Des jeux de chasse, il y en a pas mal sur le marché, et un certain Way of the Hunter vient s’ajouter à la liste. C’est donc après Open Country, Hunting Simulator 2 voire l’excellent Thehunter : Call of the Wild – qui reste encore la référence en la matière -, que le titre édité par THQ Nordic et développé par Nine Rocks Games déboule lui aussi, et va tenter de nous convaincre afin d’essayer de se hisser au niveau d’un theHunter. Est-ce finalement le cas et avons-nous là LE jeu de chasse à faire cet été ? Réponse dans notre test.
Conditions de test : Nous avons testé Way of the Hunter durant une bonne quinzaine d’heures en mode aventurier – le mode normal du jeu -, le temps de débloquer un maximum d’équipements, d’explorer les deux cartes disponibles, ainsi que de tenter d’aller le plus loin possible dans le mode histoire. Le titre a été testé sur PC avec 16Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
Sommaire
ToggleUne narration dans un jeu de chasse ? Pour de vrai ??
À contrario d’un theHunter : Call of the Wild voire Hunting Simulator 2, Way of the hunter dispose bien d’une narration. En effet, le titre débute avec un certain River Knox, un jeune citadin parti en pleine cambrousse et devant aider à perpétuer la tradition de la chasse, débutée jadis par son grand-père souffrant. Concrètement, c’est comme cela que l’on pourrait grossièrement résumer la trame scénaristique, même si elle est en soi beaucoup plus profonde qu’elle n’y parait. Car en plus de cette intrigue, le titre nous aide via quelques cinématiques façon bande dessinée, à en apprendre un peu plus sur le passé de notre protagoniste, ainsi que son lien et amour de la chasse.
Il faut dire que le potentiel narratif du soft est intéressant au début, mais nous finissons par assez vite l’oublier, tant l’histoire nous ferait presque penser à un vulgaire téléfilm passant l’après-midi sur TF1. Toutefois, force est d’admettre que l’intention des développeurs de proposer un fil rouge est totalement louable, et ce n’est pas forcément une chose que les autres licences concurrentes ont expérimenté autrefois, ou vraiment très peu. Néanmoins, on regrettera l’absence de véritable PNJ sur la map, mais aussi des cinématiques terriblement bancales et maladroites, exceptées celles à la manière d’une bande dessinée.
Du côté du scénario c’est vraiment mi-figue mi-raisin, un peu comme sa direction artistique. Nous sommes bien conscients qu’il soit très difficile de faire différemment des autres jeux de chasse sortis auparavant mais ici, force est d’admettre que l’esthétique est en définitive des plus classiques. Des contrées américaines en passant par des environnement roumains du côté de la Transylvanie, nous restons sur une disposition des décors relativement générique, et peinant véritablement à nous émerveiller. De plus, on regrette assez amèrement une météo dynamique pas réellement poussée, ce qui aurait pu rendre l’expérience un peu plus grisante. Car à aucun moment vous ne verrez vraiment de la pluie ou de la neige, ce qui est fort regrettable pour le coup.
Un gameplay, intéressant tout en manquant d’accessibilité
Et puis il y a son gameplay, qui proposerait presque un mélange fort intéressant entre Hunting Simulator 2 et Thehunter: Call of the Wild. Effectivement, il y a dans un premier temps notre QG, qui n’est autre que le gîte de chasse. Ici, vous pouvez acheter diverses armes, équipements – lunettes de visée, appeaux pour chaque espèces… -, ainsi que des permis de chasse. Ceux-ci ne sont pas à acheter par animaux mais par zones, ce qui est finalement mieux ficelé qu’avec Hunting Simulator 2 et ces maudits permis de chasse à déverrouiller pour chaque animal. Ce côté-là est donc bien amené, et sachez qu’il est aussi possible d’exposer ses divers trophées via un espace taxidermie en sus de la possibilité de dormir, afin de passer le temps en fonction de l’heure à laquelle vous voulez partir à la chasse.
La partie gîte de chasse est finalement plaisante, et Way of the Hunter se la joue aussi theHunter: Call of the wild, avec deux maps très ouvertes. Car oui, le titre nous propose deux cartes d’environ 144km², ce qui reste assez immense pour de l’exploration. Une séquence à pied ou en voiture qui est sympathique au début, mais devenant assez vite une routine répétitive. En effet, on retrouvera trop souvent les mêmes points d’intérêt à découvrir que sont de nouveaux gîtes, observatoires, ou bien traces d’animaux à chasser. Voilà donc une phase exploration qui tombe trop vite à l’eau, car elle n’en reste pas moins rébarbative à la longue, notamment à cause du côté vide des deux cartes, et une certaine absence de vie regrettable.
Au-delà de ça, tout l’aspect chasse est également relativement mitigé. Malgré les premières missions qui vous expliquent bien les bases sur comment chasser votre gibier, l’accessibilité du soft n’en sera pas moins discutable pour les néophytes en la matière. Le gameplay de Way of the Hunter demande beaucoup trop de patience, de concentration, de rigueur et surtout beaucoup de précision afin de fusiller nos cibles, et repartir content de notre proie en la prélevant ou en la vendant pour vous faire quelques sous. De ce fait, si toutes ces conditions ne sont pas réunies, la frustration prendra vite le dessus à cause d’un degré de réalisme exagéré, où le moindre bruit de vos pas fera fuir instantanément ou presque trop facilement les plus gros animaux comme les cerfs voire les élans par exemple.
