Yoku’s Island Express aura débarqué le 29 mai 2018 sur l’île de Mokumana sur Switch avec toute sa fraîcheur et son ingéniosité dans un mélange de styles surprenant. En effet, le jeu développé par les mimines du studio indépendant Villa Gorilla et édité par le non moins historique Team17, Yoku’s Island Express se démarque par sa conception originale d’assembler des genres qui n’ont pas d’atomes crochus à première vue. Le test traitera de la version Switch mais le titre est également disponible sur PS4, PC et XB1.
Sommaire
TogglePetit scarabée deviendra grand
Contrairement aux éventuelles appréhensions que d’incarner un mignon petit bousier tout rouge nommé Yoku, celui-ci apporte un vent de fraîcheur dès son arrivée sur l’île de Mokumana prêt à prendre fièrement la relève du postier local qui n’a qu’une hâte : mettre les voiles. Le petit personnage gonflé à bloc de motivation n’en a que faire des propos inquiétants de son prédécesseur. L’élan enthousiaste avec lequel le nouveau postier entreprend ses nouvelles fonctions est rapidement freiné par un événement qui semble accabler l’île depuis bien plus longtemps que son arrivée : un Mal grandissant ronge les lieux et sa présence neutralise même les agissements bienveillants du gardien de Mokumana ! Celui-ci a sombré dans un profond sommeil agité par des cauchemars qui impactent directement la vie sur l’île par la manifestations de tempêtes ou même de tremblements de terre. Cela ne doit pas pour autant affecter le rôle que vous aurez à jouer sur cette île, c’est-à-dire distribuer le courrier. Malgré le mal qui sévit, le jeu réussit à conserver son univers mignon et les rencontres peu recommandables peuvent tourner à notre avantage en utilisant les compétences appropriées de notre valeureux scarabée.
L’histoire de Yoku’s Island Express puise son imagination dans l’âge de l’enfance et plus précisément la phase d’exploration lorsque le monde qui nous entoure suscite notre éveil aux éléments qui nous entourent et ce qui est inconnu est à découvrir. C’est de cet angle-là qu’il est intéressant d’entreprendre l’aventure avec Yoku, bien que l’histoire semble un peu trop simpliste au premier abord. La direction artistique permet de tracer cette voie vers un retour à l’enfance par un traitement visuel proche d’une production des studios Ghibli où la faune et la flore sont fortement imprégnées de personnalité et de vie. Les visuels artisanaux donnent du cachet à l’univers et rendent l’exploration inoubliable par une suite de véritables tableaux picturaux faits à la main. C’est un monde fabuleux qui regorge de belles couleurs qui appellent aux festivités estivales qui se ternissent à mesure que l’on s’approche du cœur de l’île, lieu où se niche l’origine de toutes ces perturbations malignes.
Yoku, malré lui, est devenu le seul espoir de l’île. La tonne de défis de plateformes et de puzzles tout au long de l’aventure garderont sur le qui-vive notre réflexion et dextérité. Le petit bousier est certainement un héros atypique de jeu vidéo mais on adopte rapidement l’étrange petit scarabée. Il est adorable à contrôler et on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine affection à son égard à affronter tous les obstacles qui se dressent sur son chemin. Ça ne doit pas être facile de se voir valser avec un rythme soutenu dans tous les sens en gardant la banane : il doit vraiment aimer son métier !
Le voyage improbable
Yoku accompagné de sa petite boule blanc ivoire fera de lui le postier le plus intrépide des lieux car toute l’exploration et la résolution des obstacles repose sur l’utilisation à bon escient de cette dernière. L’équipe de développement souhaite proposer un terrain de jeu aux codes déjà connus et validés par les joueurs de tous horizons. Les jeux en monde ouvert sont désormais légion, celui de Yoku’s Island Express change la donne en insérant un système de « pinball » qui s’intègre merveilleusement bien aux phases d’exploration grâce à un level design très minutieux. Les phases de flipper sont activables à tout instant via les gâchettes ZL et ZR, chacune responsable de l’activation d’un levier de couleur qui lui est propre pour faire valser la boule sur laquelle se raccroche Yoku. Il n’existe pas de flipper sans un système de points ! Ici il ne s’agira pas de faire grimper les points le plus haut possible mais d’en récolter assez (présentés sous forme de fruits) pour pouvoir débloquer des passages ou mécanismes particuliers. Vous l’aurez compris, il s’agira non seulement de gambader dans les décors enchanteurs proposés par Villa Gorilla mais également de maîtriser l’art du pinball pour permettre la découverte de nouveaux lieux et débloquer des nouvelles compétences pour le moins étonnantes.
