Plus de 17 ans après, XIII revient parmi nous sous la forme d’un remake qui en avait hypé plus d’un lors de son annonce officielle il y a maintenant un an et demi. Cette fois-ci, c’est l’éditeur Microids qui prend la relève au détriment d’Ubisoft sur ce XIII Remake. Et pour le développeur, il s’agit du studio PlayMagic, peu connu dans l’industrie et qui en est à sa toute première production.
Autant dire que ce tout jeune studio a de quoi avoir la pression. En effet, le titre a su fédérer une petite communauté et surtout charmer les joueurs de l’époque grâce à son style graphique atypique, en passant par sa narration et son gameplay vachement bien foutu pour un titre sorti en 2003.
Désormais, XIII Remake est enfin disponible depuis le 10 novembre dernier sur PC, PS4, Xbox One et Switch. Le moins que l’on puisse dire, c’est que nos craintes que nous avions eu sur le titre lors de sa présentation à la gamescom 2019 étaient fondées, et ce n’est vraiment pas beau à voir…
Conditions de test : Nous avons terminé XIII Remake en normal en 6h de jeu. Il y a à ce propos un mode multijoueur en local, mais il reste très basique et n’apporte pas grand-chose en matière de contenu. Le titre a été testé sur PC avec 16 Go de RAM, une GTX 1070 et un i5 cadencé à 3.8 GHz.
Steve Rowland, l’homme qui ne se souvient de rien…
L’une des grosses satisfactions du XIII original n’était autre que sa narration, bougrement captivante et intéressante. Ici sur le remake, rien ne change car le titre de Playmagic respecte religieusement la trame du jeu d’origine. Vous incarnez un Steve Rowland amnésique étant secouru sur une plage par une secouriste. Les seuls indices pour l’aider à lui rafraîchir le mémoire sont une clé d’une banque, un tatouage XIII sur sa nuque, et une sombre accusation à tort de l’assassinat du président William Sheridan.
Qui plus est, le bougre est aussi pourchassé par une mystérieuse organisation voulant sa mort. Très clairement pas de doute, le fil rouge de XIII Remake est toujours aussi envoutant avec pas mal de rebondissements dans le scénario. On apprécie toujours autant les flashbacks, qui nous en dit de plus en plus sur le passé de notre héros tout le long du jeu. Nous retrouvons également tous les personnages de l’intrigue original, et doté d’un chara design se rapprochant plus ou moins de la BD initiale.
En revanche, nous regrettons fortement que PlayMagic n’ait même pas pris la peine de continuer un peu le jeu après le frustrant cliffhanger auquel les joueurs ont eu droit 17 ans auparavant. C’est donc rageant, et on espère qu’une suite verra le jour, si les ventes de ce XIII Remake sont satisfaisantes…
Cela dit, le style graphique façon bande dessinée fait toujours autant le café même si du côté des vignettes des headshots et onomatopées, le jeu d’origine de 2003 fait largement mieux niveau mise en scène… D’ailleurs, sur la direction artistique, XIII Remake est hélas beaucoup moins éclatant que le XIII de 2003. Si l’aspect Cel Shading se fait indéniablement ressentir, le soft accuse hélas un retard assez flagrant pour un remake en matière de modélisation, extrêmement pauvre quand on sait que des remakes comme Destroy All Humans! de chez THQ Nordic font infiniment mieux.
On ne compte pas également le nombre de bugs de son, de collisions, des retards d’affichage et de saccades qui viennent entacher l’expérience de jeu, pour un résultat tout bonnement cataclysmique. D’ailleurs, sachez que les cinématiques ont bien été retravaillées avec le moteur du jeu, mais force est de constater que le tout est franchement bancal et doté d’une mise en scène tout aussi rigide et peu flatteuse. Dommage, il y avait moyen de sublimer le côté BD qui est quant à lui relativement fidèle, et avec s’il vous plaît les doublages français du jeu original intacts, et de qualité.
Par contre, XIII Remake tourne sous le moteur graphique Unity, et n’est clairement pas à son avantage. Effectivement, outre ce petit détail, les développeurs auraient dû se tourner sur un Cel Shading global plutôt que sur un vague mélange entre Cel Shading et décors en 3D… On peut par conséquent se demander pourquoi PlayMagic n’a pas adopté un style graphique tout en bande dessinée plutôt que de faire un gloubi-boulga qui donne un résultat étrange et pas forcément flatteur.
