A l’annonce de ce fameux Warhammer : Chaosbane par le studio Parisien Eko Software, il faut bien admettre que l’on était quelque peu dubitatif, voire inquiet. Effectivement, on ne peut pas dire que le studio français ait véritablement brillé dernièrement avec les naufrages attendus qu’étaient Handball 17, Rugby 18, et jadis les How to Survive.
Du coup, nous avions logiquement de l’appréhension, même si Warhammer : Chaosbane nous avait séduit à sa présentation lors de la Gamescom 2018. Désormais, le soft va sortir officiellement le 4 juin prochain sur PC, PS4 et Xbox One. Finalement, le diablo-like du studio est-il un titre plaisant à jouer, ou encore un énième ratage comme nous avons eu si souvent l’habitude avec Eko Software ?
Le jeu a été testé sur la version PC.
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ToggleL’empire des Humains contre l’armée du Chaos
A force de jouer aux jeux Warhammer, le scénario n’est même plus étonnant, et devient en somme de plus en plus basique au possible. Vous l’avez compris, c’est ce que nous sert en guise de narration Warhammer : Chaosbane. Après un rude combat acharné contre le chaos, la paix arrive de nouveau dans l’empire des Humains. Mais vu que la paix n’est jamais éternelle, une mystérieuse sorcière s’en prend une nuit au chef de l’empire Magnus, en l’ensorcelant. Votre personnage, que vous aurez choisi via l’une des classes au début, est rapidement pris pour cible par les inquisiteurs.
Bienheureusement un certain Teclis, un hauts prêtre elfe, vous défend des accusations de sorcellerie contre Magnus. S’en suit alors une longue aventure à travers laquelle vous aller devoir retrouver cette maudite sorcière, et l’éliminer et libérer Magnus de son emprise. Dans le fond, Eko Software semble déjà avoir saisi toute l’essence du lore de Warhammer, et c’est déjà un assez bon point. Cependant, le studio français a encore des lacunes quand il s’agit de rendre certains moments épiques, et doté d’une narration intéressante.
Effectivement, force est de constater que l’on a déjà vu et revu ce genre de trame scénaristique. Et ce n’est certainement pas quelques vieux twists à la fin du jeu qui va nous faire apprécier l’histoire, relativement vide et jouant la montre. Cependant, nous nous consolerons avec les cinématiques de début et de fin, assez stylées et changeant d’un iota ce que nous avons déjà vu dans les jeux Warhammer. Par contre, on aurait bien aimé que le soft soit narré via des cinématiques tout le long du jeu, et pas juste au début et à la toute fin.
Mis à part ce petit couac, Eko Software maîtrise mine de rien l’esthétique du jeu. Concrètement, le studio français a quand même du savoir faire, et réussit avec brio à retransmettre avec exactitude toute cette direction artistique gothique et épique qui a toujours fait le charme d’un Warhammer. Le chara design global est bien foutu, et en dépit d’un level-design qui est assez paresseux à chaque chapitre, il y a malgré tout un poil de variété plaisant. Mais forcément, les joueurs ayant joué à Diablo III pourront immédiatement remarquer de grosses similitudes dans la direction artistique, dont Eko Software ne semble pas vraiment s’en cacher de s’en être largement inspiré.
Warhammer : Chaosbane, ou du Diablo-like comme on l’aime
Eko Software a donc bel et bien choisi le genre hack’n’slash pour Warhammer : Chaosbane. En clair, vous contrôlez votre personnage en vue 3D isométrique et un système de quêtes principales est de la partie. Du côté des combats purs, tout se jouera essentiellement à la souris, et aux diverses touches du clavier pour lancer vos compétences, dont la possibilité d’esquiver la plupart des attaques ennemis. Qu’on se le dise, la maniabilité façon hack’n’slash est classique mais plaisante et prenante dès les premières minutes. Cela dit, les habitués du genre ne devraient absolument pas être dépaysés. Le tout est d’ailleurs vachement dynamique étonnamment, avec des combats dans l’ensemble clairs – même si un peu brouillons à certains endroits -, mais aussi intenses que ce soit en mission ou du côté des boss, clairement inspirés et juste gigantesques.
