Qu’on se le dise, Watch Dogs, premier du nom, en avait déjà plus d’un, la faute à un marketing trop poussé de la part de l’éditeur et des promesses pour la plupart non tenues. Tout le monde s’attendait à une claque et forcément, à sa sortie, nous étions tous déçus. Et pourtant, le soft n’était foncièrement pas mauvais : le gameplay était fort sympathique, la ville de Chicago belle à souhait et l’univers cyber-connecté nous avait fortement séduit. Sur papier, tout était bon, alors pourquoi ne pas retenter l’expérience ? Et c’est ce que l’éditeur français veut mettre en pratique avec cette nouvelle itération de la franchise. On part désormais à San Francisco, découvrir un peu si les développeurs ont su mettre à profit les erreurs de son grand frère. Que vaut réellement ce Watch Dogs 2 ?
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ToggleThe City by the Bay
Adieu Aiden Pearce, welcome Marcus Holloway. Watch Dogs 2 nous plonge dans un tout autre environnement que le premier opus, et bien évidemment, si l’univers et le gameplay seront similaires, il n’y aura aucune véritable interaction entre les deux épisodes. On nous parle brièvement de ce qui s’était passé à Chicago et l’implantation du ctOs – désormais en version 2.0, et c’est à peu prêt tout, comme si l’équipe de développement ne voulait en aucun cas discuter de ce qui s’était passé dans le premier volet. Et scénaristiquement parlant, ce n’est pas plus mal.
L’histoire de ce Watch Dogs 2 n’est pas forcément plus intéressante ou meilleure que le précédent opus mais l’on ressent bien ici les quelques efforts mis en place par les développeurs pour tenter de nous tenir un peu plus en haleine, notamment après une introduction plutôt nerveuse, où l’on est directement plongés dans l’intrigue elle-même. Vous serez ainsi accompagnés de plusieurs compagnons de route, faisant tous partie du groupe Dedsec. Ce groupe a pour vocation de contrer ce monde hyperconnecté, où le gouvernement peut facilement avoir accès à toutes les informations personnelles de la population.
Mais l’on soulève ici un point plus qu’intéressant, qui était déjà bien présent dans le premier opus : Ubisoft, à travers sa franchise Watch Dogs, pointe du doigt l’avancée technologique et surtout, l’emprise que pourrait avoir celle-ci sur nous. Bien évidemment, nous sommes loin ici d’un conflit où l’éditeur souhaiterait nous rallier à sa cause, mais il est intéressant de voir ce qu’il pourrait nous arriver dans quelques dizaines d’années si nous continuons à emprunter ce chemin. Après tout, c’est un sujet qui revient de plus en plus souvent, parfois même mis en avant dans certains films de science-fiction post-apocalyptique : que ferions-nous si nous étions entièrement contrôlés et surveillés par les hommes d’état ou une quelconque organisation secrète ?
Watch Dogs 2 dénonce indirectement les prouesses technologiques et la facilité d’accès à l’information dans un univers paradoxal
Bref, quoiqu’il en soit, c’est ici qu’intervient Dedsec, un groupe de résistants qui souhaitent mettre hors d’état de nuire cette emprise gouvernementale où tous les faits et gestes sont contrôlés. Ces hackers vont donc jouer de leur réseau – sans mauvais jeu de mot – pour faire connaître peu à peu ce qui se trame derrière toute cette avancée technologique. Vous enchaînerez alors plusieurs missions principales et secondaires – où l’on ne s’attardera pas sur l’intrigue pour ne pas vous spoiler sur le peu d’histoire qu’il y a, qui vous permettront d’élargir votre champ d’application et de compétences, tout en augmentant votre réputation et votre nombre de followers. Oui oui, il y a bien un système à la Twitter où le but est d’amasser le plus de personnes qui vous suivent.
Bien que la trame scénaristique soit légèrement mieux narrée que la première itération de la franchise, nous sommes encore loin de ce que nous avons connu sur d’autres productions similaires. Une conséquence directe de ce qu’avait annoncé Ubisoft, eux qui souhaitent désormais mettre en avant le monde ouvert au détriment de la narration. Et cela est le même constat pour les personnages : le groupe Dedsec est bien sympathique et apporte une belle dynamique aux missions, bien moins solitaires et linéaires qu’auparavant, mais ce n’est toujours pas ça. Oui, je vous l’accorde, nous ne sommes plus face au charisme d’une moule péruvienne de Aiden Pearce mais il y a encore du chemin à faire.
