A la fois aimée et détestée par bon nombre de joueurs et de joueuses, la licence Watch Dogs est de retour avec un troisième épisode intitulé Legion. Prévu initialement pour sortir en début d’année avant d’être repoussé de plusieurs mois, le titre laisse derrière lui l’ambiance colorée de San Francisco pour nous emmener dans une version dystopique de Londres, plus sombre et futuriste. Un choix gagnant pour la saga ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur une PS4 standard en mode de difficulté « Normal » (option « Mort Permanente » désactivée). La phase d’essai sur la version 1.02 du jeu a duré environ 27 heures, temps nécessaire pour finir la campagne principale, recruter une bonne quinzaine de PNJ, faire quelques quêtes secondaires, profiter de plusieurs activités annexes et explorer une très grande partie de la carte. Notez aussi que l’article est garanti sans spoilers et que n’avons pas pu voir ce que la VF avait à proposer car celle-ci ne sera disponible qu’à partir du 29 octobre.
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Ah, Londres ! Comme Chicago et San Francisco, celle-ci est entièrement connectée au ctOS, cette magnifique technologie qui n’a bien évidemment qu’un seul objectif : faciliter la vie des habitant(e)s. Malheureusement, tout va se compliquer lorsque plusieurs attentats à la bombe ont lieu en même temps à plusieurs endroits clés de la capitale britannique. Dépassé par les événements, le gouvernement fait appel à la société militaire privée Albion pour mettre fin au chaos qui règne mais, très vite, cette dernière va instaurer une véritable dictature. Pire encore, d’autres factions, comme le clan Kelley, profitent de la situation pour se faire une place au sein de la société londonienne et le groupe de hackers DedSec est accusé de terrorisme. Presque tous les membres de l’organisation se font tuer et c’est à vous que revient la lourde tâche de recruter de nouveaux agents afin de libérer la ville de l’oppression et surtout de découvrir le(s) véritable(s) responsable(s) de ces attaques. Bienvenue dans la Résistance !
Proposant une narration plus sombre et porté par une version originale de qualité, Watch Dogs Legion s’apprécie sur le long terme à la manière d’un bon film pop-corn même si la mise en scène manque d’ambition et que les animations faciales des protagonistes sont particulièrement rigides. L’écriture reste relativement classique mais pas inintéressante pour autant puisqu’elle aborde des sujets comme le transhumanisme et la surveillance à l’extrême d’une population sous prétexte de vouloir assurer sa sécurité. Le rythme des nombreuses missions scénarisées s’enchaîne correctement et celles-ci s’avèrent bien conçues. De plus, malgré un terrain de jeu qui possède moins d’environnements ouverts que dans Watch Dogs 2, les différents lieux que vous visiterez peuvent être infiltrés de différentes façons et offrent une liberté d’approche satisfaisante.
Autre point positif, l’ambiance sombre et futuriste de cet opus est présent en permanence, notamment la nuit, avec la flopée de drones survolant le ciel londonien, les checkpoints, qui participent à la mise en place du flicage strict mentionné précédemment, et les façades en réalité augmentée de certains bâtiments. Visuellement, ce n’est pas la claque graphique mais ça reste assez joli.
DedSec fait ses journées portes ouvertes
Lors de la présentation officielle du jeu à l’E3 2019, Ubisoft s’était mis en tête de relever un pari complètement fou : donner la possibilité aux joueurs et aux joueuses de pouvoir incarner n’importe quel PNJ de Londres. Bonne nouvelle, la promesse a été tenue avec brio. Si le titre vous propose de choisir parmi une quinzaine d’agents préconçus en début de partie, il est véritablement possible de jouer n’importe qui par la suite en se baladant dans la ville, en poussant un borough à se révolter ou en attendant que Bagley, l’IA personnel de DedSec, vous indique une recrue potentielle sur la carte.
Espion, médecin, apicultrice, avocat, gestionnaire de paie, anarchiste… chaque personnage possède une identité, ses avantages et faiblesses (une santé lui permettant d’encaisser moins de dégâts, une mobilité réduite en raison de son âge, une addiction aux jeux d’argent qui vous fera gagner ou perdre des ETO, la cryptomonnaie nécessaire pour acheter des vêtements dans les magasins…), et son propre gameplay. Une tueuse à gages pourra utiliser des armes létales tandis qu’une hackeuse devra se contenter d’un simple pistolet incapacitant. Quant au combattant à mains nus, des bonus le boosteront lors des affrontements au corps-à-corps. Cette mécanique a enfin gagné en profondeur puisque les développeurs ont ajouté la possibilité de frapper, briser la garde, esquiver et contre-attaquer quand vous combattrez un ou plusieurs adversaire(s) avec vos poings.
Sachez que certains PNJ peuvent également posséder un véhicule personnel, une voiture capable de se camoufler et de tirer des missiles façon James Bond par exemple, ou une tenue qui leur servira à infiltrer un lieu interdit d’accès aux civils à la manière de l’Agent 47. Notez que dans ce dernier cas, c’est surtout un mercenaire d’Albion qui vous sera le plus utile puisque l’entreprise a la mainmise sur toute la métropole.
Même s’il est théoriquement possible de jouer n’importe quel(le) habitant(e) de Londres, n’allez pas croire que le recrutement est dénué de toute cohérence. Chaque personnage à un avis sur les actions de DedSec. S’il vous voit en effectuer une qu’il juge positive, comme empêcher un soldat de tabasser un passant dans la rue, il sera plus propice à rejoindre vos rangs. En revanche, si vous avez blessé ou tué quelqu’un qu’il connaissait, il ne portera pas la cause de l’organisation dans son cœur et pourrait même chercher à se venger en kidnappant un de vos alliés qui sera donc indisponible tant que vous ne l’aurez pas secouru.
