Débutée en 2004 au Japon, sur PlayStation 2, la série Katamari Damacy ne posa le pied sur le vieux continent qu’avec sa seconde itération, nommée We Love Katamari. Malgré l’étrangeté de son concept, imaginé par Keita Takahashi à qui l’on doit aussi le récent Wattam, la franchise de Bandai Namco sera dès lors systématiquement portée vers l’ouest, exception faite de ses sorties sur mobiles. Car oui, difficile de trouver plus louche, même en cherchant bien dans le catalogue nippon, que cette étrangeté nous demandant de rouler une boule de couleur s’accrochant à tout ce qui est plus petit qu’elle, jusqu’à atteindre des tailles extraordinaires.
Si l’on se doute que la série ne vise pas le plus large des publics, reste qu’une certaine communauté s’est montée autour de Katamari Damacy, suffisante pour que Bandai Namco envisage sereinement la parution de ses nouvelles itérations hors du Japon. C’est ainsi que nous avions droit, en 2020, à Katamari Damacy Reroll, remake du premier volet auquel les joueurs européens n’avais jamais pu toucher jusque-là et à qui l’on attribuait une note fort convenable. Un titre bientôt suivi par We Love Katamari Reroll + Royal Reverie, version améliorée et prolongée en contenu du deuxième volet, qui atterrissait sur tous les supports du marché le 2 juin dernier.
Conditions de test : Nous avons passé une petite dizaine d’heures sur le jeu, dans sa version Xbox Series X, ce qui nous a permis de faire le tour de pratiquement l’intégralité de son contenu.
Le Katamari dans la pièce
Avant de nous lancer dans ce test, il faut préciser quelque chose que j’estime crucial : il n’est vraiment pas évident d’attribuer une note à un jeu comme celui-ci. Ou tout autre de sa série d’ailleurs. Objectivement, We Love Katamari Reroll (à qui je vais supprimer son Royal Reverie pour le restant de l’article, sans quoi celui-ci va être interminable) est plutôt laid, malgré un travail de refonte qui se voit, et son gameplay est parfaitement imbuvable au premier contact. Ah si, si, je vous assure, ça a l’air tout bête quand on regarde quelqu’un jouer, pourtant en plus de ne ressembler à personne, ce jeu (et ses frères) ne se joue comme aucun autre.
Ce qui est parfaitement voulu, entendons-nous bien, par Keita Takahashi, et par les développeurs de ce remaster / remake, qui ont conservé telle quelle cette expérience déroutante. Prendre en main son Katamari, autrement dit sa petite boule de couleur, se fait au moyen des deux joysticks, ce qui est déjà peu intuitif en soi. Mais en plus, celle-ci évolue au gré de la topographie, voire de ses envies, semble-t-il, puisqu’on se retrouve très souvent à devoir lutter pour parvenir à aller dans une direction donnée. Vous connaissez Octodad ? Eh bien on est plus ou moins sur le même genre d’expérience, à ceci près que la série de Bandai Namco pousse l’absurde dans ses derniers retranchements.
En plus de cela, les objectifs donnés ne sont pas toujours bien clairs. Mais globalement, il est question d’enrouler des trucs divers et variés dans notre Katamari, rien de plus, rien de moins, jusqu’à atteindre une taille ou une quantité suffisantes. Parfois on est lâché sans savoir ce qu’on attend de nous, et on termine un niveau sans trop comprendre comment nous nous y sommes pris. Mais il arrive aussi que les objectifs ne soient pas évidents à réaliser, la faute à la maniabilité complexe, à la caméra épileptique, ou au positionnement des objets (et / ou personnes, animaux, véhicules, maisons, immeubles, kaijus…) à collecter, pas forcément optimal.
Cela étant, on est chaque fois lâché dans un environnement ouvert, de taille variable, avec notre petite boule de couleur, quand celle-ci n’est pas remplacée par autre chose de plus absurde ou débile. Vous aviez toujours rêvé de faire rouler un sumotori de vos propres mains, en le remplissant petit à petit de nourriture jusqu’à ce qu’il atteigne une taille monstrueuse et puisse démettre son adversaire en un coup ? Non ? Eh bien We Love Katamari Reroll l’a fait quand même. Et c’est bien là que se situe le point fort du jeu, dans sa propension à faire n’importe quoi, à imaginer les situations les plus tordues, et à être toujours, ou presque, à crever de rire.
Un indispensable ?
Mais il y a de fortes chances pour que je sois en train de prêcher des convaincus, puisque si vous avez cliqué sur ce test, je parie que vous connaissiez déjà la licence. Or, tout amateur de Katamari Damacy le sait bien, il ne passera pas à côté de We Love Katamari Reroll, au même titre que des prochaines itérations de la franchise, si tant est que Bandai Namco daigne nous en offrir un jour. Pour la simple et bonne raison que rien, dans le paysage vidéoludique, ne ressemble à cela, et que la proposition est à la fois défoulante, amusante, bonne pour le moral, et se marie à merveille avec le combo bières + potes du vendredi soir.
Parce que non content d’embarquer une campagne solo, qui se termine un peu vite malgré l’ajout de nouvelles missions, le titre propose des défis en coopération sur le même écran, ce qui décuple immédiatement son potentiel fun. Impossible de passer un mauvais moment dès lors que deux manettes sont en jeu, même dans le cas où aucun des deux participants ne comprend comment se joue We Love Katamari Reroll, ou quel est l’objectif. Quoique pas besoin de jouer à deux pour cela, il suffit de lancer n’importe quelle mission solo, chacune étant accessible via un hub vraiment dégueulasse, et de se laisser porter par la proposition atypique. Rires garantis.
Mais je sens bien que les quelques profanes qui tomberaient par mégarde sur cet article se demandent si l’on parle vraiment d’un bon jeu vidéo, et après tout, un test fait office de conseil d’achat. Or, il est vrai qu’avec ce que j’ai pu écrire plus tôt, difficile de savoir s’il faut ou non investir dans We Love Katamari Reroll. D’autant que, pour ne rien arranger à cet état de fait, je vais me permettre d’ajouter qu’il ne raconte pas grand-chose, malgré un pan scénaristique flambant neuf, mais qu’il le fait très bien, tout en surfant sur une bande sonore tantôt extraordinaire, tantôt agaçante. Ça n’est toujours pas clair ? C’est bien ce qu’il me semblait…
Le fait est que Katamari Damacy est une série qui ne laisse pas indifférent. Soit vous allez adorer votre première session sur ce simulateur d’enroulage de Katamari, soit vous allez détester, mais dans tous les cas, votre avis ne changera guère. Du moins, il y a peu de chance. Alors, est-ce que vous devriez passer le pas si vous ne connaissez pas ? Eh bien, oui, je le crois. Parce que Katamari Damacy est une série qui fait un bien fou. Et ce second volet, plus ou moins magnifié par cette parution sur consoles actuelles, ne fait pas exception à la règle. Bien qu’on aurait aimé qu’il embarque un peu plus de contenu, il demeure vendu à un prix assez raisonnable pour être essayé sans remords par tout curieux ayant trente euros en poche.
Cet article peut contenir des liens affiliés