Vous pourriez être un peu inquiets et penser que ce jeu ne correspond pas à votre style de gameplay pour diverses raisons ou simplement il n’y a pas d’attraction particulière envers une bonne partie de flipper. Pas d’inquiétude, la bonne nouvelle est qu’il ne faut pas être un as du genre pour apprécier à sa juste valeur cette petite pépite venue de nulle part. Envoyer la bille au bon endroit et résoudre les petits puzzles avec dextérité peut parfois s’avérer un peu plus difficile par moments, mais la punition pour avoir loupé l’objectif n’est jamais hautement punitif. La progression sera conservée si vous échouez, c’est en fait une formule plutôt amicale qui s’adresse à tous les niveaux de joueurs.
Yoku est un jeu non linéaire. Le level-design est riche, il propose une variété de passages et de sentiers qui mènent à des secrets bien cachés sur l’île, et c’est qui est génial en soi. Le simple fait de dévier de son objectif principal pour croiser un petit collectable fait plaisir. Le jeu récompense l’exploration en proposant divers chemin annexes et les déviations en valent souvent la chandelle sans frôler la déception. L’île devient un véritable labyrinthe et c’est là que les choses se corsent sans posséder la bonne compétence pour progresser plus loin on pourrait se retrouver bloqué. C’est un sentiment un peu frustrant et rapidement balayé.
Cependant, attention aux propriétés physiques qui agissent sur la boule. Bien que sa programmation ait été faite avec grand soin, il est parfois difficile de prévoir toutes ses réactions en plein successions de rebondissements. Il faut faire preuve de patience pour certains passages qui demanderont plus de concentration et de patience que d’autres, mais rien n’est impossible sur l’île de Mokumana, le gameplay est d’une facilité à prendre en main déconcertante. Il se produit une vraie osmose entre l’exploration et la résolution des petits casses-têtes avec les séquences de flipper. Le jouabilité reste fluide tout le long sans sentir de gêne en alternant d’un gameplay à l’autre : un vrai succès ! L’ambiance graphique est sublimée par le travail musical effectué, le compositeur Jesse Harling aura su capturer ce vent tropical et le traduire en une suite de notes savamment disposées pour le plaisir de nos douces oreilles.
Une aventure bien remplie
L’île regorge de petites activités bien connues comme les collectables à ramasser, des boss à affronter, découvrir les objets très bien cachés dans le décor ou encore effectuer des quêtes pour venir en aide aux habitants. En somme, il y a assez d’activités sans pour autant tomber dans une routine qui aura eu raison de l’appréciation du jeu. La progression est aidée par une excellente carte qui montre à tout instant les objets à collecter restants, afin de planifier l’exploration en amont.
Les objets collectés sont variés, ils résonnent avec un aspect à la fois mignon et bizarre. Vous commencez avec un cornet de fête pour faire du bruit et disloquer les éléments du décor autour de Yoku. Plus loin dans l’aventure, une variété de power-ups s’ajoutent à la panoplie sans oublier une petite créature qui apparaît par endroits pour vous aider à franchir les obstacles autrement inaccessibles ou d’éviter de tomber entre les pare-chocs du mode flipper. Les compétences sont la clé pour explorer plus en profondeur les méandres de l’île. C’est ainsi que des zones inaccessibles en début de jeu s’ouvrent afin de résoudre les casse-têtes dans des zones de manière méticuleuse.
Il y a beaucoup à faire, les nouvelles capacités permettent d’élargir l’éventail des possibilités.
Le seul regret est de finalement se retrouver avec une aventure assez courte aux idées qui n’osent pas aller plus loin dans leur conception pour ajouter ce petit grain de folie durant le temps jeu qui aurait pu immédiatement le placer parmi les incontournables dans notre bibliothèque vidéoludique. En effet, au bout d’environ cinq ou six heures le générique commencera à dérouler à l’improviste alors que l’on attend un peu plus car le fun est bien présent voire addictif : une vraie petite réussite pour ce projet modeste avec de l’ambition. La durée augmente sensiblement si finir le jeu à 100% tient à cœur, doublant pratiquement le temps qu’il faudra pour arpenter l’île de Mokumana.
Cet article peut contenir des liens affiliés