qu’il subsiste un système d’opportunités permettant de parader, d’esquiver ou de porter un coup à l’ennemi s’il est proche en fonction des statistiques, cela ne suffit pas toujours à équilibrer les parties. Heureusement que la difficulté est personnalisable, ce qui contrebalance un peu le tout. Ceci dit, notez que le titre se dote également de bugs hallucinants, comme le fait qu’il faille recharger une partie car il est impossible de passer le tour d’un personnage, et ainsi permettre au script de poursuivre le combat.
Vous l’aurez compris, l’ensemble est donc mitigé, au même titre que le système d’évolution de nos personnages, aussi confus que complexe. A chaque montée de niveau, vos classes augmenteront elles aussi d’un niveau et d’un rang. Pour chaque rang, vous devrez au choix acquérir un talent précis, une compétence améliorant les stats de vos personnages, ou encore une nouvelle compétence spéciale à utiliser en combat. Et à chaque tranche de 20 niveaux, vous aurez de plus le loisir de choisir une nouvelle spécialité en passant par exemple de soldat à maitre tacticien, ou autre.
Cela permet clairement d’aiguiser sur le long terme ce que vous voulez faire de chaque personnage, et vous pourrez même aller jusqu’à avoir une équipe complémentaire, en sachant que la limite est de six maximum. Sur le papier c’est sympa, mais le système d’évolution n’est pas clair. L’interface est beaucoup trop austère pour vraiment s’y retrouver, le titre dégueulant parfois d’un surplus d’informations pas agréable du tout. Il nous est arrivé de passer au moins quelques minutes sur l’interface jusqu’à piger son fonctionnement. En voulant inclure beaucoup trop d’éléments de C-RPG, les p’tits gars de Owlcat Games en ont oublié l’intuitivité, même si nous arrivons à nous y habituer après de longues heures.
Le plaisir de l’exploration, ou presque
L’exploration proposée est un pur bonheur. Chaque centimètre carré de chaque zone est bien exploité, et il est possible d’y dénicher du butin, ou tout simplement des infos sur le Lore. De même pour les quêtes qui, même si elles sont classiques, peuvent se résoudre de diverses manières.
L’influence de Fallout n’en est donc pas si lointaine, d’autant que le soft s’étoffe largement avec ses quêtes de compagnons, qui peuvent vous donner la possibilité d’en apprendre plus sur eux, voire d’avoir des romances avec certains ou certaines. Bien évidemment, ceci est moins poussé que dans d’autres productions AAA, mais il faut admettre que les missions principales, secondaires, de compagnons ou à bord du vaisseau sont vraiment grisantes, et on ne s’ennuie par une seule seconde. Toutefois, et cela est regrettable, l’indication d’objectif est parfois trop obscur, ce qui fera quelquefois monter une certaine frustration.
A noter que vous aurez aussi des phases en vaisseau. Car oui, Owlcat Games a voulu casser la routine de sa boucle de gameplay, et ainsi incorporer des phases de baston spatiale à la Battlefleet Gothic : Armada. On retrouve cette même esthétique du vide, et le tout se joue cette fois-ci au tour par tour à contrario d’un jeu purement stratégique comme la production de Tindalos Interactive. Si les combats restent sympas, ils tombent eux aussi dans une certaine mollesse, mais aussi dans des déplacements fastidieux qui rendent les combats un poil trop longs pour rien.
Mais ne crachons pas dans la soupe car l’intention est louable, et la gestion du vaisseau fait aussi le café. En finissant vos combats vous faites monter votre navire de rang, et vous aurez ainsi la liberté de choisir de nouvelles compétences. Bien évidemment, il sera aussi possible d’améliorer la coque de votre vaisseau, moyennant des pièces d’équipement, qui peuvent aussi servir à le réparer lorsqu’endommagé.
Cerise sur le gâteau, vous pouvez aussi assigner vos personnages à certaines parties de votre vaisseau, et ainsi bénéficier de quelques avantages intéressants lors des combats. Cette partie spatiale est globalement intéressante, car elle permet de proposer un autre type de gameplay. Par contre, il y a fort à parier que certains néophytes s’arracheront les cheveux avec toutes ces choses à gérer sur le soft.
