Après avoir travaillé sur les licences Styx, Call of Cthulhu et Blood Bowl, Cyanide Studio sort aujourd’hui Werewolf: The Apocalypse – Earthblood, la deuxième adaptation vidéoludique de la franchise Werewolf: The Apocalypse après celle intitulée Heart of the Forest commercialisée en octobre 2020. Appartenant à l’univers fantastique World of Darkness de White Wolf Publishing, connu essentiellement pour intégrer le monde de Vampire the Masquerade à son lore, le titre a rencontré pas mal de difficultés pendant son développement depuis son annonce en janvier 2017, notamment en raison du rachat de l’entreprise française par Nacon (anciennement Bigben Interactive) un an plus tard. Ces problèmes ont-ils eu un impact sur la qualité finale de l’action-RPG ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur PlayStation 5 en mode de difficulté « Normal ». La phase d’essai a duré environ 9h, temps nécessaire pour terminer la campagne principale et effectuer toutes les missions secondaires du jeu. Cet article est garanti sans spoilers.
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ToggleLe Garou écolo contre le méchant Wyrm
Se déroulant dans une version alternative des États-Unis, Werewolf: The Apocalypse – Earthblood vous place dans la peau de Cahal, un Garou appartenant à la meute Fianna. Alors que celle-ci infiltre un site appartenant à Endron, une puissante corporation à la solde du Wyrm (entité cosmique cherchant à détruire le monde en s’attaquant à la nature), la mission tourne au cauchemar et le protagoniste perd le contrôle de sa puissance au point de céder à une rage dévastatrice. Suite à ces événements, il décide de s’exiler, estimant qu’il est un danger pour les siens.
Mais cinq ans plus tard, lorsqu’il apprend que son clan est sur le point de perdre son combat contre la firme, il vient à son secours dans le but de mettre définitivement un terme aux agissements de la société dirigée par le mystérieux Richard Wadkins.
Voilà un pitch de départ, à la fois sombre et intriguant, qui donne envie, n’est-ce pas ? Eh bien, ne vous emballez pas trop car il n’exploite qu’une petite partie du lore du jeu de rôle dont il s’inspire et c’est bien dommage.
Le scénario créé par les développeurs n’est pas inintéressant, il intègre même quelques moments forts et est porté par un doublage audio de bonne qualité, mais il est trop expéditif. Comptez seulement 9h grand maximum en prenant votre temps pour terminer la campagne principale, composée d’à peine une dizaine de niveaux, réussir les rares missions secondaires présentes et trouver une grande partie des documents annexes ainsi que des Esprits inclus dans le titre. Oui, pour un action-RPG, c’est court et ce n’est pas le seul problème dont il souffre.
Malgré un réel effort fourni sur ce point, la mise en scène imaginée par le studio français est desservie par de nombreux soucis techniques venant constamment gâcher l’immersion. Graphismes d’un autre temps, même si le jeu peut s’avérer joli à de rares occasions, caméra pas toujours bien placée, notamment lorsque Cahal effectue ses finish moves, modélisation des visages sommaire, animations qui manquent parfois de fluidité, soucis de finition dans certaines transitions ou encore légers ralentissements pendant la lecture des cinématiques, Cyanide ne nous a pas souvent habitué à de telles lacunes dans ce domaine.
Un gameplay classique mais maîtrisé
A défaut de bénéficier d’une narration soignée et spectaculaire, Werewolf: The Apocalypse – Earthblood a quand même un atout dans sa manche, son gameplay. Tout au long de l’aventure, Cahal aura la possibilité de progresser en switchant naturellement entre trois formes : humain, loup (Lupus), et loup-garou (Crinos). Laissons de côté la première pour le moment afin de nous focaliser sur les deux autres.
Se transformer en loup vous servira à explorer et infiltrer le plus discrètement possible les différents niveaux du jeu. Cela vous donnera notamment l’opportunité de vous déplacer plus rapidement afin d’assassiner furtivement vos ennemis au corps à corps ou à l’arbalète (arme qui peut également détruire les caméras de surveillance), de vous faufiler dans les conduits de ventilation ou encore de saboter les tourelles et les portes par lesquelles arriveront les renforts si vous vous faites repérer, ce qui les blessera dans le second cas. Des mécaniques sympathiques mais très classiques qui ne bousculent pas les codes du genre.
Il est aussi important de noter que le titre ne vous permet pas de déplacer un corps, d’avoir le choix entre neutraliser ou tuer un adversaire et que l’IA sera plutôt facile à berner dans cette configuration. A moins de commettre un meurtre sous ses yeux ou de laisser un cadavre bien en vue, un soldat ne réagira quasiment jamais, et ce même si vous débranchez une caméra ou une tourelle située près de lui.
Fort heureusement, la forme du loup-garou permet de rehausser l’intérêt de l’action-RPG. Disponible uniquement lors des affrontements qui sont bien mis en valeur par des musiques métal endiablées et des ennemis plus agressifs, elle rend l’expérience de jeu nerveuse, prenante et sanglante. Saut, dash, esquive, attaque rapide et puissante, combos, saisi et exécution d’un adversaire, capacités spéciales (utilisables en remplissant votre jauge de rage), posture agile ou lourde pour maximiser votre vitesse ou votre force, Frénésie, le gameplay du Crinos est particulièrement plaisant et procure un vrai sentiment de puissance dans chaque coup porté aux membres d’Endron. Une vraie réussite.
Une dimension RPG peu inspirée
Après la partie dédiée à l’action, il est temps de voir ce que le titre de Cyanide Studio propose côté RPG. Se contentant du strict minimum, le jeu ne brille pas particulièrement dans ce domaine. L’arbre des compétences, bien conçu mais très minimaliste, vous donnera la possibilité d’étoffer un peu les aptitudes de Cahal en infiltration comme en combat en récupérant des points d’Esprit au cours de votre périple.
La forme humaine du Garou vous permettra d’interagir avec différents personnages, alliés et ennemis, grâce à une roue des dialogues sans grande originalité. Dans la première situation, vous en apprendrez un peu plus sur l’univers, les membres de votre meute et vos quêtes. Dans la seconde, plus rare mais néanmoins présente, vous pourrez récupérer quelques informations utiles et même, à une seule occasion, vous infiltrer sans faire de victime dans un complexe d’Endron.
Sachez d’ailleurs que, pendant que vous discutez avec un adversaire, votre jauge de rage pourra augmenter. Cela vous octroiera un avantage dans le cas où un combat se déclenche, que ce soit de votre propre initiative ou pas. On aurait pu penser que le fait de céder à la violence aurait des conséquences négatives sur la mission en cours et la personnalité de Cahal, au point même de mettre sa vie en danger, mais ce n’est pas le cas. Vous l’aurez compris, les développeurs n’ont pas cédé à la folie des grandeurs sur l’aspect « roleplay », ce qui est regrettable pour une expérience s’inspirant d’un jeu de rôle et la déception ne s’arrête pas là.
Les différents niveaux de Werewolf: The Apocalypse – Earthblood comportent des cartes de taille modeste. Cela restreint considérablement notre liberté d’approche. Même si, la plupart du temps, vous pourrez « choisir » entre la discrétion ou foncer dans le tas, votre marge de progression reste très réduite et vous verrez rapidement quel est le bon chemin à emprunter. De plus, certaines zones sont gardées par des ennemis impossibles à éliminer furtivement. Il faudra donc vous faciliter le travail en tuant ceux qui sont vulnérables à votre force et saboter un maximum de portes avant de déclencher l’affrontement. C’est dommage.
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