De gros défauts et quelques carences venant nuire au gameplay
D’ailleurs, en dehors des différents appeaux pour attirer les animaux désirés et le nombre assez limité de pétoire à disposition – pratiquement une dizaine au total -, le gameplay de Way of the Hunter, aussi plaisant soit-il sur les premières heures, montre vite ses lacunes évidentes. D’ores et déjà et nous l’avons évoqué plus haut, l’IA des animaux est beaucoup trop aux aguets, nous empêchant parfois d’avoir le temps de les approcher afin de bien se placer et les ajuster. Qui plus est, le soft s’offre des incohérences sur le game design avec des animaux un peu plus imposants qui ne meurent pas du tout si on utilise un fusil de chasse pour les petits gibiers en l’occurrence. Des points négatifs bien tristounets, surtout lorsque l’on voit quand même un nombre d’espèces différentes assez diversifiées à chasser.
Et pour ne pas s’arrêter là, il faut bien admettre que Way of The Hunter a pas mal sous-exploité son mode instinct du chasseur, tout comme sa balistique. Un peu comme dans les autres licences, il y a la possibilité de traquer vos gibiers, et analyser les différentes traces afin de noter sur la carte l’endroit où les animaux passent plus ou moins. De plus, ce mode là permet de voir à quel endroit vous avez abattu votre gallinette cendrée via un halo orange, mais aussi les bruits des animaux avec l’information sur son espèce, son état et à quel distance il se trouve. Le système est bien huilé sur la forme, mais terriblement sous-exploité sur le fond, ce dernier n’était finalement pas très optimal pour traquer des proies de A à Z, et ne servant qu’assez occasionnellement pour repérer des traces ou bruits d’animaux.
La douche froide est donc réelle comme sur la balistique. Réaliste et disposant d’un sound-design fort bien travaillé, la balistique et la calibration de la visée sur Way of the Hunter manque de peaufinage. S’il est possible de régler le point zéro à la distance près, il peut arriver que l’on arrive quand même à rater sa cible alors que l’on est censé l’avoir touchée. Il s’agit là d’un point qui peut rallonger la frustration chez le joueur. Toutefois, on apprécie les informations données aux joueurs une fois que l’on prélève notre proie, avec des statistiques détaillées et le x-ray montrant où vous avez touché l’animal. Il y aura évidemment la faculté de vendre votre précieux trophée par la suite voire le garder au chaud pour la taxidermie.
Pour le reste, nous retrouvons aussi tout un système de compétences passives. En réalisant diverses actions, vous débloquez automatiquement des compétences passives vous permettant de vous faire un peu moins repérer par les animaux en position débout, accroupie ou allongée, voire de déverrouiller de nouveaux cris pour vos appeaux. La dernière compétence passive citée est globalement la moins réussie, car elle demande trop de précision et d’investissement inutile pour les obtenir, ce qui frustrera autant les expérimentés que les novice en la matière. Ce sont plein de détails qui finissent par véritablement ne plus nous donner envie de revenir sur le titre, en plus de l’absence d’un chien de chasse qui aurait été grandement utile au gameplay de Way of the Hunter, qui reste quand même rigide jusque dans la physique des véhicules, pauvre. Il y aura bien trois niveaux de difficulté pour adoucir le tout, mais sans que l’expérience de jeu ne soit améliorée comme on l’aurait souhaité, histoire de rendre le titre accessible pour tous.
On termine avec la durée de vie de Way of the Hunter. Pour être honnête avec vous, il est encore difficile de quantifier véritablement la durée de vie du soft. Toutefois, pour arriver au 100 % et en comptant le fait d’y jouer en coopération, vous pouvez facilement compter pas moins d’une bonne centaine d’heures pour en faire vraiment le tour complètement. C’est une durée de vie qui reste excellente, et qui devrait sans conteste faire plaisir aux mordus de jeux de chasse, d’autant que des ajouts de contenus ou divers DLC, viendront largement étoffer le titre dans les mois à venir.
Des graphismes corrects pour une immersion sonore authentique ?
Sur le point de vue purement visuel, Way of the Hunter n’a pas trop à rougir de la concurrence. La production de Nine Rocks Games dispose d’une belle quantité de détails sur la faune et la flore, et quelques panoramas assez sympathiques et plus ou moins dépaysants à admirer. Le cycle jour/ nuit est lui aussi flatteur, mais on regrette que le soft s’offre parfois quelques textures et modèle 3D fortement passables comme le ciel, un peu trop pixelisé. En plus, le jeu souffre de nombreux bugs comme du clipping à foison, des petites saccades à certains endroits, mais aussi des bugs plus graves comme passer sous la map après avoir effectué un voyage rapide vers le gîte. Tout ceci combiné avec les défauts de gameplay, cela peut déjà faire beaucoup, et il serait temps de sortir un patch pour tout régler.
Il y aura néanmoins un point positif important à noter, qui restera la bande-son. L’immersion de la nature environnante est totale, et le bruitages des animaux pour le moins relativement réussi. Très peu de musiques seront cependant à noter ce qui reste finalement pragmatique, dans la mesure où il n’y en a pas vraiment besoin. La seule ombre au tableau proviendra des doublages, assez peu convaincants et peu qualitatifs dans l’ensemble.
Cet article peut contenir des liens affiliés