Développé par les Taïwanais de DOMO Studio et édité par Softstar, Xuan-Yuan Sword VII est un action-RPG faisant office de 13e épisode à la franchise, mais à l’instar d’un Final Fantasy VII, cet opus est une bonne porte d’entrée pour la licence qui n’oblige pas à connaître les précédents titres. Le jeu est fortement ancré dans la culture chinoise et compte bien donner la part belle à un folklore encore peu représenté dans l’industrie.
Ambitieux, le titre de DOMO Studio peut s’apparenter à un AA de bonne facture, tirant son influence de plusieurs œuvres dont on reconnaît certaines itérations en jeu. Notez qu’une édition physique est également envisagée et que, comme promis, Xuan-Yuan Sword VII propose de multiples sous-titres, dont le français. Un effort attendu sachant que le jeu est plutôt bavard. Vous pouvez aussi vous essayer à la démo disponible sur Steam, le jeu étant accessible sur PC depuis 2020.
Condition de test : Testé sur PS4, nous avons terminé l’aventure principale en mode normal, ainsi que la totalité des quêtes secondaires en plus ou moins 20 heures. Nous avons également pris la peine de passer du temps sur les deux modes de jeu proposés, et entamer rapidement une partie en new game plus.
Sommaire
ToggleLes cendres du temps
Nous le disions en introduction, Xuan-Yuan Sword VII est un jeu qui ne cache pas ses intentions. Malgré un budget limité, les développeurs se sont attachés à proposer une expérience de qualité. Abordant les conflits armés en posant les bases de son histoire dans une époque troublée par les guerres, le jeu se veut profondément lié à la doctrine Mohiste, un courant philosophique de la logique, de la pensée rationnelle et de la science, né en Chine au Ve siècle avant J.-C., durant la période des Royaumes Combattants. Les doctrines du Mohisme tendent à œuvrer pour une société égalitaire et prônent un certain pacifisme.
Le scénario de Xuan-Yuan va donc tourner autour de ce sujet et du rapport entretenu par les mohistes avec la technologie qui jouera également un rôle essentiel dans le récit. L’idée des développeurs de DOMO Studio était de construire leur game design en adéquation avec cette philosophie. Désireux de nous faire découvrir et ressentir, par les environnements mais aussi les affrontements, les valeurs sociales et culturelles qui découlent de ce courant philosophique disparu à cause de la domination du confucianisme.
L’équipe taïwanaise promettait aussi de mettre en avant un système de combat axé sur les arts martiaux, et dépendant de plusieurs mécaniques d’action, censées mettre en avant leur vision ainsi que l’imaginaire construit autour de ces arts. L’histoire prend donc place à la fin de la période Han, après qu’un puissant ministre de la Chine ait bâtit la dynastie Xin devant assurer une ère de paix. Mais des années plus tard, cette paix n’était en fait qu’un mirage, cela fait maintenant une décennie que la guerre et la famine rongent les peuples, le chaos n’ayant cessé de se répandre dans tout le pays. Au cours d’une nuit, la famille Taishi est éliminée au nom d’un parchemin mystérieux.
Détective Zhao
Vous incarnez Taishi Zhao, le fils ayant survécu à l’attaque contre sa propre famille et qui possède le fameux parchemin. Ce dernier doit se lancer dans une quête afin de sauver sa sœur qui a perdu son corps physique. Cette aventure sera l’occasion de rencontrer des alliés, en la personne de sa Majesté Jipeng et Chu Hong, tout autant que de découvrir la vérité derrière le meurtre de la famille de Zao. Ce sera également l’occasion d’en découvrir plus sur le chaos qui règne dans le pays. Nos héros seront alors pris au milieu d’un conflit qui n’est à l’origine pas le leur.
Le scénario est relativement convenu, peut-être un peu trop, il est surtout prétexte à mettre en avant un univers bien travaillé et tout un folklore sympathique. Bien que les rebondissements soient présents, ils sont plutôt prévisibles et ne parviennent pas à propulser une histoire qui se suit agréablement bien certes, mais qui pèche dans son final ainsi qu’en terme d’intensité dramatique. Pourtant, la relation entre les personnages fonctionne, on parvient à s’attacher à cette petite équipe qui bénéficie de doublages de qualité et avec qui nous prenons plaisir à écouter leurs conversations.
Des dialogues efficaces et bien amenés, avec une synchronisation labiale tout aussi réussie. On y apprend beaucoup de choses sur l’univers de Xuan-Yuan, sur les personnages aussi, sans oublier sur la culture chinoise. Le jeu se voulant très axé narration, c’est plutôt une réussite de ce côté là. Sans marquer les esprits, la trame reste convenable en plus d’être bien soutenue par les dialogues et ses personnages. Et ce, malgré quelques coquilles décelables ou de légères incohérences, peu préjudiciables, pouvant survenir lors de discussions à choix. Choix qui n’influeront d’ailleurs en rien sur la trame.
Par ailleurs, que ce soit vis-à-vis du héros ou des personnages secondaires, aucun ne tombe réellement dans le manichéisme ce qui donne un peu plus de corps à l’histoire racontée. Les protagonistes n’en deviennent que plus attachants. Ce qui n’est pas le cas de l’antagoniste moins bien écrit. Néanmoins, si le jeu se veut très porté sur sa narration, il est regrettable que l’histoire ne soit pas plus impactante, et surtout que la mise en scène ne parviennent pas à hausser le niveau. Flagrant sur les cinématiques, la mise en scène n’arrive quasi jamais à retranscrire les émotions dominantes d’une séquence, ni même à dynamiser les longues conversations dont raffole le titre de DOMO Studio, particulièrement sur les cinématiques. Ne manquant pas de mettre à mal l’immersion.