Concernant sa construction pure et dure, Warhammer : Chaosbane est en revanche bien loin d’un Diablo III. Quand la production de Blizzard opte pour des quêtes annexes, principales, et surtout une exploration assez libre avec des environnements immenses, le soft d’Eko Software fait tout le contraire. Grosso modo, dans les quatre gros chapitres du soft, vous sillonnerez votre Q.G. pour y voir le marchand. Ce dernier vous permet d’y échanger votre stuff inutile, et ainsi augmenter une jauge de réputation, qui vous donneront quelques récompenses à chaque niveau passé. Ensuite, vous devrez juste parler au PNJ pour rendre ou activer la prochaine quête principale. Vous l’aurez compris, les quêtes annexes sont absentes, le tout étant remplacé par des modes boss rush, expédition, et chasse à la relique…
Qu’on se le dise, la maniabilité façon hack’n’slash est classique mais plaisante et prenante dès les premières minutes.
C’est inévitablement à ce moment-là que vous vous rendrez compte que le soft dans l’ensemble est totalement linéaire de A à Z, mais surtout diablement répétitif. En effet, dans la plupart des quêtes de chaque chapitre, on restera de marbre en voyant Eko Software proposer uniquement des missions linéaires, avec la plupart du temps deux à trois types de décors différents seulement par chapitre. Et en plus, tous les niveaux ne proposent même pas foncièrement d’embranchements, avec un emplacement identique des ennemis ou divers coffres. Au début ce n’est pas dérangeant, mais on se rend vite compte de tout cela lors du second chapitre. Bien évidemment vous vous en doutez c’est une petite déception comme le gameplay qui se répète inlassablement, avec des objectifs peu intéressants et génériques.
Cela dit, tout n’est pas à jeter, car Warhammer : Chaosbane puise toute sa force dans les quatre classes jouables, travaillées et complémentaires. Au programme, on retrouve l’éclaireuse Elfe et ses attaques à distance, le nain colérique et qui fonce dans le tas avec ses deux haches, le soldat de l’empire armé de sa fidèle épée, ainsi que le mage haut-elfe, et ses divers pouvoirs magiques dévastateurs. Très clairement, Warhammer : Chaosbane s’offre des classes assez travaillées, ayant un gameplay totalement différent pour chaque classe que ce soit dans le feeling, les équipements, les compétences et l’arbre du dieu. Elles sont en sus clairement toutes utiles, et c’est pour cela que le soft est vraiment taillé pour être joué en coopération.
Bénit soit mon équipement
Le studio français a également quelques bonnes idées en routes, à commencer par l’interface du jeu. Similaire à Diablo III sur pas mal de détails certes, Warhammer : Chaosbane nous offre un inventaire où se tassent tous nos équipements pour équiper nos personnages de la tête aux pieds, afin d’améliorer sensiblement ses statistiques. Le loot en question, trouvable sur les boss, dans les coffres ou sur les gros monstres et champions, ont d’ailleurs des codes couleur du moins puissant au plus puissant à savoir marron/brun, bleu, doré et rouge – légendaire. De plus, il est même possible de bénir votre équipement via un système de fragments. Cela améliorera votre équipement à la loterie, et vous donnera du coup des bonus totalement aléatoires.
Très franchement, même si les similitudes se font ressentir avec Diablo III, le système de jeu est clairement bien huilé et utile, tout comme le système de compétences et d’arbres du dieu. En effet, il y a deux subtilités sur Warhammer : Chaosbane. En montant de niveau, vous déverrouillez une compétence voire un point de compétences. Via un menu circulaire, vous pourrez incorporer vos compétences, et à condition de faire attention au nombre de points de compétences que vous avez actuellement au risque de ne pas pouvoir l’équiper. Cela donne tout un côté franchement modulable, et permet de préparer votre tactique. Le nombre de compétences est colossal entre les compétences actives, passives, et j’en passe. Même si cela reste encore classique, il reste efficace.
