Sans doute le JRPG le plus attendu cette année, Xenoblade Chronicles 3 s’est enfin dévoilé pleinement à nous. Avec un premier opus qui a marqué le jeu vidéo sur Wii, ce troisième épisode a la lourde tâche de passer après celui-ci et un Xenoblade Chronicles 2 très sympathique, mais avec quelques maladresses. Surpasser l’original ou faire mieux que le deuxième titre moins bien considéré ? Xenoblade Chronicles 3 fait bien plus en raccordant ces deux mondes et fait ainsi évoluer la franchise à un stade supérieur. Monolith Soft s’est surpassé.
Conditions de test : nous avons terminé le titre dans sa globalité (et presque à 100%) sur Switch OLED principalement en mode docké mais aussi en mode portable. Le test est garanti sans spoil majeur (uniquement quelques éléments pour contextualiser).
Sommaire
ToggleLiés par le rouge de l’épée
Que ce soit à travers la jaquette du jeu ou bien des mots officiels des développeurs, chacun sait plus ou moins que Xenoblade Chronicles 3 est lié d’une façon ou d’une autre à Xenoblade Chronicles 1 & 2. Même si les révélations sont parfois floues, Monolith Soft a su imposer son lore si particulier que les joueurs de Xenogears ou Xenosaga connaissent bien. On vous rassure si c’est votre première approche avec la licence, il n’est pas nécessaire d’avoir fait les précédents pour pleinement en profiter. Vous manquerez quelques détails mais c’est justement le génie de cet opus, il parvient à nous embarquer dans son aventure unique en dévoilant petit à petit ses mystères sans pour autant se reposer sur des références constantes.
On profite en plus d’une intrigue particulièrement mature et très bien développée. Aionos est un monde en guerre perpétuelle où deux camps, Keves et Agnus, s’entre-tuent afin de remplir des cadrans vitaux nécessaires à leur survie. Chaque côté est divisé en plusieurs colonies qui se font même concurrence en interne via un système de rang qui accorde de meilleures ressources si l’on est bien placé. Dans ce cadre peu idyllique, nous avons des soldats créés spécialement pour le combat et dont l’espérance de vie ne dépasse pas vingt-ans. Leur seul espoir de salut est d’atteindre la cérémonie du Grand Retour auprès de la reine en récompense de dix années de service sur le champ de bataille.
Les choses commencent à prendre une autre tournure lorsque trois soldats de Keves (Noah, Lenz et Eunie) et trois soldats d’Agnus (Mio, Sena et Taion) rencontrent un vieil homme mystérieux. Suite à cet évènement, ils deviendront malgré-eux des êtres spéciaux appelés Ouroboros. A cause de ce nouveau statut, ils sont immédiatement considérés comme des parias par leurs patries et sont pris pour cibles par toutes les colonies. Malgré les divergences évidentes, nos six héros (sans oublier les deux nopons Riku et Manana) vont devoir collaborer et entamer un voyage qui leur permettra de découvrir ce qui se cache vraiment derrière ce théâtre insensé.
Vous allez sortir les Xenokleenex et pas qu’un peu
Avec Xenoblade Chronicles 3, Monolith Soft passe au niveau supérieur dans la narration et corrige d’emblée les erreurs de parcours de Xenoblade Chronicles 2 et sa direction un peu trop « shonen/fan service ». Le développement des personnages et de l’univers force le respect, sans oublier que la mise en scène est sublimée grâce à la pléthore de cinématiques. Un bon moyen de proposer des scènes d’action très impressionnantes malgré les limitations du moteur graphique et de la console.
Elles ont également le chic de rendre les instants poignants encore plus émouvants. On sent que chaque personnage a été soigneusement conçu avec des traits sympathiques, mais également des démons du passé qu’ils devront affronter un jour ou l’autre. Au cours du voyage, on apprend à apprécier le groupe et leurs interactions qui évoluent puisqu’ils se voyaient d’abord comme des ennemis. Le contexte de cette guerre et de leur espérance de vie donnent une saveur assez originale puisque l’on est loin des codes habituels. Même si le titre abuse parfois de ces cinématiques dans la longueur, elles vont irrémédiablement marquer par l’émotion intense qu’elles procurent (surtout à un point culminant de l’intrigue où elles s’enchaînent énormément).
