Devenir un concurrent sérieux à Monster Hunter et prendre une place de choix dans l’univers restreint des jeux de chasse, c’est l’objectif de Wild Hearts. Grâce au savoir-faire de Koei Tecmo avec sa série Toukiden et les ressources d’Electronic Arts, il compte bien toucher un public mondial et effriter le monopole de Capcom dans le domaine. A voir si la sauce prendra auprès des chasseurs, mais le studio Omega Force nous propose déjà une alternative très convaincante.
Conditions de test : Nous avons joué une trentaine d’heures au titre sur PS5 (et quelques heures sur la version PC) en terminant l’aventure principale (sachant qu’un gros endgame est disponible par la suite) et en effectuant de nombreuses quêtes annexes. Nous avons principalement chassé avec le Wasaga à lames, mais nous avons également brièvement essayé les autres armes.
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Depuis l’énorme succès de Monster Hunter World, il est devenu évident que ce genre si particulier du jeu de chasse pouvait dépasser le stade du jeu de niche afin de devenir un AAA aux millions de ventes. D’autres moins ambitieux s’y sont essayés (Dauntless ou encore God Eater) sans pour autant atteindre un degré de finition proche de ce que fait Capcom, fort de ses vingt-ans d’expérience. Le challenger le plus évident pour espérer concurrencer ce mastodonte était Koei Tecmo et son studio Omega Force qui avait déjà réussi à se faire une place au Japon avec les Toukiden.
Si Wild Hearts reprend évidemment des éléments de cette licence tout en s’inspirant énormément de Monster Hunter World, il n’en devient pas une banale copie pour autant. À l’image des Nioh qui ont su se réapproprier le genre des Souls, Wild Hearts est parvenu à trouver un style unique qui le transforme en alternative plus que convaincante.
Koei Tecmo a d’ailleurs mis ses atouts en avant en reprenant par exemple son outil de création d’avatar (qui est ici pratiquement le même que Nioh 2), mais surtout en proposant un nouvel univers inédit largement inspiré du Japon féodal. Nous évoluons ici dans la contrée fantastique d’Azuma, un monde peuplé de créatures géantes appelées Kemonos. Ces monstres sont en quelque sorte des animaux corrompus par la nature et malheureusement, ils provoquent ainsi la mort des nombreuses personnes en modifiant leur environnement. Vous incarnez ici un mystérieux chasseur fraîchement débarqué qui parvient à survivre de peu à un combat contre le Loup-de-givre. Suite à cet évènement, vous développez un étrange pouvoir vous permettant de faire appel à une technologie ancienne : les Karakuris.
Que ce soit en matière de narration ou d’univers, nous sommes vraiment très proche d’un Monster Hunter World. La meilleure illustration est la ville de Minato qui abritait autrefois en ancienne communauté de chasseurs prospères et qui lutte aujourd’hui pour sa survie face aux Kemonos. Minato fait office de base et abrite de nombreux PNJ récurrents qui viendront ponctuer votre aventure principale, mais aussi les quêtes annexes. Même si toutes les excuses sont bonnes pour chasser de la bestiole, Omega Force réussit tout de même à rendre l’histoire principale agréable à suivre grâce à des personnages attachants, la forgeronne Natsume et le vieux samouraï Ujishige en tête.
L’archipel de Vivaldi
Wild Hearts est présenté comme un jeu de chasse next-gen et à ce titre, il est uniquement proposé sur PC, PS5 et Xbox Series X|S, cependant, on ne le ressent pas totalement comme tel. En effet, il est très joli et propose des décors assez détaillés grâce à un moteur graphique qui tient plus ou moins la route, toutefois, on a plus l’impression d’être sur un jeu de la précédente génération en fin de vie. Il est dommage de ne pas bénéficier du combo 4K/60 FPS sur consoles, mais on peut au moins profiter de deux modes graphiques afin d’avoir le choix : 1080p/60FPS ou 4K/30 FPS.
A noter que le jeu souffre de quelques soucis d’optimisation notamment sur PC (selon les configurations) et Xbox Series S, toutefois, Koei Tecmo promet un patch déployé la semaine prochaine afin de résoudre les principaux soucis. Sur PS5, mis à part un clipping assez visible, il n’y a pas grand-chose à signaler. Wild Hearts impressionne néanmoins dans la construction de ses environnements, le titre nous laisse explorer quatre îles majeures, chacune représentant les quatre saisons. Cela peut paraître peu, mais elle sont assez vastes et ouvertes pour que vous puissiez les redécouvrir tout au long de votre aventure.
