Fier de son succès en Occident depuis son internationalisation, la licence Yo-Kai Watch continue de tracer sa route même si la popularité n’est pas du tout la même que son modèle, Pokémon. En tout cas, la jeunesse française semble toujours autant apprécier le combo jeu vidéo et dessin animé. Au Japon, deux versions différentes étaient proposées pour ce numéro trois avec des noms de plats nippons : Sushi et Tempura (comme quoi il n’y a pas que Pokémon qui soit en manque d’inspiration pour nommer ses versions). Dommage, si la licence était sortie vingt ans plus tôt en France, nous aurions surement eu droit à Yo-Kai Watch 3 : Blanquette de veau et Yo-Kai Watch 3 : Quiche lorraine. Puis, un peu plus tard, Level 5 a sorti une version définitive (appelée Sukiyaki) regroupant tout le contenu des deux précédents jeux plus quelques mises à jour. L’Occident a donc droit à cette dernière mouture uniquement. C’est aussi un bon moyen de regrouper les ventes, surtout avec une 3DS qui fatigue de plus en plus.
Yo-Kai Watch : Dream Drop Distance
Majoritairement destiné aux enfants, Yo-Kai Watch profite de ses autres déclinaisons pour que son public soit à la page. Ainsi, même si vous n’avez pas fait les précédents jeux, mais que vous baignez un minimum dans l’univers, vous ne serez pas perdu. Pour rappel, nous suivons les aventures de jeunes enfants qui se lient d’amitié avec des créatures du folklore japonnais appelées Yo-Kai. Notamment Nathan qui quitte son pays natal pour suivre son père, muté aux Etats-Unis. Malgré ce changement de décor, il n’est pas question de complètement quitter le Japon puisque nous n’incarnons pas un, mais deux personnages ici.
Le deuxième est une jeune fille du nom d’Ariane, une otaku qui va être initiée au monde des Yo-Kai un peu par hasard. Son prénom est d’ailleurs tout choisi puisque son épopée implique, entre autres, la construction d’une fusée. Un peu à la manière de Kingdom Hearts : Dream Drop Distance, nous jouons tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre. Bien que l’on puisse changer de personnage à tout moment, il est obligatoire de progresser avec l’un des deux pour continuer l’histoire de l’autre via un croisement des destins. Même si rien ne les rapproche dès le départ, petit à petit on observe une certaine convergence. Leurs pérégrinations restent bon enfant, et nous sommes rarement dans le grand sérieux ridicule à la Inazuma Eleven où un match de foot décide du destin du monde. On remarque aussi que Level 5 s’amuse toujours à mettre des références à la pelle comme le gros clin d’œil à X-Files qui est très sympathique.
Yo-Kai Watch reste une valeur sûre pour faire découvrir à un enfant (entre autres) les joies du jeu de rôle nippon.
Level 5 est surement ceux qui ont le mieux compris comment aboutir un concept de jeu en matière d’accessibilité aux plus jeunes. Yo-Kai Watch est l’un des meilleurs moyens pour qu’ils puissent s’initier au genre du RPG à la japonaise sans pour autant les prendre pour des jambons à travers un contenu trop lisse et des mécaniques trop simplistes. Malheureusement, il n’est pas le premier et encore moins le seul. D’ailleurs, Game Freak a réussi ce même exploit dans une certaine mesure avec Pokémon Let’s Go. Yo-Kai Watch 3 propose un RPG complet qui a su s’enrichir, grâce aux anciens épisodes, avec des nouveautés et des améliorations suffisamment convaincantes pour justifier de nouveaux achats. La preuve en est, nous avons pris un certain plaisir à le parcourir de bout en bout. Evidemment, tout dépend du public visé, mais si vous êtes un grand enfant ou un joueur plus exigeant, vous n’échapperez pas à la facilité déconcertante et à la linéarité trop prononcée du titre.
Pour résumer grossièrement les bases, il s’agit d’explorer deux énormes villes (très similaires tout de même malgré la différence culturelle) pour y découvrir les nombreux secrets, et résoudre des problèmes divers liés aux fameuses créatures. Pour cela, il est nécessaire de se lier d’amitié avec tous ceux que l’on croise, via le combat le plus souvent, pour qu’ils viennent renforcer nos rangs afin d’en combattre d’autres bien plus forts. Comme tout bon RPG qui se respecte, nos Yo-Kai montent de niveaux et deviennent plus puissants. La collection de médailles, que le héros doit mettre dans la montre pour invoquer les Yo-Kai, est l’un des éléments qui rend le jeu terriblement addictif (en plus d’être un coup de génie marketing pour vendre tout ça en vrai).
Un jeu stylet
Globalement, Yo-Kai Watch 3 a des bases solides de partout. Son aspect visuel pour commencer. Les villes fourmillent de détails et sont très agréables à parcourir (sauf pour prendre le train qui est une perte de temps incroyable) sans oublier la direction artistique de la série qui fait toujours mouche. De plus, en matière de graphismes, nous sommes dans les hauts standards de la 3DS. Level 5 maîtrise définitivement la machine comme ils nous l’ont déjà prouvé avec Professeur Layton et Inazuma Eleven. Le soft rend également hommage à la console portable via son gameplay, on peut ainsi jouer intégralement au stylet, une chose suffisamment rare de nos jour pour que l’on puisse s’en réjouir. Le système de combat profite d’ailleurs bien mieux de cette prise en main grâce aux petits changements apportés. Entre autres, les affrontements sont un peu moins contemplatifs et plus stratégiques dans la mesure où l’on peut désormais bouger ses trois monstres sur une grille de neuf cases. Mis à part cela, on retrouve les attaques automatiques et les compétences que l’on peut déclencher en effectuant des mini-jeux.
Yo-Kai Watch 3 est bourré de contenu, mais on aimerait bien être libre de faire ce que l’on veut à certains moments sans que la progression nous rajoute sans cesse quelque chose.
En sus de la grande facilité et du côté trop linéaire déjà évoqué, on pourra pester contre la lourdeur du titre qui vient accentuer ce dernier défaut. En effet, à travers les deux personnages, le jeu nous initie à un tas d’activités tout au long du jeu (la pêche, la chasse aux insectes, les nuits où l’on doit faire face à une invasion de zombies, les cauchemars où l’on doit fuir à travers une porte sans se faire repérer…). Evidemment, on ne dira jamais qu’un jeu possède trop de contenus, mais dans la cas ici présent, nous n’avons qu’une envie, c’est de profiter d’un instant de liberté. Pendant des heures, on progresse en se demandant : « Quand est-ce que je vais pouvoir faire ce que je veux quand je le veux ». Tout ça rend la progression un peu laborieuse tout de même. Il y a énormément de choses à faire et on ne sait plus où donner de la tête. Autant vous dire que la durée de vie est plus que raisonnable. Dernier point « chipotage » pour la route. Nous sommes contents lorsqu’un jeu possède un doublage français d’autant que celui-ci est de bonne qualité, mais les textes non doublés, et remplacés par des mots ou expressions est une spécificité japonaise assez énervante à la longue.
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