C’est après un festival de feux d’artifice dans les montagnes que les deux jeunes filles se perdent sur le chemin du retour pour se retrouver, en fin de compte, séparées. Elles rassemblent tout leur courage pour retrouver les traces l’une de l’autre dans les ruelles sinistres d’une ville sans le moindre habitant…vivant.
Sommaire
ToggleUne ambiance efficace
Le jeu est un véritable survival-horror par son histoire qui jonglera du point de vue de chacune des protagonistes héritant des actions, décisions et informations collectées durant la session de jeu respective au milieu des artères de la ville hantée. Leurs progressions s’entremêlent souvent tout au long du récit. Le scénario s’introduit simplement avec un goût mélancolique par l’abandon d’un compagnon fidèle et clôturé par un suicide que l’on ne voit pas venir du tout. Armées uniquement d’une lampe-torche et quelques accessoires comme des cailloux, les jeunes filles seront de temps à autre attaquées par des mauvais esprits rôdant les rues et doivent apprendre à connaître ces entités pour espérer se faufiler de leurs attaques.
Plusieurs options possibles pour sortir indemnes des rencontres paranormales : la fuite en prenant ses jambes à son cou a toujours très bien marché dans tous les jeux, souvent appelée retraite stratégique et non couardise, également l’utilisation d’objets au moment propice peut être une solution viable pour éviter la tragédie qui attend au contact d’un esprit ou tout simplement en se trouvant une cachette s’isolant par l’occasion de toute possibilité de voir l’esprit mais la capacité à pouvoir le localiser à travers les sons produits par ce dernier. Lorsqu’un esprit est dans les alentours, le rythme cardiaque du personnage s’accélère affectant ses caractéristiques comme l’endurance : une caractéristique précieuse permettant de courir pour échapper au trépas, symbolisée par une longue barre qui diminue en son centre avant de s’essouffler.
Une recette qui se bonifie
Midnight Shadows propose un gamedesign plus évolué que son prédécesseur, d’emblée la carte du monde a pratiquement doublé et il est désormais possible d’entrer dans les maisons abandonnées, ou s’aventurer dans les recoins sombres d’une librairie et explorer les souterrains bien glauques. Le jeu conserve ses bases dérangeantes qui auront captivé son public en 2016 et apporte de belles horreurs issues du folklore japonais trompant nos sens et la vision de la réalité. De nouvelles mécaniques sont mises en œuvre comme la possibilité de bouger les objets (une icône en forme de main apparaîtra) afin de se frayer un passage autrement inaccessible, ou résoudre des petites énigmes disséminées le long du périple.
La lampe-torche sera de grande utilité pour débusquer des petits objets utilisables, ils brilleront lorsque le faisceau de lumière sera pointé en leur direction qui fait apparaître par la même occasion un « ? » au-dessus du personnage pour alerter d’une interaction possible dans le champs de vision. Ces objets peuvent être équipés, jetés ou déposés : utilisés de diverses manières, souvent inattendues mais de grande valeur pour la recherche menée. Les recherches mèneront à la découverte d’objets spéciaux tels des reliques qui fournissent un bonus bénin au personnage comme par exemple pouvoir transporter plus de cailloux…, une endurance améliorée ou encore courir plus vite. S’ils représentent à première vue peu d’intérêts, il est une regrettable erreur de ne pas profiter des bonus conférés par ces babioles trouvées dans la rue. La carte retracera le cheminement dévoilant en temps réel les zones explorées ainsi que l’objectif à suivre si jamais toutes ces créatures ectoplasmiques l’auraient fait oublier.
Yui, fait moi peur!
Malgré une approche visuelle avec des personnages mignons voire attachants, les tensions parcourant les dédales seront nombreuses et sans armes il vaut mieux comprendre rapidement le fonctionnement des présences néfastes pour s’en sortir indemne. En effet, le simple contact avec ces créatures affichera le fatidique game over tant redouté. Lorsque les ténèbres engloutiront le personnage, il n’y aura que la fidèle lampe-torche pour augmenter les maigres chances de survie. Les déplacement se font sur la pointe des pieds et les quelques points de sauvegarde une vraie bénédiction. Les boss seront des créatures spectrales bien à part, il faudra bien ouvrir ses mirettes pour survivre et trouver le point faible de chacun d’entre eux afin de dissiper l’écran de leur présence.