Oh, et avant de passer au vif du sujet, on va s’arrêter un peu longuement sur la ville de San Francisco. Très loin du cadre très urbain de Chicago, la « City of the Bay » est resplendissante et bien qu’il n’y ait pas énormément de paysages atypiques, certains coins sont magnifiques. On ne peut que souligner la direction artistique de haute volée du studio et l’on se perdra à regarder les alentours de la ville. De plus, on se sent réellement plongés dans un monde vivant : tout le monde réagit, la ville semble réelle et l’on ressent une véritable sensation… de vie. On peut ainsi s’arrêter à caresser les chiens et les voir aboyer de plaisir, participer aux activités diverses de certains quartiers, écouter les conversations téléphoniques qui parlent de tout et de rien et les gens réagissent plus ou moins à tous vos faits et gestes. Saluez-les, ils vous répondront d’un geste amical. Insultez-les et… vous finirez à manger le gravier.
Un monde hyper-connecté et ultra-vivant
Très clairement, San Francisco n’est pas loin d’être réelle. C’est incontestablement l’un des points forts du titre et Watch Dogs 2 se la joue grandement Grand Theft Auto avec cette liberté d’action et cette sensation de pouvoir faire tout ce que l’on veut, quand on peut. Le soft arrive à faire profiter de l’aventure et la multitude de choses à faire et à découvrir dans le monde nous permet clairement de ne pas nous ennuyer et nous ferait presque oublier la redondance de certains aspects.
La plupart des objets connectés et technologies peuvent être utilisés ou hackés, ce qui rend le monde vraiment interactif. Vous n’avez pas vraiment ce sentiment d’être pris dans un couloir, où vous êtes obligés de faire ce qui est à suivre. Là, vous pouvez partir à l’exploration, choisir de ramasser des objets de collection ou participer aux quêtes secondaires, plutôt nombreuses au passage, et c’est un plaisir que de se sentir dans un véritable monde ouvert. Pourtant, bien qu’assez grande, la carte de San Francisco n’est pas gigantesque, mais offre suffisamment de choses à faire pour passer des heures et des heures de jeu.
Watch Dogs 2 nous plonge dans un monde qui respire incroyablement. C’est dingue cette sensation de vie !
Mais si San Francisco arrive à allier liberté de déplacements et liberté d’actions, c’est un peu l’antithèse de l’intrigue elle-même non ? Après tout, trouvez-vous ça logique que Marcus puisse se déplacer à tout vent alors que Blume – l’organisation qui s’occupe de la surveillance, ne le détecte jamais ? Que notre héros puisse voler des voitures dans une cité plus connectée que jamais ? Et si l’on parlait un peu de la facilité de pirater des caméras de surveillance ? Bien que l’on soit ici dans une fiction et que l’on se doit de laisser notre cerveau de côté le temps de parcourir San Francisco manette en main, il s’avère parfois plus qu’incohérent de pouvoir vagabonder si facilement dans un monde où même tirer la chasse d’eau est enregistrée.
Alors non, ne réfléchissez pas trop. Tout le monde recherche DedSec. Tout le monde veut arrêter Marcus. Mais personne ne voit jamais rien et les caméras seront vos meilleures alliées alors qu’elles sont censées être à la pointe de la technologie pour vous localiser. Ce genre de paradoxe insoluble, vous en aurez à tout bout de champs…
If you’re going to San Francisco …
Mais bien évidemment, Watch Dogs 2 ne s’en tient pas qu’à son monde dense et ouvert ainsi qu’à son univers hyper-connecté. Non, il s’agit ici d’un véritable jeu d’action, mêlant phases de tir et quelques composantes RPG, au niveau de son système d’évolution, de réputation mais également de compétences (Oui, bon, comme tous jeux d’action qui se respectent et qui veulent être un minimum accrocheurs).
