Depuis sa sortie, la Switch est victime de son succès grâce, notamment, aux grosses licences de Nintendo si bien qu’il devient objectivement de plus en plus intéressant d’acquérir cette console au fur et à mesure que les bons jeux s’ajoutent au catalogue. Avec de bons titres multijoueurs comme Mario Kart 8 ou Splatoon 2 et les jeux solos tels que Zelda : The Breath of The Wild et bien évidemment Super Mario Odyssey, l’arrivée de Xenoblade Chronicles 2 peut éventuellement donner un nouvel argument de poids à la Switch. Avoir un J-RPG exclusif pur et dur a de quoi donner des frissons aux fans du genre.
Nous serons intentionnellement évasif sur le scénario pour éviter tout spoil.
Sommaire
ToggleSur un petit grand nuage
Après Xenoblade Chronicles X, Monolith Soft a compris que l’histoire comptait beaucoup pour les joueurs d’où le titre Xenoblade Chronicles 2 qui envoie un message fort à ces derniers qui ont apprécié l’excellent Xenoblade Chronicles sur Wii. Le mauvais côté de la chose est que, comme au cours de ce test, le soft va indubitablement souffrir des comparaisons avec son aîné. Nous suivons les aventure de Rex accompagné de sa lame Pyra, tous deux sont en quête de l’Elysium, un paradis perdu mais surtout un lieu salvateur pour les gens peuplant Alrest. Il s’agit d’une immense mer de nuages parsemée de surfaces volantes habitables qui sont en réalité de gigantesques titans. Tout d’abord, précisons que le lore est diablement réussi, sans même être pleinement plongé dans l’intrigue, on a une furieuse envie d’en savoir plus sur les décors qui nous entourent : les titans, la mer de nuages, les cultures, et les lames, la grande nouveauté de cet opus. On est véritablement immergé dans un cadre original qui reste tout de même similaire à ce que l’on a connu sur Wii, un vrai régal.
L’univers que nous propose Xenoblade Chronicles 2 est une pure merveille et il donne envie de s’y plonger la tête la première
La richesse de l’univers est intimement liée au déroulement de l’histoire ce qui permet d’en apprécier encore plus les différents chapitres de ce Xenoblade. Les péripéties de Rex et sa bande sont riches en révélations, en combats épiques, et en moments d’émotions intenses, bref tout ce que l’on veut voir dans un bon J-RPG. Cependant, le bât blesse au niveau des personnages et ces derniers ont un grand rôle dans cette mini déception que l’on a sur l’histoire. Le gros problème de Xenoblade Chronicles 2 est qu’il s’est éloigné du premier opus à ce niveau-là pour se rapprocher des J-RPG lambda très typés shonen manga avec des protagonistes très jeunes et souvent caricaturaux.
Ce sentiment est d’autant plus renforcé par le design de ces derniers alors que le style à la Vagrant Story de Chronicles premier du nom renvoyait une image différente de ça. Comprenez bien que ça ne rend pas le tout mauvais ou même moyen, c’est juste que les personnages sont trop impersonnels, on a du mal à s’attacher à eux en particulier des membres récurrents comme Nia ou Zyk. Même avec le nopon de l’équipe, on regrette ce bon vieux Riki. On perd un peu le côté mature et unique du premier titre qui est toujours présent ici mais dilué avec une dose de caractéristiques issues de la japanimation (Fan service, love story très prononcée, humour potache…).
L’histoire de Xenoblade Chronicles 2 est digne de ce nom et possède tous les ingrédients que l’on attend d’un bon J-RPG, cependant le côté trop « shonen manga » casse un peu avec l’esprit du premier opus sur Wii
Bizarrement, les personnages qui relèvent un peu le niveau n’ont pas été conçus par Masatsugu Saito mais par Tetsuya Nomura (FFXV, Kingdom Hearts), qui a participé principalement sur les antagonistes, et beaucoup d’autres noms de la discipline pour ce qui est des lames, plus précisément des lames rares. Au cours du jeu, il est possible de les recruter en activant des cristaux récoltés au préalable dans des coffres ou sur des monstres. Ces Kinder Surprise en puissance donnent la plupart du temps des lames classiques mais parfois on peut obtenir une lame très différente de la norme. C’est là que l’on assiste au festival des chara-designer, il est amusant d’essayer d’en reconnaître certains (le nom du créateur est affiché, il suffit de googler dans le doute).