En outre, la bande son magistrale est là pour en remettre une couche, ne vous laissant ainsi aucune chance de rester de marbre face aux nombreuses scènes émouvantes. Yasunori Mitsuda, Manami Kiyota, ACE (Tomori Kudo et Hiroyo « CHiCO » Yamanaka), et Kenji Hiramatsu, autant de talents qui ont encore une fois composé des merveilles musicales dans tous les styles. Car la série nous gratifie encore une fois de plusieurs thèmes de combat qui donnent la patate spongieuse. L’autre face du génie de certains morceaux, ce sont les références subtiles aux deux premiers jeux. Cela reste à peine perceptible, mais elles sont assez uniques pour rester très loin du domaine du recyclage.
Dernier petit détail musical qui rend cet opus unique, c’est l’importance de la flûte que ce soit pour nos personnages ou pour la bande-son. Noah et Mio sont des passeurs d’âme, un rôle spécial au sein des armées qui a pour tâche de guider l’âme des soldats tombés au combat grâce à une mélodie. L’instrument est ainsi constamment présent et est le symbole d’un lien très mélancolique entre la musique et l’histoire du jeu.
Colonies de vacance
La référence subtile sans recyclage, c’est un peu la marque de fabrique de ce Xenoblade Chronicles 3. On le retrouve dans la race des personnages, les environnements et les combats. Comme attendu, le JRPG reste très bon là où on l’attend et notamment en ce qui concerne le tourisme avec de nombreux panoramas sublimes. Rarement un jeu (c’est encore plus vrai sur Switch) nous fait ressentir l’immensité de son univers rien qu’en regardant autour de nous. Cependant, il reste assez faible en comparaison des mondes ouverts de ces dernières années en matière d’interactions.
Peu d’évolution depuis le premier titre même s’il y a des efforts avec quelques rares énigmes à résoudre, des zones cachées à dénicher et même une zone maritime entière parsemé d’îles à explorer en bateau, mais globalement on est surtout là pour chasser du monstre et récolter des ressources dans notre sillage. On retrouve ainsi un grand nombre de quêtes fedex, de chasses aux monstres et de récoltes de ressources assez classiques et redondantes, mais la pilule passe bien mieux grâce à ce système de colonies qui ne nous donne pas l’impression de faire bêtement des objectifs de remplissage.
L’une des grandes nouveautés de cet opus est le système de héros que l’on peut recruter afin qu’ils nous aident en combat en tant que septième membre. Certains vous donneront même des capacités d’explorations spéciales comme grimper sur les lianes. Ces derniers sont souvent des commandants de colonie que notre groupe va libérer. Chacun dispose ainsi de quêtes spécifiques (quêtes de héros) qui nous laisse le plaisir d’en apprendre plus sur eux. Cependant, la prouesse de Xenoblade Chronicles 3 est de garder son monde vivant grâce à ces colonies qui vont sans cesse se développer et chercher d’autres voies.
On se retrouve assez souvent dans les mêmes colonies afin de les épauler et donc l’interaction avec ces héros est constante ; ce n’est pas juste l’histoire d’un moment et on n’en parle plus. Les quêtes annexes nous permettent donc d’être témoins de l’évolution des colonies, mais aussi des relations conflictuelles entre Agnus et Keves. On s’étonne même de s’attacher à certains PNJ qui apparaissent de manière récurrente. Une bonne idée reprise de Xenoblade Chronicles avec son sociogramme.
L’Ouroboros Xenoblade Chronicles 3
Bien que Xenoblade Chronicles 3 puise dans chacun de ses ainés pour ses mécaniques de jeu, il se révèle largement plus proche du premier, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Nous avons ici une version bien plus aboutie et équilibrée qui, contrairement aux apparences, est assez simple à prendre en main. Les six personnages (+ un héros au choix) combattent en même temps et il est possible de prendre le contrôle de chaque membre (sauf le héros) à tout moment.