La verticalité est particulièrement vertigineuse sans oublier de nombreux passages cachés et des souterrains en prime. Koei Tecmo se rattrape ainsi avec son level-design et une direction artistique très accrocheuse avec ses paysages parsemés de ruines, où la nature a repris le dessus. L’exploration est en plus presque totalement libre grâce à la mécanique majeure qui démarque totalement Wild Hearts des autres titres du genre, les Karakuris. Cette technologie est un véritable couteau suisse qui facilite notre vie de chasseur. Que ce soit pour les combats, les déplacements, la récolte de ressources ou encore fabriquer un camp entier, elle devient rapidement indispensable et très intuitive.
Rassurez-vous, les affrontements contre les Kemonos ne se transforment pas en duel de Fortnite pour autant, le bois utilisé pour vos constructions ne se renfloue pas facilement en plein action. Cela nous oblige ainsi à ne pas construire en permanence sans réfléchir et à attendre le bon moment pour déployer le Karakuri adéquat. Un mur lorsque le sanglier prépare sa charge, ou bien un mortier lorsqu’un volatile est dans les airs.
Un cameraman qui a du mal à suivre
Cette mécanique de constructions s’emboîte assez bien avec le gameplay dynamique proposé par Koei Tecmo. Si vous trouvez les Monster Hunter trop rigides, Wild Hearts sera votre salut. Le titre vous laisse le choix en huit types d’armes et bon nombre d’entre-elles vous donnent la possibilité de réaliser des chorégraphies assez classes comme le Wasaga à lame, qui peut dévier les attaques ou encore la Lame-griffe qui offre une grande mobilité. Les bourrins peuvent se rassurer, le marteau ou le Nodachi sont là pour assouvir les besoins de puissance brute même si la maniabilité est un peu plus classique. Toutefois, on retient surtout la proposition d’un gameplay plus aérien et plus véloce.
Cela n’empêche tout de même pas d’avoir souvent droit à des combats brouillons avec une caméra assez capricieuse. Wild Hearts ne lésine pas sur la difficulté (pour notre plus grand plaisir) et il assez frustrant de ne pas pouvoir observer le pattern d’un Kemono, justement à cause de ce trop fort dynamisme. C’est dommage, car là où Wild Hearts fait mieux que la licence de Capcom, c’est par l’expérience qu’il propose en solo. L’utilisation des Karakuri et de nos propres talents offrent un cocktail bien plus satisfaisant en solitaire. La chasse en groupe permet au titre de le rendre plus accessible et surtout moins frustrant, rien qu’avec le fait de pouvoir réanimer son coéquipier après un K.O (et sans subir une pénalité).
Le jeu trouve ici un bon compromis avec une chasse en solo qui peut représenter le défi ultime et une chasse en groupe facilitant le farming ou permettant de franchir un cap. On précise par ailleurs que le crossplay est de la partie dès le lancement. Rappelons tout de même que la difficulté d’une chasse est aussi intimement liée à votre arme et votre armure, qu’il faut sans cesse améliorer et renouveler afin d’être toujours à la page pour le prochain Kemono qui est toujours plus féroce que le précédent.
Plus de Kemonos ?
Ce qui divisera sans doute le plus dans Wild Hearts, c’est le design des Kemono. Ce sera évidemment suivant les appréciations de chacun, mais on ne peut pas dire que le studio Omega Force n’est pas cohérent avec son univers. On ne peut nier non plus le soin accordé à ces créatures, que ce soit via les animations et leurs attaques. Le passage en mode furie de chacune de ces bêtes est particulièrement saisissant, avec une nature qui s’emballe autour d’elles. Koei Tecmo a aussi compris là où la bande-son devait frapper fort en incorporant de très bons morceaux à ces joutes épiques.
Pour une nouvelle licence, on peut aussi saluer une proposition assez riche avec plus d’une vingtaine de Kemonos différents au lancement, en comptant les variantes. Des mises à jour arriveront en mars et en avril 2023 pour proposer de nouveaux Karakuris, de nouveaux Kemonos (inédits et sous-espèces). On espère que le suivi sera régulier, mais on imagine que cela dépendra aussi du succès de son lancement.
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