Cet exotisme visuel est plutôt bienvenu et rattrape un peu le côté trop classique des personnages principaux même si visiblement la ligne « poumons bien fournis et tenues légères pour les lames du sexe féminin » a été placée en haut de la liste du cahier des charges. De plus, chaque lame rare dispose de quêtes dédiées ce qui permet d’en apprendre plus sur leurs histoires et leurs personnalités. Plus généralement, les lames font offices de couteaux suisse sans mauvais jeu de mot et interviennent dans absolument tous les traits du titre. Monolith Soft a vraiment bien exploité le potentiel de cette nouvelle mécanique de jeu.
Ah les grands espaces !
Xenoblade Chronicles 2 pousse la Switch dans ses derniers retranchements, en témoigne le clipping quasi-permanent lors des voyages rapides, le peu d’aliasing et un flou visuel parfois trop voyant sur certains plans. Mais quand on voit ce qu’on y gagne, on se dit qu’il faut bien ça pour profiter des magnifiques environnements du jeu. Parcourir un titan de fond en comble sans chargement est un véritable plaisir d’explorateur sans parler des panoramas majestueux qui s’étendent à perte de vue. Il faut saluer le design des environnements très ingénieux comme l’archipel de Letheria et ses îlots flottants ou Uraya où l’on est carrément à l’intérieur d’un titan. On a beau en faire le tour plusieurs fois, on trouvera toujours un endroit que l’on n’aura pas vu auparavant. En outre, les lames ont également un grand rôle là-dedans puisqu’elles disposent de capacités de terrain qui permettent de débloquer certains passages. Les obstacles demandent des talents de niveaux différents, il sera donc nécessaire de développer vos lames et d’en recruter de plus en plus pour cumuler ces forces.
Techniquement, la Switch toussote un peu mais les vues splendides et l’exploration en général sont des points particulièrement réussis
Le cycle jour/nuit et la météo seront des paramètres à prendre en compte pour quelques événements, de même que la marée. Quand elle est haute, elle vous permet de nager dans les nuages pour atteindre des endroits inaccessibles autrement. Quand elle est basse, cela débloque des zones précédemment enfouies dans un amas nuageux. Les environnements cachent de nombreux secrets, et les nombreuses quêtes du jeu sont une des motivations qui vous poussent à explorer certains coins même dangereux. Car oui, les joueurs de Xenoblade savent pertinemment que les zones sont infestées de monstres de tous gabaries. Ainsi, il n’est pas rare de croiser des ennemis qui ont plus du double de votre niveau comme dans la première zone où l’on observe un énorme gorille niveau 81 (petit clin d’œil à l’opus Wii) alors que l’on ne dépasse même pas 10. Dans ce cas, il s’agit en plus d’une petite exception puisque l’on parle d’ennemis uniques qui sont des adversaires redoutables représentant de véritables défis. En comptant la foule de quêtes qui se dévoile au fur et à mesure de la progression, nous ne sommes pas déçu par la durée vie colossale du titre. On dépasse aisément la centaine d’heure, voilà de quoi vous rassurer.
C’est avec plaisir que l’on retrouve une durée de vie énorme qui se compte en centaines d’heures.
Les villes ne sont pas en restes et, comme pour les colonies naguère, il est possible de les développer pour obtenir de nouvelles quêtes et de nouveaux articles en magasin. Par ailleurs, avec un niveau de développement assez élevé, il vous est offert la possibilité d’acquérir le commerce après avoir acheté tous les articles au moins une fois. Cela ne vous donne pas accès à une rente comme on pourrait s’y attendre mais à une compétence passive bonus comme courir plus vite, gagner plus d’expérience ou empocher plus d’or en combat. Accomplir des tâches et dépenser de l’argent dans les cités ne seront pas suffisants pour faire évoluer ces dernières. C’est là qu’intervient la section « mercenaires » du menu. Elle vous permet d’accomplir des missions spéciales en envoyant vos lames « inutiles » (ce qui correspond à toutes les lames non rares bouche-trou en somme). Certaines sont même obligatoires pour que vous puissiez avancer dans des quêtes en cours mais c’est surtout un bon moyen d’entraîner vos lames autrement que par le combat. Car la personnalisation très basique des pilotes passent à la trappe au profit des lames qui possèdent des sociogrammes plus fournis et des équipements plus impactant. D’ailleurs, fini les changements de tenues qui se voyaient à l’écran, seules les armes de lames ont ce luxe via les modifications.