La fureur du juste
Les cinématiques sont réalisées via le moteur du jeu dans une démarche immersive. Le résultat est assez convaincant, graphiquement le jeu tient vraiment la route pour un AA. Les personnages sont bien modélisés, les textures sont globalement réussies et les décors fourmillent de détails ce qui les rend vivants. Esthétiquement, Xuan-Yuan Sword VII fait le travail demandé et sur ce point l’immersion fonctionne, on prend plaisir à arpenter les contrées avec cette nature si particulière. On regrettera tout de même des PNJ qui ont tendance à se ressembler un peu trop, sans parler des petits soucis récurrents de gestion de la lumière soulignant quelques lacunes techniques.
Heureusement, la bande-son orchestrée par la célèbre Yoko Shimomura, récemment créditée sur les partitions de Streets of Rage 4 et Kingdom Hearts 3, est des plus agréables à l’oreille et rattrape quelques peu ces écarts. Les morceaux choisis rentrent parfaitement en résonnance avec l’ambiance et l’univers du titre, les sonorités typiquement asiatiques contribuent à poser une atmosphère non négligeable au jeu. Quand bien même un petit manquement quantitatif. Pour autant, le constat reste convaincant, même si l’on n’atteint pas la maîtrise sonore d’un Shenmue, et la répétition de certains morceaux ne dérange finalement pas plus que ça.
Ceci étant, s’il y a un point où Xuan-Yuan dérange, c’est sur l’utilisation de séquences scriptées qui vont une fois de plus engager le joueur dans une perspective plus cinématographique. Sessions d’escalades, passages étroits, QTE ou encore petites énigmes, on voit là une tentative généreuse pour renouveler le gameplay relativement répétitif. Cependant, on regrette que les développeurs n’aient pas préféré inclure un panel de mouvements plus large à notre héros. Ces séquences assistées alourdissent plus l’expérience qu’autre chose. Proposer clairement des phases de plateforme aurait été plus pertinent. Quant au level design, recyclé d’un lieu à l’autre, il participe aussi à désimpliquer le joueur ou la joueuse. En plus de ne pas faire honneur à sa direction artistique de qualité.
Tigre sans dragon
Le jeu va donc beaucoup se reposer sur ses phases d’action pour mieux nous impliquer. Attendu sur ses affrontements, Xuan-Yuan Sword VII va clairement décevoir. Vous disposez d’une touche d’attaque rapide et une autre pour les attaques fortes, notamment dépendante du style martial équipé, ainsi qu’une parade et une esquive. Les styles vont se débloquer en éliminant certains boss durant l’aventure. A force d’utiliser un style martial vous engrangerez de l’exp qui permettra l’acquisition d’un coup spécial et de combos plus longs. Cependant, les coups débloqués sont des plus limités et il est impossible d’équiper plus de deux styles en même temps, ce qui réduit considérablement les possibilités et entache la profondeur de gameplay quasi inexistante.
Votre personnage arbore une barre d’endurance comme on en voit dans les Souls-Like, mais son utilisation n’est pas pertinente. Par ailleurs, vous êtes également aidé par deux personnages qui, c’est assez rare pour être souligné, vont être des plus utiles. En effet, le système de combat est si décevant et approximatif que la meilleure option offensive restera d’esquiver sagement en bourrant les attaques faibles, pendant que nos alliés mettent à mal les ennemis. Technique très efficace contre les boss récalcitrants. Si l’IA n’est pas plus aux fraises que ça, les affrontements manquent terriblement d’intensité et de profondeur ce qui leur enlève tout intérêt. Pour le coup, le système de combat est très accessible
Le gameplay n’est pas mauvais dans le fond, mais il est totalement sous-exploité, puis les combats sont redondants et parfois frustrants. Trop peu de coups disponibles et aucun désir d’offrir une expérience qui se renouvelle. La promesse faite par les développeurs autour des arts martiaux est malheureusement compromise. Un point qui pénalise durement le titre, alors que le potentiel était clairement présent. Et ce n’est pas les multiples allers-retours à pied qui vont enlever ce sentiment de redondance. Dès lors, malgré la présence d’un new game plus, il paraît difficile de se relancer pleinement pour une seconde run. La même chose va se produire avec le mode ascension qui consiste à affronter des adversaires sur différents étages.
La seule réussite dans les confrontations est à trouver du côté du mini-jeu Zhuolu Chess, qui se rapproche du morpion, vraiment cool. Bien que facile à prendre en main, le Zhuolu demande une vraie approche stratégique et un peu de dévouement afin de vaincre les divers adversaires que vous croiserez durant votre périple. En cas de victoire, vous obtiendrez de nouvelles pièces de jeu disposant de capacités spécifiques. A côté de ça, sur la structure globale du titre, on est sur du classique. On va trouver quelques quêtes secondaires, répétitives oui, mais avec le mérite, le plus souvent, de récompenser généreusement le joueur, la joueuse. Certaines vont d’ailleurs très bien se lier à la quête principale. Simple mais efficace. Vous pourrez aussi accéder à un établi où vous pourrez confectionner des objets et/ou en améliorer d’autres par le biais de matériaux récoltés sur la route. Un aspect une fois de plus sous-exploité. Enfin, on notera quelques ralentissements notables.
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