Je commence à avoir un doute sur la qualité de ce jeu…
La remake made in Playmagic a bel et bien eu droit à quelques retouches, et pas qu’en bien. Si nous apprécions à juste titre une petite roue de sélection des armes assez ergonomique ou bien encore la possibilité de courir – chose qui n’était pas présente sur le jeu de 2003 -, il faut bien constater malheureusement que le feeling clavier et souris en main est incontestablement lourd, mou et assez rigide.
On s’attendait à beaucoup mieux en somme, et même les tirs secondaires de certaines armes sont beaucoup moins réussies que le jeu d’origine. Cependant, il est enfin possible de viser cette fois-ci plus précisément sur chaque arme, mais ce ne sera certainement pas ce tout petit détail qui sauvera les meubles de ce gameplay, vraiment pas convaincant de bout en bout.
En effet les gunfights, pourtant réussis sur le XIII de 2003, sont terriblement insipides sur XIII Remake. La faute tout d’abord à des ennemis qui vous foncent dessus sans réfléchir la plupart du temps, en supplément du feeling des armes aux abonnés absents, et doté d’un sound design très en dessous de la production de 2003. Pour ne pas arranger les choses, la hitbox des ennemis est totalement cassée, dans la mesure où une balle, voire une flèche dans la tête, les tue une fois sur deux…
Pour l’aspect purement infiltration, il est tout simplement pire que le jeu d’origine. En effet, les ennemis ont soit le don de vous repérer d’assez loin, voire vous ignorer quand vous passez près d’eux, ce qui aura le don de vous agacer de multiples fois. En plus de ça les checkpoints, même s’ils sont bien placés, pourront parfois poser problèmes. En cas d’échec et de rechargement de la partie, les ennemis ne seront pas replacés automatiquement.
Résultat des courses, si un ennemi s’apprêtait à donner l’alerte au moment où vous aviez atteint le checkpoint et que vous échouez, vous recommencerez dans cette situation en boucle sur ce point de contrôle… Tout le long du jeu ce sera la même chose, comme les armes qui arrivent à viser de manière purement fantaisiste en matière de distance.
Concrètement, tout le gameplay va de déception en déception et même les phases les plus cool du jeu d’origine que ce soit sous l’eau, avec le grappin ou la séquence d’espionnage, sont ratées et bugées. Les bugs continuent également jusqu’aux divers scripts qui ne se déclenchent pas si on va plus vite que le jeu, et même les combats de boss pourtant assez nerveux sur le jeu d’origine sont quant à eux un jeu d’enfants, l’IA de ces derniers étant complètement perdue, buguée aussi et ayant du mal à réagir de manière vive.
Vous l’aurez compris, le jeu manque de budget et n’est surtout pas fini sur la forme. Et fatalement, la progression du soft n’a pas été retouchée elle aussi. Comme le jeu de 2003, le level-design est le même, et certains niveaux sont toujours aussi courts avec des objectifs de mission pas aussi palpitants. C’est de surcroît le même problème que l’on a pu noter sur un Destroy All Humans! par exemple, et le tout donne un côté fort vétuste sur le séquencement des niveaux dans XIII comme sur les transitions entre ces derniers, tout aussi truffés de bugs que brutaux…
Même le XIII de 2003 par Ubisoft faisait mille fois mieux même si ceci dit, ce remake garde au moins l’esprit du volet original à base de gilets pare-balles et kits de soins à ramasser pour récupérer de la santé… Notez enfin que le titre se bouclera en 6 heures de jeu en mode normal, et qu’un mode multijoueur en local sera de la partie. Mais cela ne suffira pas du tout, le multijoueur en local ne disposant que d’un match à mort classique et en équipe, ce qui fait que l’on fera rapidement le tour du soft, tarifé quand même à 39,99 €, ce qui reste beaucoup trop. Là encore, on sent le manque de budget même sur ce mode multijoueur, qui aurait dû proposer un mode multi en ligne.
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