Midnight Shadows se classe parmi les jeux reposant sur le principe du Die and Retry qui auront fait suer bon nombre d’entre nous au contact de cette fatidique recette. L’application au sein du gameplay de Yomawari n’est pas aussi sadique que l’on pourrait croire. On a heureusement le droit à quelques checkpoints durant l’exploration et des points de sauvegarde alimentés par des pièces de monnaies : ce qui veut dire que le nombre de sauvegardes est limité durant la recherche de l’être disparu. Fort heureusement, il y a assez de pièces égarées pour s’assurer de pouvoir reprendre la partie non trop loin du dernier point de sauvegarde. La mort du personnage ne signifie pas forcément refaire totalement les actions précédant le trépas : souvent les actions effectuées persistent après la mort, en conséquence le plus important après le vicieux écran de fin de partie sera de rejoindre le point de chute et de tenter de faire au mieux pour déjouer le destin qui aura coûté le trépas aux personnages trop kawaï. De plus, l’itinéraire peut être grandement facilité en utilisant les divers points de sauvegarde comme relais qui téléporteront le joueur à n’importe quel point de sauvegarde activé durant le périple bien macabre. En quelque sorte, le jeu ressert un « die and retry » plus permissif sans atteindre les hautes sphères de la frustration.
De l’audiovisuel soigné
L’ambiance torturée de Yomawari : Midnight Shadows est dépeinte, comme son aînée, par de jolis visuels en 2D/3D isométriques avec des superbes planches dessinées qui nous ramènent à l’époque des jeux rétro en 2D tout en conservant des traits plus fins grâce à la haute définition en 1080p. Beaucoup de détails fourmillent dans les environnements parcourus par les deux jeunes filles, cependant, peu d’interactions sont possibles au final et c’est bien dommage. Les ennemis rencontrés ont dans un certain sens, du charme dans leur design. En effet, à la première rencontre, la première réaction sera de s’enfuir sans réellement prendre le temps de penser à utiliser un objet de l’inventaire qui pourrait détourner l’attention de l’entité ou donner un avantage à la situation. Celle-ci apparaît lorsqu’elle est éclairée par une source de lumière : la plupart du temps, ce sera la fidèle lampe-torche qui permettra de débusquer et contourner le danger, d’autres sources lumineuses pourront aider à déceler ce qui se cache dans l’ombre. Que ce soit en environnement intérieur ou extérieur, les spectres sauront vous surprendre de par leur aspect ou de leur apparition à des endroits parfois inattendus. L’atmosphère du jeu saura jouer de ses tonalités colorées pour transmettre les intentions scénaristiques souvent nappées d’une lourde noirceur synonyme de mauvais présage quant au sort de nos protagonistes. Une épée de Damoclès est pratiquement suspendue au-dessus du joueur attendant que résonne le glas pour entacher la progression des choix rapides et par une once de réflexes aiguisés pour venir à bout des cauchemars qui arpentent les lieux.
Loin d’un Silent Hill, les lieux restent tout de même austères
Les jolis pixels ne seront pas le seul élément à faire vivre l’horreur à l’écran, la bande son aussi saura implanter une ambiance pesante au rythme des actions et des lieux à l’écran. Simples et parfois très discrètes, les musiques accompagnant nos deux héroïnes sauront rappeler qu’il ne faut pas baisser sa garde car le danger peut être à quelques mètres de soi, invisible à l’œil nu à moins de pointer sa lape-torche évidemment. Les bruitages des créatures sont variés et distinguables ce qui permet de réagir assez rapidement en conséquence et de prévoir l’approche à adopter. Des bruitages susciteront la méfiance et bien souvent donneront envie d’y repenser à deux fois avant d’emprunter un chemin qui semble peuplé d’esprits plus bizarres les uns que les autres : des cris, des pleurs, des gémissements, des sons inhumains et stridents sont le quotidien de l’aventure qui vous attend. Si au final le soin apporté à la bande son ne suscite pas de peur, elle entraînera tout de même de l’inquiétude à chaque pas effectué dans les rues vides, à première vue.
Pour les chasseurs de trophées rien ne semble bien compliqué pour obtenir le sacro-saint trophée de platine, au bout de la quinzaine d’heures de jeu, plus de la moitié des trophées seront débloqués en partie en fonction de la progression du scénario et du nombre d’actions effectuées durant le périple. Le reste des trophées est facilement obtenable sans pour autant reprendre la partie de zéro. En effet, l’exploration continue une fois le scénario principal bouclé, de quoi faire hérisser vos poils encore quelques heures le temps de récupérer tous les objets à collectionner.
Nippon Ichi aura réussi à proposer une aventure intéressante avec Yomawari : Midnight Shadows, remplie de challenges non impossibles à atteindre et une belle ambiance qui demandera la connexion constante sous peine de reprendre au dernier point de sauvegarde. Une histoire bien mystérieuse se dévoile petit à petit et l’intrigue est gardée jusqu’au bout de la scène finale : étonnante et un fort symbolisme est distillé tout au long du jeu si la culture japonaise fait écho à votre curiosité. L’aventure est à la fois bizarre dans son déroulement et merveilleuse dans son utilisation de métaphores visuelles comme le lien qui unit deux personnes au-delà de l’amour et du respect et le symbolisme du destin. Un jeu qui mérite son succès à condition de vraiment s’y pencher dessus pour apprécier le soin apporté à ce titre, dommage qu’il n’y ait que des sous-titres anglais…
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