Un autre aspect vient sublimer ce système de compétences, qui n’est autre que l’arbre du dieu. Il s’agit bêtement d’un arbre à compétences. Moyennant des fragments et des points de faveur qui se gagnent aussi en montant de niveau, vous pouvez acquérir des attributs – une augmentation de la santé, de coups critiques etc… -, ou bien déverrouiller des compétences déjà acquises mais en versions améliorées. Cela apporte encore une plus-value supplémentaires au système de compétences, déjà bien rôdé. Comme quoi, Eko Software semble vraiment bien maîtriser son sujet avec quelques bonnes idées sortant de leur chapeau.
Eko Software semble vraiment bien maîtriser son sujet avec quelques bonnes idées sortant de leur chapeau.
Finalement, le jeu est-il taillé pour la coopération ou le solo ? Dans l’absolu, on pourrait dire les deux. Effectivement, si le jeu sera plus amusant en coopération, le jeu peut tout à fait se jouer en solo. Sauf que là, il va falloir adapter la bonne tactique face à la horde d’ennemis qui vous tomberont dessus, et utiliser les diverses compétences au bon moment pour vous en sortir. Un système de résurrection peut vous sauver la mise si vous êtes dans le mal, et vous faire revenir d’entre les morts moyennant des fragments ou des pièces d’or. Cela n’est possible qu’en mission principale et non contre les gros boss, chose plutôt logique pour éviter que cela ne devienne trop facile.
Concernant ensuite l’aspect coopération, il est franchement grisant et fun mine de rien. L’alchimie entre les différentes classes prend bien que ce soit lors des quêtes principales, ou des modes expéditions à bases de cartes grandes et d’événements aléatoires ou encore le mode chasse à la relique et ses donjons procéduraux. De plus, la difficulté personnalisable entre les quêtes est une bonne idée, et vous fera gagner beaucoup plus d’expérience ou un loot plus intéressant si vous l’augmentez. Le choix est au passage cornélien, passant de très facile à facile, normal, difficile, très difficile, chaos 1, 2, 3, 4 et 5, rien que ça.
Sinon pour la durée de vie au-delà de tout son côté RPG bien ficelé mais basique, Warhammer : Chaosbane se révèle être trop chiche pour un jeu du genre. Comptez 12 heures en mode normal pour venir à bout de la quête principale. C’est deux à trois fois moins que le jeu de base Diablo III. Néanmoins, vous aurez toujours la possibilité d’y revenir ponctuellement avec le mode expédition et ses carte générées aléatoirement, boss rush, chasse à la relique mais aussi le mode invasions qui arrive prochainement. Au-delà de ça, c’est tout ce qu’il y aura à se mettre sous la dent et pour 49,99 € sur PC et 69,99 € sur consoles, c’est faible. Heureusement qu’il y aura du contenu post lancement, qui espérons-le sera plus conséquent que ce que nous sert le soft actuellement.
Une technique plutôt honnête
Curieusement, force est de constater que la production de Eko Software s’en tire de manière convenable sur son aspect purement graphique. Si l’on restera de marbre sur les quelques bugs de collisions ou bugs de déplacements qui feront tiquer, le moteur graphique de Warhammer : Chaosbane tient la route. La plupart des environnements de loin jouissent d’une qualité des textures honorables, de quelques arrière-plans sympathiques, mais cela est rattrapé malgré tout par une technique qui n’est plus toute jeune en s’approchant de plus près des moindre murs ou sols. Il en est de même pour les modèles 3D, qui restent corrects certes, mais manquant cruellement de détails et finesse. En somme, le jeu est convenable visuellement, sans casser trois pattes à un canard pour autant. On notera d’ailleurs une optimisation au poil sur PC pour notre grand bonheur.
Côté sound design, cela aurait pu être mieux. Si les doublages en anglais sont de bonnes factures, on regrettera pas mal de bugs de textes, mais également quelques bugs de son en acceptant ou rendant une quête. Sinon pour le reste, les musiques épiques à la Warhammer sont toujours de la partie, mais ne collent parfois pas forcément à ce qu’il se passe à l’écran. Par exemple, vous pouvez parfois avoir des musiques calmes, alors que le combat fait rage à l’écran… En sus, les thèmes musicaux sont aussi moins marquants, ce qui est un comble pour un titre estampillé Warhammer. Il y a donc à boire et à manger sur la bande-son en clair.
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