Derrière ce nom à rallonge se cache un jeu relativement simple, qui n’est motivé que par votre désir d’exploration. Produit par le petit studio australien Prideful Sloth – des anciens d’Activision et de Rocksteady pour la plupart, Yonder : The Cloud Catcher Chronicles ne cache pas sa ressemblance à certains titres comme Harvest Moon ou Zelda, mais propose quelque chose d’assez unique dans le milieu des jeux d’aventures : un véritable voyage sans aucun impératif ni danger.
Voyage voyage…
Débutant par un éditeur de personnages somme toute assez basique et ne comportant pas véritablement de personnalisation autre que le sexe du personnage et sa couleur de cheveux, Yonder vous plonge in medias res dans l’aventure, à bord d’un navire en proie à une tempête et aux vagues mouvementées. Vous échouez alors sur l’île la plus proche, nommée Géméa, où vous allez faire la rencontre de petits esprits souhaitant votre aide afin d’éradiquer le fléau qui sévit sur cet havre de paix : les Obscurités.
Si le pitch initial peut faire penser que votre périple sera semé d’embûches et de sombres monstres à combattre pour purifier l’île, il n’en est rien. On en est même très loin, car les seules créatures à peupler Géméa ne sont que des adorables animaux tels que des renards herbivores ou des bisons inoffensifs. L’obscurité, même si elle est tout d’abord décrite comme une menace pour les habitants de l’île, ne se traduit en réalité que par un simple brouillard violet, bouchant l’accès à certaines zones. En collectant les esprits, au nombre de vingt-six au total, vous serez en mesure de nettoyer les différentes zones, et de découvrir éventuellement d’où vient cette malédiction.
La quête principale se limite à cela, mais jouer à ce titre en n’ayant que cet objectif en tête serait passer à côté de ce qui fait l’essence de Yonder. Une fois le prologue effectué, la totalité de l’île s’offrira à vous, en dehors de ces fameuses zones d’obscurité, vous invitant à l’explorer sur toute sa surface, armé uniquement de vos outils et de votre boussole magique. Cette dernière permet de toujours retrouver son chemin grâce à un faisceau lumineux pointant vers l’endroit où l’une de nos quêtes nous indique de nous rendre. D’une simple pression de touche, elle permet de visualiser les différentes tâches qui nous sont proposées à travers une navigation claire et détaillée. On regrettera de ne pas pouvoir placer nous-mêmes des marqueurs sur la carte, mais c’est un bien maigre souci.
Cette carte se révèle d’ailleurs être assez vaste, pleine de petits raccourcis et d’embranchements poussant notre curiosité au maximum afin de voir chaque recoin pour découvrir ce qui s’y cache. C’est là la grande force du jeu, où le périple n’a pas pour moteur une récompense matérielle comme une épée légendaire ou un item très rare. Parfois, monter sur une lointaine colline ou explorer une grotte mystérieuse n’aura d’autre sens qu’assouvir votre curiosité, et où le paysage et le sentiment d’émerveillement ne seront que les seuls tributs de vos efforts. Il est d’ailleurs difficile de parler d’efforts, tant l’exploration est rendue accessible.
Avec l’absence de game over ou de tensions liées à des dangers, voyager à travers Géméa est un véritable plaisir sans aucun obstacle. Tomber à l’eau n’aura pour effet qu’un fondu en noir qui vous ramènera sur la terre ferme, tandis que votre parapluie vous fera planer tranquillement si vous trébuchez d’une falaise. Les personnes ne recherchant pas un jeu paisible et relaxant ont donc tout intérêt à passer leur chemin. Yonder est construit pour vous évader, vous faire rêver, et vous détendre sans vous poser d’autres questions, un peu à l’image du paresseux qui fait office de logo pour Prideful Sloth.