Si les périodes d’exploration sont très intéressantes, on ressent cependant quelques limites à certaines phases du jeu, notamment sur la conduite et les gunfights. Ces derniers restent molasses et le retour des armes ne se fait que très peu ressentir. Si l’on n’est bien évidemment pas dans un FPS moderne, la visée est brouillonne et il est parfois compliqué de profiter pleinement des mécaniques de tir, tant elles sont lourdes et limitées. De plus, l’arsenal est assez réduit, tant au niveau des armes en elles-mêmes que de leur diversité et ça, ça reste dommage.
Une pléthore de gadgets à la fois utiles et funs à utiliser
Mais Marcus Holloway, notre protagoniste, n’aura pas que des armes pour se défendre, loin de là – et fort heureusement. Tout une pléiade de gadgets et d’objets connectés lui seront à disposition. On y retrouve notamment un drone, qui lui permettra de sonder et d’entrer dans certains bâtiments mais également une sorte de voiture miniature téléguidée qui vous permettra d’explorer, certes, mais aussi d’attaquer vos assaillants plus discrètement.
Pour ce qui est de la conduite, qu’on se le dise, les éternels démons sont bien de retour. Pas de véritables sensations de vitesses, les freinages peuvent sembler parfois mal dosés et les virages ne sont pas à prendre à la légère. Bien que cela ne soit pas catastrophique et un peu mieux par rapport à son prédécesseur, on est loin d’être à la hauteur et il n’est pas toujours agréable de parcourir les vastes avenues de San Francisco.
Outre les déplacements en véhicules et les phases de combats, nous aurons droit bien évidemment à de nombreuses phases d’infiltration et de hacking. Les caméras de sécurité seront bien utiles pour vous déplacer sans bouger de votre ordinateur et vous permettront d’utiliser à bon escient les outils à votre disposition tout en prenant connaissance de l’environnement. Des carrefours à feux rouges, aux explosions de gaz sur votre route en passant par les terminaux électriques, tout peut être utilisé. Certains éléments s’ajoutent ainsi à ce que l’on connaissait déjà auparavant comme la possibilité de pirater une voiture immobile et même en mouvement, pour la faire tourner ou avancer et alerter ainsi un garde voire même pourquoi pas, l’écraser.
Autre changement intéressant, les mini-jeux se voient quelques peu modernisés. Souvenez-vous, si les énigmes de piratage vous demandaient de changer et de tourner les liaisons électriques sur un écran fixe, ici, vous devrez vous déplacer directement dans la pièce où vous vous situez pour mettre en ordre et réussir le mini-jeu. C’est une bête nouveauté certes, mais bienvenue et clairement rafraîchissante.
Les anges du hacking
Si nous vous avions déjà fait part de nos impressions concernant la direction artistique plus que bonne, le game design est correct. Les niveaux et la construction des missions sont plutôt bien pensés et souhaitent nous proposer quelque chose de nouveau à chaque fois.
Concernant l’aspect technique, on est ici dans un autre défaut récurrent dans les franchises d’Ubisoft. Décidément, la maison fondatrice de Rayman et d’autres licences cultes a du mal à se débarrasser de ses éternels chagrins. Si graphiquement le soft tient la route, on se retrouve avec un aliasing bien présent, notamment sur la version PlayStation 4 testée et l’on ne parlera pas de son multijoueur catastrophique.
Si celui-ci a été remanié, certaines fonctionnalités ont été complètement désactivées à cause de trop gros soucis de serveurs et de connectivités entre les joueurs. Paradoxale de ne pas réussir à connecter les joueurs entre eux dans une production qui veut justement miser sur… l’hyper-connectivité ? Quoiqu’il en soit, en plus de la partie coopération et intrusion, Watch Dogs 2 propose de nouveaux éléments Joueur contre Joueur dans un mode de jeu qui fait son apparition, où le joueur devra semer le chaos dans la ville avant que trois autres viennent s’infiltrer dans la partie pour l’attaquer et l’empêcher de nuire.
Enfin et pour terminer sur une note musicale, la bande-son du jeu est très bonne. Que ce soit au niveau des musiques choisies, des fonds d’ambiance ou des voix, les développeurs signent presque un sans faute. Les doublages français sont notamment de bonne facture et sont suffisants pour nous satisfaire. On retrouve également plusieurs styles de musique grâce au système de radio classique dans les voitures et l’intégration d’une application SongSneak, déjà connue sur le premier opus, nous permet de choisir facilement notre morceau… ou de l’importer dans le jeu.
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