Au cours de la phase d’essai, nous avons réussi à recruter une bonne quinzaine d’agents aux compétentes différentes. Pour cela, il a fallu les aider en effectuant des missions qui se sont révélées assez variées pour éviter de provoquer un sentiment de redondance même s’il y a un recyclage de certaines zones à infiltrer. Effacer une dette, pirater des données compromettantes, faire taire une cible, voler un véhicule ou encore détruire du matériel, ces quêtes sont plutôt plaisantes à suivre sur la durée.
Hacker, c’est toujours aussi fun ?
Étant donné que Legion se déroule dans une version dystopique de Londres, un terrain de jeu assez différent de ceux des deux premiers épisodes, et que le gameplay dépend désormais des PNJ recrutés et non plus d’un seul et unique protagoniste, Ubisoft a dû procéder à plusieurs ajustements concernant le hacking. Oubliez donc les points d’expérience, les options de crafting, les hélicoptères, le piratage des feux de signalisation, des canalisations et des trains, ainsi que le fameux scan ctOS.
Dès le début de votre partie, vous avez la possibilité de modifier la direction de n’importe quel véhicule, de distraire un ennemi, de prendre le contrôle d’une caméra, d’activer des pièges et d’utiliser un drone ctOS, journaliste ou de cargaison. Mis à part ce dernier point, il n’y a rien de bien nouveau à noter pour le moment si ce n’est que votre téléphone n’a plus besoin de recharger sa batterie continuellement. En fait, entre chaque hack, votre mobile sera inutilisable plus ou moins longtemps en fonction de l’action que vous souhaitez effectuer.
Là où les choses changent, c’est concernant l’arbre des aptitudes qui a été considérablement retravaillé et simplifié. Il vous permettra d’utiliser des gadgets inédits (arachnobot, électropoing, piège à impulsion électromagnétique…), de débloquer les armes non létales de DedSec et d’avoir accès à plus d’options de piratage, notamment sur les différents modèles de drones du titre. Pour déverrouiller toutes ces améliorations, vous devrez récupérer des points de technologie disséminés dans toute la ville.
Dans l’ensemble, sachez que cette refonte du hacking est maîtrisée et est, là encore, plutôt cohérente. Toutefois, on pourra quand même se demander pourquoi les développeurs ont retiré la possibilité de pirater les feux de signalisation, d’autant plus que ce choix parait difficilement justifiable étant donné qu’ils sont normalement reliés au réseau ctOS comme le reste de l’agglomération. Notez aussi que le système de conduite semble avoir été légèrement amélioré même si quelques véhicules peuvent encore être une plaie à piloter.
IA encore du boulot
Si les différents drones que vous croiserez dans le jeu ont tendance à se montrer dangereux, l’IA humaine est malheureusement beaucoup plus stupide. Que ce soit dans les phases d’infiltration ou en combat, celle-ci est trop facile à berner ou à battre, et ce malgré quelques fulgurances. Il peut donc arriver que des gardes sonnent la fin de l’alerte parce qu’un personnage s’est caché derrière un poteau ou qu’ils n’arrivent pas à se défendre au corps-à-corps quand celui-ci les frappe avec une arme à la main.
Sachez également que ce cruel manque de jugeote vaut également lorsque vous vous baladez dans le monde ouvert. Les courses-poursuites ne durent jamais très longtemps et se déclenchent uniquement quand vous vous en prenez directement à Albion devant tout le monde. Vous aurez beau foncer par mégarde sur des piétons avec un véhicule, les soldats présents dans la ville ne broncheront pas et les civils ne se préoccuperont jamais de votre comportement, sauf s’ils connaissaient une de vos victimes.
Vous en voulez plus ? Juste avant une quête, nous nous sommes amusés à bloquer l’accès à Tower Bridge. Une fois la mission terminée, nous sommes revenus à l’endroit où nous avions interrompu la circulation afin de voir comment l’IA avait réagi à la situation durant notre absence. Au lieu d’assister à un simple embouteillage, les PNJ sont devenus complètement fous et ont provoqué un énorme carambolage, faisant même exploser plusieurs voitures. Autant vous dire que nous avons eu du mal à ne pas être pris d’un fou rire en voyant cette scène.
Bref, si vous recherchez un peu plus de challenge, on ne pourra que vous conseiller d’augmenter le niveau de difficulté ou d’activer l’option « Mort Permanente » qui vous obligera à préparer méticuleusement votre approche avant chaque mission sous peine d’assister au décès prématuré et définitif d’un de vos agents.
Et la durée de vie, ça donne quoi ?
Terminons ce tour d’horizon du titre avec quelques mots sur son contenu. En plus d’une campagne principale qui devrait vous occuper pendant une bonne vingtaine d’heures, Watch Dogs Legion inclut des quêtes secondaires scénarisées, des missions de libération des boroughs (sabotages, neutralisation de VIP, collectes de preuves…) et un contenu annexe qui devrait satisfaire les complétistes. Au programme, vous pourrez notamment faire du street art, jongler le plus longtemps possible avec un ballon de foot en enchaînant correctement les QTE, faire une partie de fléchettes et même jouer le rôle du facteur en livrant des colis plus ou moins légaux dans toute la ville.
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