On sème ce que l’on récolte
Malgré ce côté très ouvert et accessible, le jeu possède quelques composantes de craft et de récolte qui se révèlent être plutôt prenantes. A l’aide de différents outils comme une pioche ou un marteau, vous pourrez récolter de nombreux matériaux, ou encore pêcher quelques poissons via un mini-jeu très simple. Toutes ces ressources peuvent vous être demandées par les habitants de l’île afin de remplir plusieurs quêtes pleines d’humour, à l’image de la femme à barbe et de l’épouvantail fashionista. Si on peut regretter quelque peu l’absence de fond et d’écriture dans ces tâches, elles participent à cette idée de légèreté et de voyage constant. Le jeu en propose beaucoup, et il n’est pas rare de se retrouver avec plus d’une vingtaine de quêtes en attente, ce qui s’explique par le fait que l’œil du voyageur est toujours attiré quelque part, le faisant dévier de sa quête initiale pour découvrir les différents recoins de Géméa.
Ainsi, la récolte de ces objets se fait naturellement sur le chemin, et n’apparaît pas comme une besogne rébarbative comme dans bon nombre de jeux. Par ailleurs, l’absence de voyage rapide instantané – qui peut être un peu agaçante parfois – participe à ces pérégrinations, vous offrant la possibilité de faire le plein de ressources sur le trajet. Ceci peut se révéler être un problème durant certains moments, car il faut préciser que la gestion de l’inventaire n’est pas des plus efficaces. Après quelques heures de jeu, il est fréquent de ne plus avoir de place dans son inventaire, et au vu des ressources exigées par le craft, cela peut devenir handicapant. Des coffres sont bien entendu présents pour y stocker notre surplus, mais leur manque d’accès direct nous fera parfois sacrifier certaines ressources au dépend d’autres.
Outre la récolte, il existe un autre moyen d’obtenir ces denrées : le commerce. Ne comptez pas sur des pièces d’or ou autre monnaie locale pour payer, puisque tout est basé sur un système de troc et d’échange. Afin d’obtenir les éléments que vous souhaitez chez le commerçant, il vous faudra lui échanger des objets ayant la même valeur marchande. Ce système possède sa petite subtilité : selon les endroits, certains types d’objets auront plus de valeur qu’ailleurs. Inutile de vendre de la pierre chez les habitants de la montagne, ils vous offriront bien plus pour quelques morceaux de bois.
Ces matériaux, en plus d’être importants pour les quêtes des habitants et pour le commerce, serviront aussi à construire des édifices, comme des ponts vous permettant de découvrir des nouvelles zones, ou des fermes. Dans ces dernières, il vous est possible d’adopter des animaux, qui vous fourniront divers objets si la ferme est bien entretenue. Vous pouvez d’ailleurs customiser cet espace comme vous le souhaitez, mais les possibilités de craft restent assez simples et se limitent à quelques éléments, le jeu étant loin de lorgner sur un Minecraft. Notons en revanche que malgré un éditeur de personnages très basique au début du jeu, la personnalisation de notre aventurier au cours du voyage est tout à fait plaisante. Il est possible de créer des vêtements de toutes sortes et surtout unisexes, vous offrant beaucoup de choix. A vous d’essayer de vêtir votre héros de la manière la plus loufoque possible !
Si la question de la technique n’a pas encore été abordée, c’est parce qu’il est difficile de juger Yonder sur ce critère. On peut effectivement noter des textures parfois baveuses et un clipping présent, en plus de quelques micro-ralentissements selon les zones. Ces points auraient pu être gênants s’ils n’étaient pas complètement éclipsés par la direction artistique, offrant au joueur un émerveillement constant, et rappelant ce style si particulier que possédait Zelda The Wind Waker. Il y a ici un charme incontestable, et à tous les niveaux, que ce soit dans les décors, les animaux et les personnages, qui rendent cet univers incroyablement immersif et poétique.
Tout cela est agrémenté d’une bande-son discrète, mais qui s’implémente parfaitement au ton du jeu, en offrant quelques thèmes joyeux et enivrants. Concrètement, tout est réuni pour vous offrir le séjour le plus agréable possible. S’il ne vous faudra pas plus d’une poignée d’heures pour terminer la quête principale, il vous en faudra bien plus pour explorer les nombreux secrets de Géméa. Le meilleur conseil à donner est donc de prendre votre temps, car c’est de votre curiosité que va dépendre réellement la durée de vie.
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