Blade Trinity
Comme les bons rasoirs, vos combattants peuvent équiper jusqu’à 3 lames en même temps. Un chiffre récurrent puisque c’est également la limite de membres dans votre équipe pendant les affrontements. Pour ce qui est des bases, on retrouve le gameplay tactique de la série. Des auto-attaques se déclenchent toutes seules et l’on doit utiliser des compétences, appelées arts, astucieusement. Le positionnement de votre personnage par rapport à l’ennemi et l’enchaînement de vos arts a une influence majeure sur les dégâts infligés. Pour faire court, le système de combat est vraiment riche, c’est pourquoi le début de l’aventure est si lent et jalonné de tutoriels intempestifs. Il y a beaucoup à assimiler et l’on comprend que les développeurs aient voulu y aller en douceur.
La spécificité de cet opus vient des lames qui apportent de nombreuses mécaniques de gameplay. Tout d’abord, l’équipement de ces dernières vous permet d’adopter plusieurs rôles à la fois. Les lames sont divisées en 3 catégories : Attaquant, Tank, et Soigneur. Il faut donc s’adapter à l’ennemi ou à votre style de jeu. Par exemple, prendre trois lames de type attaquant avec soi donne des statistiques très offensives mais vous pouvez très bien gérer cet équilibre autrement en adoptant un soigneur pour les coups durs. Sachant qu’il est possible de switcher en plein combat, la réalisation de combos d’arts s’en voit facilité puisque compter sur l’IA n’est pas toujours fiable, c’est le moins que l’on puisse dire.
Tout détailler ici serait laborieux, sachez simplement que le reste se base sur des enchaînements d’arts spéciaux avec vos alliés (les éléments étant largement pris en compte comme le feu, l’eau, la foudre…) et de timing (en appuyant sur le bouton au bon moment pour renforcer les attaques). Il y a beaucoup d’informations à l’écran, ce qui peut faire peur au premier abord, mais on s’y fait très rapidement. Au final, est-ce que le système de combat est bon ? C’est sûrement le point qui divisera le plus les joueurs. On peut les trouver longs et parfois brouillons comme on peut les trouver très stratégiques et impressionnants avec les successions de supers coups.
Le gameplay est riche et met un petit temps à s’exprimer mais c’est tout de même le point le plus clivant du jeu
Si l’on a compris quelque chose au fil des jeux Xenoblade, c’est que l’ergonomie est le dernier des soucis pour Monolith Soft. Naviguer entre les menus pour équiper des lames possédant les bonnes compétences de terrain est un enfer. On note un cruel manque d’information ce qui devient très vite frustrant. Aucun bestiaire pour savoir à quoi ressemble tel monstre que l’on doit tuer 5 fois, aucun compendium pour savoir où l’on doit récolter tel ingrédient (et l’on parle bien de choses déjà acquises auparavant et des monstres déjà vaincus). Surtout que la récolte de ressources est prépondérante. Rex peut user de ses talents de récupérateur à des endroits bien précis, et les points de récoltes sont partout. Heureusement, là encore, les compétences de lames peuvent jusqu’à tripler les fruits de la cueillette. Vous l’aurez compris, ce manque d’information, pourtant basique dans tous les grands J-RPG, plombe un peu le fun.
La bande son est une réussite et la qualité frise aisément avec celle de Xenoblade Chronicles
Xenoblade Chronicles avait été acclamé pour sa bande son très au-dessus des standards du J-RPG (qui placent déjà la barre très haut) et le moins que l’on puisse dire c’est que les moyens ont été mis sur la table pour rivaliser. Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Chrono Cross, Xenogears…) a repris à peu de chose près la même équipe ce qui n’était pas le cas pour Xenoblade Chronicles X. Seul Yoko Shimomura (FF XV, Kingdom Hearts) manque à l’appel mais malgré l’absence de son immense talent, la bande son se révèle incroyable et atteint le même niveau que sa grande sœur sur Wii. Beaucoup de morceaux vont vous rappeler ceux déjà entendus comme « You will know our names » ou le thème de « Gaur Plain » ce qui n’est pas pour nous déplaire. Sans oublier la nuance jour/nuit très plaisante à l’oreille.
Pour ce qui est des doublages, nous n’avons eu droit qu’aux voix anglaises étant donné que le DLC gratuit avec les voix japonaises arrive le jour de la sortie. Connaissant la qualité habituelle des doublages nippons plus ce que l’on a pu entendre dans les différents trailers, on constate que la différence de niveau est claire comme du cristal. Et ceci n’est pas un avis de puriste aveugle, sans parler des accents british très prononcés qui peuvent donner un coup dur à l’immersion (pardon mais ça me fait le même effet que l’accent marseillais dans Binary Domain), c’est surtout le manque de conviction dans les instants forts en émotions qui gâchent un peu ces scènes. Le doublage reste tout de même correct dans l’ensemble mais il y a bien mieux du côté des japonnais.
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