Pour le reste, on retrouve un système de combat à base d’auto-attaques et d’arts ayant parfois des effets supplémentaires selon notre position par rapport aux monstres. Il est possible d’équiper jusqu’à six arts par personnage. Trois propres à une classe et trois autres issus des classes que vous avez maîtrisées. Eh oui, cet opus intègre désormais plusieurs classes qui élèvent les rôles basiques d’attaquant, soigneur et tank.
En plus des six de base, le recrutement de héros vous donne ainsi accès à tout un tas de variantes comme un soigneur porté sur l’attaque, un archer, ou un tank pouvant faire de gros dégâts de contre. On est ainsi beaucoup libre dans nos stratégies en composant notre équipe : vous pouvez même mettre un même rôle pour chaque membre bien que cela risque de ne pas être viable. On a réellement un gros potentiel à ce niveau-là et on espère que les DLC apporteront d’autres défis pour les mettre encore plus à contribution.
À côté de ça, nous avons l’une des grosses innovations de ce nouvel opus, l’interlien. Pendant un court moment, les différents duos peuvent fusionner pour se transformer en Ouroboros surpuissants qui disposent de leurs propres arts (avec une version différente selon le meneur de l’interlien). Outre la satisfaction de cette montée en puissance durant les affrontements, l’interlien se révèle être un outil tactique très utile. Dans cet état, impossible d’être K.O quelle que soit la puissance des coups reçus. Par contre, chaque attaque portée augmente la jauge de surcharge qui, une fois pleine, brise votre fusion.
Autre apport de Xenoblade Chronicles premier du nom, les enchaînements font leur retour dans une version bien plus lisible. Le rendu est satisfaisant puisque l’on peut y faire des combos assez brutaux et cela permet de renverser la tendance en infligeant de lourds dégâts. Cependant à la longue, le principe devient un poil redondant. La longue durée des enchaînements casse souvent le rythme (et même la musique que l’on n’a pas envie d’interrompre) si bien qu’on se retient d’en user pour rester sur des combats plus classiques. On peut rajouter que l’on a parfois du mal à suivre ce qu’il se passe. Lorsque l’on doit faire des feintes d’arts pour réaliser des combos, le monde et les nombreux effets rendent l’action parfois peu lisible. Mis à part ces derniers points, on peut dire sans trop se mouiller que Xenoblade Chronicles 3 possède le meilleur système de combat de la série.
Le point sur la technique
En matière de contenu, vous pouvez vous attendre à une bonne dose puisque votre temps de jeu dépassera aisément la centaine d’heures et bien plus encore si vous voulez atteindre le 100%. D’ailleurs, est-ce Xenoblade Chronicles 3 reste droit dans ses bottes techniquement tout au long de l’aventure ? En grande partie oui. Bien que la résolution en 720p est toujours un peu frustrante, de même que l’aliasing omniprésent, le soft est une véritable prouesse technique pour de la Switch. Particulièrement en mode portable qui offre un rendu bien mieux maîtrisé (un poil au-dessus de Xenoblade Chronicles Definitive Edition).
Les modèles de personnage gagnent en finesse et on en profite également pour saluer un chara-design bien plus inspiré que le deuxième épisode. En plus des cinématiques dont on a déjà vanté les louanges, Monolith Soft a implanté de nombreuses animations qui renforcent notre attachement au groupe dans les camps. À la manière d’un Tales of Arise, on peut observer notre troupe posée au coin du feu dans différentes situations. C’est aussi l’occasion de préciser que les camps vous donnent le loisir de cuisiner des plats ou de créer des gemmes à équiper (une idée encore reprise du premier) et même de vous débarbouiller. Pour une raison que l’on ignore, il est possible de se salir bien que cela n’ait aucune incidence sur le gameplay.
Dans l’ensemble nous n’avons pas eu de mauvaise surprise mis à part de rares chutes de framerate à quelques endroits en particulier et lors d’une rencontre avec un ennemi tellement immense que la console avait du mal à le charger sur l’écran. En pleine action, le titre reste fluide à chaque instant même lorsqu’il y a un tas d’ennemis à l’écran. Dernier mot concernant le doublage qui reste impeccable en japonais et au goût de chacun dans sa version anglaise. Si vous aimez les accents british bien prononcés comme pour les précédents jeux, il ne devrait pas y avoir de grosses différences.
Cet article peut contenir des liens affiliés