Issu d’une collaboration ouverte entre une équipe de développement et des artistes de tous horizons, Wayward Strand s’avère être la première œuvre majeure du studio australien ghost pattern. Sorti sur PC, PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series et aussi sur Switch le 15 septembre 2022, il a piqué la curiosité de votre serviteur tant il porte une attention particulière aux histoires interactives.
Nous suivrons ici Casey Beaumaris, jeune écolière australienne de l’année 1978 contrainte de suivre sa mère, infirmière, dans un hôpital volant. Parfois déçu mais jamais insensible, voyons quelles émotions va procurer cette nouvelle aventure, car n’oublions pas que c’est le but de chaque histoire.
Conditions de test : Nous avons effectué une partie complète et la moitié d’une seconde sur PlayStation 5 via un code fourni par l’éditeur. Ce test est garanti sans aucun spoiler narratif majeur.
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Comme vous pouvez l’imaginer, qui dit histoire interactive, dit narration et si vous n’avez pas écouté vos cours de la langue de Shakespeare pendant votre scolarité, vous risquez très rapidement de désinstaller le jeu. En effet, sans employer un langage soutenu, Wayward Strand vous demandera malgré tout d’avoir les bases nécessaires en anglais pour suivre les nombreux dialogues de Casey. Notre protagoniste, jeune écolière et journaliste pour son école, se voit contrainte d’accompagner sa mère au travail pendant 3 jours plutôt que de rester à la maison. Qu’à cela ne tienne, profitons en pour dénicher de quoi rédiger un bel article sur cet hôpital aménagé sur un dirigeable.
Vous rencontrerez ici deux catégories de personnes, le personnel de l’hôpital et les résidents. Ce sont surtout ces derniers qui vont vous aider à remplir votre cahier de notes par la narration d’un grand nombre d’anecdotes de leurs passés respectifs. Et si vous voulez tout connaitre des passagers de ce vaisseau, sachez qu’une partie ne sera pas suffisante (deux non plus probablement). Vous allez en croiser de tout type ; excentrique, bougon, prévenant, le panel de tempérament est bien présent et parfois assez amusant.
En effet, l’histoire de Wayward Strand se déroule en temps réel. Comprenez que vous arrivez à bords aux environs de 08H30 et que vous vous en allez vers 18H00. Pendant ce temps l’horloge tourne, que vous discutiez ou non, que vous choisissiez de poser la manette ou non. Pendant ce temps résidents et personnels vaquent à leurs occupations et certaines histoires ne peuvent être entendues que dans des conditions bien particulières. Parti pris intéressant de la part des développeurs, à condition bien sûr d’adhérer à l’histoire et au gameplay, mais on va y revenir.
Petite vitesse et grande lenteur (comme disait ma grand-mère)
Après quelques minutes dans le jeu, on se rend effectivement compte que l’on est en présence de personnes âgées. Les dialogues sont extrêmement lents et notamment ceux des résidents. Mention particulière à Mr Pruess et ses soucis respiratoires qui doit reprendre son souffle entre chaque mot. Quand on sait que le temps nous est compté si on veut multiplier les dialogues, cela devient vite compliqué. Il est très honorable de vouloir retranscrire fidèlement la sensation d’être en compagnie de personnes âgées, malgré tout, cela peut se révéler assez vite pénible. Si le souci ne portait que sur ce point, on aurait pu faire preuve de mansuétude.
Souci, Casey semble avoir également été atteinte du syndrome de lenteur dans ces actions. Autant se déplacer ne pose pas de souci particulier, mais exécuter une action se fait avec beaucoup de délai. Prendre l’ascenseur, les escaliers, rentrer dans une chambre, s’asseoir nécessite un déroulé de l’action bien trop lent. Peut-être que ceci est fait pour nous obliger à multiplier les parties, ou bien nous faire ressentir ce qu’est être une personne âgée, mais cela se révèle vite frustrant, surtout quand on sait qu’aucun dialogue ne peut être passé ou accéléré, même lors d’une nouvelle partie.
Enfin, en parlant de nouvelle partie, ici pas de « New Game+ » qui aurait gardé les dialogues ou actions précédentes. Le lancement d’une nouvelle partie écrase l’ancienne. On notera également l’absence de sauvegarde automatique. Si vous souhaitez sauvegarder vous serez dans l’obligation de terminer votre journée de « travail ». Des paramètres de gameplay assez vieillots qui sont plutôt handicapants dans la manière d’aborder cette histoire.
Et le reste dans tout ça ?
En revanche si le jeu brille bien par un point à notre sens, c’est par sa direction artistique. L’environnement, les décors, les personnages semblent être sortis d’un tableau aquarelle. Le niveau de détail de chaque décor est à souligner. Chaque chambre de résident a son ambiance, correspondant à son occupant. La musique en revanche est assez quelconque et ne nous a pas réellement marquée pour que l’on puisse s’en souvenir. Peut-être est-ce également dû au fait que nous évoluons dans un environnement propice au calme et qu’on imagine mal une musique tonitruante enveloppant des personnes âgées.
Malgré tout, cette aventure laisse un petit goût d’inachevé. Si évoluer au milieu de personnes âgées, découvrir leurs soucis, comprendre que leur apporter réconfort et compagnie est important, on regrettera la fin qui laisse sur sa faim. Sans spoiler le futur joueur, il y avait matière à aller plus loin, mais pour son premier jeu majeur, Ghost Pattern a quand même posé les bases d’un futur qui peut s’avérer radieux pour de nouvelles histoires interactives.
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