Vadrouille nuancée dans le warp
Qui dit vaisseau, dit forcément une bonne balade dans le Warp et les différents systèmes solaires de Warhammer 40.000. Une fois à bord de votre vaisseau, vous aurez à disposition une carte des étendues du monde. Cela vous donnera la possibilité de voyager de système en système via le Warp. Mais vous vous en doutez, certains itinéraires ne seront pas sans danger. Du vert, en passant par le jaune, orange ou le pourpre, ces couleurs signifient le danger de sauter dans le Warp à destination du prochain système.
Si les deux premières couleurs sont plus ou moins sûres, les deux autres peuvent provoquer des événements peu sympathiques, jusqu’à vous déclencher des abordages ou événements surnaturels qui aboutissent à des combats féroces. Il est cependant possible d’annihiler ces dangers en récupérant des bonus de Warp, permettant d’assainir la couleur, et ainsi voyager en toute sécurité lorsque vous devez tracer une nouvelle route avec votre navigateur.
Toute cette séquence est diablement excitante en premier lieu, bien que cela finisse par devenir un peu lassant. Rien de bien méchant cependant. L’exploration des systèmes se fait également via une mini map. Vous pourrez ainsi accéder aux planètes, les scanner, récupérer les ressources voire balancer votre équipe sur la terre ferme, et explorer les environs. Evidemment, il ne sera pas rare d’y croiser quelques pirates de l’espace, et ainsi lancer une phase de baston spatiale. Tout ceci est réellement rafraichissant, et les fans de Battlefleet Gothic, s’y retrouveront sans problème.
En corrélation avec cette phase vient aussi la gestion de vos colonies, et du commerce. En progressant, vous aurez la possibilité de recoloniser votre dynastie, et ainsi exécuter des projets sur chaque planète. Ceux-ci vous permettent de gagner des ressources, mais également de glaner des récompenses spécifiques. De plus, ces ressources durement acquises permettent de remplir des contrats spécifiques, donnant la faculté de gagner de nouveaux équipements, ressources précises ou de faire du profit. Ce système bien que sous-exploité, n’en reste pas moins une mécanique intéressante, ajoutant de l’intérêt au commerce.
Et pour en venir au commerce, ce dernier est bien particulier. En rencontrant différents gouverneurs de votre dynastie ou des PNJ spécifiques, vous serez à même de pouvoir commercer avec eux. D’une part en prenant leur équipement si vous avez assez de monnaie, et d’autre part en leur refourguant différents matériels récupérés lors de vos périples. Ceci aura pour effet d’augmenter votre rang de réputation auprès d’eux, et de bénéficier d’avantages. Cette chose était difficilement vérifiable, montrant une nouvelle fois que le soft d’Owlcat Games a peut être voulu un peu trop implanter de mécaniques, au risque d’en brider certaines…
Très discutable techniquement, mais un sound design grandiose
Sur le plan graphique, Warhammer 40.000: Rogue Trader est plutôt limité. Malgré une direction artistique aussi variée que charmante dans les environnements, le titre d’Owlcat Games accumule hélas de nombreux écueisl techniques. Des animations archaïques en passant par des textures assez grossières de près et des bugs de script à n’en plus finir, autant dire que quelques mois de développement en plus n’auraient pas été de trop pour le jeu. De plus, l’optimisation de la production d’Owlcat Games est en dents-de-scie, oscillant entre le très fluide et quelques freezes pas forcément agréables.
A l’opposé, le sound design est quant à lui excellent. Les thèmes musicaux correspondent sans problème au côté épique de la licence Warhammer 40.000, et il est certain que quelques musiques resteront gravées dans votre mémoire. Le doublage en VO est lui aussi très bon, bien que toutes les lignes de dialogue n’aient pas été doublées, à notre plus grand regret. Le manque de budget est sûrement passé par là, car pour le reste c’est un sans faute.
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